On a tous dans la vie un groupe qu’on écoute depuis toujours, tant et si bien qu’on a l’impression que les membres sont des amis un peu éloignés. Franz Ferdinand est un de ces groupes et si on nous avait dit qu’on aurait un jour l’occasion de rencontrer Alex Kapranos, on n’y aurait pas cru. Et pourtant, c’est ce qui est arrivé à l’occasion de la sortie de Hits to The Head, leur best-of paru récemment. On a eu le plaisir de rencontrer un artiste tel qu’on l’imaginait : humble, drôle, intelligent et humain. On en a profité pour amener avec nous notre « nous adolescent afin de parler avec lui du passé, du présent et un peu du futur de Franz Ferdinand avant que le groupe ne parte pour une tournée française des Zéniths.
Version anglaise ci-dessous / English version Below
La Face B : Mon anglais et mon accent ne sont pas parfaits…
Alex Kapranos : (en français) Oh non, mon français c’est pas bon ! Je parle comme un imbécile ! (rires)
LFB : Tout d’abord, c’est vraiment un plaisir de te rencontrer. Et je voulais te dire que Franz Ferdinand est définitivement le groupe de ma jeunesse qui ne m’a jamais déçu.
AK : Oh bien. Merci pour ça, merci !
LFB : Je voulais aussi savoir comment tu allais aujourd’hui ?
AK : Je vais plutôt bien, (en français) J’ai une petite tête de bois. (Reprenant en anglais) Je chantais au Zénith hier soir. J’ai fait une chanson avec Clara Luciani. On a bu quelques verres. C’est un peu tôt le matin pour moi ! (rires)
LFB : Il y a eu quelques changements avec Franz Ferdinand. Notamment avec une nouvelle batteuse. Comment avez-vous géré ces deux dernières années d’un point de vue humain et en tant que groupe ?
AK : C’est arrivé naturellement. Paul (Thompson) est toujours mon ami. J’ai fêté mon anniversaire il y a deux semaines et il était là avec sa femme et nous passons toujours du temps ensemble. Mais plus dans le groupe. Sa santé mentale ne lui permettait pas de continuer à faire des tournées. Donc, ouais… On veille sur ses amis. Et ce n’était pas la bonne chose à faire pour lui.
Mais Audrey (Tait) est géniale. C’est une batteuse extraordinaire, un être humain extraordinaire et je suis très heureux de l’avoir dans le groupe. Tu peux dire tout de suite, dès que tu joues avec quelqu’un si tu vas t’entendre avec. Et elle est vraiment bonne, je savais tout de suite qu’elle allait être bonne.
LFB : Et en tant qu’être humain ?
AK : En tant qu’humaine, elle est fantastique ! Très intelligente. Très drôle… Elle rit bien aussi. C’est vraiment important dans un groupe et tu dois être capable de rire ensemble sinon…
LFB : Est-ce qu’elle apporte une nouvelle énergie ?
AK : Oui. Elle a une très bonne énergie. Une énergie très agréable, très stable. Elle frappe très, très fort aussi, c’est cool. J’aime bien ça. J’ai hâte de faire une tournée avec elle. Parce que je pense qu’elle n’a jamais fait une tournée comme celle-ci, comme nous le faisons. Et d’avoir quelqu’un avec vous qui voit ça pour la première fois, c’est très cool.
LFB : Donc vous sortez un Best of, c’est pour ça que tu es là. Est-ce que ce Best of était pour toi une façon de terminer une ère et une transition entre le passé et le futur ?
AK : C’est un peu comme ça. C’est comme si on débarrassait la table ou les assiettes, pour pouvoir passer au plat suivant, commencer à travailler sur le volume 2 (rires).
LFB : Comment avez vous choisi les chansons ?
AK : Pour moi, ce sont les chansons que tu joues… les « bangers ». Dans ma tête, c’est comme choisir une setlist pour un festival. J’adorerais faire un concert en tête d’affiche où tu pousses plus loin dans ton catalogue et où tu joues des chansons que les fans les plus hardcore apprécieraient. Mais pour un Best of ce n’est pas le cas, c’est plus comme un concert en tête d’affiche d’un festival. Tu sais, tu joues les chansons qui ont le plus d’attrait pour les gens. Les bangers qui font bouger les gens. Il n’y a pas une seule chanson pour laquelle je veux que les gens s’assoient, je veux qu’ils se lèvent et dansent !
LFB : J’étais un peu déçu parce que Can’t Stop Feeling est l’une de mes chansons préférées…
AK : Ahh, nous étions très près de vouloir mettre cette chanson là-dessus. On fera peut-être quelque chose avec dans le futur.
