Feu! Chatterton : “La musique permet de contourner des impasses rationnelles”

Il y a presque trois semaines, le quintet parisien Feu! Chatterton sortait son troisième album Palais d’argile, album fait de glaise et d’un bleu Klein qui apaise. Nous sommes alors allés à leur rencontre pour découvrir les fondations de cet édifice majestueux, rencontre durant laquelle on y a parlé architecture de l’âme, de l’importance d’user de la sensibilité et de la nécessité de se tourner vers l’essentiel dans un monde idéalement rééquilibré et fait (d’un peu plus) d’optimisme. Retour sur cet échange en compagnie d’Arthur, Clément, Raphaël et Antoine.

La Face B : Votre nouvel album Palais d’argile a été pensé pour la scène. Comment faites-vous alors face à la frustration de ne pas pouvoir le défendre dans l’immédiat ?

Arthur : On fait des insta-lives. (rires)

Raphaël : On apprend la patience.

Clément : C’est la première fois que ça nous arrive de sortir quelque chose et de ne pas avoir de scène tout de suite après. Parce que le premier album c’était une configuration différente, où on avait déjà sorti un EP et où la tournée ne s’était pas vraiment arrêtée, c’était dans son jus, ça continuait. Le deuxième album c’était un calendrier très classique, où on a un an pour enregistrer le disque, on tourne tout de suite après et tout va très très vite. On n’avait pas eu le temps de trop savourer le deuxième album, de prendre les retours critiques des médias et du public. Alors que là, nous n’avons pas le choix, on est un peu obligés d’attendre et on reçoit beaucoup d’amour sur les réseaux. Ça nous permet de profiter de cette sortie d’album, on travaille pour faire une tournée à l’automne, peut-être quelques festivals et puis on espère que le reste tiendra.

Arthur : On a un petit studio à Pantin depuis un an et demi où il y a tout notre matériel. On se retrouve presque tous les jours là-bas, on répète nos morceaux, on joue un peu ceux que l’on a déjà joués. Pour la radio et la télé, on a dû en répéter certains et là on va en répéter d’autres, ça nous permet aussi de maintenir le jeu entre nous comme ça quand ça sera reparti, on sera prêts.

Raphaël : Il y a aussi un truc assez drôle c’est que lorsque l’on a la moindre occasion de jouer pour une promo même s’il y a cinq personnes, ça devient une sorte d’évènement, de tension. D’habitude on partait en tournée alors qu’on avait à peine fini de sortir l’album. Je pense que lorsque ça va reprendre, on sera dans les starting-blocks. (rires) Quand on reviendra sur scène, il y aura une envie comme on n’a jamais eu de jouer, de notre côté comme de celui du public.

Arthur : Tous les artistes partent avec une sorte de petit avantage, c’est que les gens ont de la peine pour eux. Ils soutiennent à fond, il y a ce truc de porter encore plus en mode « oh les pauvres, ils n’ont pas travaillés… » (rires) et je pense que le plaisir de retrouver les concerts plus cette envie de soutenir les artistes, ça va donner un truc très sympa.

Antoine : Les gens sont vraiment en manque de concerts.

Clément : Il faut juste tenir.

LFB : Palais d’argile a été écrit pour un spectacle que vous auriez dû jouer aux Bouffes du Nord en avril dernier. Puisque cet album était façonné telle une pièce de théâtre, comment l’avez-vous remodelé pour l’adapter au format type d’un disque ?

Arthur : En fait, on l’a pas tant remodelé que ça. On a plutôt accepté l’idée de faire un album qui soit hors-format, qui ressemble à un spectacle. Il y a plus de quatre morceaux au dessus de cinq minutes, ça veut bien dire que l’on n’a pas pensé les choses de cette façon. Plutôt que se demander comment refaçonner la pièce pour le disque, on s’est plutôt dit « Comment accepté de laisser un disque qui ressemble à un spectacle ? » C’est plus l’ordre des chansons qui va changer simplement parce qu’en travaillant les chansons, certaines ont pris des formes inattendues et même des sens inattendus, qui ont trouvé leur place ailleurs. Sinon ça se diffusait à peu près de la même manière, comme ce constat d’un monde assez froid. À l’époque, on parlait surtout de surfaces sur lesquelles on glisse, comme un écran mais ça peut être un écran de fumée, ce n’est pas forcément un écran d’ordinateur mais quelque chose qui se dresse devant nous, impénétrable, qu’on essaie de crever et de traverser pour arriver à une phase de doutes. On avait aussi en tête quelque chose de très basique comme l’allégorie de la caverne de Platon où tu es dans une grotte, tu arrives à en sortir, tu es désœuvré car cette lumière naturelle que tu ne connaissais pas t’éblouis, tu es perdu et petit à petit tu t’accoutumes à cette nouvelle lumière jusqu’à ne pas regarder le soleil car c’est de toute façon trop intense. Le disque ressemble un peu à ça.

