Pendant toute l’année 2021, La Face B a suivi les artistes et les salles de concerts à travers le Not Dead Project. Maintenant que l’horizon s’éclaircit légèrement et que les concerts reprennent, on a décidé de poursuivre notre volonté de suivi et de prise des paroles des artistes avec Finally A Live ! Dans ce nouveau format, nous partons à la rencontre des artistes pour parler de live et l’impact qu’a pu avoir la crise sanitaire sur leur manière de vivre cet élément si essentiel à leurs existences et à la nôtre. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Fantomes et Terrenoire.
Fantomes
LFB: Comment allez-vous?
Fantomes: Et bien voilà! Petite gueule de bois, en vrai on est très contents d’être ici. C’est trop mignon. Il fait bon, il fait beau, tout le monde est très sympa. On est dans un château, c’est Games of Thrones le délire!
LFB: Comment avez-vous vécu votre premier concert post covid ?
Fantomes: C’était au Point Éphémère pour la réouverture! C’était carré. C’était gratuit et c’était blindé! On jouait avec Structures, le plateau était trop stylé. C’était vraiment bon esprit rock. Il y avait une hyper bonne atmosphère, franchement c’était le feu. On n’a pas fait énormément de concerts depuis un moment. Nous sommes tout jeune comme groupe mais c’était la première fois qu’il y avait des gens qui pogotaient.
LFB: Aviez des habitudes qui ont évolué ou changé, dans votre façon d’envisager les concerts et de les vivre?
Fantomes: T’apprécies plus. On joue plus fort, plus dans l’énergie et on profite encore plus. On fait du rock en France, ce n’est clairement pas pour être des rocks-stars. Déjà, on fait ça par plaisir et là, nous avons la chance d’avoir une tournée avec une bonne dizaine de dates d’ici à la fin d’année. Ce qui est tout de même, vu le contexte, pas donné à tous les petits groupes comme nous donc c’est trop le feu! On profite à fond!
« Le fait de ne rien faire, ça n’a pas trop aidé à la créativité. »
LFB: Si vous en avez fait, voyez-vous une différence entre un concert assis ou debout ?
Fantomes: On en a fait un, en novembre. Il y a un an. On jouait à Troyes, tout le monde était assis et masqué, woah! C’était pas cool. Après, les gens étaient cool, ils étaient contents mais ça faisait très représentation de fin d’année devant les parents. C’était terrible. Après, tu te concentres davantage sur ce que tu joues. Tu es plus focus. Mais on n’a pas kiffé en vrai. Il y a des musiques où ça ne fonctionne pas les concerts assis. Tu vas à un concert de rock ou un gros truc de techno, t’as trop le seum. Sans boire de bière, avec un vieux masque sur la tête, t’es dégoûté! C’est nul, à moins de faire un concert au piano, en session acoustique, sinon c’est chiant.
LFB: La période justement dans laquelle nous sommes en ce moment et depuis deux ans, vous a-t-elle apporté des choses, a fait naître de nouvelles envies par rapport au groupe ?
Fantomes: Pas trop. Dans le sens où au début nous étions chauds de composer mais en fait, le fait de ne rien faire, ça n’a pas trop aidé à la créativité. Tu n’as aucune perspective.
LFB: Il y-a-t-il à un morceau désormais un peu incontournable que vous jouez tout le temps sur scène ?
Fantomes: Oui, c’est le premier morceau, Back With the Sun. C’est le premier morceau qu’on a fait ensemble. Après, quand les gens viennent nous voir, nous n’avons pas l’impression que ça crée quelque chose. Mais c’est celui que l’on a fait ensemble. On l’a enregistré je ne sais combien de fois. Et la version qu’on a sortie, elle est trop pourrave!
Nous étions dans une dynamique où nous n’avions pas le temps. La démo, on l’a écoutée, elle était trop stylée. Mais on est trop contents de le jouer, ça rappelle des souvenirs. Les premiers accords c’est toujours kiffant car on l’a joué depuis le tout début.
Fantomes, festival Nouvelle(s) Scène(s)
@ Caroline Jollin
LFB: Avez-vous un meilleur ou pire souvenir de festival à partager avec nous ?