LFB : Était-ce une façon d’offrir une sorte d’artefact de ces 20 ans en vinyles et en CDs pour les fans ?
AK : C’est ce que je ressens. Et avec l’artwork aussi. C’était la première fois que nous avions vraiment l’occasion de récupérer et d’examiner certaines de nos archives et de les rassembler… Il y a beaucoup de photos que nous n’avions jamais rendues publiques auparavant. Il y a une photo qui me frappe particulièrement car c’est la première photo qui a été prise de nous en tant que groupe. Et nous ressemblons à des enfants (rires). C’est incroyable.
LFB : J’ai une question à propos de la couverture de Hits to the Head. Pour moi, c’est comme un hommage aux premiers efforts du groupe. Comment l’avez-vous conçue et que dit-elle de votre carrière ?
AK : Le mouvement constructiviste russe a eu une grande influence sur moi, à la fois visuellement et dans un sens esthétique plus large au début du groupe et tout au long de sa carrière. Je pense que ce que j’ai aimé dans ce mouvement, c’est son audace, son côté direct, sa palette limitée… Ce sont toutes des choses que j’ai apporté à la musique également, tu sais, ne pas avoir de détails inutiles. Ils sont partis sur ce genre d’artwork.
Et même si ça rappelle les premiers, ça a des échos avec la suite. Ça a toujours été présent dans l’ADN du groupe. Je voulais qu’on regarde la pochette et qu’on se dise « ouais, c’est un disque de Franz Ferdinand ».
Et pour le titre… Le titre est comme une version raccourcie de ce que je pense qu’un tube doit faire. Parce que je pense qu’il doit te frapper à la tête. Il doit vous engager presque comme une claque derrière la tête. Comme « Oh ! C’était quoi ça ? » mais en engageant ton cerveau. Mais ça devrait aussi être « des coups à la tête, des coups au cœur et des coups aux pieds ». Parce que ça doit te faire bouger. Tu dois le ressentir dans tes pieds, tu sais ce que ça fait, tu veux danser dessus, tu veux bouger dessus…
LFB : Comme un set de festival…
AK : Oui exactement.
LFB : Est-ce que tu penses que ce genre de Best of peut t’ouvrir à de nouveaux auditeurs ?
AK : Tu sais, c’est vrai. Je pense que oui, parce que j’ai eu un choc en réalisant que le premier album est sorti il y a 18 ans. C’est une longue période. Donc si tu as 18 ans aujourd’hui, tu es né l’année de la sortie de l’album ! (rires)
Alors oui, il y a des gens qui n’étaient pas là pour l’apprécier la première fois, donc peut-être que cela va leur faire découvrir. Je sais que pour moi, j’ai découvert beaucoup de mes musiques préférées par mes parents. Par exemple, j’ai adoré et j’adore toujours David Bowie. Comment ai-je découvert David Bowie ? C’était à travers Changes.
LFB : Oui, moi aussi !
AK : Oui, le disque Changes de ma mère.
LFB : C’est marrant parce que quand cet album est sorti, j’avais 17 ans. Et tu as toujours été dans ma vie. Tu es comme un ami que je n’ai jamais rencontré ! (rires)
AK : Aww !! Eh bien, c’est bon de te rencontrer enfin !
LFB : Écouter ça est un peu un rappel de ce que vous faites. Et c’est vraiment cool. Et pour moi Franz Ferdinand n’a jamais cessé d’évoluer, et a toujours eu un son spécial et unique, mais qui a toujours un twist. Je me demandais comment tu voyais le son de Franz Ferdinand ?
AK : C’est vrai, n’est-ce pas ? C’est certain que nous avons vécu des aventures au cours des 18 dernières années et que nous avons exploré des endroits différents… Par exemple, si je pense à des chansons comme Stand on the Horizon, à quel point elles sont différentes d’une chanson comme Michael qui est très différente de Always Ascending, qui est différente de No You Girls, qui est différente de This Fire… Pour moi, ce sont des chansons très différentes, et c’est ce qui me rend heureux.
Quand j’ai assemblé le disque et que je les ai écoutées toutes ensemble, chaque chanson sonne comme une chanson de Franz Ferdinand. Et pourtant, je ne sais pas ce qui fait ça. Tu sais juste que tu le sais quand tu l’entends. C’est comme si tu savais que quand tu entends une chanson de Bowie, c’est lui, ou les Beatles, c’est eux…
Une partie de ça vient de la voix évidemment, peu importe comment je chante, ça me ressemblera toujours. Mais je pense qu’il y a d’autres choses aussi, comme le sujet des chansons, le type de progression d’accords que j’ai tendance à utiliser et peut-être certains éléments rythmiques… Il y a certains ingrédients qui sont personnels… C’est comme reconnaître la personnalité de quelqu’un. Tu connais son sens de l’humour, tu connais des choses… C’est comme, si tu as un bon ami, tu sauras qu’il va aimer un certain film parce que tu connais sa personnalité. Je pense que c’est comme ça avec un groupe.
