Depuis la fin du mois d’août, il y a un nom qui revient régulièrement, que ce soit sur le site ou dans nos conversations. (Re)découvert à travers des prestations lives excellentes, l’artiste qui navigue entre Boulogne et Angers s’apprête à dévoiler son nouvel album, La Chute, avant la fin de l’année. En attendant il nous propose de découvrir aujourd’hui La mort des amants, un nouvel extrait poétique ou les sentiments explosifs se vivent autant à travers les mots que le son. Et c’est à découvrir en exclusivité sur La Face B.
Pour les amateurs de poésie, La mort des amants est avant tout un poème de Charles Baudelaire. Une étrange histoire de fin de et de début, de relation qui se brise dans les larmes pour laisser place à d’autres dans un futur plus ou moins lointains. Comme souvent dans l’amour, il est question d’inéluctable, d’une relation forcément voué à voir la flamme s’éteindre.
Chez La Houle, si il est question d’amour, de cycle et de solitude, l’approche poétique est différente. Ici, c’est un dialogue intérieur qui se joue, l’histoire d’un homme qui se fige en lui même et dans ses émotions, pour mieux les analyser, les disséquer pour enfin s’en libérer. En utilisant la première personne, Simon offre à son histoire un contour plus personnel, moins universel. C’est en lui qu’il regarde, c’est son chaos personnel qu’il transforme en puissance poétique. On sent dans son interprétation la confrontation entre son désespoir et ses attentes. Le besoin plus que tout, de comprendre cette mésaventure pour mieux l’accepter et ainsi pouvoir la vivre jusqu’à la fin.
Surtout, à la différence de Baudelaire, La Houle a une autre puissance émotionnelle à sa disposition : sa musique. Ainsi, comme un brin d’ADN qui s’entrelace, la musique et les paroles sont instinctivement liées. La mort des amants est un beau titre, un grand titre qui met parfaitement en forme ce chaos sentimental qui explose lorsqu’une histoire d’amour vit ses dernières heures et qu’on cherche des branches auxquelles se raccrocher.
Jamais facile, le morceau est toujours en mouvement, alternant tour à tour la violence, la colère et des instants plus lumineux, éclairés et rythmique. Le morceau agresse autant qu’il caresse, il fascine toujours dans cette manière pure de mélanger des structures pop à une volonté noise et bruitiste, ne reniant à aucun moment la puissance émotionnelle autant que la rigueur mélodiste. Autant poétique que puissant, la mort des amants est un morceau qui nous perce le cœur pour ensuite venir le cicatriser.
Visuellement, après Toi (Ce Moi), La Houle continue d’explorer les terres du nord, revenant à ses racines de Boulogne Sur Mer. Co-réalisé avec Guillaume Lebreton et édité par Clovis Le Pivert, le clip nous entraine entre deux histoires parallèle qui finissent fatalement par se retrouver, comme pour créer l’apaisement. Deux êtres solitaires mais liés, l’un en mouvement et l’autre en attente, qui vivent leur existence de manière presque étroite avant que la vie ne les ramène l’un à l’autre.
Un sentiment de paix étrange se dégage de la vidéo, bien loin des vagues sentimentales du morceau. Si elle s’amuse à jouer des couleurs et des textures, ce n’est que pour mieux nous charmer, nous inviter à nous attarder sur les détails et à suivre, presque de manière impudique, La Houle dans ses mouvements, toujours derrière lui.
On se retrouve ainsi dans ce rôle étrange, celui du confident invisible, suivant le héros qui nous parle et nous entraine dans sa vie. Avant que celle-ci ne rejoigne la ligne d’existence d’une autre personne et que tout reprenne place, la vidéo se terminant par le seul regard de La Houle à la caméra, comme si il avait fini par nous repérer et accepter notre existence, pour mieux avancer.