Rencontre avec FELP

Musicien et producteur émérite, le français Félix Petit, aka FELP, est devenu, à force de travail, un artisan important de la scène Québécoise et Française. À l’occasion de la sortie de son premier album HELP et du concert évènement au Festival International de Jazz de Montréal qui a suivi, nous avons avons pris le temps de discuter avec lui pour en découvrir plus sur cet artiste unique.

La Face B : Salut Felix, comment ça va?

FELP: Moi ça va bien, je suis revenu un petit peu à Montréal, je fais pas mal d’allers-retours ces temps-ci, pas mal de voyages. C’est pour la bonne cause! Et toi, ça va bien?

LFB: J’ai une grosse otite qui est en train de se résorber. Mais ça va! J’ai vu Ariane Roy en concert cette semaine, j’étais avec LUMIÈRE aussi, donc je continue sur ma lancée du Québec! Toi, tu es français à la base?

FELP: Je suis bisontin, de Besançon. 

LFB: Pour démarrer, je me demandais comment tu en étais venu à partir au Québec et ce que ça faisait d’être l’un des français les plus stylés du Québec maintenant?

FELP: (Rires) Merci. Je ne sais pas trop, je suis parti pour faire du saxophone ici, il y a un programme à la Faculté des Musiques qui s’appelle “Interprétation Jazz”. Je suis rentré là-dedans, je n’ai pas écrit une ligne de texte donc ce n’était que de la musique. Je joue encore avec des gars que j’ai rencontré là-bas dont le pianiste des Louanges Gab Godbout et aussi Will Côté qui est mon voisin. C’est le batteur des Louanges et de FELP et de presque tous les projets que j’ai fait depuis 15 ans maintenant (rires). D’un point de vue “stylé”, c’est drôle que tu dises ça parce que quand je suis arrivé il y avait déjà un français stylé à Montréal qui était et est encore super fort, il s’appelle Jean-Phi Goncalves. Il avait des supers projets avec de gros musiciens, Plaster et Beast. C’était déjà un peu les représentants de la communauté musicale française au Québec (rires). On est pas beaucoup donc on se spot.

LFB: Je te connais car tu es musicien et producteur pour pas mal d’artistes très cool. Tu avais déjà fait des projets un peu plus discrets en autoprod, je me demandais ce qui t’avait poussé à franchir la barrière du projet solo?

FELP: En fait, avant de m’intéresser plus à la réalisation et tout ça, j’étais avec le groupe FELP et on essayait à temps perdu de monter des chansons, des petites compos… C’était encore plus conceptuel à l’époque, il n’y avait pas d’invités, c’était genre une vidéo YouTube avec mon MPC… Ou alors je travaillais pour des potes qui faisaient des petits films sur ma musique, on jouait ça en live. C’était la même formation qu’un autre groupe qui s’appelle Chien Volé, qui est le projet du bassiste. On faisait de longs concerts de 2 ou 3 heures, c’était impossible pour le public de savoir si on était en train de jouer du FELP ou du Chien Volé (rires).

C’était la grande énigme! C’était des trucs un peu comme ça dans des bars à Montréal et on a joué une fois à Québec. Ça, c’était vraiment là où je me suis intéressé plus au studio grâce à Jérémy Roy, qui est Chien Volé. Ce gars-là m’a beaucoup montré, on a monté un studio ensemble. Ensuite j’ai travaillé plus pour d’autres artistes, pis là je me suis dit que j’avais envie de faire un disque : ce n’est jamais trop parti, mais je n’avais pas trop de temps car je faisais du live et d’autres albums. Pis je me suis dit “je vais essayer de mêler tout ça”, j’avais de bonnes relations avec un label qui s’appelle Bonsound et ils m’ont signé pour le disque, ça m’a donné une bonne motivation et un deadline aussi, et ça ça change tout (rires

