Fin mai, La Face B est allée à la rencontre de l’un des groupes les plus acclamés slash novateurs slash passionnés de sa génération : Fontaines D.C. Quatre albums, une discographie déjà culte, et ce n’est pas Romance, dernière sortie en date, qui dérogera à la règle. C’est donc à cette occasion que nous avons échangé avec Carlos O’Connell (guitariste), échange durant lequel on y parle vulnérabilité synonyme de beauté, imaginaire nécessaire, et romance, de toute évidence.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Le 23 août sortira Romance, votre quatrième album (interview réalisée le 29 mai dernier, ndlr). Mais avant toute chose, pourrais-tu me dire ce qu’est la romance pour toi ?
Carlos O’Connell : C’est un pont entre le monde réel et l’imaginaire. Une façon de vivre dans le monde réel tout en y intégrant des dimensions imaginaires.
LFB : Penses-tu qu’elle soit suffisamment valorisée de nos jours ? Cela peut paraître pessimiste, mais j’ai comme l’impression que la génération actuelle n’est pas très encline à lui accorder toute sa confiance…
Carlos : Je pense que c’est moins le cas avec la génération actuelle justement. Il n’y a pas assez de romance dans le monde, et pas assez de sens attaché à l’existence, la faute aux générations passées. La génération d’aujourd’hui est probablement beaucoup plus romantique que les anciennes, dans le sens où elle a des valeurs qui lui sont propres, et se bat pour ces dites valeurs qui ne sont pas intégrées dans les structures de notre société. Et ça, c’est une façon de vivre qui est romantique.
LFB : La romance est au cœur de l’album, un thème exploré sous différents angles, allant de l’amour amical, toxique ou encore passionnel. Étant donné que la littérature a toujours joué un rôle crucial dans votre narration, penses-tu qu’elle a également aidé à renforcer votre lien avec ce concept ?
Carlos : Oui, et je crois que l’on a toujours été des personnes profondément romantiques d’une certaine façon. Nous avons essayé de trouver du sens au monde, et nous l’avons fait en romantisant le passé. Maintenant, nous avons simplement choisi de donner de l’importance à la possibilité de romantiser son propre présent, sa propre vie, dans un monde qui semble chaque jour de plus en plus dystopique. Je pense qu’il est plus simple de s’en échapper que d’essayer d’y trouver de la beauté. Et je crois que pour n’importe quelle personne ayant besoin, pour une raison ou une autre, de trouver un sens plus substantiel dans les choses, la littérature apparaît généralement comme une alliée. Je dirais que la fiction, la poésie et même la non fiction, sont mises sur papier parce qu’il semble y avoir une nécessité d’immortaliser une façon de penser. C’est ça être romantique, et je crois que l’on a toujours été ainsi.
LFB : Le cinéma continue aussi d’influer votre esthétique. Je pense principalement au teaser du morceau éponyme de l’album qui me rappelle la fameuse scène de l’ascenseur dans The Shining, ou encore au clip de Starbuster qui a des airs à la Trainspotting. Faites-vous référence à ces films ?
Carlos : Oui, en fait, ce teaser est directement inspiré de The Shining. C’est le manager de notre label XL Recordings qui a eu l’idée d’ouvrir la campagne promotionnelle comme une bande annonce de film. Il a utilisé la chanson sur cette scène de The Shining. Nous avons beaucoup aimé le suspense qui en découlait, et le fait que l’on puisse créer une sorte d’ambiance menaçante, ce qui correspondait à l’idée de la chanson. Nous avons vraiment adoré son idée et avons décidé de la suivre.
Pour le clip de Starbuster, c’est Aube (Aube Perrie, ndlr) qui a eu cette idée. Il a tout imaginé, nous a détaillé chaque plan, chaque scène à la seconde près. On a pensé que c’était très juste et qu’il avait parfaitement compris le ton de l’album. C’est génial de pouvoir confier tout ça à quelqu’un qui a une vision aussi forte, et qui saisit ce que nous faisons. Notre monde c’est la musique, et nous pouvons le contrôler, mais dès lors qu’il est question du reste, je trouve cela plaisant de faire confiance à quelqu’un d’autre qui nous comprend.
LFB : En parlant esthétique, peux-tu m’expliquer ce style vestimentaire récemment adopté ? Quelles étaient les inspirations derrière ces vêtements aux couleurs rose et vert néon ?
