Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de Format Court, on vous fait découvrir trois français Claire days, Ulysse Manhes et Léo Vauclin.
Claire Days – A l’ombre
Après un EP Lava sorti en plein confinement et un premier album sorti en 2022 intitulé Emotional territory, la lyonnaise Claire Days s’illustre dans un nouvel EP – presque – exclusivement en français : A l’ombre. Elle continue son introspection folk.
Le plus beau spectacle ouvre l’EP. Un morceau qui mêle anglais et français où Claire fait part de son amour pour ses amis qui doutent – on pense aux gens qui doutent, ceux d’Anne Sylvestre -. Morceau doux, balade aux mots comme susurrés qui invite à l’interrogation sur nos constructions humaines individuellement collectives.
Par-dessus bord, premier single issu de l’EP – qui s’est d’ailleurs offert un clip qui nous a bien plu ici – joue sur les distorsions et autres bizarreries sonores. Un cri révélateur d’une certaine colère comprimée. La saturation en somme trouve sa place dans le son que dans le ressenti. La voix de Claire se résume essentiellement à un cri brut, presque nu. Seuls la guitare et les claviers saturés l’habillent.
Encore plus subtile, A l’ombre.me plaire est un hommage à l’obscurité qui tutoie des sujets forts tels que ceux de l’estime de soi et la création. Claire est seule avec sa guitare-nylon. La voix une fois de plus comme instrument additionnel en solitaire comme en chœur.
Exclusivement instrumentale (Contact) se veut être le récit d’une rencontre aléatoire entre deux hommes dans un aéroport. L’histoire d’un instrument qui ne pouvait pas voyager. Une romance sans parole pour plus de place à l’incroyable.
Les parois mêle à nouveau les langues, telle Le plus beau spectacle. Un morceau suspendu dans le temps comme une bulle de savon qui s’échappe du bain. La même voix fragile qui tourne cette fois-ci autour des sentiments, l’abandon de soi dans une vie qui ne nous appartient pas plus que ça.
Fermeture de l’EP avec Tu penses à la mort, une chanson fleuve d’un peu plus de 5 minutes où Claire refait intervenir ses bizarreries sonores pour partager sa peur – qu’on cache tous plus ou moins bien – de la mort.
A l’ombre est un EP que l’on range dans la folk mélancolique. Des chansons pensées comme des petits murmures secrets qu’on couche sur un carnet à l’encre noire que l’on poserait sur sa table de chevet.
Ulysse Manhes – Nos désirs provisoires
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage chantonnerait l’ami Brassens. En effet, il en a fait du chemin depuis son single J’ai dû rêver dont on vous parlait ici même durant l’été 2022 et voilà qu’il nous dévoile son premier EP sorti en octobre dernier Nos désirs provisoires.
Entrée feutrée dans l’univers d’Ulysse Manhes qui nous accueille avec Verse la verveine, un morceau doux qu’on écoutera confortablement installés dans un fauteuil club, le plaid pas très loin et si on n’est pas allergique, un chat.
Baby dit prend la suite avec une sonorité plus électrique, la poésie toujours au rendez-vous. Une chanson plus personnelle sur les ambitions, les projets qu’on se fait tous et nos plus beaux doutes.
Le thème universel de l’amour prend ses aises dans les trois pistes qui suivent. Ulysse nous explique que Tout reviendra. Ma dose d’émoi, une chanson intimiste adressée à un docteur de l’amour imaginaire. Le single Grandeur et décadence s’intègre dans cette dynamique – on vous en parlait ici -.
Rosalie clôt l’EP. Une chanson comptine à la guitare sèche « Rosalie de sa main verte Se lance à la découverte Du divin clandestin » qui donne le ton de l’écriture légère d’Ulysse Manhes.
Nos désirs provisoires est un EP très bien conçu où chaque chanson est un fragment poétique plein de douceur dont Ulysse Manhes cultive le secret de la composition.
Léo Vauclin – Canal 1
Léo Vauclin, on n’a plus vraiment besoin de vous le présenter. En septembre dernier, le rouennais nous faisait l’honneur de nous présenter en exclusivité son clip pour la chanson Films noirs. Un titre aux sonorités pop de la fin des années 1980. La chanson est tirée d’un EP ; Canal 1. C’est passé par nos oreilles et on s’est dits qu’il fallait vous en dire des nouvelles.
Canal 1 s’ouvre sur Ne pas rester – dont on vous parlait déjà ici – un premier morceau ancré dans le registre de la pop kitsch dans lequel le garçon a pris ses marques et avance en totale confiance avec aisance.
Si vous ne pensez pas un peu à l’élégant dandy pop Etienne Daho avec La Méditerranée, va falloir réviser les classiques pop français. Avec les synthés qui rebondissent, impossible de ne pas vouloir esquisser un petit mouvement de danse.
On ne pensait pas qu’elle prendrait sa place ici dans l’EP mais oui, Films noirs prend la troisième position. Sa noirceur relative fait contraste avec la précédente. Et c’est en fondu que débarque Soyeuse, une chanson qui n’est pas sans rappeler un autre dandy chic nommé Alain Chamfort. Ca rebondit moins mais les synthés sont omniprésents, la voix nonchalante, on se laisse porter dans les vapeurs. Quand tu t’élances dans le même esprit, on pense à Je laisse couler.
Le jeune rouennais clôt son EP avec Exil. Morceau savoureux, dansant mais pas des plus heureux. On navigue dans une espèce de pop entêtante. Qui évoque une certaine grisaille mais lumineuse.
Canal 1 est un premier curieux objet musical. A mi-chemin entre une pop kitsch et un souffle moderne, Léo Vauclin joue sur ce mélange des genres et non sans talent.