LFB: Du coup, cet album s’appelle HELP : est-ce que c’est parce que tu t’es rendu compte que tu avais besoin quand même des autres pour créer cet album finalement? (rires)

FELP: (Rires) Exactement, ce n’est pas “au secours”, c’est vraiment “aide” dans le sens amical du terme. C’est vraiment pouvoir faire des trucs ensemble, proposer une base, que quelqu’un rajoute une couche. “Aide” comme rendre un service. Mon boulot de réal, je considère vraiment ça comme essayer de donner un coup de main à l’idée originale de l’artiste, de la coucher sur le support. C’est plus ça que j’ai envie de faire, c’était un peu ça le concept : d’avoir aussi besoin des autres à mon tour. C’est dur de faire le travail que tu fais pour les autres pour toi même. Tu en fais une partie et après tu partages. C’est collaboratif la musique, aussi.  

LFB: Justement, j’en avais déjà parlé avec Anatole, est-ce que tu n’avais pas peur de tomber dans les travers de l’album de producteur avec des featurings et de perdre ce fil rouge et le côté personnel de la musique?

FELP: C’est drôle que tu dises ça, parce que là on va jouer le 7 juillet à Montréal et je cherchais de vielles chansons à mettre dans la setlist. Je suis tombé sur des vieux trucs et c’est vrai que comme ça à froid, il y avait des trucs un peu plus uniques et personnels dans les EPs aussi. Mais en faisant HELP, je ne me suis pas dit que j’allais faire un album vraiment personnel, c’est ça qui est drôle. Je me suis dit que j’avais envie de faire des recherches et ouvrir des concepts pour chacune des chansons, essayer de mettre ça ensemble et voir si ça se tient et je trouve que c’est un éventail qui est très large. Je suis quand même content que ça aille par tous ces chemins là et j’avais envie de présenter des artistes avec lesquels j’ai collaboré sous un autre jour, qu’ils puissent écrire et dire un truc qu’ils ne disent pas d’habitude sur une instru qu’ils ne feraient jamais pour leur projet. C’était aussi ça, de les sortir un peu de leur truc et de me sortir un peu de mon truc. Et aussi partager la vision des artistes avec lesquels je travaille! Quand tu portes un album à ton nom, c’est vraiment différent et il y a plein de producteurs qui ne font pas trop ça et tu peux vite te retrouver dans un espèce de truc “client”. Tu travailles dans un studio, tu as des budgets et blablabla… Tu engages des gens, tu es redevable et ils le sont aussi. Tu peux vite entrer dans un truc un peu bureautique et te déconnecter de la réalité de la personne avec qui tu travailles. L’acte de coucher la pensée sur un support, c’est un peu unique et il faut garder cette magie là, en comprendre tous les côtés.

LFB: Finalement, si on se rapproche un peu du cinéma aussi, il y a un choix très fort des artistes qui partagent cet album là : comment as-tu créé ce casting? 

FELP: C’est vraiment des gens avec qui j’aime passer du temps. Vu que je me suis retrouvé à faire beaucoup de choses en même temps à des moments, je me suis dit que j’allais profiter du temps que j’ai pour moi pour voir des gens que j’aime bien et faire de la musique sans prise de tête. Que ce soit le plus simple possible, même dans la prod : je n’avais pas beaucoup de tracks dans mes sessions, on faisait un essai de voix avec Klô (ndlr: Pelgag) et Laurence-Anne qui s’est retrouvé sur le disque… On essayait d’aller directement au truc, d’avoir un petit côté frais. Ça permet de partager un moment amical en même temps, tu n’es pas juste en train de travailler. C’est un peu un moyen de voir mes amis presque dans le même lieu que d’habitude mais pour un autre projet tranquille, et eux ça les libère aussi parce que ce n’est pas leur disque, ils font une chanson et après je m’en occupe donc c’est cool.

