Format Court : Innocnt, Madsun, Vladimir Cauchemar & Apashe

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de format court, on vous parle du jeune soulman prometteur Innocnt et des talents électro Madsun et Vladimir Cauchemar & Apashe.

Innocnt – Six

Innocnt vient de dévoiler son premier EP Six. Une œuvre intime, cathartique, dans laquelle le chanteur à la voix de velours dissèque sa première grande histoire d’amour. Entre ballades et morceaux à l’énergie plus rock, Innocnt revient sur six ans de relation au travers de six chansons poignantes. Chaque morceau incarne une manière différente de demander à une personne de rester, à l’exception du dernier Good bye, où l’artiste trouve finalement la force de partir.

La musique d’Antoine Innocent est cosmopolite, à l’image de l’univers dans lequel l’artiste a baigné depuis sa plus tendre enfance. Né en France de parents aux origines roumaines et haïtiennes, il a passé ses premières années aux côtés de son père, crooner sur les routes américaines. Innocnt s’est familiarisé avec les scènes, les coulisses, les répétitions, les jams… Il rejoint ensuite sa mère à Bruxelles, sa ville de cœur dans laquelle il s’est épanoui en tant qu’artiste.

Innocnt est influencé par des artistes aussi différents que John Mayer, Gary Clark, Lenny Kravitz, Kanye West, Nat King Cole, Jacques Brel, Taylor Swift ou encore The Weeknd. Il nous livre une musique soul aux multiples facettes teintées de R’n’b, de country et de rock. Sa voix se fait tantôt douce, tantôt puissante. Les paroles en anglais sont servies par une instrumentation essentiellement composée de batterie, de synthé, de basse, de guitare électrique, de cuivres et quelques chœurs.

L’EP démarre avec Haliens, qui raconte aussi bien l’ambivalence entre l’amour et l’agacement. Un morceau efficace qui nous embarque tout de suite dans l’univers d’Innocnt. On est séduit par le groove qui s’en dégage, avec au passage quelques premiers frissons à la fin avec le petit solo de guitare rock.

Puis le tempo ralentit dans Sober, une ballade composée par Innocnt à une période sombre de sa vie marquée par le deuil de sa meilleure amie et une relation amoureuse qui périclite. La voix et les instruments pleurent et nous font ressentir toute l’émotion d’Innocnt. On aime tout particulièrement le saxophone qui vient ajouter une touche finale de gravité teintée d’élégance.

Regain d’énergie avec Mallory, où Innocnt parle cette fois du sentiment de jalousie et de la peur qu’on peut ressentir de perdre l’autre.

On enchaîne ensuite avec Give me your soul, sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’EP et le plus toxique aussi. Dans la grande tradition soul, Innocnt aborde le moment où on fait le bilan d’une histoire et où l’on demande à l’autre de nous donner son âme, sa douleur.

Retour aux influences pop rock avec Hold on avec une batterie plus up tempo et des riffs de guitare électrique qui donnent le ton, sans pour autant laisser les cuivres de côté. On pense à Mikael Kiwanuka. Dans ce morceau, Innocnt jette ses dernières forces pour essayer de sauver son histoire.

L’EP se termine par Good bye. Face à deux amants devenus étrangers l’un pour l’autre et dévorés par la douleur, cette fois c’est Innocnt qui part et reprend le contrôle sur ses sentiments. La boucle est bouclée. Un morceau encore une fois efficace, qui mélange à lui seul les grandes sonorités de Six. Une belle synthèse en somme.

Le résultat est addictif : sincère, direct, d’une grande maturité et d’une élégance folle. Innocnt nous touche en plein cœur avec ce premier EP instantanément devenu l’un de nos classiques. Six est un grand EP, et on souhaite à Innocnt un succès à la hauteur de son talent évident.