LFB : Quand j’écoute vos chansons, comme quand j’écoute Jacqueline ou Take Me Out, ça me ramène dans le passé et je me demandais, quel genre de souvenirs as-tu quand tu les rejoues ?
AK : Oui, c’est drôle parce que lorsque j’ai fait le master du disque et que je l’ai assemblé, j’ai évidemment écouté toutes les chansons et beaucoup de souvenirs sont revenus. C’était la première fois que je les écoutais vraiment. J’ai tendance à enregistrer les chansons et à ne pas réécouter les enregistrements.
Donc je me souviens de les avoir écrites, je me souviens d’avoir été dans le studio. C’est amusant. Jacqueline n’est pas sur ce disque, mais quand j’écoute Jacqueline maintenant, quand je parle de Jacqueline, je me souviens être dans la pièce de mon appartement pour l’écrire. Je me souviens aussi de Jacqueline elle-même. Jacqueline est une personne réelle. C’est une de mes amies, et je me souviens qu’elle m’a raconté l’histoire dont parle la chanson.
Beaucoup de ces chansons sont très personnelles. Elles parlent de personnes et d’événements réels de ma vie. C’est un peu comme un album de famille, comme un album photo que tu feuillettes et tu vois ta vie derrière toi…
LFB : J’étais un très grand fan de l’album Blood.
AK : Oui, c’est aussi l’un de mes préférés. J’adore le son de ce disque, il est tellement bon.
LFB : Pour moi, c’était comme un appendice étrange et épique de Tonight. Est-ce quelque chose que tu aimerais refaire ?
AK : Oui, j’aimerais vraiment ! J’ai adoré travailler avec Dan. Dan Carey est un mec cool. C’est ce que j’ai préféré dans la réalisation de ce disque. Je pense que c’est à ce moment-là que nous avons été le plus sauvages. Blood était un disque très libre.
Et c’est marrant parce que je pense que les gens ont été assez surpris par l’album Tonight, parce qu’il sonnait si différent des deux précédents, mais une partie de moi aurait préféré qu’on sorte Blood à la place parce que ça aurait vraiment surpris les gens, ça aurait été cool à faire.
LFB : Il y a deux nouveaux morceaux dans le Best-of. Et je me demandais quels indices ils donnent sur l’avenir de Franz Ferdinand ?
AK : J’ai l’impression que ces chansons correspondent à ce que j’étais lorsque nous avons fait la compilation. Parce que j’aime l’idée que la compilation reprenne depuis le tout début. Darts of Pleasure, la première chose que nous ayons sortie, jusqu’à la toute dernière chose que nous avions écrite à ce moment-là. On a littéralement masterisé Curious puis avons envoyé le disque à l’usine. Nous l’avons mixé, masterisé… Ce n’était pas tant un indice pour l’avenir qu’un indice pour savoir où nous en étions à ce moment-là.
LFB : C’est donc la fin d’une époque…
AK : Je pense que c’est la fin d’une époque, mais j’ai aussi l’impression que ces chansons capturent deux côtés différents du groupe. Billy Goodbye est comme la partie Do You Want? du groupe. C’est le vrai côté stomp et glam rock du groupe. Alors que Curious est une sorte de danse plus fluide, avec ce que j’appelle des guitares obtuses, qui se déchaînent. Alors oui, qui sait ?
Il y a définitivement de nouveaux éléments dans les chansons que les gens n’auront pas entendu avant, et je pense que c’est plus facile à explorer maintenant que nous avons fait ça. Comme tu l’as dit, c’est le temps d’une nouvelle ère et peut-être aussi le temps de nouvelles idées.
LFB : Si tu devais choisir trois titres de Franz Ferdinand, lesquels seraient-ils et pourquoi ? Si quelqu’un n’a jamais entendu parler de vous et que vous devez lui présenter le groupe…
AK : Donc il y a différentes choses. S’il y a trois chansons dont je dirais que c’est ce qu’est Franz Ferdinand, ou trois chansons pour moi personnellement, ce sont deux choix de trois différents. Donc je vais faire les deux si c’est ok.
