Format Court #41 : Stoner Bud’s, Denys & The Roses, BEACH SCVM

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, on vous parle des dernières sorties de Stoner Bud’s, Denys & The Roses et Beach SCVM.

Stoner Bud’s – Yeah-Yeah !

La nouvelle pépite toute droite sortie d’une boucle parallèle des années 90 ! Lancé par le label Flippin’ Freaks et Blue End Records, Stoner Bud’s c’est un power trio de deux jumeaux bouclés et un batteur timbré gavés aux clips MTV, au skate et aux aprèms canap entre potes. Des kids tout droit sortis de la banlieue de Bordeaux, ils se sont formés dans leur garage, avec la volonté de pousser le son trop fort et déranger le voisinage. L’impudence de la jeunesse et une énergie à toute épreuve. 

Entre le garage punk et le surf californien, ils tabassent des rythmes ultra efficaces, des guitares qui tachent, mais sans jamais oublier les mélodies efficaces. Produit par Alexis Deux-Seize de Pretty Inside, leur nouvel EP Yeah-Yeah est la quintessence de leur style direct, percutant et terriblement addictif. 

Et ils débutent avec un joli tour de force que l’on avait déjà pu vous présenter en exclusivité sur La Face B : le titre éponyme Yeah-Yeah ! Intro de guitare ponctuée de batterie qui tabasse avant de déchainer la foudre des pogos. Les « yeah yeah » et les « wo wo » s’enchainent sur des solos de jeunes punks californiens pour un titre ultra brute.

Envolée plus pop mais qui sent toujours aussi bon le sable avec Like You. D’une voix saturée et criarde on passe avec brio sur un refrain coloré et super entrainant. C’est barré et complétement génial. 

Plus punk traditionnel et urbain, My Feelings se rapproche plus d’un The Adolescents, et son côté revendicatif et explosif. La guitare est néanmoins toujours aussi mélodieuse et aérienne. Elle réclame d’ailleurs sa place dans le morceau suivant Astonishing ? Surely not, dans cette même veine londonienne. Des accords et des solos bien veners viennent ponctuer le morceau, avant même de passer sur un brin d’acoustique bien pensé. 

D’ailleurs des balades guitares voix ils savent aussi en faire, avec notamment le très jolie No Shirt, No Shoes, No Dice. Ils chantent alors à l’unisson sur les roulements de maracas. Un rythme un peu mambo punk assez fun et franchement cool.

Le dernier morceau Sunflower est le parfait condensé de tout ce qui fait cet EP : des mélodies vraiment intéressantes, des guitares qui emballent, un talent pour le mélange des genres et une vraie envie de déconner qui se ressent dans la voix. Titre le plus expérimental de l’EP, c’est aussi une belle façon de montrer qu’on aurait tort de les réduire à des ados qui déconnent. 

On a un peu l’impression que les Stoner Bud’s c’est nos potes cool de lycée, surtout quand ils laissent des brides de repet en plein milieu d’album. Ils offrent un EP ultra bien construit et franchement jouissif. Pas le temps de s’ennuyer une seconde, ils sont rodés pour l’efficacité. On s’échappe un peu de la réalité et surtout on s’éclate. C’est une énorme dose d’adrénaline avant de se poser sur le canap avec un bonne bière pour décompresser. Que du bonheur. 

Denys & The Roses – That Is Strange

C’est important un nom de groupe : parfois il en dit beaucoup, parfois il s’offre une part de mystère; il peut s’ancrer dans le réel tout comme prévenir que le monde autour n’existe plus.

Chez Denys & The Roses, le nom joue un rôle en trompe l’œil, un truc un peu étrange et déformé. Dans la vraie vie, Denys n’existe pas, elle est une incarnation, un personnage derrière lequel se cache Rosa. Cette idée était bien implantée dans le clip de Start With a Song, qui avec le recul jouait le rôle de note d’intentions à ce qui aller devenir la colonne vertébrale de That Is Strange : un kaléidoscope en mouvement qui permet le temps de six chansons d’exprimer de nombreux états, d’incarner à chaque morceaux avec une facette émotionnelle différente.