Fantomes: Ah ouais! On a joué à Angers, la ville du rock. Sur scène, on n’a pas l’habitude de parler. On faisait des blagues mais ce n’était pas très drôle. Les gens étaient des glaçons, personne ne parlait, personne ne riait. C’était juste triste. Paul est arrivé en K-Way, à la Liam Gallagher. Au bout du deuxième morceau, il n’en pouvait plus. Il enlève son truc et là, il y a sa clé qui tombe, son paquet de clopes, des pièces qui roulent… /rires/ Et tu entends tout, parfaitement! C’était l’enfer.
Il n’y a eu aucune réaction du public, zéro, donc encore pire! Pas d’insultes, pas de sourires. Ensuite, on a fait une soirée de merde, dans un club de merde. On avait commandé 4 bières, 4 shots et on en a eu pour 100 balles. Horrible! Après, c’est cool Angers quand même, mais ce concert-là, les planètes n’étaient pas alignées ou alors dans le mauvais sens.
LFB: Pouvez-vous nous parler de l’importance du catering en festival ?
Fantomes: Tu as deux critères très importants. L’accueil du service de catering et la bouffe, bien évidemment. L’accueil, dès le début tu te dis que ça va te mettre bien pour bouffer, ou pas. C’est hyper important. En tournée, tu as tellement l’habitude de manger de la merde. Même si tu fais attention, il y a toujours un moment où tu n’auras pas le choix. Tu seras obligé de faire avec ce qu’il y a.
TERRENOIRE
LFB: Comment avez-vous vécu votre premier concert post covid ?
Terrenoire: Nous avons vécu plusieurs concerts entre les deux Covid. C’était un certain concert à la Belle Électrique de Grenoble où il y avait 600 personnes debout, pas masqués. Dans un festival extérieur, une semaine plus tard, nous avions plus le droit de sortir de chez nous. Ça, c’était une des premières expériences extraordinaires. Pour les nouvelles, et bien nous faisons notre travail tout simplement. Pour l’instant, nous n’avons eu que des expériences où il y avait pas mal de gens qui venaient nous voir. Nous ne pouvons pas dire que l’on a vu une immense différence. Si ce n’est sur les cinq premières dates où le public avait vraiment envie de communer et il y avait une nouveauté. Maintenant, on a des concerts comme avant. Ce qui est pas mal de revenir comme ça.
Après, ça a l’air d’être plus difficile pour les gens de revenir aux concerts. On voit que les billetteries se lancent difficilement. Ceux qui viennent aux concerts ont vraiment envie de le faire. Ça nous met dans une place de médium, de transmetteur. Il y a quelque chose de plus horizontal avec le public. Avec les artistes et le public. À la fois, nous sommes dans la conquête de ramener les gens aux concerts. Il faut remettre l’imaginaire qui a été détruit pendant deux ans. De, « ces endroits ne sont pas essentiels, ce sont des endroits annexes… » Heureusement, nous sommes dans un cadre qui commence à tenir.
Nous allons pouvoir vivre les actions, les concerts et les moments de cultures de cette manière (interview réalisée avant décembre 2021..) Nous savons que pendant encore au moins un an, il va falloir aller au charbon, comme ils disent ici! On a vu qu’il y avait des terrils ici, comme à Saint-Etienne! (interview réalisée à Tourcoing.) Les communautés se ressemblent entre ces deux villes. Ce sont des villes de travailleurs, d’immigrations et d’accueil. Les gens sont mélangés, les gens ont trimé aussi pas mal. Avec l’espoir qui n’est pas toujours facile à trouver. Ce sont des villes dont on a envie de partir mais dont nous sommes très très fiers. Ce ne sont que des choses en commun.
« Au moment où tu arrives dans les loges, tu es chez toi. »
LFB: Vous qui avez fait les deux, voyez-vous une différence entre un concert assis ou debout ?
Terrenoire: Ça, ça change vraiment tout. Nous n’avons pas fait énormément de concert assis finalement. On en a autant que sur une tournée d’automne avec des moments où l’on jouait dans des salles de spectacle, ou des cinémas… Il y a quelques jours, nous avons joué dans une salle à la Ferté Macé, pour 120 personnes et la moyenne d’âge était de 70 ans. Du coup, on a eu l’impression que les gens s’ennuyaient beaucoup parce qu’on les voyait, ils étaient très proches. Finalement à la fin, nous avons été rappelé deux fois. Ce sont aussi des histoires par rapport à une manière d’être vis-à-vis d’un concert. 70 ans, tu fais moins la fête que lorsque tu en as 30.