LFB: Et justement, le choix évident aurait été de mettre Vincent (ndlr : Les Louanges, qui n’est pas sur l’album). Est-ce que tu avais une envie de t’éloigner d’une connexion qui était trop évidente pour l’album?

FELP: Un petit peu. En fait, à vrai dire, on a essayé des affaires. On faisait Crash en même temps, beaucoup. Quand on avait du temps ensemble, on a préféré le dédier à ça parce qu’on avait des choses à faire et on était très occupés avec la tournée en même temps. On s’est dit “la prochaine fois”. Ça n’a pas été difficile du tout pour moi de faire ça parce que c’est un gars que j’adore, j’adore ce qu’il fait, j’adore ce qu’on fait ensemble. C’est bien huilé, ça marche bien, on se connait. J’avais besoin de faire un peu mon son avant de l’inviter peut-être, si je fais un autre album j’aimerais bien qu’il soit là pour faire une chanson. Ce qu’on avait fait, ça aurait pu être une chanson des Louanges.

LFB: Comme la connexion de travail est très évidente, ça aurait forcément rattaché… Ce que j’ai trouvé cool, c’est que sur les morceaux avec des voix, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas du tout les artistes rap québécois. C’était des artistes qui ne traversaient pas aussi facilement les frontières alors qu’Hubert Lenoir, Laurence-Anne, Klô Pelgag sont quand même assez connus en France. J’ai beaucoup aimé découvrir cette partie plus hip-hop de l’album avec des gens que je ne connaissais pas forcément. Il y a aussi cette ouverture sur des choses pour moi en tant qu’auditeur français. 

FELP: C’était un peu ça au début, j’ai même fait des tests avec des gens que j’avais rencontré une fois, que j’avais vu faire un petit show vite fait dans un bar… Je voulais essayer de mettre tout le monde sur le même pied, sur la même plateforme avec des instrumentales aussi importantes que les chansons de rap, les features. S’il y a deux invité.e.s, que ce ne soit pas la fille qui fait le refrain et le gars qui rappe… Je voulais changer ce truc. Je travaille autant avec Hubert qu’avec Em Pompa parce qu’on fait plein de musique ensemble. Pour moi, dans mon quotidien, il n’y a pas de hiérarchie. C’est un peu tous.tes mes ami.e.s au même titre, donc j’avais envie de montrer les gens qui étaient importants pour moi, et ce n’est pas non plus une liste exhaustive de mes gens préférés (rires). Je n’avais pas beaucoup de temps pour faire ça non plus, donc quand c’était le temps de faire ça iels étaient là donc c’était parfait, c’était exactement ce que je voulais : faire un truc simple, ne pas travailler sur une chanson pendant un mois. C’est direct, c’est cool, ça a été assez fluide. C’était une grande soupe de hasard, de connexion d’ami.e.s que j’ai envie de voir, de musique que j’ai envie de faire et de gens que j’entends sur un beat. 

LFB: Je trouve qu’il y a deux choses qui ramènent le personnel dans ta musique pour FELP: déjà, il y a un côté un peu mosaïque en allant chercher tous les genres musicaux que tu apprécies. Il y a une couleur, mais elle se diffuse sur pleins de styles différents. Il y a aussi un agencement dans l’album, avec les parties de singe qui donnent un peu un côté chapitré… Comment tu l’as travaillé? 

FELP: C’était un peu ça! Par rapport à la question du style, de la patte, à un moment je me suis beaucoup posé la question. Je me suis rendu compte que moins je faisais attention à ça, plus j’avais des retours comme quoi on m’entendait. Le moins que je brandais ça, le plus que ça transparaissait. J’ai essayé de me dédouaner de ça, de ne plus me dire “moi j’utilise juste cette caisse claire là ou mon pack de samples préféré” et de partir de zéro sans trop m’en occuper. Je pense que j’aime bien plein de sortes de musique, j’aime quand c’est très doux, quand c’est très lent, quand c’est très rapide… Je suis content que tu me dises ça, ça veut dire que ça transparait dans le disque. De la même façon que je le fais avec d’autres artistes, j’ai essayé de laisser parler la chanson le plus possible au service de la musique. C’est des dogmes, on essaie de faire ça pis après on est en studio et on fait ce qu’on peut, c’est au moment tu vois. En tous cas, c’est les grandes lignes que j’ai essayé de respecter.  