Carlos : La façon la plus simple d’expliquer tout cela vient du fait que nous étions tellement investis dans cet album et l’intention qui s’y rattache, que nous voulions que tout ce qui gravite autour reflète cette envie. Nous avons pensé que si l’album évolue dans cette direction, alors nous devons également refléter ce changement dans notre apparence. Nous ne sommes pas uniquement un groupe qui enregistre des albums, nous sommes un groupe qui les sort, crée un artwork tout autour, et qui se produit en live. Nous étions tellement convaincus par cette idée que nous avons essayé de la présenter de manière à ne laisser aucune place au doute, afin que ceux qui la comprennent puissent y croire entièrement.
LFB : Ce qui est intéressant aussi, c’est que vous parvenez toujours à trouver un style différent pour chaque album…
Carlos : Je crois que c’est parce que nous sommes tous plus ou moins atteints d’hyperactivité. On se lasse très vite. (rires)
LFB : Starbuster a été écrit à la suite d’une crise de panique dont Grian a été victime. Par conséquent, penses-tu que l’inspiration peut également émerger des moments de vie les plus difficiles et vulnérables ?
Carlos : Oui, surtout parce qu’il faut choisir entre regarder d’un côté ou de l’autre, et c’est généralement à ce moment-là que tu dois appliquer ton propre point de vue au monde afin de le rendre digne d’être vécu. Il est important de se rendre vulnérable, et de veiller à toujours amenuiser n’importe quel obstacle qui pourrait apparaître au cours de sa vie. C’est nécessaire afin d’être en phase avec le monde et sa propre vulnérabilité. Ce sont les moments de vie les plus sombres qui permettent d’imaginer la beauté. Parce que qu’y a-t-il d’autre ?
Résister et survivre sont les pouvoirs les plus forts que nous ayons en étant qu’êtres humains. Et pour cela, il faut rêver, être capable de croire en ses rêves et les réaliser. On ne peut tout simplement pas enlever cela à quiconque, et c’est généralement ce qui survit et permet le changement.
LFB : En parlant de rêves, le thème de l’imaginaire revient fréquemment au fil de l’album. Selon toi, l’imaginaire est-il nécessaire pour contrebalancer la réalité ?
Carlos : Totalement, oui. Mais je suis de plus en plus convaincu que la réalité n’est qu’un produit de notre imagination. Pas dans le sens psychique, mais simplement vis-à-vis de la façon dont nous la vivons. Elle est simplement le résultat de la manière dont nous choisissons de l’expérimenter. Ce n’est pas toujours facile, mais il existe plus dans la vie que ce qui se trouve juste devant nous, et ça a toujours été le cas. Il y a tout un monde à l’intérieur de chacun, et il s’agit de pouvoir y laisser entrer les autres, et vice-versa. C’est ici que se trouve la connexion entre chacun de nous.
Les gens n’osent plus rêver, la société est devenue tellement homogène que les systèmes ne permettent plus l’émergence de nouvelles idées. C’est effrayant de rêver si cela signifie être mis de côté. Je pense que tout changement provient de l’imaginaire, d’une idée qui n’est pas encore très répandue dans le monde. Une idée le devient dès lors qu’on la partage avec l’autre. C’est ce en quoi consiste la réalité. Et il semblerait que ce monde, de nos jours, en soit de moins en moins imprégné.
La dystopie vient du fait que nous vivons des situations contrôlées par certains pouvoirs. Des pouvoirs qui, avant, étaient construits autour d’idéaux et de rêves, et qui sont maintenant uniquement centrés sur le pouvoir lui-même. En ce sens, la démocratie avait une grande ambition : permettre à chacun de faire entendre sa voix et d’être représenté. Dans cette optique, les idées et les besoins de chacun devaient donc être exprimés. C’est ce que nous avons considéré comme étant notre réalité. Mais maintenant, ce n’est plus le cas. La démocratie n’est plus portée par des idéaux.
