Ceci est une petite lettre, une déclaration d’amour évidente aux Francofolies de La Rochelle.
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Salut les Francofolies de La Rochelle. On s’est quitté depuis plus de deux semaines maintenant et j’avais envie de t’écrire. Je sais, tu n’es pas une personne mais comme tu es un élément central de mes étés récents, j’avais envie de m’adresser à toi. C’est plus sympa non ? On est devenu proche et je retrouve donc chaque juillet avec un peu plus de plaisir que le précédent. Souvent j’arrive chez toi fatigué et au final je repars encore plus fatigué, mais surtout beaucoup plus heureux.
Il y a un problème cependant : je n’aime pas écrire sur toi. Enfin, de manière générale, je n’aime pas écrire sur les concerts. Parce que je suis très attaché aux souvenirs et à la trace qu’ils laissent (ou non) dans mon esprit et qui parfois s’efface petit à petit. Parler de toi c’est donc un peu trahir une de mes doctrines mais parfois il faut savoir se trahir. La raison principale étant que je me suis engagé à faire un article pour pouvoir venir te voir (coucou Élodie, coucou Élisa !).
Alors nous y voilà, j’ai décidé de séparer cette aventure 2024 en trois chapitres qui porteront le titre suivant : » Aux Francofolies de La Rochelle : des découvertes, des confirmations … et des héros ! »
Aux Francofolies de La Rochelle : des découvertes,
Continuer à découvrir de la musique, c’est une chose qui me porte et ce que j’aime souvent faire aux Francos. Parce que tu as dans ton escarcelle un programme du nom des Chantiers des Francos. Chaque année, je m’intéresse donc de près aux membres de ta sélection.
Cette année n’a pas fait exception à la règle et je me suis laissé avoir et émouvoir par trois projets : il y a d’abord eu la grâce de Liv Oddman. J’ai été plus qu’happé par la performance de ce garçon seul sur scène. Une proposition intense qui met à égalité la musique et l’expression corporelle. On le regarde et nos yeux ne le quittent plus, nos oreilles non plus. On l’observe arpenter la scène comme une sorte de lion en cage et on laisse ses morceaux nous bercer et nous secouer. Un truc instinctif et incendiaire qu’on rêve de voir se reproduire encore.
Il y a aussi eu James Baker. Lui semble déjà être une star au vu des réactions du public avant, pendant et après son concert. Je connaissais son tube mais le voir sur scène, super bien accompagné qui plus est, n’a fait que confirmer que ce garçon a tout ce qu’il faut pour percer vite et fort. Un petit côté jeune premier du cinéma qui explore les genres musicaux aussi facilement qu’il explore les émotions.
Enfin, et c’est sans doute le plus inattendu, j’ai laissé mon cœur sur le quai avec Poudre Noire. Pour être tout à fait honnête, j’avais pris place au théâtre car je trouvais leur nom cool et que j’avais du temps libre. Au final je me suis laissé embarquer par ces deux pirates à l’énergie hyper communicative et qui brille et brûle jusqu’à faire résonner les coups de canon. C’était beau, émouvant et d’une sincérité un peu trop rare pour ne pas être soulignée.
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des confirmations,
Si je viens chez toi, c’est aussi pour retrouver des artistes que j’aime, des gens que j’ai déjà vus et que j’avais envie de revoir. Impossible de ne pas citer la star de cette année 2024, la formidable Poppy Fusée. Oui je le confesse, j’ai laissé toute forme d’objectivité de côté lorsqu’il s’agit de Pauline. Mais en réalité, son concert en cet après-midi de ton dernier jour m’a fait un bien fou. À quatre sur scène, c’est là que la musique de Better Place prend toute son ampleur avec un son résolument plus rock, organique et vraiment fort. Impossible de ne pas craquer, surtout lorsqu’elle joue deux des plus belles chansons d’amour de ces dernières années : For Better And For Worse et Paranormal.
Chez toi, j’ai aussi eu le plaisir de revoir, et d’interviewer, deux artistes que j’apprécie particulièrement. Il y a tout d’abord eu l’excellent Johan Papaconstantino qui était sur les dernières dates de sa tournée Premier Degré. Et honnêtement cela se sent. En formule trio (avec une mention spéciale pour son formidable percussionniste) le garçon impressionne par son aisance et son talent, sa manière de mélanger les musiques d’origines différentes pour former un tout cohérent, dansant et follement communicatif.
J’ai aussi eu le bonheur de découvrir le vidéochose de Jacques. Faire de la musique avec des objets et des vidéos, transformer les enregistrements en son et le son en images … Un concept assez fou à expliquer mais fabuleux à vivre sur scène. Essentiellement instrumentale, la musique de Jacques transcende tout et nous élève. Un moment unique qui place une nouvelle fois le musicien dans une place bien à part de la musique.
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… et des héros !
Et puis, il y a les héros. Ceux de l’enfance, ceux de l’adolescence, ceux qui traversent les époques et restent avec nous comme une présence rassurante et chaleureuse.
J’étais à la fois excité et anxieux à l’idée de retrouver SAEZ. J’avais laissé le bonhomme dans un coin de mon esprit que j’explorais de temps en temps dans des périodes de grandes nostalgiques (souvent associées à des grandes souffrances) et je me demandais vraiment si c’était une bonne idée d’aller le voir ce soir-là.
La réponse est évidemment oui. Déjà parce que quand le bonhomme est en forme, il offre des performances assez dingues et qui font un bien fou. C’était le cas ce vendredi soir. Avec juste sa guitare, son piano et sa voix, le bonhomme nous a donné une grande leçon. De rage, d’amour, de gouaille, d’humanité (oui il y a beaucoup d’humanité chez toi, c’est aussi pour ça que je t’aime). J’ai beaucoup pleuré, un peu ri, parfois chanté. Surtout, je me suis rappelé pourquoi j’aimais tant Damien Saez.
Restons sur l’amour, avec la famille Souchon. Là aussi c’était un petit rêve qui se réalisait. Voir Souchon et ses fils dans un écrin à la fois intime et à sa hauteur. C’était quelque chose, une setlist sans fausse note qui aura exploré toute la carrière du grand Alain. Des clins d’œil, beaucoup d’humour, de la tendresse et un spectacle qui trace un trait parfait sur cinquante ans de carrière musicale. Et puis voir ce grand monsieur dégingandé sauter partout et être juste heureux d’être là, quelle classe, quel talent. Alain, je t’aime.
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Enfin, fête nationale oblige, il fallait un feu d’artifice digne de tes 40 ans. Et quoi de mieux que de ramener Phoenix sur scène. Ils sont devenus la preuve qu’on peut définitivement être prophète en son pays. Les Versaillais nous ont offert un show à leur démesure. 1h15 d’énergie, de guitares et de cohésion accompagné d’une superbe mise en scène qui m’aura complètement chamboulé. Ces quatre-là sont vraiment trop forts et ont réussi à voler les dernières gouttes d’énergie que je gardais spécialement pour eux.
Voilà, je finis cette lettre en te disant que tu me manques déjà et que j’ai hâte de te retrouver l’année prochaine. Alors rendez-vous en 2025 les Francofolies de La Rochelle. Je sais que tu seras là et je te promets que moi aussi.
Crédit Photos : Célia Sachet