Ensuite, il y a toujours des exceptions! Ce n’est pas forcément le fait que ce soit assis ou debout. C’est le fait qu’on a fait une fois un festival qui était destiné à une stage énorme, avec un public de 7000 personnes. Finalement, ils n’avaient le droit qu’à 300 personnes. C’est ce moment où c’est démesuré et on a fait les choses dans le mauvais ordre. Les disproportions de, pourquoi les choses se passent? Parfois, nous avons eu l’impression que les concerts se passaient par ce qu’il fallait qu’ils se passent et c’était bien, mais il y avait des disproportions de pourquoi est-ce que l’on était là? 300 personnes devant une scène immense..
LFB: Aviez des habitudes qui ont évolué ou changé, dans votre façon d’envisager les concerts et de les vivre?
Terrenoire: Déjà, nous tournons en van désormais. Ça change tout de même la physionomie, c’est hyper important le voyage quand on fait des concerts. Avant, nous tournions en train. Donc beaucoup de gares, de valises qui roulent, de couloirs… Maintenant, on monte dans un van qui est devenu notre petite maison. Il y a un côté plus tourné, plus de bus magique! Après, on a mis en place de nouvelles chansons mais les habitudes en elles-mêmes sont revenus. Au moment où tu arrives dans les loges, tu es chez toi. C’est resté plus ou moins ce que l’on faisait. On mange, on fait du studio, on mange, on dort…
« Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des gens qui connaissaient vraiment notre musique. »
LFB: Avez-vous une routine d’avant concert particulière?
Terrenoire: Si le lieu nous le permet et que l’on ne dérange pas tout le monde, on écoute de la musique. Souvent des musiques un peu mystiques pour rentrer dans le mood du spectacle ou alors des musiques extrêmement dansantes! Sachant que notre concert ne commence pas de manière très dansante mais juste pour chauffer le corps. On échauffe les voix, les corps.
LFB: Avez-vous un meilleur ou pire souvenir de festival à partager avec nous ?
Terrenoire: Le pire, on ne dira pas où c’était mais nous étions dans une petite salle et en fait, les gens étaient venus à un spectacle de danse local.. Nous étions très proches des gens, donc on les voyait de très près. Ils partaient pendant le concert. Ils étaient debout et donc nous étions vraiment à un mètre des personnes qui partaient. Et, à un moment donné nous avons du leur dire au revoir! On se retrouvait à dire au revoir aux gens qui partaient pendant au moins trente minutes. Ce qui te fait rire pendant et après tu sors, tu es un petit peu triste!
Le meilleur… C’est le plus récent on va dire, à La Gaîté Lyrique! C’est le premier vrai concert parisien que nous faisions depuis le Pop-Up du Label de 2018. On a eu l’impression de faire notre premier vrai concert un an après la sortie du disque! Les gens le connaissait, ont chanté les chansons. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des gens qui connaissaient vraiment notre musique. C’était assez bouleversant. Comme si nous étions très spectateurs des spectateurs justement. Fils Cara faisait la première par ailleurs ce soir-là!
LFB: Y a t’il un morceau désormais un peu incontournable que vous jouez tout le temps sur scène ?
Terrenoire: L’ouverture du live! Le Temps de Revenir à la Vie qui est la clés de voute de l’album. L’ouverture scénographie du live. On ne peut pas commencer ce spectacle qui commence l’album, sans cette chanson. Toutes les autres, elles peuvent, en cas de force majeure, disparaitre et faire juste un seul morceau.
On ne peut pas, ne pas jouer celle-ci.
LFB: Pouvez-vous nous parler de l’importance du catering en festival ?
Terrenoire: On nous appelle les frères coup de fourchette quand même! La nourriture en tournée, c’est la maison en fait. Non pas que les choses soient très inconfortables mais être des heures et des heures dans un van, ce n’est pas non plus la chose la plus agréable pour le dos, pour le corps… Les loges, c’est joli mais tu ne te sens pas chez toi. Une belle salle c’est un lieu où nous sommes bien accueillis par les équipes. Ça veut dire, bien manger avec un chef qui a souvent des histoires à raconter et dans toutes les salles de France, on mange très bien.
Ça fait partie des belles choses aussi, manger. Des choses qui t’élèvent. Si tu arrives devant un petit plateau-repas réchauffé, souvent c’est que tu n’as pas été extrêmement bien accueilli et que le concert n’a pas été très bon. Important le catering!
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