LFB : Initialement, à quoi ressemblait alors l’ordre de la tracklist ?

Clément : Le démarrage du concert avait ce côté exposition de la frénésie des écrans et la phase mystique qui est maintenant à la fin, était au milieu. Cantique, L’homme qui vient et Laissons Filer c’était plutôt les parties du milieu.

Arthur : Je crois qu’on n’avait pas une super troisième partie.

Clément : En effet, il y avait Libre et après… (il réfléchit)

Arthur : Et Souvenirs je crois, on voulait jouer d’anciens morceaux. Le fait que ça s’arrête une semaine avant c’était triste mais quand on reçoit des signes comme ça on se dit que finalement ce n’était pas encore tout à fait abouti, qu’il fallait retravailler. Ça nous a donc permis de les développer davantage.

Clément : Les morceaux ont beaucoup évolué.

Raphaël : Deux mois de confinement, ça a fait pas mal de décantation.

LFB : Cet album est défini comme ambitieux. C’est un terme qui vous flatte ou qui vous fâche l’ambition ?

Arthur : Je dirais que c’est un terme avec lequel on est ok, ni l’un ni l’autre, on assume que l’on est ambitieux.

Clément : En tout cas, ça n’a pas une connotation négative quand on le dit. Ce n’est pas l’ambition carriériste, celle de faire une grand carrière ou un grand disque. C’est l’ambition d’aller le plus loin possible dans une chanson, d’explorer et de trouver l’émotion juste.

Arthur : Je pense que ça veut simplement dire qu’il faut accepter d’avoir des rêves et dit comme ça j’ai l’impression d’être Miss France. (rires) Il faut croire que rien n’est impossible, que tu vas essayer de te donner les moyens mais du coup c’est casse-gueule car si on voit ton ambition à la fin et que la montagne accouche d’une souris, on peut se moquer de toi. Pour nous, l’ambition est un moyen et non une fin.

Clément : C’est toute la différence entre l’ambition artistique et l’ambition tout court.

LFB : Votre morceau Monde Nouveau a été réfléchi comme un souvenir du futur. Quand il vous arrive de vous projeter quelques décennies en avant, que voyez-vous ?

Arthur : Je vois des petits marmots dans ma maison. (rires)

LFB : Et vis-à-vis du monde ?

Raphaël : C’est un peu rude mais à titre personnel je pense à ce qu’on pourrait appeler un pseudo-réalisme où l’on court vers la catastrophe écologique, les manques de ressources en eau, les mouvements humains, des choses qui peuvent être très négatives. Et en même temps pour moi, adhérer à ça c’est presque criminel car si je me laisse aller à cette pensée, s’il n’y a pas d’optimisme, c’est sûr que l’on court à notre perte. La seule chose qui peut faire que cette vision apocalyptique n’arrive pas, c’est une forme d’optimisme car dans l’optimisme on va se tourner vers les autres.

Arthur : On peut aussi voir les choses dans l’autre sens car ce pseudo-réalisme dont Raphaël parle n’est pas si réaliste que ça.

Raphaël : Non, c’est une crainte aussi.

Arthur : On a connu une pandémie à laquelle personne ne pouvait s’attendre, ce qui prouve bien que ce monde-là est bien plus surprenant qu’on l’imagine. Pourquoi ça n’arriverait pas dans l’autre sens ? Comme découvrir une nouvelle source d’énergie renouvelable incroyable, tu vois ce que je veux dire ? Pourquoi pas ? On écrit le monde qu’on vit donc si on décide de le colorer que de noir, il sera noir car il n’y aura pas la possibilité qu’il soit autrement.