Aujourd’hui, nous concevons le changement qu’à travers la démocratie, mais il n’y a plus de possibilités pour cela. Il n’y a plus de voix au sein des pouvoirs en place. Si les voix individuelles ne sont pas représentées, cela semble inutile, ce serait comme crier dans le vide, bien que ce ne soit pas nécessairement la façon dont les choses doivent rester. Le changement massif et la transformation qui se produisent actuellement dans le monde occidental, avec le soutien pour Gaza, en sont un exemple. Mais ces idées, qui sont désormais réelles, ne se traduisent pas en changement concret. Il semble qu’elles n’aient pas accès à la structure du pouvoir qui, auparavant, aurait dû les représenter. C’est ici que nous en sommes. On réalise que nos structures ne reflètent pas les idéaux qu’elles sont censées représenter.
À mon avis, la seule façon de changer cela, c’est en partant de la base. Il faut remplacer les structures et infiltrer ces idées. Le seul problème, c’est qu’il n’y a maintenant plus personne en position de pouvoir pour aider.
LFB : Alors que Skinty Fia était empreint de nostalgie et abordait des thèmes plus délicats (quête d’identité, héritage culturel etc), Romance apporte une certaine forme de légèreté et met en avant l’importance de rester optimiste face à un monde dystopique. Composer cet album vous a-t-il procuré une quelconque forme de soulagement ?
Carlos : Oui, énormément. Cela nous a ramenés à cette idée que nous partagions lorsque nous étions plus jeunes, au moment où nous avons commencé le groupe. La chose la plus importante que nous avions dans notre vie, c’était notre amitié et la façon dont chacun d’entre nous percevait le monde, tout en partageant cela avec les autres. Je pense que l’on a peut-être perdu un peu de tout ça pendant un moment, et cet album nous a rappelé l’importance de l’appliquer dans notre narration. Le fait de parler autant de cette idée, nous a rappelé l’histoire de notre rencontre, de notre premier album, de l’histoire d’amour entre nous et notre ville d’origine. À l’époque, nous voyions le monde à travers un regard romantique et depuis, nous continuons ainsi.
LFB : Dan Carey (Foals, Black Midi) a produit l’ensemble de vos albums excepté ce dernier pour lequel vous avez décidé de mêler vos forces créatrices à celles du très acclamé James Ford (Arctic Monkeys, Blur). Quelle est la raison de ce changement ?
Carlos : Ce n’était pas un changement parce que nous voulions changer. C’était plutôt parce que James Ford est entré en scène en exprimant son envie de travailler avec nous. Au début, nous étions assez réticents mais avons pensé qu’il était important de garder l’esprit ouvert. Il n’y avait pas de raison pour ne pas essayer de travailler avec lui, au moins un peu. Quand on a essayé, nous avons réalisé que c’était toujours en accord avec ce que l’on essayait de créer, donc on a continué ensemble. Et comme tu l’as dit, il est très acclamé et excellent dans ce qu’il fait donc cela éveillait forcément notre curiosité.
LFB : Travailler avec lui vous a-t-il aidé à explorer de nouveaux paysages musicaux ?
Carlos : Complètement. Il est très différent de Dan. Quand je pense à Dan, je l’imagine comme un sculpteur qui travaille avec un bloc de pierre. Il veille à ce qu’une forme soit révélée à partir de cette pierre. Tandis que James, lui, travaille davantage comme un architecte. Il doit y avoir des plans, une structure, il faut que les éléments s’assemblent. Ils sont tous les deux incroyables dans ce qu’ils font. James Ford ne pourrait probablement pas sculpter à la manière de Dan, tout comme je ne sais pas à quel point Dan Carey serait un bon architecte. Dan est excellent lorsqu’il s’agit d’introduire une nouvelle dynamique, une nouvelle façon de travailler. Une grande partie de son travail repose sur la recherche et la patience. Il peut vraiment s’attarder sur des détails infimes.
LFB : Romance est un album beaucoup plus organique, ce qui est notamment dû aux arrangements de cordes qui contribuent souvent à atteindre une sorte de climax émotionnel. D’où vient cette évolution sonore ? Est-ce que vos projets parallèles ont joué un rôle ici ?
Carlos : Je pense que oui. Il y a eu un peu de travail en dehors du groupe depuis Skinty Fia. Nous avons développé un intérêt pour ces choses-là et les avons donc intégrées. Ce qui est formidable lorsque l’on travaille en dehors du groupe, c’est que l’on peut apporter de nouveaux éléments et enrichir le travail collectif. Il faut toujours garder cette sensation du premier album et ce besoin d’être surpris par les idées des autres membres. Il y a eu beaucoup de travail en dehors du groupe récemment, et on peut clairement l’entendre sur cet album.