Donc trois chansons pour présenter le groupe. Je choisirais Curious parce que c’est la dernière que l’on a faite. Je choisirais Take Me Out parce que c’est une chanson universelle et que beaucoup de gens connaissent le groupe grâce à elle. Et je pense que je choisirais quelque chose d’autre qui est peut-être… Tu sais, je pense que je choisirais Jacqueline en fait, en partie parce que nous venons d’en parler, mais j’ai l’impression que Jacqueline a quelque chose au niveau des paroles qui montre qu’il y a un côté plus profond dans les paroles du groupe, que Jacqueline est un indice, que les deux autres n’approfondissent peut-être pas autant.
Les chansons, pour moi personnellement, je pense qu’elles seraient différentes. Et ce ne sont pas les gros bangers. C’est probablement Fade Together du deuxième album. Je ne sais pas, j’adore cette chanson. On ne l’a jamais jouée en concert. C’est marrant. C’est peut-être presque trop précieux pour moi de la jouer en live. Katherine Kiss Me du troisième album. Encore une fois, j’aime vraiment beaucoup cette chanson. Et une chanson qui n’a jamais figuré sur un album et qui n’était même pas une face A. Il s’agit d’une chanson appelée L Wells ou Lindsay Wells, qui, je crois, était une face B. Je l’ai écrite en Australie à propos de mon amie Lindsay, à Glasgow. Je me souvenais d’elle et oui, il y a quelque chose d’assez spécial dans cette chanson et il y a beaucoup de bons souvenirs qui y sont attachés.
LFB : J’ai une question bizarre.
AK : Cool, j’adore les questions bizarres !
LFB : En regardant les 20 ans de Franz Ferdinand, penses-tu que le fait d’avoir du succès pendant la trentaine a été une sorte d’atout et le moyen d’évoluer tout en restant ancré dans la réalité ?
AK : Je pense que c’était un grand, est-ce que tu as dit atout ? Oui. C’était bien pour moi de réussir à la trentaine. Il n’y avait qu’un seul aspect négatif, j’y reviendrai dans un instant. Le meilleur, c’est que je ne suis pas devenu aussi fou que si j’avais atteint le succès à la fin de mon adolescence. Je me serais probablement auto-détruit très rapidement. Je sais comment j’étais à la fin de mon adolescence et au début de ma vingtaine et je sais à quel point j’étais sauvage et si j’avais eu ce succès à cette époque, je me serais probablement tué (rires). Je suis sérieux ! J’aurais fait tout et n’importe quoi.
Le côté négatif, c’est que le type qui s’occupait de notre presse au début du groupe nous a dit : « Vous n’êtes pas bons pour avoir une couv’ du NME parce que vous avez plus de 30 ans. Je vais leur dire que vous avez 27 ans ». Et c’était tellement embarrassant. On faisait des interviews, « Alors vous avez 27 ans… » et on était genre « hum », genre « Regardez le temps qu’il fait ! » (rires). Je trouvais ça vraiment, vraiment embarrassant. Mais ça n’a pas duré très longtemps. Les gens l’ont découvert très rapidement et j’étais beaucoup plus heureux quand les gens savaient quel était mon âge réel.
LFB : Ce Best of arrive avec une grande tournée. Es-tu impatient de remonter sur scène ?
AK : Oh mon dieu ! Tellement ! Tellement ! C’est drôle, le confinement du COVID m’a vraiment fait réaliser à quel point je considérais comme acquis le fait de pouvoir le faire. Je pense que nous avons tous vécu cela avec tant d’éléments de nos vies. Mais on a fait notre premier vrai concert quand on a joué un petit spectacle à Dunfermline. Et lorsque que je marchais vers la scène, je savourais chaque pas vers la scène, j’en profitais vraiment et je ne faisais pas que l’apprécier, je le ressentais, je me sentais présent dans la pièce et je me disais « je ne prendrai plus jamais ça pour acquis ». Oui, j’ai hâte de remonter sur scène.
LFB : Vous avez toujours eu une relation particulière avec la France et le public français. Que pensez-vous de ce pays et qu’est-ce qui rend le public français si spécial ?
AK : Eh bien c’est (en français) « l’Entente Cordiale non ? ». L’Écosse et la France ont toujours eu cette bonne relation. Qui se base sur le fait qu’ils sont les ennemis de l’Angleterre (rires). Ce n’est pas vrai, ma mère est anglaise donc je ne suis pas totalement sincère.
Nous avons joué à La Boule Noire en 2003. C’était avant que nous ayons sorti des albums. C’était avant que nous jouions au Paradisio ou quelque chose comme ça. C’était un moment très, très spécial. J’ai l’impression que parce que nous y sommes allés si tôt, nous avons eu cette connexion dès le début. Et oui, c’est vraiment, vraiment important. Je pense que la France a compris le groupe avant beaucoup d’autres pays et je pense qu’à cause de ça, ça a beaucoup compté pour nous aussi.
