Sur La Face B, on adore les premières fois. Les élans un peu fragiles mais toujours spéciaux, les jolies présentations, les sauts dans le vide qui mettent en place une histoire qui ne demandait finalement qu’à vivre. Déjà repéré chez Brace! Brace! et Good Morning TV, Thibault Picot prend désormais la route en solitaire, et en français, et dévoile chez Howlin Banana Records un premier titre, Vélo, qu’on vous invite à découvrir ce matin en exclusivité.
Il y a deux manière d’envisager une promenade à Vélo. Soit on y va à toute vitesse, slalomant, évitant les voitures et les passants, le regard fixé sur un point inamovible à l’horizon. Soit l’on profite du paysage et du voyage, on regarde autour de soi, on explore et on laisse le vent nous caresser le visage, rendant la destination moins importante que le chemin que l’on parcourt pour l’atteindre.
À l’entendre, Picot semble s’amuser des deux. Si ses paroles nous entraînent dans un champ lexical de la vitesse et du danger, sa musique, elle, jouit d’une certaine langueur, d’un calme apparent et ouateux qui nous couvre doucement alors qu’un rayon de douceur vient éblouir nos yeux. On se laisse charmer et l’on se cale dans la roue du morceau, guidé par la basse qui se dandine, la guitare qui ne se refuse jamais un riff bien senti et la voix de crooner de Thibault qui nous entraîne dans cette jolie aventure.
Ici, rien n’est vraiment dangereux, mais l’aventure n’est jamais balisée : on se laisse surprendre par cette petite sucrerie pop, qui joue à l’équilibriste entre les références pop anglo-saxonnes et le nécessaire besoin de revenir à sa langue natale. Une sorte de « passage à l’âge adulte » pour un garçon qui, de son propre aveu, a longtemps renié son amour pour Sheller ou Christophe avant, le temps passant, de réaliser l’importance et les souvenirs nostalgiques qu’ils ont invoqué en lui.
Car oui, au-delà de la tendresse évidente qu’il provoque, ce Vélo porte en lui une sorte de nostalgie que l’on porte tous en nous et qui fait souvent beaucoup de bien. Un vélo n’a pas de rétro, mais ce morceau n’hésite pas à regarder dans les angles morts de la mémoire.
Pour l’accompagner, Picot passe lui-même derrière le crayon et l’animation pour nous offrir une vidéo lumineuse, qui joue des contours et des fantasmes du vélo. Mélangeant les typographies et les couleurs, il s’amuse de cet objet à deux roues pour faire jouer les mots et les images dans une danse lente mais réjouissante.
Au Tour de France de la pop, on peut dire sans rougir que Picot est bien parti pour récupérer le maillot blanc du meilleur petit nouveau.