Format Court #68 : NeS, Squidji, Blood Orange

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de format court, on plonge dans les EPs de Nes, Squidji et Blood Orange.

NeS – LA COURSE

À l’arrivée de la vingtaine, le marathon de la vie semble prendre un tout autre tournant. L’insouciance de l’enfance cède progressivement sa place aux responsabilités et questionnements liés à la vie d’adulte, dans lesquels on bascule inévitablement à cette période de la vie. C’est partagé entre ces deux moments de son existence que NeS entame La Course, celle de son arrivée dans le monde du rap, mais aussi celle de son passage à l’âge adulte, avec tout le renouveau que ça comporte.

Cette entrée se fait sans échauffement, avec une a cappella brute. Un moyen de poser les bases : celle d’un rap fin accordant une place importante à la rime. Une fois l’instrumentale de Lil Chick résonnant comme le coup de feu donnant le départ d’un marathon, NeS ne perd ni sa hargne, ni son aisance, et cela jusqu’à la dernière seconde du projet.

Guidé par des sentiments contradictoires, ce projet lui permet de faire l’étalage de ce qui lui arrive ces derniers temps. De ses doutes à sa volonté de s’imposer dans le monde du rap, les morceaux permettent d’en apprendre un peu plus sur ce jeune artiste rempli de fougue.

T’as capté que j’avais tout plein de doutes
Mais j’ai toujours cru en moi
J’ai toujours vu la lumière dans le noir

NeS – LPALP

Pouvant aussi bien parler aux aficionados d’un rap technique qu’aux amateurs d’instrumentales plus modernes, il en fait une force et diversifie aussi bien ses flows que ses ambiances musicales. Notamment sur le morceau Killcam (en collaboration avec Luther, ndlr) et son changement d’instrumentale. Comme il avait pu le prévoir : « Je pe-ra même sur des prods semi-dansantes » (Minimum Vital)

Si ce n’est pas son premier projet, il apparaît comme une costaude carte de visite. Encore loin de l’épuisement, il vient rappeler à ceux qui auraient tendance à l’oublier que le rap, c’est plus un marathon qu’un sprint. En somme, NeS a encore le souffle pour s’assurer un avenir radieux.

Squidji – Jusqu’à l’aube

Pour fêter la rentrée, le lover boy Squidji propose à ses fans son nouvel EP, Jusqu’à l ‘aube, sorti ce 07 octobre. On retrouve avec joie la voix angélique du rappeur, mélangeant à la perfection son R&B poétique et son hip hop travaillé. Après son album Ocytocine, sorti en 2021, le jeune artiste continue de se construire un univers léger et planant, mais toujours aussi impactant. 

Même s’il a montré son talent en rap aiguisé dans son dernier album (mention spéciale aux titres Subaru et BZ), Squidji se concentre cette fois-ci sur le côté chantant et aérien de son personnage de lover boy. Composé de 6 titres, Jusqu’à l’aube propose des thématiques propres au rappeur. Il s’inspire toujours de manière poétique de l’univers de l’amour : les femmes, la passion amoureuse, ses différentes relations… Ces thématiques collent parfaitement à l’identité du rappeur dont le travail sur la sensibilité et le choix des mots se font de plus en plus ressentir. 

Après un an d’absence, Squidji nous sème peut- être les graines d’un deuxième album plus qu’attendu. Avec Jusqu’à l’aube, le Crooner Boy rappelle son talent pour des balades subtiles, avec des sonorités toujours aussi efficaces et envoûtantes.

Blood Orange – Four Songs

Blood Orange

À la mi-septembre, l’automne commence tout doucement à pointer le bout de son nez. Une saison rythmée par ses couleurs chaudes et son climat plus doux. C’est aussi un moment de transition où les chemises légères de l’été cèdent leurs places aux vestes en polaires. Dans nos oreilles aussi une transition s’opère, celle des rythmiques ensoleillées au profit d’une musique plus lancinante et chaleureuse. Le genre de musique qui vient donner au thermostat les degrés qui lui manquent.

C’est totalement dans cet esprit que vient s’inscrire Four Songs de Blood Orange. Trois ans après sa dernière apparition, Dev Hynes revient avec quatre morceaux produits par ses soins, ce qui donne un équilibre parfait entre la musicalité et la voix étouffée de l’artiste. Pour lui donner encore plus de relief, il a décidé de confondre sa voix avec celles d’Erika de Casier & Eva Tolkin (Relax and Run).

Comme une courte ballade de 12 minutes, Dev Hynes accompagne ses auditeurs entre mélancolie et productions chaleureuses, la recette parfaite pour rentrer dans l’automne.