Qui dit crise sanitaire dit adaptation pour le monde de la musique. Vous connaissez la rengaine, vous avez vu défilé les streaming de live toute l’année, en lieu et place des concerts traditionnels. Gogo Penguin a suivi également cette voie mais en poussant l’idée un peu plus loin. Leur live a été capté aux légendaires studios d’Abbey Road et a également été diffusé sur les plateformes de diffusion habituelles, sobrement intitulé Live From Studio 2.
Mais que fallait-il donc attendre de ce live si particulier ? Le trio Britannique a l’habitude d’impressionner pour ses performances scéniques. Non pas dans la mise en scène, mais purement et simplement dans le niveau technique et la complicité entre ses musiciens. Gogo Penguin fait partie des références sur la scène Jazz actuelle, grâce à sa capacité à ré-inventer le genre en y incorporant des aspects plus mélodiques qu’auparavant et en le rendant plus accessible (il suffit d’écouter Hopopono, présent sur v2.0 pour s’en convaincre), peut-être même plus pop.
En lieu et place d’une tournée internationale faisant suite à la sortie de leur cinquième album, la formation nous propose donc 7 titres qui n’étaient à l’origine pas prévus pour être mis en ligne sur les plateformes en ligne, mais ils ont changé d’avis à ce sujet et on et les en remercie. Composé majoritairement de morceaux issus de ce dernier album, hormis 2 extraits des précédentes productions et une composition originale (Petit_a), l’ensemble résonne de la puissance habituelle du groupe, magnifié par la captation dans un lieu mythique des musiques actuelles.
Autant, on avait l’habitude de ressentir le côté aérien et délicat des productions des Mancuniens, autant cette fois, on trouve autre chose. À la délicatesse habituelle s’ajoute une brutalité par moment, une intensité que l’on ressent notamment sur Protest mais également sur les autres titres. Cela donne un côté très rock aux morceaux, bien lien des standards plutôt feutrés du Jazz. Comme une forme de lâcher prise de la part du trio, pour atteindre un paroxysme de puissance. On appréciera également Atomised et sa mélodie de piano qui résonne à l’infini qu’on pourrait confondre avec un arpeggio mais qui est bel et bien joué de bout en bout. Et puis les rendez-vous rythmiques de la fin du morceau, qui étaient déjà sublimes sur la version studio et qui sont encore plus impressionnantes (on aimerait d’ailleurs pouvoir connaître le nombre d’heures de travail et de répétition nécessaires pour obtenir la précision affichée).
Si vous n’aviez jamais eu l’occasion d’écouter la formation ou de la voir en live, cette proposition est l’occasion parfaite de vous pencher sur le sujet et de vous rendre compte du cadeau que sont les trois Anglais. On espère en tout cas pouvoir les revoir sur scène au plus vite.