LFB : En étant cinq, comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre les influences de chacun ?
Carlos : La plupart du temps, ça ne l’est pas. On écoute beaucoup de musique ensemble, ce qui crée une sorte d’enthousiasme collectif. Il n’y a jamais vraiment eu quelqu’un qui soit passionné par quelque chose et que tout le monde déteste. Parfois, il est facile de convaincre les autres, parfois ce n’est pas le cas.
LFB : Qui sont les artistes qui vous ont le plus influencés lors de la composition de cet album ?
Carlos : Il y en a beaucoup. Nous écoutons beaucoup de musique, notamment des groupes américains des années 90 comme Nirvana, Korn ou encore Nine Inch Nails. Nous écoutons aussi du hip-hop plus récent et la scène alternative qui nous semble intéressante. C’est très éclectique, mais c’est parce que nous sommes ouverts à divers genres. L’inspiration ne se limite jamais à un style en particulier, elle provient de nombreux horizons.
LFB : Plus tard dans l’année, vous jouerez Romance dans des salles assez conséquentes. Ressentez vous une certaine appréhension à mesure que le groupe gagne en popularité ? Ou est-ce un objectif que vous avez toujours voulu atteindre ?
Carlos : Plus jeunes, nous voulions atteindre les sommets. Mais je ne suis pas sûr que ce soit encore si important pour nous maintenant. Je suis assez content de là où nous en sommes aujourd’hui, mais je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. C’est effrayant de ne plus pouvoir mener une vie normale lorsque l’on gagne en popularité, comme les Arctic Monkeys par exemple. Mais je pense que jusqu’ici, ça va.
LFB : Enfin, as-tu un coup de cœur récent à partager avec nous ?
Carlos : J’ai vu un film l’autre jour, assez étrange mais j’ai beaucoup aimé. Ça se passe à Paris et ça s’appelle Personal Shopper avec… (il réfléchit)
LFB : Kristen Stewart ?
Carlos : C’est ça. C’est une sorte de film d’horreur slash histoire de fantôme. Ce n’est pas très effrayant, mais j’aime ce genre de film. Et en ce moment, je suis obsédé par une chanson espagnole intitulée El Amor de l’artiste Massiel, une artiste qui a débuté dans les années 60 et continué jusqu’au début des années 90.
ENGLISH VERSION
La Face B : On August 23rd, you’ll be releasing Romance, your fourth album. But first of all, could you tell me what’s romance to you ?
Carlos O’Connell : Romance is a bridge between the imagination and the real world. It’s a way of living in the real world, with imaginary extensions attached to it.
LFB : Do you consider romance being given enough credit today ? It may sounds pessimistic, but it feels like today’s generation isn’t very inclined to give it all its trust…
Carlos : I think it’s less this generation than the old generation. I don’t think there’s enough romance in the world now and I don’t think there’s enough meaning attached to existence. But I think that’s the fault of more so the older generation than the coming generations. The coming generations are actually probably a lot more romantic than the older ones in the sense that they have attached values, and fight for values that are not, sort of like, part of the structures that we live within. And that’s a romantic way to live.
LFB : Romance is the core of the album, a theme which is explored through different angles, going from the friendly, toxic or even passionate love. Since literature has always been playing an important role in your narrative, would you say it also helped you in building a strong relationship with this whole concept ?
Carlos : Yes, and I think we’ve always been quite sort of like deeply romantic people in the sense that we’ve tried to find meaning in the world. We’ve done it through romanticising the past and I think now we’ve just chose to pay importance to the possibility of romanticising one’s own present and life, and a world that feels much more dystopian every day. It sort of feels like it’s easier to escape it rather than, try and see the beauty in it. And I think for any person that needs to find more, for whatever reason, more substantial meaning in things, literature is usually a friend. Fiction, poetry and even non-fiction is put to paper because it feels like it has a necessity to immortalise a way of thinking or something, I would say, at a point. And that’s what it is to be romantic. I think we’ve always sort of been like that.
LFB : Cinema also continues to have a great influence on your overall aesthetic. I mainly think about the teaser for the eponymous song of the album which reminds me of The Shining’s famous lift scene. Or even about the video for Starbuster which gives us a strong Trainspotting vibe. Did you refer to any of these movies ?
