Hoorsees : « Si on voulait changer le monde, on ferait autre chose que de la musique. »

On peut parler de coup de cœur. On le sentait déjà par leur musique et leur clip, cela s’est vérifié lors de l’interview. Les membres de Hoorsees sont humbles, honnêtes et tout simplement humains. Une rencontre rafraichissante que l’on espère se traduire à l’identique à la lecture de cet échange. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé avec Alexin (chant, guitare), Thomas (chant, guitare), Zoé (chant, basse) et Nicolas (batteur) pour discuter autour de leur premier album qui sort aujourd’hui.

La Face B : Bonjour ! Bonne année et meilleurs vœux pour cette année ! Comment allez-vous ?

Zoé : Ça va !

Nicolas : Pas trop en vrai mais on va faire comme si ça allait !

(Rires)

LFB : Pour commencer, comment est né Hoorsees ?

Alex : C’est venu d’un side à la base que j’ai réalisé dans ma chambre. J’avais un groupe de punk auparavant qui se nommait Dr. Chan puis j’ai eu envie de faire des trucs plus mélodiques qui se restaient à l’état de démos. Zoé puis Fernando des Bad Pelicans et Tessa des Edgar Deception ont complété ce projet pour des répétitions et des concerts. Au fil du temps, les choses ont évolué jusqu’à ce que Thomas et Nicolas arrivent et qu’on y bosse ensemble plus sérieusement.

LFB : Vous vous connaissez donc depuis peu de temps…

Alex : Avec Zoé, on se connait depuis pas mal de temps, Thomas et Nico, ça doit faire deux ans ?

Thomas : Effectivement, on s’est rencontré à partir de sphères différentes et dans des jams à Paris. À la base, je suis un très bon pote de Fernando et de Lucas des Bad Pelicans que je connais depuis la fac. Ils m’ont amené à la scène rock indé. Un jour, Fernando m’a proposé de le remplacer dans Horsees car il ne pouvait pas continuer. Il m’a mis en contact avec Alex pour mettre en marche le switch. Plus tard, on avait besoin d’un batteur. J’ai donc proposé Nicolas car il est ouvert à l’esthétique de ce type de projet

LFB : Et comment est né Hoorsees, l’album ?

Alex : Il y a eu l’EP Major League Of Pain avant sur lequel on a fait nos armes pour la première fois à quatre. Puis j’ai composé de nombreux titres et qu’on a joué à nos débuts. On a pris le temps d’enregistrer ensemble avec la collaboration de Florentin Convert qui s’est beaucoup impliqué dans le projet, quasiment comme un cinquième membre. On a mis six à sept mois à l’enregistrer à travers différentes sessions afin d’obtenir un truc cohérent car il y avait à la base beaucoup de chansons.

Thomas : La plupart des morceaux ont été aussi bien rodés en tournée. On les a presque tous déjà joué au moins une fois en live, sauf peut-être un.

LFB : Lequel ?

Zoé : C’est un morceau caché sur l’album, comme dans les années 2000 ! (Rires)

LFB : C’est le titre final qui dure presque huit minutes ?

Zoé : C’est bien lui !

Alex : On a plein d’autres morceaux qui sont en cours. On a volontairement bridé. On voulait que l’ensemble marque l’empreinte d’un premier disque, quitte à cela soit simple et répétitif.

LFB : Dans l’album, le titre Major League a-t-il un lien l’EP précédent ?

Alex : C’est une chanson que j’avais fait à l’époque de l’EP et que j’avais enregistré tout seul. Ma copine m’en a parlé : « Ah, c’est marrant que cette chanson-là ne soit pas dans l’album ! ». Mais c’est parce que je l’avais oublié, en fait. Du coup, je l’ai retrouvé dans mes fichiers démos et tous ensemble, on l’a amélioré.

LFB : Quand on vous écoute, notamment sur votre single Overdry, le rock paraît si cool, simple et rafraîchissant… c’est quoi votre secret ?

Thomas : Notre ingé son, Florentin, a apporté un vrai plus à la prod’.

Alex : C’est quelqu’un qui, au-delà du travail, avec qui on traîne. Il nous connaît bien, on écoute beaucoup de choses en commun donc c’est très pratique de travailler avec lui.