LFB: L’autre élément personnel, forcément c’est le saxophone qui est un peu ta marque de fabrique et qui apparait sur tous les morceaux. C’est limite le personnage principal de cet album, en fait. 

FELP: J’ai toujours considéré ça plus comme ma voix que ma voix, tu vois (rires). J’étais vraiment focused sur le saxophone quand j’étais à l’université, c’est comme ça que je me suis construit un peu en jeune adulte aussi. Ça devient une hygiène de vie, t’en fais un peu tous les jours. Tous les saxophonistes que je préférais avaient un peu cette façon de chanter, tu vois. J’essaie de m’approfondir là dedans, maintenant j’arrive à poser un truc que je trouve assez proche d’une voix. C’était un peu mon but. 

LFB: C’est un vecteur d’émotion et de variation hyper important dans l’album. J’ai l’impression qu’il apparait mais pas par hasard, il est là pour mettre un contrepoids, pour reprendre une structure rythmique… Il y a un vrai travail là dessus qui est intéressant. Tu dis que c’est fluide, mais il y a quand même un truc hyper réfléchi là-dedans.

FELP: La fluidité est dans le fait qu’automatiquement j’arrive à me dire que je peux faire une petite ligne de sax pour le changement de section, pour tourner la page. Des fois, dans les prod, ça devient assez focused sur l’ordi et le sax m’aide à faire ça et c’est cool si ça transparait dans la musique. Je lâche un peu l’ordi, je joue un peu de sax et ça m’éclaire sur la chanson. C’est un peu une technique pour lâcher l’écran, c’est pas mal.

LFB: Ça ramène vers le réel.

FELP: Exact, et ça reconnecte tout de suite pour moi, dès que je joue du sax c’est assez confortable, je reviens dans mes pompes. C’est un peu une mise en abîme, c’est cool (rires).

LFB: Finalement, tu aurais pu limite faire un album instrumental avec le sax qui parle à ta place. 

FELP: J’ai voulu faire ça pour certaines chansons mais oui, c’est une bonne idée, je vais penser à ça pour le prochain album, merci pour le plan (rires)

LFB: Justement, dans le choix des chansons, comment tu as réfléchi à trouver cet équilibre entre des morceaux grand public et des morceaux plus radicaux et exigeants? parce qu’il y a quand même des trucs très conceptuels.

FELP: J’avais plein de chansons, j’ai fait un petit peu la balance comme ça. Quand j’ai commencé à faire la liste des chansons, je me suis dit “ok, il manque une chanson comme ça” et j’ai fait la chanson avec Klô par exemple. J’avais plein de trucs qu’on avait fait au studio quand on jammait que j’ai mis aussi. J’avais 25 chansons et j’ai coupé plein de trucs trop bizarres, ou j’ai gardé les trucs les plus bizarres pour que les trucs moins bizarres puissent passer aussi (rires). Je pense que c’est ça qui fait un tout aussi, quand il y a beaucoup de dynamique. Je pense aussi en général que le terme « grand public » est intéressant, c’est un peu la spirale du mainstream. Les producteurs, les labels, les A&R, les DA… Ils projettent quelque chose sur le grand public qui est très large. Ils pensent que si on ne chante pas sur une chanson ou deux, ils vont lâcher. Je suis assez fervent sur ça, des gars comme Hubert, ils ne chantent pas sur toutes les chansons. Il y a plein d’instrumentales sur son premier album. Ça aurait pu être classé comme album instrumental s’il n’y avait pas eu 2-3 hits là au milieu, mais c’est des méga hits. Ça fait que les gens en concert, quand on joue juste les instrumentales du premier album, ils crient les thèmes (rires). Tout le monde est capable de chanter et de s’attacher à un thème instrumental. En général, si on ne propose pas de trucs plus instrumentaux, c’est sûr qu’il n’y en aura pas. C’est nous qui proposons des chansons.

