Format Court #10 : DeSaintex, Planet1999 & Barbagallo

Chez La Face B, on adore les EP. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EP sortis récemment. Aujourd’hui, c’est au tour des EPs de DeSaintex, Planet1999 et Barbagallo.

DeSaintex – Effigies

Après un premier EP auto-produit en 2018, DeSaintex a repris son masque de couleurs et de mystère pour dévoiler quatre titres issus d’Effigies. Figé entre les années 80 et le renouveau du synthétisme des cool kids millenials, l’artiste s’est imposé avec une musicalité très lumineuse, dansante et colorée. 
Avec un phrasé solennel à la Daho, DeSaintex a su prendre le meilleur de la musique électronique le coupler avec la chanson française, celle des textes profonds et métaphoriques. Un EP dansant, frais et rythmé aux multiples couches de synthés et boîtes à rythmes presque kitsch, voguant parfois vers une musicalité étrange, mais plaisante. On découvre une dualité dans l’écriture : entre un imaginaire exacerbé et un pragmatisme déroutant par la couleur musicale qui donne le sentiment de nager au milieu d’une réalité alternative. 
On voyage dans les pensées de l’artiste, dans la quête d’un absolu, dans les craintes, dans l’éternelle insouciance d’un pensant se retrouvant dans le monde des adultes. La tracklist donne la sensation que DeSaintex se cherche, se perd, mais avance, avec détermination dans une quête d’allegria
Et on attend impatiemment qu’il poursuive son chemin, sans doute vers un album. 

Planet 1999 – Devotion 

Devotion est le premier EP du groupe shoegaze londonien Planet 1999. Sur 7 titres, le groupe a réussi une entrée fracassante dans ce qui pourrait être le top des artistes les plus prometteurs de 2020. Sept titres impressionnants de part leur singularité, le style sans égal et la maîtrise incroyable qui semble appartenir à un groupe ayant déjà des décennies de carrière. 
On découvre une pop  électronique futuriste qui se couple avec des productions plus organiques, presque rock, avec une omniprésence de la basse et un jeu de batterie presque rock années 90. La voix cristalline de Caro rappelle FKA Twigs : à mi chemin entre une diva soul et un ange robotique. 
Les chansons explorent chacune un domaine : sur Spell, la voix de Caro est enfermée dans une boucle interminable qui se joue de l’utilisation des loops pour en créer une métaphore brillante et inquiétante. Party est un titre plus dansant, rappelant presque les jeunes années de Madonna. Night, très vocodé, déclenche une sensation de temps supsendu, comme si l’on admirait un ciel étoilé sous ecstasy. La voix cristalline nous transporte dans un moment de somptueuse contemplation. 
Un début EP prodigieux qui fait perdre la notion de l’époque, de l’espace et du style. 

Barbagallo – Tarabust 

Après trois albums accueillis avec beaucoup de succès, Barbagallo revient avec ses promesses de voyage et d’évasion musicale sur Tarabust, un EP de cinq titres qui diffuse la fraîcheur dont on a grand besoin en ce moment.
L’artiste fait encore une fois preuve d’une grande richesse musicale, qu’il s’agisse de la multitude d’instruments utilisés ou des constructions vocales innovantes et inédites sur la scène française. La couleur musicale varie entre des percussions tribales et exotiques, et des bases plus traditionnelles de pop-rock. On notera toutefois l’omniprésence de la guitare sèche sur les chansons qui maintient ce sentiment de vagabondage. D’ailleurs, Tarabust est un condensé de voyages, d’escapades, de rencontres. Ce fourmillement d’instruments, de diverses petites percussions, de sons iodés et colorés ainsi que la prolifération des voix provoquent un sentiment de foule, d’union, de rassemblement. L’EP semble être le résultat de récits de voyages narrant la simultanéité des rencontres, autour d’un feu, sur une plage, avec une guitare et des âmes pour s’y joindre. 
Julien Barbagallo propose une beach pop qui accueille à merveilles les réflexions sur sa vie, les souvenirs, la destinée, l’enfant qui sommeille en lui. Une introspection fraîche et joyeuse, nourrie sans doute par la beauté des périples de vie. 
Tarabust semble tout droit sorti du génie créatif d’Alain Souchon, comme s’il avait pris sa guitare comme seul bagage pour partir à la découverte du monde, des autres, de lui-même