Après, généralement, je fais une démo chez moi que je renvoie aux membres du groupe et chacun refait une partie avec leurs ajustements. Pour ce côté rafraichissant, ce n’est pas une réelle volonté !

LFB : C’est peut-être dû à une volonté de sonner 90 voire 2000 ?

Zoé : Nos influences le sont en tout cas.

Alex : La musique actuelle est souvent référencée à une certaine époque. Pour moi, nous ne faisons pas quelque chose de revival du tout mais ces années-là sont clairement des références à des groupes que j’aime bien.

LFB : On a justement certaines caractéristiques aussi des sons des années 2000 comme cette guitare jouée façon mandoline qui nous rappelle Arcade Fire, Interpol, …

Zoé : Ce n’est pas la première fois qu’on nous parle d’Interpol.

Alex : On nous parle de nombreux groupes que je ne connais pas très bien à la base comme Interpol. On m’a dit que c’était comme les Strokes mais en triste. (Rires) On nous a aussi comparé à The Pains of Being Pure At Heart, groupe que l’on aime bien. D’ailleurs, on s’est rendu compte qu’on avait signé sur le même label qu’eux, ce qui nous a fait plaisir.

LFB : Il y a aussi un peu de Yuck…

Alex : Je ne suis pas un grand fan mais j’aime la superposition entre voix masculine et voix féminine réalisé dans un style « pop naïve ».

LFB : On retrouve un peu de ça dans votre dernier clip Get Tired, simple, naïf mais aussi triste. Le chien a l’air plus heureux que toi d’ailleurs !

Nicolas : Ça, c’est une certitude !

(Rires)

LFB : Dans ce titre, qu’entendais-tu par « No brain, no gain, sounds good to me » ?

Alex : C’est de l’ironie car c’est un peu l’inverse de ce que je suis. J’avais un livre de …

Zoé : De Tony Robbins ?

(Rires)

Alex : Ouais, un livre de développement personnel et de musculation que j’ai trouvé dans ma collocation. Je m’en sers pour caler mes enceintes de mastering au bon niveau. Finalement je me suis rendu compte que le livre était toujours très proche de moi alors que qu’il ne correspond pas trop à mes idées. Alors je me dis peut-être qu’il est temps de se mettre à la page, no pain no gain !

LFB : Vous n’êtes pas un groupe revendicatif…

Zoé : Non, pas spécialement. Il n’y a pas de messages particuliers dans nos titres

Alex : Je ne revendique rien du tout !

Nicolas : A travers ses textes, Alex parle de choses assez intimes qui justifient l’utilisation de l’anglais, c’est pour cela que c’est plus dur pour lui de chanter en français au-delà qu’il préfère les sonorités anglaises.

Alex : Si on voulait changer le monde, on ferait autre chose que de la musique.

LFB : C’est un peu notre ressenti de cet album. Une musique pour se retrouver soi-même quand on est dans son lit, dans le métro pour faire rejaillir nos trips émotionnels…

Zoé : On fait peut-être de la musique de méditation !

(Rires)

Alex : Zoé me disait au disait au début que c’était bien pour passer l’aspirateur.

(Rires)

Zoé : Ce n’est pas vrai, je n’ai jamais dit ça ! On aime bien ce qu’on fait, Alex est très ironique.

LFB : C’est de la pudeur ?

Alex : Oui et non. On ne va pas se prendre pour ce que l’on n’est pas : on a que 1500 followers sur Facebook, 200 auditeurs sur Spotify, on ne va pas clamer des trucs de fous. Ça fait bizarre de se prendre au sérieux même quand vous nous posez des questions car on a l’impression d’être dans la lose tous les jours. Que des personnes puissent s’intéresser à ce que l’on fait, c’est un sentiment étrange pour nous. Mais tant mieux ! On ressent donc un peu de la gêne et de la pudeur.

LFB : Quel est le titre de l’album dont vous êtes le plus fier dans sa réalisation ?

Alex : L’album contient des titres composés il y a longtemps ! On a enregistré de nombreux titres depuis. A l’heure actuelle, je suis plutôt fier des choses qu’on réalise maintenant car une chose en remplace toujours une autre.

