2020, a vu émergé les sonorités drill dans le rap, certains se les sont appropriés avec plus ou moins de succès quand d’autres s’en sont servit pour y apporter leurs touches et leurs univers. De la deuxième équipe, le bruxellois a proposé 140 BPM, un EP de trois titres gravitant autour d’une atmosphère travaillé par l’artiste et son équipe.
La drill n’aura laissé personne indifférent ces derniers temps, si elle est devenue une nouvelle bible pour certains, elle en énerve d’autres. Comme avec chaque style musical, le meilleur moyen pour surfer sur les tendances du moment est de se les approprier pour les faire coller à l’univers que l’artiste veut dégager. Par le passé, Hamza a déjà pu montrer sa faculté d’adaptation à différentes sonorités, avec même un préambule à ce projet avec 140BPM premier du nom. Si ce dernier montrait l’envie du bruxellois de proposer une drill différente, la recette a pris le temps de mûrir et ce deuxième opus ancre encore plus l’univers proposé par le SauceGod.
Pour faire rentre un maximum de monde dans son projet, une esthétique autour de sa sortie a été mise en place par le belge et son équipe. La direction artistique de 140 BPM 2 a été particulièrement travaillé et cela se ressent également sur la musique. La brochette de beatmakers présents n’étonnera pas les fans du H : Ponko, Bellagio ou encore Hamza lui-même ont contribué à la cohérence du projet qui même s’il est ancré dans une seule couleur musicale arrive à faire passer divers émotions. Cette équipe entoure l’artiste depuis ces débuts et à force de travailler ensemble, il n’est pas déroutant de les voir produire des instrumentales taillées sur-mesure pour lui. Une architecture en béton armée qui permettra au bruxellois de jouer avec sa large palette de flows toujours plus étonnant.
Une cohérence bien complétée par des connexions sagement choisies avec Zed, l’anglais Headie One, Kaaris ainsi que Gazo et Guy2bezbar qui signe avec Spaghetti le banger du projet. La présence du britannique n’est pas anodine non plus et confirme l’envie qu’à Hamza de défoncer les barrières et d’exporter sa musique à l’étranger. De plus, l’alchimie entre les deux est réelle et Don’t Tell est une connexion multilingues intéressantes.
L’esthétique se retrouve également dans le seul et unique visuel sorti pour le moment, Réel où le bruxellois est accompagné par Zed. Dans ce clip, les codes de la drill sont respectés mais élevé à un stade différent. Le côté sombre est présent avec un visuel en noir et blanc et la violence n’est non pas représentée par des gangs comme à l’habitude mais carrément par une armée, synonyme de la grandeur qu’Hamza veut apporter à son équipe. De plus, le voir travaillé ces visuels avec un tel soucis du détail confirme qu’il porte également un intérêt à ce qui entoure sa musique qui est non négligeable.
Au niveau des thématiques, Hamza n’étonne pas, il livre un égo-trip qui lui colle à la peau depuis ses débuts et qui fait aussi sa patte. Un peu plus étonnant, le bruxellois se livre sur quelques morceaux. Loin d’être dans l’introspection la plus intime, le public en apprendra quand même un peu plus sur le rappeur. Fake Friends raconte, par exemple, les côtés plus négatifs de la célébrité qu’il est en train de vivre. Ce qui lui a valu des trahisons qui visiblement nourrissent son écriture et se retrouvent à plusieurs moments dans le projet. Si l’écriture n’a jamais été son fort, il arrive à la rendre dérisoire avec un travail toujours plus acharné sur les flows et sa manière de les placer.
L’univers est cohérent et bien exécuté, il reflette la qualité qu’Hamza délivre depuis quelques années. Certains espèrent le voir dire au revoir à la drill avec ce projet et retourner dans les vibes qu’ils proposaient à l’époque. Et le dernier titre du projet, Gang Activity semble aller dans ce sens avec une musicalité proche de ce qu’il avait pu proposer sur le projet Paradise notamment. Le bruxellois a plus d’un tour dans son sac, et il ne serait pas étonnant de le voir transférer son univers dans une autre ambiance musicale.
Même si proposer un projet entièrement axé sur la drill pouvait paraitre lourd et qu’il était légitime d’attendre un peu plus de diversité de la part d’Hamza, il a réussi à emmené un bon nombre d’auditeurs dans l’esthétique 140 BPM 2 et cela grâce à une direction artistique bien travaillée par lui et l’équipe qui le suit depuis ces débuts.