Marguerite dévoile Grandir, un premier EP intime

Avec Grandir, Marguerite signe un premier EP façonné par la sincérité et l’introspection. Un voyage pop et littéraire où s’entremêlent construction de soi, liberté et vulnérabilité assumée.

Ce premier projet de six titres retrace différentes périodes de la vie : le passage de l’enfance à l’adolescence, puis de l’adolescence à l’âge adulte. Nourrie par la littérature et par des figures emblématiques de la pop comme Lily Allen ou Billie Eilish, la jeune femme signe un récit d’une grande sincérité. Le nom de cet EP n’est pas anodin : il fait écho à une phrase d’Aldebert, « Grandir, c’est fabriquer des premières fois », qui résonne particulièrement avec le nouveau quotidien de Marguerite.

Un surnom d’enfance qui ouvre le bal

Crédit : Marina Germain

La Fée ouvre l’EP de Marguerite, mais surtout la porte d’entrée vers son monde. Ce titre, qui correspond au surnom donné par ses parents durant son enfance, est en réalité la première chanson qu’elle a écrite et composée en studio. La Fée est construite comme un conte en chapitres, une grande fierté pour Marguerite, qui déconstruit ainsi « l’étiquette magique » de l’enfance à travers ce récit de vie. Marguerite a fait le choix de plonger dans ses souvenirs en structurant le morceau pour rendre compte de son parcours : de l’enfance à l’adolescence, puis au présent et à la femme qu’elle est devenue.

Mais La Fée va au-delà de la nostalgie ; le titre explore aussi le poids des attentes sociales imposées aux jeunes femmes, telles que la discrétion et la sagesse, des injonctions que l’artiste déplore et souhaite déconstruire. Produite par Iliona, cette chanson est bien plus qu’un premier single : un véritable manifeste, un appel à l’émancipation.

La maison : quand partir, c’est construire

Dans La Maison, Marguerite aborde un moment charnière de sa vie : celui où elle a quitté le domicile familial pour créer son propre espace. Ce départ s’est révélé plus complexe qu’espéré. Marguerite y raconte « le cafard, les dysfonctionnements, les silences », mais toujours avec des sonorités joyeuses et espiègles qui marquent une résilience forte. Plus qu’une simple histoire de déménagement, le morceau interroge la notion de se sentir chez soi.

Quand l’intime devient universel

Les filles, les meufs, tiré de ses carnets intimes, aborde la bisexualité avec un refrain entraînant : « Moi je préfère les filles, les femmes, les meufs / J’me sens mieux dans ma vie, depuis que j’ai dit / Que j’aime les filles aussi ». Marguerite, dernière d’une fratrie de trois garçons, partage ici une partie intime de son identité, une quête pour trouver sa place entre féminité et masculinité. Ce titre, sorti en avril 2025 comme premier single, a dépassé le cadre personnel pour devenir un hymne générationnel. Grâce à ce morceau, de nombreuses jeunes filles ont osé faire leur coming out musical sur TikTok, transformant la plateforme en un espace de libération collective.

Entre désir et solitude…

Crédit : Marina Germain

Dans Snipeuse, Marguerite braque son regard sur l’obsession de connexion qui la hante. Entre les murs d’un bar, elle collectionne les numéros sur de petits papiers, prête à « Scan, check, inspecte / Flamme, reste, flag red », ces termes forgent un langage propre qui traduit la rapidité et la superficialité des rencontres. Derrière cette figure de « snipeuse », rare au féminin, se cache une puissance insoupçonnée, une liberté que Marguerite revendique face à la grisaille du désir. Pourtant, cette apparente assurance cache aussi un malaise : « J’tombe amoureuse à chaque jolie gueule / Mon corps s’emballe au moindre clin d’œil / Pourquoi j’veux jamais rentrer toute seule ? ». Le titre allie beats délicats et tension électrique, soulignant le paradoxe entre l’urgence du désir et la peur de la solitude, une vulnérabilité assumée sans fard.

S’évader malgré la turbulence

Les avions cristallise la rupture amoureuse avec une imagerie aérienne saisissante. Marguerite y transpose la douleur de l’absence en turbulences émotionnelles, évoquant l’impression de « voler sans destination » et la difficulté de poser son cœur après un départ brutal. Le morceau interroge aussi la notion d’un amour fonctionnel, parfois nécessaire mais fragile, avec des couplets bruts contrastant avec un refrain vertigineux. La production aérienne, entre nappes synthétiques légères et percussion discrète, souligne cette sensation d’apesanteur où chaque note semble flotter au-dessus du vide. Fidèle à son style, elle mêle métaphores poétiques et mélancolie contenue.

Parce qu’on peut gagner sans être premier

Première dauphine déploie une réflexion sur la place de l’outsider, celle qui regarde la victoire de loin sans jamais croire y accéder. Marguerite transforme ce sentiment d’infériorité en une force d’empathie : la « deuxième place » devient le terreau d’une solidarité sincère envers les autres, un éloge de la « loose » valorisé en mantra. Sur un tempo mid-tempo doux, agrémenté de guitares claires et de nappes électroniques discrètes, elle joue sur le contraste entre mélodie lumineuse et propos mélancolique. La production épurée met en avant son phrasé clair et son timbre chaud, privilégiant l’émotion. L’artiste propose une vision bienveillante : accepter de ne pas toujours être « la gagnante », c’est aussi apprendre à célébrer les victoires d’autrui, une posture humble et libératrice.

Au fil de ses six chansons, Marguerite nous entraîne dans un voyage initiatique, de l’introspection la plus personnelle à l’élan solidaire le plus vibrant. Elle questionne l’émancipation, le sentiment d’appartenance, l’identité et la bienveillance, toujours portée par une écriture sincère et une voix à la fois sensible et déterminée. Ce premier EP est la preuve qu’après la Star Academy, Marguerite n’a pas seulement grandi : elle nous convie à grandir à ses côtés.

Vous pouvez suivre les aventures de Marguerite sur Instagram.

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