Raphaël : Avancer en ayant peur ne peut que mener à un désastre.

LFB : Les textes de ce disque ont été écrits bien avant la pandémie, pourtant il y a quelque chose de très visionnaire dans les mots qui étonnamment font écho à l’actualité. Au-delà du fait que vous niez cette qualité, pensez-vous que le devoir d’un artiste et plus particulièrement celui d’un musicien, est de rendre audible des forces non audibles par elles-mêmes ?

Arthur : Wow, c’est beau. Je n’ai plus rien à ajouter.

Clément : La réponse est dans la question. (rires)

Arthur : Et surtout c’est beau car dire forces non audibles ça englobe vraiment des choses très larges, à plusieurs niveaux. Je dis oui, je dis oui très fort ! (rires)

Raphaël : C’est la réponse la plus courte d’Arthur depuis 2015. (rires)

Clément : C’est pas mal les interviews comme ça. (rires)

LFB : Il y a quelque chose de politique dans ce disque, je pense notamment à La Mer ou même Écran Total. La musique est-elle le médium idéal pour exprimer son mécontentement ? Pour réveiller un monde quelque peu endormi face à l’urgence ?

Clément : Je pense que ça fait partie des outils si on a envie de l’utiliser comme tel mais ce n’est pas le meilleur moyen pour parler politique, exprimer son opinion ou avoir envie de faire changer les choses.

Raphaël : Il y a l’avantage par rapport au discours politique pur, comme n’importe quel art qui devient politique, de pouvoir parler à la sensibilité. Des sujets abordés tels que dans La Mer prennent un sens et permettent de toucher les gens par la sensibilité. Alors que dans le discours politique ambiant, ils vont essayer d’évacuer tel ou tel sujet. La musique permet de contourner des impasses rationnelles et d’amener sur un autre plan car dans les choix politiques, il n’y a pas que la rationalité qui compte.

Clément : Les plus beaux discours politiques sont presque des poèmes. Martin Luther King était un poète.

Arthur : Churchill aussi.

Clément : Il y a toujours quelque chose qui appelle davantage à la sensibilité des gens qu’à leur rationalité, même en politique.

Arthur : Quand on le fait, on n’a pas les solutions non plus. Personne peut s’élever contre le fait qu’un enfant mort sur une plage ce soit indécent, une tristesse immense. C’est politique au sens le plus bas et le plus existentiel. La politique c’est le sens commun, la question, la vie ensemble et citoyenne. Maintenant, que faisons-nous de tout ça ? Nous on ne sait pas, on a beaucoup de questions et peu de réponses.

LFB : Malgré quelques constats alarmants, il reste ce condensé d’espoir qui survole l’ensemble des morceaux. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous permet de croire que le changement est possible ?

Clément : Certainement pas les élections de 2022. (rires)

Arthur : Dans ce monde très grand et complexe, on a tous cette tendance à vouloir agir localement, enfin je vois les choses comme ça sinon je désespère. Spontanément, je pense à des choses simples. Je me dis que dans ce monde-là, je vais être capable de fonder une famille avec des enfants en espérant qu’ils se construisent d’une nouvelle manière, qu’ils fassent mieux et des choses belles. Je crois en ce sens de la vie plus fort que tout.

Raphaël : J’ai foi dans le fait que malgré toutes les peurs et les violences que l’Homme fait, il y a dans chaque humain un potentiel de bonté et de réalisation. Je vois ma petite sœur qui a quinze ans, elle a grandi depuis qu’elle est gamine avec ces images de la fonte des glaces etc, et elle a un rapport à l’environnement qui n’a rien à voir avec celui que j’avais à son âge car elle a grandi sensiblement avec cette question. Quand je la vois, elle est complètement intransigeante mais sans aucune colère. Là où à quinze ans je parlais d’écologie d’une manière pseudo-militante, eh bien pour elle c’est quelque chose de complètement acquis et intégré.

