Dance, No One’s Watching, l’épicurisme d’Ezra Collective

À Londres, parmi les nombreux musiciens de Jazz, un groupe se démarque par sa philosophie et la manière dont il aborde sa musique. Depuis ses débuts, Ezra Collective met en avant une énergie et une joie de vivre significative. Un optimisme marqué, qui se traduit par une musique au rythme embrasé, vive et terriblement dansante. Cette effervescence, le quintet nous la partage de nouveau avec son troisième album, intitulé Dance, No One’s Watching.

L’art d’Ezra Collective tire ses racines de la musique africaine, et plus particulièrement du Broken Beat et de l’Afro-Beat. Le groupe met l’emphase sur son utilisation du rythme pour créer une musique effrénée qui est par moments nuancée, pour créer une dynamique construite en vagues. Les deux premiers singles de Dance, No One’s Watching mettent en avant cette ambivalence dont le collectif fait preuve. Ajala et God Gave Me Feet For Dancing sont les deux facettes presque antithétiques de la formation. Le premier présente les cinq musiciens mettant en place une cadence élevée. Les quatre minutes et quinze secondes qui composent le titre sont rapides, très rapides.

La batterie de Femi Koleoso y est frénétique, ardente, suivie de près par la basse de TJ Koleoso qui donne beaucoup de profondeur au morceau avec son son rond et chaud. Une frénésie qui est de suite freinée par le mid-tempo de God Gave Me Feet For Dancing, porté par la voix soyeuse de Yazmin Lacey. On remarque dès lors que le quintet est capable de moduler des dynamiques avec beaucoup de maîtrise pour donner naissance à un projet en montagnes russes, ce qui permet, en plus de rendre l’écoute plus facile, de lui donner beaucoup d’intérêt et de dynamisme. 

On retrouve par ailleurs, comme dans l’opus précédent – Where I’m Meant To Be, des voix qui viennent s’incorporer à ce nouvel album. Le dernier single en date, Street is Calling, voit les apparitions de Moonchild Sanelly et M.anifest. Mais on retiendra surtout le sublime No One’s Watching Me qui met en lumière la voix mielleuse d’Olivia Dean, autre coqueluche de ce Jazz londonien nouvelle génération. Le groupe est capable d’officier dans des registres différents. On peut retrouver les originaires du Sud de la capitale anglaise officiant dans une musique improvisée, très propre à la tradition du Jazz. Mais on peut aussi les voir exceller dans un format bien plus structuré, qui permet à un-e vocaliste de s’exprimer. 

Le dénominateur commun de toute cette musique réside dans l’ode à la danse qui prend le rôle de liant au sein de Dance, No One’s Watching. Cette place prédominante qui lui est réservée peut être illustrée, déjà, par le titre du projet, mais aussi par les intitulés des différents morceaux qui le composent. On retrouve aussi par exemple l’interlude en quatre parties (Cloakroom LinkupIn The DanceOur ElementLights On) qui fait ouvertement l’ode de cette même forme d’art. Si on veut pousser l’analyse plus loin, on peut émettre l’idée que ce nouvel album est construit sous la forme de la bande-originale d’une soirée dansante dans un Jazz Club, dans le sud de Londres, dans lequel nous sommes libre, dans lequel personne ne nous regarde.