Carlos : Yeah, I mean, the romance trailer is directly lifted from The Shining. It was brought in by, actually, the director of XL Recordings, he just had that vision of this whole campaign opening up like a movie trailer. He put the song all over that scene from The Shining. We loved the suspense so much, and the fact that you can set the scene so ominous, which is kind of what the track is meant to be, set the scene. We just loved his idea so much, we were like, yeah, let’s do it !
And then the video for Starbuster was very much like Aube’s (Aube Perrie, ndlr) vision as well. He kind of came up with everything. He gave us a treatment that was like, his proposal was second by second. It was literally like that. He laid it out by second, it was incredible. And we just kind of felt like it was just so strong. It felt like he really understood the tone of the record. I think that’s quite a great thing to do, to keep those things like that, where someone has that sort of strong vision that’s triggered by what we do, and really shows and understands what we do. It’s great to put those ideas forward. Ultimately, our world is music, and we can control it but when it comes to all those other aspects, sometimes it’s just an amazing feeling to be able to put that trust in someone else who understands you.
LFB : Speaking about aesthetic, can you tell me about your newly adopted styles ? What were the inspirations behind the neon pink and green clothing ?
Carlos : The simplest way to explain it is that we felt so strongly about this album, and the intent behind it, that we wanted everything around it to share that level of intention. I guess it was like, if the album goes this way, then we need to look that way as well. We’re not just a band that records albums, we’re a band that puts them out, and has to do artwork, and then live. We felt convinced enough by this idea that we’re trying to put forward, and we felt like we need to leave no room for doubt, so that if anyone feels like they understand the idea, they can completely believe it.
LFB : What’s also interesting is that you always manage to find a different style for each era…
Carlos : I think it’s because we’re like ADHD. We get bored by things really quickly. (laughs)
LFB : Starbuster was inspired by a panic attack from which Grian suffered. Would you say inspiration can also be found in the toughest and most vulnerable moments of life then ?
Carlos : Yeah, especially because you have to choose to look one way or another, and it’s usually the point where you have to apply your own perspective to the world in order to make it worth living in. I think it’s important to make yourself vulnerable in order to be engaged with the world. It’s the darkest moments of life that make it possible to imagine beauty. Because what else is there? I think that’s the strongest power that we have as humans. In order to survive and to move forward, you have to dream. You have to be able to believe those dreams and to execute them. You can’t just take that away from anyone. That’s usually what survives and what brings on change.
LFB : Speaking about dreams, the theme of fantasy also comes back and forth throughout the album. To you, is fantasy necessary to counterbalance the reality ?
Carlos : Totally, yeah. But I think I’m more and more convinced that the reality is just a product of our imagination. Not in a mental way but just the way we experience it. It’s just a product of how we choose to experience it. It’s not always easy, but there is more to life than just what’s right in front of us. It’s always been there. There’s a world inside everyone. It’s about being able to let people into that world of your own and be allowed into the world of others. That’s the thing where we find the connexion between us humans. People don’t dare to dream anymore. Society have turned so homogenised, systems don’t allow for new ideas to be introduced. It’s scary to dream if that’s going to mean that you’re going to be left on the sidelines.
I think all form of change comes from fantasy, from an idea that is not prevalent to the world. I’m making that idea prevalent in the world by sharing that idea with everyone. That’s what reality is made of. It seems like this world nowadays is less and less of that. I think the dystopia comes from the fact that we’re under circumstances that are controlled by certain powers. Powers that once were powers built around ideals and dreams and now are just built around power itself. In that sense, democracy had a great aspiration of allowing for everyone’s voice to be heard and represented. In that sense, everyone’s ideas and needs were to be represented. That’s what we’ve seen as our reality. Now it’s not about that. There’s no ideals in democracy anymore.
We only understand change through democracy now. There’s no voice in the powers. If the individual voices aren’t represented there, it feels kind of pointless to do. It feels like screaming into nothingness, but it’s not necessarily the way it has to stay. There’s a sort of huge change and shift that’s happening in a massive way around the Western world and the support for Gaza, but the problem is that those ideas that are now real are not becoming a change. It seems like they can’t access the structure of the power which before should have represented that. That’s the thing we’re coming to. Realising that our structures don’t represent what the designs are representing. The only way we’re going to be able to change that in my opinion is from the ground up. You have to replace the structures. You have to infiltrate these ideas into those structures. The only thing is that now there’s no one in a powerful position helping.
