Ils le disent eux mêmes, les Howlin’ Jaws sont de sacrés ovnis sur la scène française (et internationale). Amateurs de rockabilly depuis leurs 16 ans, ils perfectionnent leur technique de coiffure à la gomina et se lancent dans les tournées partout dans le monde. 10 ans de live plus tard, ils sortent leur tout premier album Strange Effect, une bombe vintage qui donne envie de ressortir les leggings en cuir. On a pu rencontrer un groupe ultra sympathique autours de quelques bières histoire de parler sandwiches, pantalons moulants et dents jaunes.
LFB: Salut les Howlin’ Jaws ! Comment allez-vous ?
Howlin’ Jaws : Génial et toi !
LFB : Super, merci ! Première interview avec La Face B alors on va revenir aux origines du groupe un petit peu ! Comment vous êtes-vous tous rencontré ?
Djivan : A trois ans dans le bac à sable ! La Maison des Enfants pour être exact, une maternelle au milieu de plein de théâtres où allaient tous les fils de comédiens.
Lucas : Un truc un peu style Montsouris quoi !
Djivan : Montessori non ? (rires)
Lucas : Oh ça va, je traine trop dans les parcs. (rires)
Djivan : Un truc à la Dolto où les gamins faisaient ce qu’ils voulaient et remuent la terre (rires) Puis on a rencontré Baptiste dans un collège catho en sixième. On était tous les trois les seuls en Doc martens et jeans troués. Du coup on a voulu faire un groupe !
LFB : Ce n’est pas banal de débuter un groupe de rock n’roll à 15 ans ! D’où vous est venu cette passion ?
Djivan : Je sais pas trop en vrai, sans doute une partie par nos parents ! Chez moi il y avait beaucoup de musique mais pas forcément du rockabilly, c’était plutôt ACDC. On a commencé avec plutôt du punk puis un jour on est tombés sur Johnny Burnette et on a commencé à kiffer la gomina et les blousons en cuir. On s’est lancé à fond dans le rockabilly vers 16-17 ans !
LFB : Vous étiez pas un peu des ovnis ?
Howlin’ Jaws : OH QUE OUI.
Baptiste : On était un peu les seuls comme ça dans notre lycée, les cheveux gominés, ils savaient pas trop quoi faire de nous. Mais c’était marrant !
Djivan : Il y avait tout de même pas mal de groupes de punk ou de surf à Paris avec lesquels on arrivaient à bien évoluer.
LFB : Que signifie votre nom ?
Baptiste : Alors les Machoires volantes déjà. On a pensé à ça à cause de Howlin’ Wolf, le bluesman américain. On trouvait le nom beaucoup trop stylé mais on pouvait pas prendre le même pour des raisons évidentes. On est donc restés sur la thématique machoires. (rires)
Lucas : Le but c’était que ce soit imprononçable pour les gens qui ne parlent pas anglais. (rires)
Djivan : C’est ça le vrai cahier des charges !
Baptiste : Mais tu peux nous appeler les Rolling Stones si jamais c’est plus simple. (rires)
LFB : C’est parfait pour la scène francophone ça ! Quelles sont vos plus grandes inspirations musicales, en dehors bien sûr du rockabilly ?
Lucas: Les Beatles déjà
Djivan : En ce moment on écoute en effet beaucoup de rock pop anglaise des années 60-70 ou même actuels. Mais c’est vrai qu’on aime bien les belles mélodies comme les anglais savent bien faire.
Baptiste : Oui comme les Kinks ou les trucs comme Temples aujourd’hui. On écoute aussi des groupes comme Status quo.
Lucas : Enfin leurs débuts. (rires)
Djivan : Du coup la parfaite balance entre le blues américain un peu à la Black Keys et la pop anglaise !
Baptiste : Le grand écart transatlantique… Avec les couilles dans l’océan Atlantique. (rires)
Djivan : Ouais on fait un peu du rock Islandais. (rires)
LFB : Vous avez tourné 10 ans avant de sortir un album. Il y a eu un premier EP, mais tout de même. Premièrement, pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
Djivan : On l’a enregistré il y a un petit moment déjà, avant le covid ! Mais c’est vrai qu’on a pas mal attendu. Le live était notre préoccupation première et nous a fait beaucoup kiffer ! C’est venu assez tard qu’on s’intéresse à l’univers du studio. Là on avait vraiment envie de s’y frotter.
Lucas : Et puis on a bien fait d’attendre ! Un premier album, t’en a qu’un déjà. Et on a pu le faire dans de supers conditions, avec le temps et on est fières du travail.