C’est comme l’affection que l’on a pour son premier amour, c’est un peu comme ça. Et je pense aussi qu’en France, il y a une perception différente de la musique que dans les autres pays. J’ai remarqué que dans la chanson française, on met beaucoup l’accent sur le texte. Le texte est important. Alors que dans la culture pop anglophone, elle ne l’est pas. Le texte est souvent purement phonétique. C’est juste ce qui sonne bien.
Depuis Little Richard, c’est « Bah bah, beloubah, ,bah, bam boom », tu sais, c’est juste des bruits dans la musique. J’aime ça de temps en temps, mais les paroles ont toujours été importantes pour moi. Comme si une chanson ne fonctionnait pas sans les paroles. Il faut qu’elles soient là. Je pense que c’est ce que j’aime en France et peut-être ce que la France comprend de nous.
Et aussi le public qui aime se déchaîner. Les gens aiment faire la fête ici et nous sommes le genre de groupe qui a ce genre d’énergie. Et donc peut-être que ça a aussi un sens. Il y a deux côtés à cela.
LFB : J’ai deux dernières questions. Tout d’abord, quelle est la prochaine étape pour Franz Ferdinand et qu’est-ce que vous nous « cuisinez » pour l’avenir du groupe ?
AK : C’est drôle que tu dises ça parce que lorsque nous nous réunissons pour faire de la musique, nous le faisons dans ma maison en Écosse, je cuisine littéralement pour le groupe. Je peux te dire ce que tout le monde aime manger. Ce que je préfère, c’est le curry, parce que j’ai travaillé dans un restaurant indien, donc je peux cuisiner un bon curry ! La moitié du groupe est vegan maintenant, et la nourriture indienne est très bonne pour cuisiner vegan.
J’ai aussi un jardin et je fais pousser des légumes. Ce que je préfère, c’est sortir tous les légumes du jardin et faire quelque chose à partir de rien.
Et quels sont les projets de Franz Ferdinand ? Eh bien, évidemment, nous avons la tournée. J’ai hâte de revenir et de jouer ça, ça va être génial. Je disais cela hier soir alors que je chantais avec Clara (Luciani) et c’est une bonne salle. J’ai de bons et intéressants souvenirs de cette salle (rires).
Mais aussi de nouvelles chansons… quelques unes ont déjà été enregistrées et j’en écris tout le temps…
LFB : Et la dernière question : As-tu des coups de coeur récents à partager avec nous, comme des artistes ou des groupes ?
AK : Oui, bien sûr. Eh bien, un groupe que je dois mentionner est un groupe que j’ai produit. C’est un groupe qui s’appelle Los Bitchos. Ce groupe est génial. Et je conseille vivement aux gens d’aller les voir en concert parce que c’est une vraie expérience. C’est drôle, nous parlions de l’importance des paroles et c’est un groupe instrumental (rires). Mais elles n’ont pas besoin de paroles, la musique parle vraiment pour elles. Elles ont une bonne attitude, mais soyez prêts à boire beaucoup de tequila. C’est tout ce que je dirais !
LFB : Merci.
AK : Merci. C’était un vrai plaisir. C’était très agréable
English Version
We all have a band in our lives that we’ve always listened to, so much so that we feel like the members are distant friends. Franz Ferdinand is one of those bands and if someone had told us that we would one day have the opportunity to meet Alex Kapranos, we wouldn’t have believed it. And yet, that’s what happened with the release of Hits to The Head, their recently released Best of album. We had the pleasure of meeting an artist as we imagined him: humble, funny, intelligent and human. We took the opportunity to bring along our teenage selves to talk with him about the past, the present and a little bit about the future of Franz Ferdinand before the band leaves for a French Zenith tour.
La Face B: My English and my accent are not perfect…
Alex Kapranos: (in French) Oh non, mon français c’est pas bon ! Je parle comme un imbécile ! (laughs)
(« Oh no, my French it’s not good! I talk like an imbecile!)
LFB: So first of all, it’s really nice to meet you. And I wanted to tell you that Franz Ferdinand is definitely the band from my youth that never disappointed me.
AK: Oh good. Thanks about that, cheers.
LFB: Also I wanted to know, how are you doing today?
AK: I’m pretty good, (in French) J’ai une petit tête de bois (I’m slightly hangover). I was singing at the Zenith last night. I did one song with Clara Luciani. It was a couple of drinks. It’s a bit early in the morning for me! (laughs)
LFB: There have been some changes with Franz Ferdinand. Especially with a new drummer. How did you deal with the last two years from a human point of view as well as a band?
