(EXCLU) Le pouvoir aveuglant d’Adam Carpels et Thérèse

Adam Carpels a dévoilé récemment Onirismes, un conte musical dans lequel il utilise les instruments pour créer des émotions et exprimer un point de vue sensible et radical sur le monde. Au centre de ces 5 morceaux, on trouve Blinded Knights sur lequel Thérèse, qu’il accompagne sur scène, pose sa voix et ses mots. Une expression plus physique se dégage alors de ce morceau qui trouve aujourd’hui une extension poétique et métaphorique à travers la vidéo de Thomas Wood, qu’on vous propose de découvrir en exclusivité sur La Face B.

Dans toutes les formes d’art, la science-fiction a toujours été le meilleur moyen de faire passer des messages métaphoriques plus ou moins évidents. En s’enfermant dans un monde parallèle, proche du notre, l’idée étant toujours de dévoiler une idée ou une vision de notre monde moderne et de ses vicissitudes. L’exemple le plus frappant restant la façon dont la série Black Mirror a pu distiller tout un tas de messages percutants sur des sujets actuels.

La science-fiction, et l’idée que la musique avait la force d’un hygiaphone quand il s’agit de parler des sujets sociétaux, a toujours influencé la musique de Adam Carpels et de Thérèse. D’un côté comme de l’autre, les émotions qui découlent de leurs univers servent en grande partie à développer leurs réflexions et pensées sur ce qui les entourent. C’est donc au cœur d’une de leur discussion commune que Blinded Knights a pris naissance. Le titre donne bien évidemment une idée assez claire de ce qui se joue dans nos oreilles.

Les chevaliers aveugles sont ceux qui combattent mais en oubliant les raisons et les intentions, aveuglés par le pouvoir qui leur a été donné, persuadé de faire le bien au départ mais se plongeant de plus en plus dans les affres de la puissance et de ce « cadeau empoisonné ». Cette idée enveloppe la musique du duo, Adam nous offrant une production planante, portée par une batterie presque martiale et des notes évanescentes qui donnent un côté rêveur et presque dystopique à la musique qui s’envole dans la puissance sur les refrains.

Thérèse, elle développe un story-telling assez puissant, ce mettant dans la peau de ce chevalier aux idées pures qui se voit peu à peu détruire. Elle nous raconte cette lente descente aux enfers, ces pensées qui contaminent et prennent le pouvoir dans la tête de notre héroïne. Presque distancié, le chant si particulier de Thérèse n’en devient que plus puissant, bien aidé par l’alchimie parfaite qui se crée entre sa voix et la production subtile d’Adam.

Comme toujours avec Adam Carpels, le visuel qui accompagne ses singles est une extension naturelle, un miroir visuel à ce qu’il essaie de défendre dans ses morceaux. On se souvient de ses « vidéos-documentaires » mais aussi de son dernier clip très cinématographique pour Dune Noire, cette fois-ci c’est une nouvelle direction qu’il prend avec Blinded Knights sous la caméra de Thomas Wood.

Portée par la présence physique et la chorégraphie de Solen Athanassopoulous, la vidéo la met en présence d’un monolithe étrange et mouvant. Un face à face s’engage entre les deux, comme une sorte de combat entre l’esprit de Solen et ce bloc rond qui semble vouloir prendre le pouvoir sur l’héroïne. Les mouvements de danse mettent en action cette lutte interne tandis qu’à certains moments, nous passons dans le paysage du Monolithe, un monde négatif dans lequel d’autres âmes perdues errent et qui semblent vouloir attirer à elles, notre danseuse.

Le tout donne une allégorie forte sur le pouvoir et ses dangers qui laissent un espace de réflexion assez grand que ce soit dans l’écoute ou dans la vision. De quoi activer de nombreux débats, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs. C’est bien là toute la force de Blinded Knights, qui devient une porte ouverte sur la pensée.