MADSUN – The Lost Kingdom

Trois ans presque jour pour jour après la sortie de son premier EP, MADSUN fait son retour avec un nouveau projet. Il s’agit de The Lost Kingdom. L’artiste nous offre cinq morceaux au cours desquels sa musique électronique si propice aux émotions accompagne l’épopée fantastique d’une chevalière dénommée Valya. Construit comme un conte, cet EP se place dans un univers médiéval confronté à un mal inconnu.

Comme toute histoire qui se respecte, le projet débute par Once Upon A time. Un titre où se mêlent sonorités calmes, bruits d’oiseaux et nappes lumineuses. Les dernières secondes voient arriver l’orage. Les temps s’assombrissent et les premières notes analogiques de The Lost Kingdom ne font pas disparaître cette impression. Dans ce titre où jeu de voix, percussions et nappes synthétiques viennent se confronter, le chemin paraît mouvementé. Les percussions saisissent pour nous immerger dans cet univers épique.

Dans sa quête de pouvoirs pouvant l’amener à l’emporter face au mal, Valya se trouve face à un choix difficile : invoquer un être maléfique pour tenter de le contrôler et de s’approprier ses pouvoirs. La production de Dark Ritual retranscrit ce questionnement complexe ainsi que les enjeux derrière ce choix impossible. L’atmosphère paraît mystique et pousse la jeune héroïne à tenter le coup.

Forte de ses nouvelles capacités, elle se lance dans la bataille. Lost Minds apparaît ici comme la bande-son d’une confrontation unique. La voix calme, accompagnée d’une production qui monte crescendo, laisse place à une explosion dansante. Avec la diversité des sonorités utilisées, ce morceau retranscrit parfaitement l’univers riche de l’artiste.

Pour clore cette histoire, Glorious Tales offre une atmosphère victorieuse. Ce titre donne une dimension cinématographique à ce que nous venons de vivre.

Avec ce projet bien calibré, MADSUN soigne l’aspect visuel et sonore. L’artiste nous immerge une nouvelle fois dans son univers, où la musique électronique sert les émotions.

Vladimir Cauchemar & Apashe – ORATORES, BELLATORES, LABATORES

Fin janvier, Vladimir Cauchemar a signé son retour avec la sortie de l’EP ORATORES, BELLATORES, LABORATORES en collaboration avec Apashe. Si les deux artistes avaient déjà notamment collaboré sur RIP, leur collaboration sur ce nouveau projet vient consacrer un univers commun épique, médiéval, doté d’une certaine puissance de frappe. En associant des influences orchestrales et électroniques, ils créent une atmosphère grandiose et percutante. La tension dramatique et l’intensité sonore se croisent avec une maîtrise impressionnante.

Le premier titre, ORATORES sur lequel Ruti vient poser sa voix, apparaît comme une introduction impressionnante. Le chant mélodieux contrebalance parfaitement une production où se mêlent orchestre et envolées électroniques. Ce morceau établit immédiatement le ton du projet, propulsant l’auditeur dans un monde où la musique devient un véritable récit épique.

Avec BELLATORES, l’univers prend encore plus en profondeur. Après une première partie contemplative, le rythme monte crescendo. Le drop, redoutable, nous percute de plein fouet. Les nappes assez sombres en arrière-plan s’ajoutent à des voix qui complètent des percussions efficaces. Pour conclure ce projet commun, les deux artistes offrent un dernier morceau déchaîné avec LABORATORES. Le rythme effréné est magnifié par un drop surpuissant, dont l’impact est instantané. Les sonorités métalliques et les percussions enfiévrées ajoutent une dimension presque guerrière, à la fois dansante et cathartique. C’est un morceau qui libère une énergie brute, prête à enflammer les foules lors des prochains concerts.

Cet EP apparaît comme une réussite. Après plusieurs écoutes, il ne fait nul doute que chacun de ces titres saura envoûter le public commun des deux artistes. Il nous tarde déjà de les revoir collaborer pour donner une suite à cet univers sonore d’une rare intensité.

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