AK: It’s just what happened naturally, you know. Paul (Thompson) is still my friend. Like I had my birthday party two weeks ago and he was there with his wife and we still hang out. Just we don’t hang out in a band together anymore. His mental health wasn’t in the right place to continue touring. So. Yeah. You look out for your friends. And it wasn’t the right thing for him to do.
But Audrey (Tait) is great. You know, she’s an amazing drummer, an amazing human being and I’m very very happy to have her in the band. You can tell straight away, as soon as you play with somebody, you know, if you’re going to get on and all. And she’s really good I knew straightaway she was going to be good.
LFB: And as a human?
AK: As a human she’s fantastic! Very smart. Very funny, intelligent… Good laugh as well. That’s really important in the band and you’ve got to be able to have a laugh together otherwise…
LFB: Does she put a new energy ?
Ak: Yes, she does. She has very good energy. Very nice, very steady energy. Hits very, very hard as well, it’s cool. I like it. I can’t wait to tour with her actually. Because I think she’s never done a tour like this, the way we do, before. And to have somebody with you who is seeing it for the first time, that’s a cool thing.
LFB: So you’re releasing a Best of, that’s why you’re here. Was this Best of a way to end an era and transition between past and future for you?
AK: It does feel a little bit like that, doesn’t it? It feels like you’re clearing the table or the plates, so you can go on to the next course, start working on volume two (laughs).
LFB: How did you pick songs?
AK: For me it’s the songs that you play… like the “bangers”. In my head it is like choosing a setlist for a festival. I’d love doing a headline show where you go deeper into your catalogue and you play songs that the more hardcore fans would appreciate. But for a Best of it’s not, it’s more like a headline set at a festival. You know where you’re playing the songs that have the widest appeal to people. The bangers that get people going. There’s not a song on there that I want people to be sitting down for. I want them to be up and dancing!
LFB: I was a little disappointed because Can’t Stop Feeling is one of my favourite song…
AK: Ahh, we were very close to put that one on there. This may be something that will be coming in the future, we’ll see.
LFB: Was it a way to offer an artefact of these 20 years on vinyl and CDs for the fans?
AK: It does feel like that. And with the artwork as well. It was the first time we really had an opportunity to collect and go through some of our archives and pull together… there’s a lot of photographs in there that we’ve never put into the public before. You know there’s one photo that particularly strikes me as it’s the first photograph that was ever taken of us as a band. And we look like children (laughs). It’s incredible.
LFB: I have a question about the cover of Hits to the Head. To me it’s like a tribute to the bands’ early efforts. How did you conceive it and what does it say about your career?
AK: So yeah. The Russian constructivist movement was a big influence on me, both visually, and in a wider aesthetic sense right at the beginning of the band and through the band’s career. I guess what I liked about it is the boldness, the directness of it, the limited palette… These were all things that I brought into the music as well, you know, don’t have unnecessary details. They’re gone with that kind of artwork.
And even though it’s reminiscent of the earliest albums, it kind of had echoes later on. It’s always been there in the band’s DNA. I wanted you to look at the cover and say “yep, that’s a Franz Ferdinand record”.
And for the title… The title is like a shortened version of what I really think a hit should do. I think it should hit you in the head. It should engage you almost like a smack on the back of the head. Like “Oh! What was that?” but engage your brain. But it should also be “hits to the head, hits to the heart and hits to the feet” because it should move you. You should feel it and should feel it in your feet, you know what it does, you want to dance to it, you want to move to it.
LFB: Like a set at a festival…
AK: Yes exactly. Yeah.
LFB: Do you think this kind of Best of can open you to new listeners?
AK: You know, it’s true. I think it does because it was quite a shock when I realised that the first album came out 18 years ago. That’s a long time ago. So if you are 18 now you were born the year the album came out! (laughs)
So yes, there are people who were not there to enjoy it first time around so maybe this will introduce it. I know for me, a lot of my favourite music was introduced to me by my parents’ best ofs. Like I loved, still love, David Bowie. And how did I get to know David Bowie? It was through Changes.
LFB: Yes, me too!
AK: Yeah, my mother’s Changes record. Yeah.
LFB: It’s fun because when your album came out I was like 17 years old. And you have always been in my life. You’re like a friend that I had never met!
AK: Aww!! Well, it’s good to finally meet you!
LFB: Listening to that is kind of a reminder of what you do. And it’s really cool. And to me Franz Ferdinand has never stopped evolving, with always a special and unique sound, but always with a twist. I was wondering how do you see Franz Ferdinand’s sound?