LFB : Il y a un titre phare sur l’album ?

Alex: J’ai essayé qu’il n’y ait pas de titres phares sur l’album car le problème du titre phare c’est qu’il rend le reste nul. (Rires) C’est dommage d’être un groupe qui a fait un album où on finit par trier les titres. J’espère juste qu’ils se valent tous à peu près.

Thomas : D’ailleurs, on a viré quelques titres…

Alex: Pas forcément parce qu’ils étaient de mauvaise qualité mais ils ne matchaient pas forcément avec le reste de l’album.

Nicolas : Après, on peut se demande pourquoi avoir sorti Overdry en premier.

Alex : Parce que c’est peut-être facile à écouter et il représente bien le reste de l’album.

Zoé : Overdry marque une certaine évolution avec l’EP qui était surement plus triste et moins entrainant.

Alex : Voilà, Overdry est peut-être celui que je préfère parce que je ne suis pas trop fan d’avoir quelque chose de manichéen. C’est peut-être pour cela que j’aime autant Pavement car ce n’est ni triste n joyeux mais juste ambivalent. Il y a toujours deux lectures, deux interprétations que l’on peut avoir des titres. Même si le refrain de Overdry peut paraître ensoleillé, on n’y croit pas trop car c’est chanté de façon fracasse.

LFB : A ce sujet, quel est votre rapport d’affinité avec le Soleil Levant, ce fameux diner dansant dans le 14ème, visible dans le clip de Overdry mais aussi de Get Tired ?

Alexin : C’est une grande histoire d’amour ! Étant résident du quatorzième arrondissement depuis longtemps…

Nicolas : Et tu fais parti de l’association de défense du quatorzième (Rires)

Alexin : Voilà ! Comme beaucoup le savent, ce n’est pas le feu là-bas ! (Rires) Les habitants du quatorzième ont des lieux de sorties vraiment particuliers. Je me retrouve donc à errer dans des endroits particuliers. Une fois, je trainais au PMU du coin avec des amis. Il était fermé et on était fracassés. Le gérant du PMU nous a indiqué qu’il y avait un club au bout de la rue. Du coup, on s’y est rendu et mes yeux ont scintillé. Ce fut comme une révélation !  Il fallait absolument immortaliser ce moment et ce lieu.

L’endroit est un dîner dansant avec des repas aux chandelles, remplis de gens et une ambiance de zouk. Il y avait même un nain qui enflammait la piste ! Comme quoi, il y a des endroits qui sortent de nul part et qui existent dans le quatorzième ! Du pur David Lynch !

Zoé : Avec une très belle fresque devant en plus !

Alexin : La devanture est incroyable, l’intérieur est incroyable !

LFB : Petite question « à la Laurent Delahousse » : la scène vous manque-t-elle ?

(Rires)

Zoé : Non, ça va ! (Rires) Evidemment, ça nous manque beaucoup. On a d’ailleurs tourné une session au Supersonic la semaine dernière et même si nous étions devant dix personnes, ça nous a fait plaisir de retourner sur une vraie scène.

Thomas : Et de monter un peu le son !

Zoé : Oui et surtout, on ne sait pas quand on va pouvoir exactement reprendre. C’est frustrant pour tout le monde.

LFB : Et comment gérez-vous cette frustration ? Alcool, drogue ?

Zoé : En buvant, oui ! (Rires) Non mais on buvait un peu déjà avant donc je ne sais pas si ça a changé beaucoup. Quoique on a deux membres raisonnables ici !

Nicolas : Sinon, on essaie de se voir très régulièrement déjà !

Alexin : Et on a enregistré un album aussi !

Nicolas : Alex est assez actif.

Alexin : On l’est un peu tous ! Au premier confinement, j’ai composé un deuxième album assez vite. Enfin deux ! Mais le premier, je l’ai jeté à la poubelle car il était nul.

Thomas : Ah non, il était trop bien ! C’est con d’ailleurs. Ce n’était pas pour Hoorsees mais j’avais adoré ce que tu avais proposé ! J’espère que tu ne l’as pas vraiment jeté !