LFB : While Skinty Fia stood for nostalgia and seemed more delicate regarding the themes approached (quest for identity, cultural heritage etc), Romance brings some light and enhances the importance of remaining optimistic when facing a dystopian world. Did making this album bring you any relief ?
Carlos : Yeah, a lot actually. It brought us back to an idea that we used to share when we were younger, when we were starting the band. The most important thing we had in our lives was each other and the way each one of us saw the world and sharing that with the others. I think maybe we lost that a little bit for a while, and now it just reminds us of the importance to apply it through writing. Talking about this idea so much, we sort of remembered how we ended up becoming friends and how we ended up writing our first album and falling in love with our city. We chose at that time to see the world through a romantic gaze and decided to continue doing so.
LFB : Dan Carey produced all of your albums except from the latest for which you decided to join forces with the very much acclaimed James Ford. What about this sudden change ?
Carlos : It wasn’t a change because we wanted to change. It was more like James Ford came into the picture. He said that he wanted to work with the band. We were very opposed to it at the start. We felt that we should keep an open mind. There’s no point in trying to work with him for a little bit. When we tried, we realised that it was still what we were trying to do. It felt like an exciting thing to pursue. And as you said, he’s very much acclaimed and very good at what he does. There’s a curiosity there for sure.
LFB : Did working with him help you exploring new musical landscapes ?
Carlos : Definitely. He’s very different to Dan. When I think of Dan, I think of him as a sculptor who works with a piece of rock. He makes sure that something gets exposed within the piece of rock. Whereas James works more like an architect. There’s got to be plans, structure and putting things together. They’re both amazing at what they do. James Ford wouldn’t be able to sculpt like that at the same time. I don’t know how much of an architect Dan Carey is. He’s brilliant at bringing in a new dynamic and a new way of working. A lot of it is exploration and patient way of working. He can really focus on very small things.
LFB : Romance appears as a way more organic album which is mainly due to the string arrangements helping to reach an emotional climax. Where does this sonic evolution come from ? Did your side projects influence you in any way ?
Carlos : I think so. There’s a bit of work that’s been done outside of the band since Skinty Fia. We just developed an interest over these kind of things and then brought them in. I think that what’s great about working outside of the band is that you can bring more things into the band and that’s interesting. We always have to make it feel like the first album. You’re putting five minds together and you’re being surprised by those minds around you. So I think there’s been quite a lot of work done outside of the band in the last while and you can hear it for sure.
LFB : As a band of five, how do you manage to find a balance between the influences of each and every one of you ?
Carlos : Most of the time it isn’t. We listen to a lot of music together so we get excited when we’re together. I don’t think there’s ever been someone really passionate about something that everyone hates. Sometimes it is convincing to the others, sometimes it is not.
LFB : What were the artists that influenced you the most for this new album ?
Carlos : I think many. The guitarists that we listen to is very 90s American stuff. From Nirvana to Korn to Nine Inch Nails. There’s a lot of newer hip hop that we listen to. There’s a lot of alternative music that felt quite interesting in a way. Challenging music that’s around already. It’s a very eclectic thing but it’s just because we listen to a lot of music. It’s never limited by the style. So you tend to find inspiration in a lot of places.
LFB : Later this year, you’ll be touring Romance in some quite significant venues. Do you feel any kind of fear while getting bigger and bigger as a band ? Or is that something you always wanted to reach ?
Carlos : I think as young people we wanted to reach huge heights. But I don’t know if that’s important anymore. I’m pretty happy where we are now, but I don’t know what’s to come. It’s scary to not be able to just have a normal life when it becomes too big just like the Arctic Monkeys for example. But I think it’s fine for now.
LFB : Last but not least, do you have any book, movie, song you really loved lately and would like to share with us ?
Carlos : I watched a movie the other day. It’s quite weird but I thought it was great. It was filmed in Paris. It’s called Personal Shopper with…
LFB : Kristen Stewart ?
Carlos : Yes. It’s kind of like a horror, ghost story but it’s not very scary. I like that stuff. And at the moment, I’m obsessed with a Spanish song called El Amor by an artist called Massiel who started in the 60s and went on until the early 90s.
© Crédit photos : Simon Wheatley