Aujourd’hui, La Face B vous propose de découvrir en exclusivité non pas un titre, mais bien dix titres ! Il s’agit tout simplement du tout premier album Hours & Days du trio post-punk parisien The Funeral Warehouse qui sort plus de dix ans après sa création. Sans aucun doute, le groupe vit ce moment comme une consécration, ce projet enfoui depuis bien trop longtemps. Nous, c’est avec plaisir que l’on vous partage cette découverte saisissante.
Souvenez-vous. En 2010, l’équipe de France de football n’avait qu’une étoile sur son maillot et faisait grève dans un bus à Knysna, David Bowie préparait encore un album (en l’occurrence son vingt-quatrième The Next Day), Inception de Christopher Nolan sortait au cinéma et le réseau social Instagram venait d’être lancé. Pendant ce temps, le chanteur/guitariste Sebastien Defiolle réalise ses premières compositions orientées cold wave UK. Il sera très vite rejoint par Aurélien Jobard à la basse, puis, quelques mois plus tard, c’est Rodolphe Goujet qui vient compléter l’effectif à la batterie. The Funeral Warehouse est alors crée.
Très vite, un premier EP Hourglass & Waterlilies (2010) est dévoilé mais ce sont surtout les deux suivants, Behind The Wall (2011) et Along With the Madcap (2012) qui vont marquer l’identité sonore post-punk et goth de la formation. A l’image du premier EP des Strokes, les titres ont su évoluer pour avoir une seconde vie. Au final, c’est au bout de sept années de labeur que la formation a réussi à peaufiner à sa guise ses dix productions.
C’est le cas notamment de Miles Away, qui est sans conteste leur premier tube. Alors que la première version du morceau offrait un style garage blues avec une pointe de country, celle de l’album apporte une tout autre profondeur à la piste. L’ambiance est résolument plus shoegaze. Les instruments sonnent plus claires rendant les riffs de guitares plus agressifs et ténébreux. Les envolées vocales graves et rageuses de Sébastien nous scotchent tant elles ressemblent au regretté Kurt Corbain.
Plus moderne et plus énergique, Stop a aussi bénéficié de cet effet remasterisé par un bruit blanc qui domine le champ sonore et renforce l’allure gothique de la prestation. Hours & Days est garni de nombreuses influences eighties et nineties qui ont bercé le trio. Il fusionne à la fois le post-punk froid de Joy Division avec la frénésie éperdue du grunge. Les détails rendent l’album encore plus convaincants et ne laissent peu de temps de mort : chaque morceau a sa propre facette pour gagner en férocité.
L’entêtant Put In (For Decisions) se rythme par les coups de charleston qui seront les seuls répits durant ces quatre minutes soutenues et noisy. Long Way Out est une fusée à plusieurs étages qui fait bourdonner la basse longtemps et fait varier inlassablement la batterie pour accroitre davantage la saturation des guitares. On ne sort pas indemne de cette atmosphère grandiose qui contrecarre leur élan frustré.
Le chemin emprunté par le trio n’est jamais linéaire, souvent sinueux et cabossé. It’s a Black-Black Miracle qui rend hommage à Pacific Sleep Patterns de Chokebore en lui reprenant quelques paroles « It’s the end of the raining », a ainsi une structure cathartique et décousue qui débute comme une marche funèbre lente avant de débouler tout en puissance sur sa dernière partie. Avec Absinthe, la prestation relève d’un renouveau des frères Gallagher sous un format plus vaporeux et voluptueux, marquant également leurs influences britpop. De son côté, le final In Love boucle ce premier LP avec une élégance froide et planante. Il est même une des premières éclaircies de Hours & Days qui ne sombrera jamais dans le désarroi : ”I’m in love with the girls I’v met in the sun “
Avec ce premier album, The Funeral Warehouse s’élance dans la lignée de The Twilight Sad et de My Bloddy Valentine : un univers sonore énergique, saturé et coloré sombrement. Il ne suffit qu’une écoute pour comprendre que les dix titres sont indéniablement voués à exploser sur scène. Cela tombe bien puisque pour célébrer la sortie officielle de leur premier album chez le label Icy Cold Records, ils joueront au Supersonic (Paris 11e) ce vendredi 12 novembre…
Coups de cœur de l’album : Miles Away, Put In (For Indecisions), Long Way Out, In Love
Crédit photos : ©MarOne