Alexin : Euh…Bref ! (Rires) Du coup, on en a fait un deuxième, on s’est débrouillé pour répéter intensément pour l’enregistrer dans la foulée cet été. De ce fait, on est déjà pas mal avancé et on pourra mettre un autre album à la poubelle dans un an ! (Rires)

Zoé : On continue aussi à répéter pour avoir le set entre les doigts même si on sait que notre release party risque d’être annulée ou reportée.

Alexin : C’est un peu difficile à gérer. On n’est plus tout jeune non plus, peut-être à part Thomas. On a signé sur des labels cools, on a un tourneur désormais, des trucs que je n’avais jamais eu avec les groupes d’avant. On espérait se professionnaliser un peu et arrêter de galérer à vivre de ça. Et finalement, tout est repoussé.

LFB : Avant le confinement, vous étiez lancés dans une petite série de concerts outre-Atlantique, plus précisément à New-York. Comment cela s’est-il passé ?

Zoé : C’était bizarre car les gens se confinaient déjà un peu d’eux-mêmes à cette époque. La ville était déserte mais l’expérience fut cool. On a pu visiter New York sans la foule ! Malheureusement, les salles de concerts n’étaient pas très remplies non plus. Ça nous a permis tout de même de rencontrer le dirigeant de notre label aux Etats-Unis.

Thomas : Et obtenir sa confiance !

LFB : Vous avez eu la chance de jouer dans des salles où des grands groupes ont pu émerger comme le Bowery Ballroom où ont joué les Strokes, Black Keys, Rd Hot Chili Peppers, etc…

Alexin : Justement, j’avais une session la semaine dernière avec Quentin de Pop Crimes et en discutant ensemble, on s’est rendu compte qu’il y a à Paris un milieu où tout le monde se connait car on fréquente souvent les mêmes endroits. De la même manière, à New York, on a pu constater que pour eux, c’était banal de rencontrer de grands artistes parce qu’ils se connaissent tous aussi.

J’ai pu voir aussi des groupes nuls qui venaient des Etats-Unis donc ça mystifie le fait de jouer là-bas et nous donne moins de pression. Parce qu’avant d’y aller, je me disais qu’on allait passer pour des cons et qu’ils vont voir que j’ai un accent à couper au couteau. Finalement, ils ont pensé qu’on était américains ce qui nous a donné une impression de crédibilité. Ça a renforcé mon égo surdimensionné. (Rires)

Au final, l’expérience fut très agréable et j’espère que l’on y retournera ! On y allait avec les Marble Arch. Une belle rencontre, on a même pu signer avec le même tourneur qu’eux. On sera peut-être amené à jouer ensemble.

* (ndlr) Sur le label de Hoorsees, on retrouve notamment Grizzly Bear

LFB : Et comment avez-vous réussi à signer dans un label américain (Karine Records) ?

Zoé : Je l’avais contacté avant même que l’on sorte le premier EP. Il a adoré ce que l’on faisait mais il ne pouvait pas nous faire signer avant de nous avoir vu en live. Il organise un festival et m’a proposé de le recontacter afin de nous aider à entrer dans la programmation. On a gardé contact et a fini par nous inviter à son festival à New York.

Alexin : On lui avait envoyé l’album avant car il était déjà prêt.

Zoé : Non, non, on lui a envoyé après le festival ! Il est venu de lui-même nous voir parce qu’il y avait beaucoup de groupes qui venaient lui parler. Nous, on était moins dans le « rentre dedans ». Et quand il a pu écouter l’album qu’on lui a envoyé par mail, il a été ok direct !

LFB : Et vous réussissez à garder contact avec lui depuis ce jour ?

Alexin : On s’envoie des mails quasi tous les jours. Ils sont supers en termes de suivi. En ce qui concerne notre autre label Holwin Banana Records, on lui a dit qu’on avait un label américain chaud pour le sortir et qu’on cherchait un label européen qui puisse s’occuper uniquement du marché européen. On a aussi recontacté InSilico qui avait déjà sorti notre EP. En plus, le fait qu’il s’agisse d’une co-production permet de limiter les frais pour tout le monde.

Nicolas : C’est essentiellement grâce à Zoé qu’aujourd’hui nous sommes sur ces labels et qu’on a un tourneur. Elle nous a énormément poussé à aller aux Etats-Unis alors qu’on était un peu réfractaires car il y avait un facteur de risque financier avec des retombées incertaines.

