Depuis un an désormais, on suit les petites traces musicales de Fat Dog qui nous dirigent lentement et sûrement vers l’antre de la bête. Des lives furieux, des singles qui le sont tout autant et une réputation qui ne cesse de grandir. Et si tout ça était trop beau pour être vrai ? Rassurez-vous, la rumeur disait bien vrai : Fat Dog lâche un grand WOOF, et ça dépote !
On a tendance à se méfier de la hype, surtout quand, de la presse spécialisée aux médias plus généralistes, tout le monde semble s’emballer pour un projet. Alors on se dit qu’il est parfois nécessaire de temporiser … ou pas. En ce qui concerne Fat Dog, on a plongé, comme tout le monde, dans le grand océan des éloges et des attentes irraisonnées.
Il faut dire qu’en début d’année, les Londoniens nous ont offert deux titres absolument fabuleux et obsédants, nommés All The Same et Running, alors que dans le même temps l’immense King of The Slugs, longue de 7 minutes, continuait de nous éblouir écoute après écoute.
La musique de Fat Dog avait, dès le départ, tout pour nous séduire : provenant de l’esprit bouillonnant et bordélique de son leader Joe Love, la musique de Fat Dog s’amuse des genres et de l’écriture, virevolte au risque d’en faire parfois trop.
Cela tombe bien, le groupe s’est offert la présence de James Ford, producteur de génie, afin de canaliser et d’offrir de la lisibilité à leur musique.
Tout est donc réuni pour le meilleur, mais au fur et à mesure que les mois avancent, nos angoisses (et on en a un paquet) remontent doucement à la surface. Et si on en attendait trop ? Et si l’album n’était pas à la hauteur ?
Rassurez vous, après de nombreuses écoutes, on peut pousser un grand WOOF de soulagement : ce premier album de Fat Dog est bien l’immense claque qu’il s’annonçait être, et bien plus encore.
« It’s fucking Fat Dog, baby”.
Lancés comme un cri de ralliement, voilà les premiers sons qui atteindront nos oreilles à l’ouverture de WOOF. Vigilante, est une introduction toute en tension, plaçant Joe Love en une sorte de héros omnipotent dans ce qui pourrait être une version post-apocalyptique du Losing My Edge de LCD Soundsystem. Une bande de chiens fous prend donc d’assaut nos oreilles et nous entraine dans un univers pharaonique où le ska se mélange à la techno, le métal et le rock.
Closer to God suit ce chemin du contrôle du chaos. Porté par une section rythmique qui ne faiblira jamais, le morceau secoue dans un shaker des chœurs lyriques, des sonorités orientales, des synthétiseurs dissonants et l’énergie et l’interprétation sans faille de Joe Love.
Une ambiance étouffante flotte autour de nous et ce n’est pas Wither qui viendra alléger le tout. Ici pas de pont, pas de refrain, pas de pause. C’est un bulldozer sonore qui nous écrase et à laquelle s’ajoute un saxophone incandescent. Impossible de ne pas être impressionné par cette folie qui nous assaille, alors que le texte du morceau joue d’abord de la répétition presque psychotique des termes pour ensuite nous entrainer dans un tourbillon de pensées étranges alors que la musique s’emballe.
You want a truth, I’ll tell you one
Fuck ‘em all, fuck ‘em all to the sun
Mais, et c’est une autre grande qualité de WOOF, Fat Dog sait aussi ménager ses effets. Si le groupe nous indiquait dans Closer to God qu’il ne s’agissait pas d’une soundtrack, il ne faut malgré tout pas mettre de côté l’aspect très cinématographique de la musique du quintet, que ce soit dans l’écriture des morceaux, ou dans les sonorités utilisées, preuve en est avec Clowns.
Le morceau se vit comme une sorte d’interlude, une transition qui nous emmène vers un ailleurs. D’abord porté par une ligne purement électronique, le morceau voit des éléments organiques, des cordes, un piano et des chœurs, venir lui donner une saveur complètement différente. Une manière aussi de nous préparer à l’arrivée du gros morceau de WOOF : King of the Slugs.
Imposant, épique et cauchemardesque, on comprend, à l’écoute de WOOF dans sa globalité, pourquoi Fat Dog a fait les présentations avec ce morceau. Toute la musique du groupe dans ce premier effort, de ses influences à son écriture en passant par sa production et son interprétation, est condensée dans ces 7 minutes de folie pure. Un morceau pharaonique, qui évolue et surprend au fil des écoutes, qui construit un univers emballant et fabuleux qui marquera tout ceux qui l’écouteront.
On parlait d’effets et d’intentions plus haut. Avec cette idée en tête, impossible de séparer All The Same et I am the King tant les morceaux semblent être des miroirs déformants l’un pour l’autre. De la colère et de l’apaisement, de la brutalité et de l’élévation. Même dans les thématiques, les morceaux semblent se répondre, tant est si bien que l’écoute est très différente si l’on prend les morceaux séparément ou ensemble.
Alors que l’aventure se termine, Fat Dog garde dans son escarmouche une petite flèche à nous planter en plein cœur : Running. Impossible de passer à côté de ce titre, qui trône depuis plusieurs mois au sommet de nos morceaux favoris de l’année. On ne s’en lasse pas, et le placer en fin d’album est la manière absolument parfaite de nous achever et nous convaincre que, définitivement, WOOF est un grand album.
You can kill the Man, but you can not kill the Dog
Une fin ouverte, comme le laisse entendre And so it Came to Pass, petit bonus qui nous annonce clairement que Fat Dog reviendra. Sauvage, intense et époustouflant, WOOF est un album qui refuse à se définir mais qui marquera tous ceux qui l’écouteront. On ne peut donc que vous inviter à venir crier sous la lune avec cette meute de chiens fous.