LFB: C’est ce que j’aime dans la scène québécoise, il y a vraiment cette liberté et ce besoin de se réapproprier la musique et d’aller contre des diktats de l’industrie. Tu parles d’Hubert, mais avec Les Louanges c’est pareil, ou bien des mecs comme Choses Sauvages…

FELP: Même Safia (ndlr: Nolin) ou Laurence-Anne

LFB: Oui, c’est ça! Laurence-Anne, je l’avais vu à Paris, et les gens ne comprenaient pas trop, trouvaient que ça partait dans tous les sens… Mais c’est ça qui est intéressant aussi, même si c’est de la pop, il y a une exigence dans la musique et dans le public, de savoir que les gens ont l’intelligence pour écouter ce genre de musique, et de faire réfléchir les gens à travers la musique aussi. 

FELP: Ma petite réflexion du moment, c’est que c’est le meilleur moment pour être en vie et pour faire de la musique. Bon, on vend moins de disques qu’avant, c’est sûr qu’on est moins riches. Mais par contre, tu sors une chanson, c’est disponible dans le monde entier, tu peux rencontrer des journalistes de partout… C’est des gens qui écoutent dans leurs oreilles tout seul, il n’y a pas ce côté social et c’est bien aussi. À part Spotify, personne ne sait qui écoute quoi. Les gens écoutent des podcasts, les gens courent avec des instrumentales, avec David Guetta, peu importe! Des fois, les playlists vont du tout au tout, ça c’est cool. J’aime bien écouter un album complet un peu monté comme ça, que ça change, qu’il y aie des skips un peu durs qui te mettent tout de suite dans un autre truc. La vie elle est comme ça maintenant, je trouve .

LFB: Il y a aussi de plus en plus de gens qui réécoutent des albums de A à Z et qui trouvent ça important.

FELP: Oui, la culture de l’album revient et c’est trop bien. C’est le meilleur des deux mondes. Tu peux faire un truc complètement éclaté dans un concept et que ce soit agréable pour les gens. Les gens sont habitués de changer d’humeur assez rapidement, de plus en plus (rires). C’est normal d’adapter la musique à la vie qu’on vit. 

LFB: Comment tu as envie de faire vivre cet album là?

FELP: On va faire un concert au Festival de Jazz (ndlr : de Montréal). Pour l’instant, il n’y a qu’un show. Il y aura des invité.e.s, 5 musiciens.. Pour l’instant, je suis focused là dessus pour monter le spectacle et que ce soit le mieux possible. Sinon, on va le sortir en vinyle et j’ai envie que ce soit vendu. Pour le lancement, je fais un petit apéro-DJ set avec 180 grammes, un vendeur de disques super cool à Montréal, juste pour être ensemble. J’ai envie que ce soit ça. Si jamais les artistes que j’ai invité veulent jouer ça en concert pour elleux, iels sont les bienvenu.e.s. Je peux jouer 3-4 chansons avant un autre concert, ça me va aussi. Mais je pense que la formule de jouer l’album avec tous.tes les invité.e.s, j’ai envie de le faire une seule fois pour l’instant. Faut que ce soit un évènement. Ce projet là n’est pas un side project pour moi, mais j’ai envie que ma vie de tous les jours soit encore du producing pour les gens, de la réalisation, de faire de la tournée.. J’ai envie que ce soit vraiment des évènements. On se motive 2-3 jours et après on retourne à notre vie normale. 

LFB: C’est ta cour de récréation un peu, quoi. 