Zoé : Je les ai un peu forcés oui !

Alexin : Et moi j’ai peur de l’avion en plus !

Nicolas : Je lui suis vraiment reconnaissant qu’on a pu jouer là-bas. On a kiffé avec la signature chez Karine Record*s à la clé. Elle nous apporte beaucoup de crédibilité en France auprès de certains labels et tourneurs. Cette tournée aux Etats-Unis nous a donc bien aidé !

LFB : Cette tournée a été un peu votre locomotive…

Zoé : Ça a surtout permis à démêler et d’accélérer pas mal de choses à un moment où on galérait un petit peu.

Alexin : Donc si un groupe galère, il suffit de jouer quelques dates à New York ! (Rires)

LFB : Et vous n’avez jamais encore joué en Angleterre ?

Alexin : Avec mon ancien groupe Dr. Chan, si, on a eu quelques dates car on avait signé sur un label anglais. Mais ce n’était pas la même chose, c’était plus baston, un esprit plus punk.

LFB : Ce n’est pas forcément évident d’être un jeune groupe de rock en France ?

Zoé : Ça dépend parce que la scène est assez ouverte dans le sens où on a eu la possibilité de faire pas mal de concerts, de tournées…

Alexin : Mais cela ne s’est pas fait en un jour. Le fait d’avoir chacun eu un groupe avant nous a permis de déblayer le terrain pour lancer notre projet. On savait comment ça allait se passer alors que lors des premières fois, on était un peu perdus. On devait même limite payer pour jouer. Rien n’est simple. Mais une fois que tu as rencontré tous les gens de la scène, c’est mieux. En fait, il faut aimer boire le soir tard, ne pas avoir trop de travail pour pouvoir rencontrer des gens. Tu n’envoies pas de mails, il faut se faire des relations.

LFB : Avez-vous pu sentir une différence entre l’industrie musicale française et américaine ?

Alexin : Je pense que tout est une question d’échelle. Le label américain sur lequel on a signé contient des groupes comme Grizzly Bear ou Surfer Blood donc il est habitué à avoir des groupes assez costauds. Ils sont des passionnés qui ont du temps pour suivre les groupes. Après ça reste le même état d’esprit que l’industrie musicale française : celle d’entraide et de scène.

Zoé : Ils sont peut-être plus à l’écoute là-bas grâce à notre style de musique. Après c’est relatif, le marché est aussi plus grand.

Alexin : Je sais par exemple qu’en Angleterre, jouer d’un instrument est quasi de l’ordre du patrimoine. Ils aiment les choses un peu plus « couillus ». De notre côté, on n’a pas eu de retour outre-Manche. On verra. Il y a pourtant plein de groupes shoegaze qui viennent de là-bas. Cependant, en France, on est bien.

LFB :  Tu dis shoegaze parce que vous pensez sonner shoegaze ?

Zoé : Pas tant… même si on nous a déjà dit ça.

Alexin : Je ne sais pas trop. Je pense que dans le songwriting shoegaze, l’important c’est vraiment l’exploration d’une ambiance et d’un univers sonore. Quand j’écris, je n’ai pas l’impression de viser cela, d’autant plus qu’on ne pourrait pas le faire car on n’a pas le matériel pour. Mais il y a des éléments qui se retrouvent car il y a beaucoup de ce type de groupe à deux voix, féminines et masculines, qui créent une vraie ambiance. Peut-être est-ce une inspiration ?

LFB :  Zoé, tu penses pouvoir chanter seule sur un des titres ?

Zoé : Les morceaux sont écrits par Alex donc je me vois mal m’approprier ses textes.

Alexin : Quand j’ai la flemme en répétition, je lui dis : « Allez, chante celui-là ! ». Dans l’absolu et techniquement, tu chantes plus juste que moi.

Thomas : Tu as un joli timbre de voix.

LFB : Nous aussi, on préfère sa voix !

(Rires)

Alexin : Ce qui est fou, c’est qu’en théorie, Zoé a appris la musique sur le tard, elle est véritablement autodidacte. Nous, on est censé avoir enseigné en conservatoire et être des profs légitimes mais il est arrivé plein de fois pendant des sessions d’enregistrement qu’elle nous mette la branlée totale. Elle arrive, rentre toutes ses prises en une fois et joue à la Swtich pendant que nous continuions encore à galérer !