Baptiste : On est supers contents d’avoir travaillé avec Liam Watson. On ne le connaissait pas personnellement mais Elephant des White Stripes, quel album ! C’était un putain de plaisir de bosser avec lui.
LFB : Comment l’avez-vous rencontré exactement ?
Djivan : C’est un pote qui l’avait ramené dans le public dans notre concert à Londres. A l’époque c’était un vrai cave men, grosse barbe et cheveux longs.
Baptiste : On se disait plutôt entre nous « surveille le matos » (rires).
Djivan : En fait il était trop cool, nos managers avaient déjà bossé avec lui, tout pointait vers lui on a absolument pas hésité. Il a une superbe façon de bosser les morceaux. Il appuie pas que sur REC. (rires) On a squatté la vie de potes de potes qui nous ont hébergé pendant 15 jours sans savoir que ça allait être aussi long. (rires) Un immense manoir à 5 min du studio, absolument parfait.
Baptiste : C’était vraiment cool d’être à Londres en immersion totale pendant deux semaines.
LFB : Comment cette longue expérience de la scène a forgé cet album ?
Djivan : Alors déjà on s’est vraiment détaché de la scène. Je me posais pas trop la question quand je trouvais des lignes de basse si c’était forcément reproduisable sur scène. J’arrivais pas forcément à chanter en les jouant au début. On voulait vraiment faire un bon album qui existait pour ce qu’il était ! Et on trouverait une solution après..
Baptiste : En play back par exemple. (rires)
Djivan : On a trouvé un mec qui s’appelle Joe Blossap car on voulait absolument des claviers, orgues etc. Du coup ces arrangements sur piano, on aurait pas pu le faire nous-même.
Lucas : Parce qu’on sait pas jouer. (rires)
Baptiste : On se connaît vachement bien à force de jouer ensemble, alors on a commencé à enregistré la guitare basse batterie en live. Le corps du groupe c’est de jouer ensemble.
Lucas : D’ailleurs il y a deux morceaux, Dust et The Seed qui se répondent et qui ont été enregistré dans la même prise, en très très grosse gueule de bois. C’était très chouette.
Baptiste : Heureusement Liam Watson était sorti avec nous et était aussi en gueule de bois. Pas de jugement comme ça. (rires)
Djivan : C’est là où l’on s’est rendu compte qu’on jouait mieux en gueule de bois.
LFB : Et là ça devient dangereux.
Baptiste : On remet toute notre vie en question. (rires)
LFB : T’inquiètes pas, vous croyez seulement que vous jouiez mieux.
Djivan : Nan, il y a une trace. (rires)
LFB : Si vous deviez décrire cet album en trois mots, qu’est-ce que ce serait ?
Howlin’ Jaws : Waoooo.
Djivan : Tea
Baptiste : Cup of tea. Trois mots.
Lucas: Sable. Il y a un côté granuleux, audio vintage…
Baptiste : Alcool ?
Lucas : Super, on va passer pour quoi.
Djivan : ça va j’ai dit thé.
Lucas : Non mais il y a le sandwich aussi !!! (il fait un mouvement de fumette). Lahmacun !!
Howlin’ Jaws : Oh oui !!! C’est trop bon ça !!
Djivan: De supers pizzas turques !!
LFB : Je pensais vraiment à autre chose là…
Lucas : Ah oui !! (rires) Non pour le coup on s’est nourris de thé et de pizzas. Le premier soir Liam nous demande ce qu’on veut manger, il nous sort « Il y a un super Lahmacun dans le coin ! »
Baptiste : Eu déjà parle nous bien. (rires)
Lucas : En plus il disent Sandwiches avec un accent terrible. J’avais rien compris à ce qu’on allait manger.
LFB : Bon ba du coup de la bouffe, du thé et du sable. Tasty. Quelle est la chanson dont vous êtes les plus fières ?
Djivan: Love Makes The World Go Round. C’est la chanson où Liam a fait le plus de modifications. C’était deux chansons auparavant. Il les a mise dans le mixeur et c’est celle qu’on a le plus bossé en studio.
Lucas : On a trouvé le titre après avoir fait les arrangements. On voulait une espèce de maxime générale un peu joyeuse alors que c’est l’histoire très triste d’un couple qui se quitte. On avait toujours pas de refrains, on l’a trouvé en buvant des coups assis autour d’une table.
LFB : Encore l’alcool.
Lucas : Va falloir qu’on arrête les gars. (Rires) A chaque fois en interview on parle alcool, on est encore pas mal 5 6 ans et ensuite on aura les dents qui tombent.
Baptiste : On va finir en hare krishna. (rires)
LFB : Les chansons d’amour et les femmes occupent je pense plus de 90% de l’album pour pas dire 100%, des comptes à régler ?