FELP: Exactement! J’ai envie que ça reste ça, je n’ai pas envie de le défendre 40 fois dans l’année. J’ai envie de le vivre comme mon anniversaire un peu (rires)

LFB: Je vois! Et du coup, là c’est quoi les plans pour le futur? Si tu as le droit d’en parler, car je sais que tu étais à Paris il n’y a pas si longtemps que ça…

FELP: Je passe un peu de temps à Paris, je m’y suis trouvé une petite équipe super, des ami.e.s, vraiment des gens avec qui j’ai accroché. On est en train de faire de supers trucs avec Bonnie Banane, je crois que j’ai le droit d’en parler. On fait son prochain disque, elle a complètement tué ça comme on dit, elle a complètement retourné le truc (rires). Elle a travaillé avec des compositeurs super et moi j’arrive un peu là pour le studio, pour enregistrer et réaliser des trucs. Ça, c’était vraiment une super expérience, je suis content de pouvoir voir que la musique c’est universel, quand tu arrives dans un studio, c’est un studio : tous les studios sont là pour enregistrer de la musique. Donc c’est cool, je sens en trainant un peu à Paris qu’il y a vraiment eu de l’intérêt pour la musique des dernières années, c’est vraiment agréable de voir que ça peut se transvaser dans un autre continent, surtout que j’ai grandi en France donc j’ai pas mal de connexions et de références. C’est drôle, là-bas je me retrouvais à avoir des références de la télé des années 90 alors qu’ici je suis complètement habitué de ne pas les avoir (rires). C’est drôle de me retrouver avec un truc que je connais un peu mais que je ne connais pas trop. C’est là que tu vois que la musique est un fil rouge. 

LFB: J’ai une question un peu running gag et je pense que tu es la personne parfaite pour ça : est-ce que le saxophone est un élément obligatoire de la musique québécoise moderne?

FELP: (Rires) écoute… Je ne sais pas, je ne pense pas. Je pense que dans les dernières années, on a retrouvé une voie pour le saxophone pis c’est cool, et moi j’adore parce que je peux jouer de mon instrument sur scène. Les gens crient, les gens sont contents. Je trouve que le saxophone était un grand oublié des années 2000. Mais c’est juste des vagues hein, ça va partir bientôt. Peut-être que la trompette ou l’harmonica pourraient revenir en prochain.

LFB: Est-ce que tu as des coups de cœurs récents à nous partager? 

FELP: Ouais! Récemment, je suis retombé dans un espèce de truc, il faudrait que je te passe le lien… C’est un film qui s’appelle Rechercher Victor Pellerin. Je l’ai en DVD, j’espère qu’il y a une ref quelque part. C’est un gars au Québec, un expat français, qui était peintre. Il a exposé à New-York et tout. Il était dans le milieu de Montréal des années 80, beaucoup de drogues, il était avec une danseuse contemporaine qui est encore là d’ailleurs, elle est prof dans une école de danse. Ce film là, je crois que c’est sa sœur qui l’a réalisé. À un moment, il a mis le feu à son atelier et il a disparu. Tout le monde pensait qu’il était mort. Le film est un truc assez incroyable, le gars a eu double, triple ou quadruple vie, on ne sait pas. C’était un peintre assez cool, moi j’aimais beaucoup ce qu’il faisait. C’est drôle parce qu’une de ses doubles ou triples vies était de faire des faux tableaux, il était engagé dans des bureaux d’avocats pour faire le ménage, il prenait des tableaux en photo et il les faisait chez lui et la semaine d’après il les changeait pour vendre l’original. Il ne pouvait pas se faire attraper car c’était un crime qui n’existait pas, personne ne porte plainte car personne n’avait vu (rires). C’est ce genre de crime parfait. Puis un jour il a disparu comme ça, ils ont essayé de le chercher en Amérique du Sud et ce n’est pas clair s’ils le trouvent ou s’ils ne le trouvent pas. C’est pas mal! 

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