Arthur : Il y a quelque chose d’assez étrange aussi qui se passe au fil des générations. Dans les dictatures telles qu’à l’époque des Hashishins par exemple, le cœur de l’enfant ne peut pas reproduire ça indéfiniment, enfin je crois à ça. Les générations de dictateurs ne peuvent pas se reproduire d’elles mêmes longtemps. Un enfant, quelque soit son conditionnement, a quelque chose qui à un moment va peut-être se détacher de ça. C’est pour ça que je parle des Hashishins où élever des gosses que dans la noirceur, la négation et la violence ça ne tient pas. Tu veux voir autre chose, ça ne peut pas durer trois générations comme ça.

LFB : Il y a un vraie narration qui découle de la tracklist, un cheminement allant d’un point négatif avec cette omniprésence des écrans dans nos vies (Monde Nouveau, Cristaux Liquides, Écran Total) vers un autre plus positif, où il faudrait opter pour un lâcher prise permanent, un retour à l’essentiel (L’homme qui vient, Laissons filer). Conclure l’album sur cette note était-il un moyen pour vous de susciter l’espoir en chacun ? De montrer qu’il est possible de trouver la lumière parmi les ombres ?

Arthur : Oui, oui, oui ! C’est un deuxième oui ! (rires)

Clément : C’est vraiment bien d’avoir les réponses dans les questions. (rires)

Raphaël : Quand les questions sont trop intelligentes, on peut que dire oui. (rires)

Arthur : C’était vraiment très important dans notre track-listing de finir là-dessus.

LFB : Vous avez une nouvelle fois adapté des poèmes en chansons, l’un est de Jacques Prévert et l’autre de William Butler Yeats. Ces œuvres résonnent-elles avec votre propre vécu ?

Arthur : Toujours. Je pense que pour être ébranlé par un poème, où parfois on peut être surpris du fait qu’il nous fasse pleurer, rire ou frissonner, c’est toujours parce qu’il va toucher quelque chose en nous, un vécu. C’est une rencontre, il y a quelque chose qui surgit, qui est exprimé d’une manière particulière et parfois on ne sait pas vraiment l’expliquer mais forcément ça va avec. C’est comme la musique, ça touche à un endroit sensible mais on ne sait jamais trop expliquer pourquoi. Les poèmes sont des formules magiques. Dans Yeats, il y a cette féminité qui transpire dans le texte alors même que c’est un homme qui l’a écrit et moi quand je le chante par exemple, j’imagine souvent que je suis une femme en train de chanter ça. Et une autre fois, je peux imaginer que je suis cet homme qui se maquille. Ça peut être le maquillage du travestissement, de l’androgynie, de vouloir être une femme, le maquillage du clown, de l’artiste etc. Quand on dit «Pourquoi me dire cruelle ? / Pourquoi se croire trahi ? » on sort complètement de nos considérations. Je pense que n’importe qui à un moment dans sa vie s’est senti coupable ou comme un bourreau dans le regard de l’autre simplement car il devait faire ce qu’il devait faire et qu’il n’avait pas le choix d’agir comme ça. La vie impose de faire des choix qui parfois sont durs. Il y a des phrases qui tapent n’importe qui, n’importe quand et je pense que tout le monde qui a un peu vécu ressent cette phrase et ça n’a alors plus rien à voir avec le genre et tout ça. C’est ce qu’il y a de beau dans les plus grand textes, c’est de pouvoir se sentir dans la peau d’un autre, sentir l’universalité, ce qui traverse l’humanité entière, ça donne foi en l’avenir. Cette phrase a quelque chose d’universel, tout le monde n’aura pas l’occasion d’être touchée par elle mais chacun peut potentiellement l’être car Yeats a capturé dans cette manière de dire, comme quelque chose de l’humanité et l’a mis dans un flacon. C’est comme si je te disais que tout le monde ne peut pas sentir le parfum d’une figue. Si tu n’as pas vu une figue, tu ne peux pas la sentir mais le parfum de la figue c’est la parfum de la figue, c’est objectif. Tout le monde, potentiellement, peut sentir ce parfum. Les poèmes ont cette manière d’être aussi, de quintessencier, de prendre l’essence de certaines choses humaines, des sensations notamment. Il faut juste avoir l’occasion d’ouvrir le flacon.

LFB : Appeler son album Palais d’argile est-il synonyme d’un puissant désir de se tourner vers un monde rééquilibré ?