AK: It’s true, isn’t it? Because we definitely went on some adventures over the last 18 years and explored some different places… Like you know if I think of songs like Stand on the Horizon, how different it sounds from a song like Michael. Which again, sounds very different from Always Ascending which sounds different from No You Girls which sounds different from This Fire… To me they’re very different sounding songs, and this is the thing that I’m happy about.
When I was putting the record together and listening to them all together, every song sounds like a Franz Ferdinand song. And yet, I don’t know what makes that. You just know when you hear it, you know what I mean? It’s like you know when you hear a Bowie song it’s him, or the Beatles and it’s them…
Part of it is the voice obviously. You know, no matter how I sing, it’s always going to sound like me. But I think there are other things as well, like the subject matter of the songs, the kind of chord progressions that I tend to use and maybe some of the rhythmic elements… There are certain ingredients which are your personal… It’s like recognising somebody’s personality. You know that sense of humour, you know the things… It’s like, if you have a good friend, you will know that they’re going to like a certain film because you know that personality. I think it’s like that with a band.
LFB: When I listen to your songs, like when I listen to Jacqueline or Take Me Out it takes be back to the past and I was wondering, what kind of memories you have when you replay them?
AK: Yeah, it’s funny because when I did master the record and put it all together I was obviously listening to all the songs and there were a lot of memories that were coming back, you know, a lot of memories. It was the first time I listened to them really. I tend to record the songs and not listen back to the recordings.
I remember writing them, I remember being in the studio. It’s funny. Well, Jacqueline isn’t on that record, but when I listen to Jacqueline now, when I talk about Jaqueline I remember being in the room in my flat writing it. I also remember Jacqueline herself. Jacqueline is a real person. She’s a friend of mine, and I remember her telling me the story that the song is about.
So many of these songs, they’re very personal to me. They’re about real people in my life and real events in my life. It’s a little bit like a family album, like a photograph album that you flick through and you see your life behind you.
LFB: I was a very big fan of the Blood album.
AK: Yes, yeah.That’s one of my favourites as well. I love the sound of this record is so good.
LFB: For me, it was like a strange and epic appendage of Tonight. Is it something you’d like to do again?
AK: It is, you know, I really would! I loved working with Dan. Dan Carey is a cool guy. That was my favourite bit of making that record. I felt that point was when we were at our wildest. Blood was a very free record.
And it’s funny because I think people were quite surprised by the Tonight record, because it sounded so different from the previous two records, but part of me wishes we just put out Blood instead because that would have really surprised people, that would have been a cool thing to do.
LFB: There are two new tracks in the Best of. And I was wondering what clues do they give to the future of Franz Ferdinand?
AK: You know, I feel those songs are where I was when we were doing the compilation. Because I love the idea that the compilation goes right from the very beginning. Darts of Pleasure, the first thing we ever released, right up to the very last thing we’d written at that point. We literally mastered Curious then sent the record off to the plant. We mixed it, mastered it… It wasn’t so much a clue to the future but rather a clue to where we were right then.
LFB: So it’s the end of an era…
AK: I think it’s an end of an era, but I also feel that those songs capture two different sides of the band as well. Like Billy Goodbye is like the Do You Want? end of the band. Like it’s the real stomp and glam rock side of the band. Whereas Curious is more slinky sort of a dance and with what I call the obtuse guitars, like the kind of go off. So yeah, who knows?
There are definitely some new elements in the songs that people won’t have heard before, which I feel it’s easier to explore now that we have done this. Like you said, it’s time for a new era and maybe time for some new ideas too.
LFB: If you had to choose three tracks from Franz Ferdinand, which ones would they be and why? If someone never heard of you and you had to present the band to them…
AK: So there’s different things. If there are three songs that I would say this is what Franz Ferdinand are, or three songs for me personally, they’re two different sets of three. So I’m going to do both if that’s ok.
Okay, so three songs to introduce the band. I would choose Curious because it’s the last thing we did. I would choose… I’d have to choose Take Me Out because it’s such a universal song and so many people know the band because of it. And I think I would choose something else that’s maybe… You know, I think I would choose Jacqueline actually partly because we were just talking about it, but I feel that Jacqueline has something lyrically which shows that there’s a deeper side to the lyrical side of the band, which Jacqueline is a clue to, which maybe those other two don’t go quite as deeply into.
The songs for me personally, I think they’d be different. And it’s not the big rockers. It’s not the big bangers. It’s probably Fade Together of the second record. I just love that song. We’ve never played it live as well. It’s funny. It’s maybe almost too precious for me to play it live. Katherine Kiss Me of the third record. Again, I really really love this one. And a song that was never on an album and it wasn’t even an A side which is a song called L Wells or Lindsey Wells, which I think was B-side. I wrote it in Australia about my friend Lindsay back in Glasgow. I was just remembering her and yeah, there’s something pretty special about that song and it’s got a lot of good memories attached to it.
