Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, ce sont ceux de 26 Keuss, Jäde et Rifa qui passent sous le radar de La Face B.
26 Keuss – La Kaire
L’arrivée dans le rap game de 26 Keuss s’est faite par la grande porte. Kalash Criminel lui a fait confiance et en a fait la première signature de son label, Sale Sonorité. Un nom qui convient bien aussi à la musique proposée par l’artiste de Villepinte.
Brut et sans artifice, son rap ne fait pas de détour et va droit au but. La Kaire, c’est cinq titres inédits et même un featuring royal avec Da Uzi. Dès Mort à nos ennemis, l’ouverture du projet, l’artiste plonge l’auditeur dans un mode de vie sombre, relaté par un rap précis. Plus le projet avance, plus 26 Keuss s’enfonce dans les ténébres, la plume et le flow atypique du rappeur amène le projet dans une autre dimension. Sur J’ai la haine, le regard acide de l’artiste sur le game lui permet de balancer vérités sur vérités toujours avec cet angle qui lui est propre et qui fera vite sa marque de fabrique.
Cette authenticité se retrouve en fil conducteur du projet permettant une immersion plus intense dans son mode de vie. Pour clôturer le projet, Da Uzi, artiste majeur de Sevran, s’invite sur Matelas. Il vient offrir à 26 Keuss son premier featuring. Un morceau qui rappelle les grosses instrumentales américaines des années 2010 à la Waka Flocka Flame. Une belle manière de clôturer cet EP où chaque titre montre à quel point la part noire de l’artiste le suit dans sa musique.
La Kaire, va droit au but, fait preuve d’une cohérence et d’une efficacité étonnante. De son flow à sa vision en passant par sa technique, 26 Keuss livre une belle et solide carte de visite avec ce premier EP qui début une série de quatres projets.
Jäde – Romance
Une ascension se fait étape par étape, et Jäde en est à la deuxième étape d’une ascension qui ne fait que de débuter. Romance c’est le second EP de l’artiste, après Première fois qui posait les bases de sa musique.
A la croisée de plusieurs styles, elle livre une musique bien dans son époque et qui s’inscrit dans un univers assez singulier.
Après les bons retours de son premier projet, il fait élever le niveau tout en continuant à ancrer sa musique dans un univers identifiable.
Choses réussies dans les neufs titres de Romance. Les instrumentales ont passé un niveau et balise l’atmosphère proposée par la voix singulière de l’artiste.
Jäde a aussi eu une volonté d’ouvrir sa musique a d’autres artistes, trois collaborations sont présentes sur le projet et que cela soit JMK$, Bakari ou Squidji, ils ont réussis à parfaitement rentrer dans l’ambiance proposée par la chanteuse. Un choix d’artistes pertinent car, à l’instar de Jäde tous les trois sont en plein expansion.
Les thématiques abordées par la jeune chanteuse restent sensiblement les mêmes, on y retrouve sa sensualité assumée toujours prête à raconter des histoires d’amours made in 2021 comme le montre notamment le très ensoleillé Roue Libre. Elle traite également des questionnements sur sa récente vie d’artiste dans Adulte.
Si ces thématiques peuvent paraitre banale, Jäde arrive toujours les traitées avec un angle novateur ou en tout cas propre à elle et ses émotions.
Un échelon a été à nouveau passé par la jeune artiste qui continue étape par étape son aventure dans le monde de la musique.
Rifa – Mood Noir
Un EP conséquent de dix titres qu’offre Rifa. Entre technique et mélodie, le jeune rappeur fait le constat sur sa vie et ce qui l’entoure. Une mission émise dès le premier morceau, 5 minutes qui résonne comme un constat assez amère sur les envies du rappeur, mais une fenêtre d’optimisme semble entre ouverte avec cette phase « Dans mon cerveau des idées y en a pleins qui fusent, le mépris des autres ça va pas durer« . Sa clairvoyance pose les bases de ce qui va suivre.
Une des forces de l’artiste est sa capacité à proposer des refrains entrainants à l’image de celui présent sur le titre C’est pas la fête. Il est également empreint d’une mélancolie qu’il met aux services de thématiques qui le touchent personnellement. Le projet a un peu la fonction d’une mosaïque des divers émotions et ressentis qui parasitent et composent Rifa.
Mais Mood Noir est également un panel de ce que le jeune artiste sait faire musicalement. Le projet est donc diversifié et navigue continuellement entre mélancolie et morceau plus ensoleillé à l’image du très énergétique Pluies de billets.
Mood Noir fait l’étalage de la technique et des émotions du jeune rappeur, sa clairvoyance étonne mais le projet manque un brin de singularité qui pourrait faire la différence pour l’installer sur la scène rap.