On avait laissé le groupe lyonnais Gloria en 2021 avec Sabbat Matters, pour lequel la thématique s’articulait brillamment autour des sorcières. Le “girl group” est de retour avec leur troisième album, sobrement intitulé III dans lequel s’émancipent leurs influences rock des années 60/70. Leur créativité se propage ici à travers la mythologie antique, point de départ et socle de cet album. III sortira donc officiellement le 4 avril via Howlin’ Banana et Wita Rds et on avait hâte de vous en dire plus !

Qui se cache derrière Gloria ? Trois musiciennes de talent opèrent au sein de ce projet installé dans cette belle scène lyonnaise qu’on affectionne particulièrement. Il s’agit de Wendy Martinez, Amy Winterbotham et Marie-Louise Bourgeois. Elles s’accompagnent de Kid Victrola, guitariste/producteur.
Trinité.
La référence empreinte de sobriété au chiffre 3 ne représente pas un élément anodin. 3 pour les 3 consœurs du groupe, 3 pour l’image acoustique renvoyant à la ville de Troie et enfin 3 pour ce troisième opus.
Même le visuel de III incarne cette trinité par sa forme. On y retrouve peintures et autres éléments liés et illustrant la mythologie. Il est une sorte de rune ou de blason qui vient sceller une identité et une singularité hors pair.
La nymphe Écho.
Côté musique, on retrouve Écho à la tête de l’album, que Gloria avait dévoilé le 4 mars dernier et qu’on avait chroniqué ici. Écho se pare d’une première référence à la Grèce Antique avec ce nom éponyme qui correspond à une nymphe condamnée à devoir répéter ce qu’elle entend sans jamais pouvoir s’exprimer. Gloria lui redonne sa voix à travers ce titre et c’est un bel hommage !
Écho est un hymne libérateur saupoudré d’un caractère lancinant et coloré. Solaire, il transporte en douceur (mais tout en rock) vers la galaxie unique de Gloria.
Harmonie.
Éleusis se classe en seconde place et s’est accompagné d’un clip sublime dont on a pu parler là. Ce morceau est le premier single dévoilé et a réveillé notre côté mystique, ici à La Face B. Les voix à l’unisson ou en chœur déploient toute leur grâce tandis qu’on s’envole vers des sonorités parfois orientales, parfois à la limite du sacrée.
Il n’y a pas de doute. Dès le deuxième morceau, on sait déjà que Gloria est une aventure qui se vit à plusieurs. C’est viscéral, on le ressent. Une communion évidente émane de leurs compositions, une joie sincère également.
Joie et allégresse.
Dans la lignée de cette allégresse ambiante, Dioscuroi s’élève dans un nuage de délicatesse et d’harmonies. L’amour pour le vintage englobe ce titre et nous noie dans un océan floral où tous nos sens sont en éveil.
À sa suite, Styx s’installe et façonne une atmosphère chaleureuse et émouvante. On pourrait s’installer autour d’un feu et partager ce moment délicat avec des êtres chers. Gloria a cette facilité à nourrir le cœur ! C’est une grande force dont seul le groupe connaît le secret.
À l’opposé, Sirein se pare de sonorités plus denses. Sirein ensorcelle et l’éclat du chant des trois musiciennes enveloppe, hypnotise et sidère. S’ensuit, un solo de guitare sorti du bagage temporel de Gloria. Puis, les effets occupent l’espace. La fuzz, massive, soutient le côté abyssal et plaisant du morceau.

Pause onirique.
Artemis est sûrement la réalisation la plus groovy de III. Comme dans un songe, Gloria nous embarque dans une pause onirique sublimée par les voix enchanteresses des trois musiciennes. On apprécie beaucoup ce morceau, somme toute assez lunaire.
Terpsichore constitue un appel à se réunir autour de la musique qui ne peut qu’apporter de la lumière dans nos vies. Avec une cadence particulière, Gloria invite à suivre ses pas pour mieux danser et communier ensemble.
Cependant, Athéna n’est pas de cet avis. Ce morceau résonne avec plus de gravité et un rock plus prégnant. Pourtant, il y a toujours cette impression que l’innocence perdure malgré un ton plus sérieux.
Innocence.
En parlant d’innocence, c’est via Harpocrate I qu’elle s’exprime pleinement. Excellente composition de Gloria qui intègre comme souvent pleinement les années 70 à sa palette sonore. Un refrain entêtant vient s’ancrer pour ne plus jamais nous lâcher. Les sonorités s’étirent et s’envolent. Une énergie dense enveloppe le tout. Une des préférences sur III.

Odyssée.
Harpocrate II vient naturellement faire suite à la phase 1. Il est aussi le titre qui vient achever l’odyssée de III et clôturer la trilogie. Trilogie qui, comme celle du samedi soir, nous balade entre mélancolie et fièvre stone dans une sorte de gospel rock érigé là comme une évidence. C’est sublime et met du baume au coeur ! Merci Gloria !
III ressemble à un recueil de récits fantastiques. Cet album est un puits d’inspiration dont la joie et l’allégresse s’ancrent profondément à son écoute. Gloria voyage dans le temps en remettant au goût du jour la mythologie, se faisant l’architecte de sa propre histoire. Le groupe est dense comme l’est l’histoire d’ailleurs. C’est avec cette profondeur que Gloria aborde ses compositions auxquelles sont greffés les couleurs les plus vives et le mysticisme le plus total.
Encore une belle réussite pour ce groupe lyonnais ! Vous reprendrez bien un petit soupçon de bonheur ?