LFB: I have a weird question...
AK: Yeah, I love a weird question!
LFB: Looking back 20 years of Franz Ferdinand, do you think that hitting success in your 30s was kind of an asset, a way to evolve while remaining grounded in reality?
AK: I think it was a great, did you say asset? Yeah. It was good for me to hit it in the 30s. There was only one negative side to it, I’ll come to that in a moment. The best thing about it was I didn’t go as crazy as I know I would have been if I’d been in my late teens. I would have just probably destroyed myself really quick. I mean, I know what I was like in my late teens and my early 20s and I know how wild I was and if I’d had that success at that time, I would probably have killed myself (laughs). I’m serious! I would have just done everything and everyone.
The negative side about it was that the guy that was doing our press when the band started off he said to us “You’re not good to get a cover of the NME because you’re over 30. So I will tell them that you’re 27”. And it was so embarrassing doing interviews. “So you’re 27…” and we were like “hum”, kind of “Look at the weather!”(laughs). I found that really, really embarrassing. But it didn’t last for too long. People found out very quickly and I was much happier when people knew about what my actual age was.
LFB: This Best Of is coming with a big tour. Are you excited to get back on stage?
AK: Oh my god! so much so! So much so! It’s funny, the COVID lockdown really made me appreciate how much I took it for granted being able to do it. I think we all had that with so many elements of our lives. But we did our first proper gig back when we played a little show in Dunfermline. And as I was walking towards the stage, I was just savouring every step towards the stage just really enjoying it and just kind of, not just enjoying it, just feeling it and feeling present in the room and say “I’m never gonna take that for granted again”. Yeah, I can’t wait to get back on the stage.
LFB: You’ve always had special relationship with France and with French audience. What do you think of the country and what makes French audience special?
AK: Well it’s (in French) “l’Entente Cordiale non?”. Scotland and France have always had this good relationship. Usually based about being the enemies of England (laughs). But that’s not true, my mother’s English so I’m not being totally sincere there.
We played La Boule Noire back in 2003. It was before we’d released any albums or anything like that. It was before we played the Paradiso or anything like that. It was a very, very special moment. I feel because we went over so early on, we had this connection right from the beginning. And yeah, that’s really, really big. I think France got the band before a lot of other places did and I think because of that, it’s meant a lot to us as well. It’s like a fondness you have for your first romantic love you know, it feels a little bit like that.
And I also feel in France, there’s a different perception of music from other countries. I noticed this in French chanson, there is such an emphasis placed upon the lyric. The Lyric is important. Whereas in Western pop culture, it’s not. The lyric is often purely phonetic. It’s just what sounds good. Starting with Little Richard it’s “Beh bah, beloubah, bah, bam boom”, you know, it’s just noises in the music. I like that occasionally in music, but the lyrics have always been important for me. Like the song doesn’t work without the lyric. It has got to be in there. I think that’s what I like about France and maybe what France gets about us.
And also the audiences like to go wild. People like to party here and we’re the kind of band that has that sort of energy. And so maybe that makes sense as well. There’s two sides to it.
LFB: I have two final questions. First is what’s next for Franz Ferdinand and what are you « cooking » for the future of the band?
AK: It’s funny you say that because when we get together to make music, we do it in my house in Scotland, I literally cook for the band. I can tell you what everybody likes to eat. The favourite is when I make curry because I used to work in an Indian restaurant and stuff, so I can cook up pretty good curry! Half the band is vegan now so Indian food is very good to cook vegan.
Also, I have a garden and I grow vegetables and my favourite thing to do is just pull whatever vegetables are in the garden out and make something on the scratch.
And what are the plans Franz Ferdinand? Well, obviously we have the touring. I’m looking forward to coming back and playing this and it’s going to be great. I was saying that last night as I was singing with Clara (Luciani) and that’s a good room. Good and interesting memories from that room (laughs).
But also new songs… a few have been recorded already and I’m writing all the time…
LFB: And the final question: Do you have some recent favourites to share with us, like artists or bands?
AK: Yeah, sure. Well, I mean, one band I have to mention is a band that I produced. That’s a band called Los Bitchos. This band are great. And I strongly urge people to go and see them live because it’s a real experience. It’s funny, we were talking about the importance of the lyric and they’re an instrumental band (laughs). But they really don’t need lyrics, the music really speaks for them. They’ve got a good attitude, but be ready to drink a lot of tequila. That’s all I’d say!
LFB: Thank you.
AK: Thank you. That was real pleasure. It was very nice.