Format Court #18 : Lonepsi, Hamza et Frenetik.

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, ce sont ceux de Lonepsi, Hamza et Frenetik qui passent sous le radar de La Face B.

Lonepsi Toutes les nuits du monde

Entre rap et chant, Lonepsi remet en quelque sorte la poésie au goût du jour. Entre mélancolie, mal être et relations amoureuses, il joue d’une plume poétique pour conter à sa manière ses histoires du quotidien. Artiste a plein temps, la plupart de ses morceaux sont très musicaux laissant une place importante aux instruments. Il revient livrer sa poésie musicale dans un nouvel EP Toutes les nuits du monde dont le titre éponyme commence le projet en évoquant l’amour dans sa forme la plus belle, réelle, ode à une femme. Ce morceau semble malgré tout empreint d’une certaine rage qui se ressent dans un flow plus agressif. Flow qui sera atténué sur l’introspectif Je ne sais pas danser évoquant une autre facette du rapport à l’amour. Une instrospection que l’on retrouve sur la quasi totalité des morceaux. L’inspiration nocturne semble ancrée dans la musique de Lonepsi, et sa Marche nocturne le confirme à nouveau. Elle se fait ressentir aussi dans Oneiroi où il évoque ses rêves, d’où le titre en référence aux divinités grecques personnifiant les rêves. Comme celles-ci, il essaye de rendre ses rêves réels à travers ce morceau. En combinant tout au long du projet, balade nocturne, introspection le tout mêlé à une plume se rapprochant de la poésie permet à l’artiste de plonger ses auditeurs dans une ambiance aussi agréable que troublante durant 25 minutes. Il maitrise sa formule et l’exploite à merveille même si il ne semble pas décider à se diversifier.

Hamza – 140 BPM

Après deux projets de très bonne facture en 2019, Hamza débarque avec un nouveau projet en 2020. Trois titres seulement mais pourtant le travail est fait. Sur ces derniers, sa polyvalence ne cesse de dérouter. Et il le prouve à nouveau en s’attaquant à sa manière au phénomène musical du moment : la drill. C’est bien entouré que le Bruxellois se plonge, à sa manière dans l’obscurité de ce jeune style musical. Car, oui, même s’il reste dans des ambiances sombres, il est loin des histoires noires qui ont fait les bases de ce nouveau style musical. Encore une fois, Hamza prend des codes qu’il apprécie et respecte pour les réarranger à sa sauce et c’est là qu’il est le meilleur. Sa polyvalence ne cesse d’étonner, en plus d’être derrière le micro il signe l’instrumentale de Netflix, premier titre du projet. L’ambiance y est nocturne, planante. Il y use d’un ego-trip parfaitement maitrisé. Une plume audacieuse que l’on retrouve sur le banger Henny Pop. Un morceau énergétique qui vient contraster avec l’atmosphère sombre du premier titre. Nobu vient clôturer le projet. Un morceau qui semble facile pour le Saucegod tellement il déroule sur l’instrumentale avec une aisance déroutante. Même si la plume peut laisser à désirer, Hamza se rattrape vite avec son attitude et son flow maitrisé de bout en bout sur chaque projet. C’est en amenant ce flow et ses idées qu’il a livré trois morceaux. Tous dans une ambiance relativement différente.

Frenetik – Brouillon

La jeunesse belge épate par sa diversité musicale et son envie d’aller toujours plus loin. Une envie qu’on ressent dans le tout premier projet de Frenetik. Le bruxellois combine une trap agressive à une plume bien affutée qui lui permet de distiller des punchlines bien senties. C’est en combinant une agressivité bien placée à une réflexion profonde que Frenetik compte, à sa manière rentrer dans le game. Un flow qui déroule, une mentalité bien ancrée et un sang-froid glacial introduisent le projet sur Désordre. Après un premier couplet déroutant de facilité, Frenetik envoit un refrain énergétique et entêtant. L’artiste se livre un peu plus sur Grammes, en évoquant la drogue douce et son commerce, il évoque un passé qui a forgé l’homme qu’il est devenu. Loin de se cacher derrière son Ombre le rappeur est authentique et impose son phrasé et ses punchlines tranchantes. Son côté obscur est à nouveau exploité sur Trafic, ce morceau regorge de punchlines d’actualité, interrogeant sur la société qui l’entoure. Il évoque à sa manière les relations amoureuses à travers le morceau Quartier Rouge. C’est avec un regard froid mais réaliste qu’il va se libérer de ses songes et de la haine qui le dévore dans le morceau clôturant le projet, Virux BX-19. En livrant un rap authentique et sans artifice le tout relevé par un flow glacial et des punchlines marquantes, Frenetik est bien parti pour attraper un public qui ne le lâchera surement pas de si tôt.