Djivan : Ouais 100% (rires) Mais non absolument pas, au contraire !
Lucas : Il y a une volonté de faire des chansons qui parlent que d’amour, au moins sur cet album-là. C’est le truc le plus universel que tu peux faire. On voulait pas parler de choses prosaïques, mais parler du thème le plus grand. Ça permet aussi de dire des choses dans une chanson que tu ne ferais pas dans la vie, c’est cathartique. T’es énervé contre ta copine, tu fais une chanson de rupture et ça va mieux après. (rires)
Djivan : C’est une thérapie pour les confrères de psychologie magazine. (rires)
Baptiste : Un réalisateur a un jour dit : « le meilleur thème pour un film c’est un homme, une femme, ils s’aiment, ils se quittent. »
LFB : C’est les lèvres de qui dans le clip de Love Makes the world Go round ?
Howlin’ Jaws : Hahaaaaaa ! A ton avis?
LFB: Des lèvres de mec, ça c’est sûr.
Djivan : C’est les dents de travers ça… (rires) Chacun chante sa partie en effet ! Celui qui bave c’est Baptiste !
Baptiste : Oui ba c’est vrai qu’elles sont assez reconnaissables les miennes, j’ai une dent qui passe devant l’autre. Qui a les dents les plus jaunes par contre ?
LFB : Que pensez-vous de l’avenir du rock n’roll dans le monde ?
Baptiste : C’est nous. (rires) Les modes partent et reviennent alors on y croit.
Lucas : En fait on s’en préoccupe pas trop, tu nous disais tout à l’heure qu’on devait être des ovnis gamins, c’est vrai, mais on a toujours fait des choses qui nous plaisaient. Alors si le rock a de l’avenir je sais pas. Si il y a des gens partout qui veulent en faire, peut être que ça reviendra !
Djivan : Dans toutes les villes on a réussi à trouver notre public, de nos âges, plus jeunes et plus vieux.
Baptiste : On est même partis au Japon comme ça, sur des messages facebook ! C’est pas un des plus gros style de musique, mais c’est hyper familiale, on trouve toujours des gens pour nous héberger. Il y a des histoires incroyables. Il y a un truc hyper brut d’honnêteté qui parlera toujours.
Djivan : ça fait depuis le début des années 70 qu’on dit que le rock n roll va mourir, et en fait toujours pas.
Baptiste : Tant qu’il y aura des adolescents il y aura du rock. La fête !!!!
Djivan : Et des gens qui resteront de grands ados !
LFB : Auriez vous à un moment l’envie d’explorer d’autres styles musicaux ?
Baptiste : Carrément oui ! On a eu la chance de faire la musique pour la pièce de théâtre Electre des bas-fonds, une réécriture d’une tragédie grecque. On a du piocher dans d’autres styles, musique indienne, musique de films, d’autres instruments… Et ça nous a beaucoup plu !
Djivan : On a fait cette pièce juste après avoir enregistré l’album. Du coup Dust ouvre la pièce, on part de l’intro pour aller vers des choses plus vaporeuses … Pendant la création de la pièce on devait improviser très très rapidement, alors on a aussi beaucoup pioché dans nos anciens titres. On a eu accès à une collection d’instruments merveilleuse et on a pu s’éclater. Des claviers, le célesta… Une sorte de xylophone, un piano qui tape sur des lames en métal. Un effet boite à musique très enfantin, pour parler viol et meurtre c’est idéal. (rires)
Lucas : D’ailleurs on tourne dans toute la France !
LFB : Vous auriez des découvertes musicales à nous faire partager ?
Djivan : Athur Satan, j’ai trouvé ça mortel ! Très grandiloquent, un peu Beatles.
Lucas : Texas Gentleman, des requins de studio qui accompagnent beaucoup des artistes de blues. Et Komodor !!! Des copains, du rock seventies un peu glam, ils ont des pantalons tellement serrés quoi, échancrés en bas, des poils au torse tout ce qui faut !! Ils retournent les trans musicales et on leur souhaite tout le bonheur du monde.
Howlin’ Jaws : Oh nooooooon !! (ils comment a chanter Tout le bonheur du monde.)
Djivan : Je te déteste.
LFB : Que peut on vous souhaiter pour la suite ?
Howlin’ Jaws : Tout le bonheur du mooooooonde (ils chantent encore)
Djivan : Qu’on tourne, qu’on ait beaucoup d’argent, qu’on puisse s’acheter des maisons à Paris. On a très hâte de défendre l’album en live, on est train de l’adapter et on a mis du punch sur certains morceaux !
LFB : Merci les gars !