LFB : Deux petites questions pour finir ! Pour se remonter le moral, qu’écoutent les membres de Hoorsees ? Si vous aimez bien retrouver le sourire !

Zoé : Alex, c’est Daniel Balavoine du coup !

Alexin : Oui, j’aime bien Daniel Balavoine ! Je trouve ça assez punchy. Sinon, un Johnny Halliday année 1998, live au Stade de France. Je précise que Thomas a déjà fait la première partie de Johnny.

Thomas : Avec justement Florentin Convert, notre ingé son !

Alexin : On avait aussi deux chansons à l’époque avec Zoé, Trouble et Violent de Grapetooth qu’on aimait écouter avant de partir en soirée.

Zoé : Oui, moi c’est Grapetooth !

Nicolas : Je n’écoute pas généralement de la musique pour me remonter le moral. Je fais de la batterie, ça me fait du bien. Le seul truc auquel je me raccroche. (Rires) Sinon, quand on était en tournée, Zoé mettait une chanson qui me faisait chaud au cœur et qui me fait encore marrer.

Zoé : Daouda !

Alexin : Ça s’appelle La Femme de Mon Patron ! Une chanson « Metoo3000 » des années 1970. Il est particulier Daouada. Il fait face à des problèmes qui lui font se poser plein de questions. Il semble de ne pas savoir choisir entre son patron et la femme de son patron. C’est rempli de clichés pendant cinq minutes.

Thomas : J’écoute plutôt de la musique vénère de la scène californienne nouveau jazz comme Louis Cole qui est une sorte de batteur un peu fou, songwriter, multi-instrumentiste. J’écoute aussi un bassiste, Thundercat, qui a un nouvel album assez barré. De la même scène, il y a aussi Jacob Mann, moins connu, qui joue dans Jacob Mann Big Band. Il y a des arrangements ambitieux et intéressants. Ça permet de passer très rapidement les travers de la vie !

Nicolas : Ce qui est marrant, c’est que j’écoute les mêmes groupes que Thomas mais pas pour les mêmes raisons.

Alexin : Après tu as Think Head de Th Da Freak, tu as beau l’écouté pour la trente-sixième fois, ça fait toujours autant de bien de l’entendre !

Thomas : C’est vrai ! On pourrait aussi dire Tell Your Secrets To The Strangers de Th Da Freak ! Et j’ai aussi découvert il y a peu Ice Cream de Tapeworms qui fait parti des morceaux qui donnent un peu le pep’s !

LFB : Et pour finir, quel est votre morceau guilty-pleasure que vous adorez écouter ?

Alexin : Ah mais je l’ai dit avant du coup !

Zoé : Moi, ça serait peut-être un morceau des One Direction. (Rires) Je détestais ce groupe jusqu’au jour où j’ai rencontré deux personnes qui les adoraient et qui les passaient tout le temps en soirée. Et j’ai fini par aimer, sans être trop fière !

Nicolas : De mon côté, je ne sais pas. Mais dès que ça me revient, je vous le dirai !

Thomas : J’en ai un que j’ai retrouvé dans ma playlist et que j’ai liké très récemment : J’irai au bout de mes rêves de Jean-Jacques Goldman (Rires). Ma mère déteste donc impossible de passer ce titre en famille. C’est mon guilty-pleasure !

Alexin : Moi, y’a peu de choses qui j’ai honte ! J’assume beaucoup ce que j’écoute. Comme le morceau d’Alicia Keys qui fait (il chante) : Some people lallala**. En fait, en tant que prof de guitare, il y a beaucoup de ce type de titres que tu finis par aimer. Comme Billie Eilish !

Nicolas : Ah si ! Ça me revient ! Wejdene ! Parce que cette artiste a trouvé un son qu’elle développera à l’identique toute le long de sa carrière. Du point de vue marketing, je trouve ça génial !

LFB : On voue remercie pour cet échange fort sympathique !

Alexin : Merci à vous d’avoir pris de votre temps pour nous !

Crédit Photos : Céline Non

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