Arthur : Je crois que c’est un troisième oui ou pas ? (rires)

Raphaël: C’est véritablement un troisième oui ! (rires) On peut quand même rajouter des choses ?

Arthur : Mais oui, bien sûr ! (rires)

Raphaël: Il y a pas mal de choses car les titres d’albums on les choisit toujours après coup, ce n’est pas intentionnel au moment où l’on fait les morceaux. Autant ça peut être pour nous une image du monde dans lequel on vit car on n’a jamais, dans notre pays en tout cas, vécu aussi bien. Beaucoup de gens ont à manger, un toit, un système de santé. Et tout d’un coup, on est dans une forme de palais et si on prend l’histoire de l’humanité, on se rend compte qu’en très peu de temps, tout peu s’effriter et c’est ce que l’on a vécu l’année dernière. Ce titre on ne l’aurait peut-être pas choisi si la pandémie n’avait pas eu lieu. On parlait d’ambition tout à l’heure et on peut être ambitieux et humble à la fois, cette cohabitation d’humilité et d’ambition non orgueilleuse est assez essentiel pour chacun d’entre nous.

Arthur : Le palais d’argile c’est ce que construit l’Homme. C’est aussi l’Homme lui même, l’Homme est comme un palais d’argile. C’est Christian Bobin qui le dit aussi dans son texte Le plâtrier siffleur qui nous a beaucoup inspiré pour le disque. Il dit qu’un des buts de l’Homme sur terre est de bâtir une architecture dans l’âme, de ne pas laisser son âme se répandre et d’essayer de l’architecturer pour qu’elle s’épanouisse.

LFB : Il y a une forte critique de notre rapport abusif au monde virtuel dans votre album. Tout en ayant conscience de leurs côtés néfastes mais aussi bénéfiques, est-ce un challenge pour vous de vous tenir à distance de vos appareils ? De dépasser l’addiction malsaine mais pourtant inévitable ?

Arthur : En ce moment, c’est un énorme challenge oui ! (rires) Car depuis que l’on a sorti l’album, je passe mes journées sur les réseaux sociaux, je suis trop content de voir les réactions des gens, de pouvoir leur répondre, c’est hyper émouvant car on reçoit des messages dingues. Quand tu sors un disque, que tu n’as pas la scène et juste ça, eh bien tu es obligé. Ca fait trop plaisir de savoir qu’il habite avec les gens. Mais la manière de tenir à distance en ce moment, c’est galère.

Raphaël : En ce moment, on perd un peu je crois.

Arthur : Mais on a conscience qu’il y a un temps pour tout, peut-être qu’on fera différemment à un moment donné mais pour l’instant, il ne faut pas trop dramatiser.

LFB : En travaillant avec Arnaud Rebotini, avez-vous trouvé en lui des énergies similaires aux vôtres ?

Clément : Je pense que oui. On a réussi à créer le groupe et Arnaud, une énergie assez nouvelle. Quand on l’a rencontré, on lui a dit qu’on voulait enregistrer live et lui ce n’était pas un truc auquel il pensait pas forcément alors on l’a un peu convaincu de faire ça. Je pense que son rapport à la musique électronique est assez carré, il y a de la précision quant à l’utilisation des machines et nous, notre envie et notre amour d’enregistrer la musique en live, ça a créé une énergie qui est vraiment l’énergie du disque.

Arthur : Ce qu’il y avait de probablement commun, c’est que dans la musique que l’on écoute, on s’est trouvés des choses communes, des amours communs de la musique. Je crois qu’on aime, lui comme nous, une musique qui vient des tripes, comme beaucoup de gens. On cherchait la même chose, ce côté mystique et religieux dans la musique. On aime les morceaux et les interprétations qui touchent au sacré, tu le sens avec des interprètes tels que Nina Simone, Chet Baker ou même Bob Marley.

Clément : C’est la chaleur et l’aspérité à la fois de la composition et de l’interprétation qui nous touche.

Arthur : Quand il y a une sorte de spiritualité dans la musique.

Clément : Et lui sa spiritualité vient de sa culture musicale énorme qui réunit plein de style de musique. Mais dans la techno qu’il fait, comme il utilise des vieilles machines, il y a cette chaleur, ces aspérités, cette âme et ça c’est un truc qu’on avait en commun.

© Crédit photos : Antoine Henault