Musicalement. chaque chanson révèle ainsi sa propre couleur, sa propre influence, sa propre tenue. Si la voix joue le rôle de file conducteur, elle ne se pare pas des mêmes intentions sur Start With A Song, Isaac Way ou That Is Strange, jonglant entre séduction et agressivité, force et fragilité.

Cette idée d’éclatement et de diversité se retrouve aussi dans la palette musicale. Chez Denys & The Roses, la musique est une entité aux bords poreux et où les genres se nourrissent les uns, les autres pour notre plus grand plaisir. On passe ainsi e du disco au punk, en faisant des détours par la soul ou la pop, le tout étant effectué avec une vraie maitrise sans tomber dans l’élitisme mais plus dans l’envie de transmettre, de partage une musique faite avec talent mais surtout avec le cœur et l’âme.

Mais ce qui impressionne le plus au final c’est l’écriture. Chaque morceau est un véritable poème et c’est lui qui influence tout. C’est la progression littéraire de Start With a Song qui lui permettra de basculer en un clin d’œil d’une influence à une autre, jouant sur les questionnements et les illusions pour faire avant .

C’est le besoin de destruction et la colère de Burn It all qui guidera le morceau vers l’explosion tout comme We Pull The Triger vibrera par ce côté presque désespéré et théâtral.
C’est la tendresse affichée dans les mots de Isaac Way qui permettra à l’EP de reprendre son souffle en son milieu alors que That Is Strange se transformera en catharsis nécessaire s’offrant un parallèle poétique entre l’époque folle dans laquelle on vit et la fin d’une histoire amoureuse qui nous met au tapis.

Vous l’aurez compris, That Is Strange de Denys & The Roses est un bordel maîtris où l’on navigue avec bonheur, une porte ouverte dans un monde fertile et varié. Et si tout est étrange, sans doute le sommes nous aussi et au final ce qui existe dans ces morceaux vit aussi en nous. Et c’est là que se trouve toute la beauté de la musique.

Beach Scvm – Sand Club

Ah cette douce nostalgie qui nous envahit… Mais une nostalgie fantasmée, imaginée, celle des soirées sur les plages californiennes avec sa bande de potes skateurs que l’on a jamais vécues mais qui ont bercées notre adolescence. Beach Scvm c’est l’écume qui se dépose avec douceurs sur le sable ou les « raclures de plage » qui boivent une autre forme de mousse. Power trio Toulousain, abreuvé au punk californien et au surf australien, ils sortent cette année un EP, Sand Club, totalement approprié à l’époque. Ce dont on avait besoin pour créer un énorme coup de coeur.

On commence l’évasion avec Pool Friends, un titre qui rappelle les meilleurs génériques de séries américaines. On a envie de chanter avec ces chœurs ultra pop, et surtout déambuler le long des falaises avec ses partners in crime dans une décapotable. Pourtant cette petite once de nostalgie qui rythmera tout l’album pointe déjà le bout de son nez. 

Il en faudra peu pour réveiller son monde avec Rainy Day et ses guitares vrombissantes et ses roulements de batteries dans un pop punk ultra efficace et délirant. On se prend à danser dans tous les sens lorsqu’on entend transpercer une inspiration Green Day avec ses chœurs au mégaphone. Gros moment nostalgie avec ce rock impoli balancé pour faire délirer le public et recevoir des culottes sur scène. 

Moment de grâce avec Waking Up, bourré de tendresse et d’une nostalgie superbe. Illustré par des photos d’enfance, le titre est une invitation à se remémorer ses étés de jeunesse bercés de désillusions. Direct au cœur. 

Turquoise persiste dans cette nostalgie douce-amère sous un soleil brulant. Une guitare qui résonne légèrement en échos, une voix planante, ce sont les souvenirs de jours meilleurs. 

Retour à des rythmes plus punk, mais toujours bercés d’un spleen magnifique, avec le morceau final Heart Attack. Voix qui s’enraille sur les coups saccadés d’une batterie enragée, tension dramatique au plus haut point… Franchement on est presque dégoutés d’être laissés sur le bord de la route alors que les voix s’éloignent dans l’horizon.

Revenez, on a des bières !