I remember something : l’élégante poésie folk de Claire days

Elégance et exigence : deux mots qui siéent parfaitement au sublime opus de Claire days, I remember something. L’album est un recueil de 11 morceaux poétiques aux sonorités folk teintées de rock, dans lesquels l’artiste aborde avec subtilité les différentes étapes du deuil d’une relation amoureuse.

Après un premier album en anglais et un EP en français, Claire days a fait le choix de réunir les deux langues sur ce nouvel album, même si l’anglais prédomine avec 8 morceaux écrits dans la langue de Shakespeare sur les 11 que compte I remember something. « Selon l’émotion que j’ai quand je me retrouve à écrire, l’une ou l’autre langue va venir plus naturellement […] C’est surtout l’anglais qui me vient, et de temps en temps, par effraction, du français ».

Un album d’une très grande qualité littéraire, qui peut se lire autant que s’écouter. Introspectif, il est construit comme un carnet de voyage au plus profond des émotions de Claire days. L’amour bien sûr, l’espoir, mais aussi le doute, le désenchantement, la tristesse, la douleur, la haine puis l’apaisement et la résilience.

La musique cinématographique de Claire days

On voyage dans les émotions, les impressions et les souvenirs de Claire days. La Lyonnaise excelle dans l’art de planter le décor. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser porter par les morceaux pour que la magie opère. La couleur des arrangements, la précision des textes et la sensibilité de sa voix créent des ambiances et des images mentales. On ressent les émotions et on s’invite dans les souvenirs de l’artiste grâce à son talent, combiné à celui de Fink, pour créer une musique très cinématographique.

Une mélancolie douce-amère

On entre délicatement dans ce nouvel opus avec Help you, un morceau folk mélancolique dans lequel Claire days s’interroge sur sa relation amoureuse. « Help you, how can i help you ? », les toutes premières paroles débutent à la manière d’un appel téléphonique reçu par une Claire days transformée en opératrice bienveillante de l’association des cœurs perdus. Un démarrage qui en dit long sur la relation à sens unique dépeinte par Claire days. La douceur des arrangements, avec une guitare classique accompagnée de quelques touches de piano légèrement jazzy évoquant Norah Jones, d’un soupçon de batterie et de cordes élégantes, vient renforcer l’idée de cet amour enveloppant.

Ce premier morceau donne le ton de l’album, mélancolique, mais pas sombre pour autant. Claire days a trouvé le bon équilibre en réussissant à contrebalancer des textes pour la plupart tristes ou chargés émotionnellement avec une musique plus lumineuse et /ou nerveuse.

Une folk aux accents rock

Résolument folk avec une prédominance de guitare classique, l’album de Claire days explore néanmoins des sonorités plus larges, démontrant toute la richesse de la palette de l’artiste, qui compose au gré de ses émotions et de ses influences.

Le morceau le plus folk et le plus épuré de l’album est sans conteste Have i always been this way. Un magnifique guitare-voix dans lequel Claire days prend de la hauteur et fait le point sur sa vie, ses doutes. Une poésie chantée avec justesse et émotion qui touchera en plein cœur les amoureux de la langue de Shakespeare.

On retrouve cette épure dans la langue de Molière cette fois, avec On a fait la paix. Claire days y parle de son rapport à l’absence, de retrouvailles et du flot d’émotions qu’on peut ressentir.

D’autres morceaux de I remember something introduisent des sonorités rock, chères à Claire days, tels que l’excellent Archeology. Un titre qui évoque les souvenirs furtifs d’une relation passée. A moins qu’il ne s’agisse de visions ? Ces images qu’on rêve si fort qu’on pense les voir, et qui se mélangent au ciment de notre mémoire.

Le goût et l’audace de l’expérimentation

Dans l’interview que Claire days nous a fait le plaisir de nous accorder, elle confiait avoir « choisi la musique pour qu’il n’y ait pas de limite à la création ». Ce goût de l’expérimentation s’exprime par exemple dans Her name means story, le morceau de plus enlevé de l’album. Claire days y parle de la posture d’artiste et de son paradoxe. Alors qu’elle aime par-dessus tout faire de la musique dans l’intimité de son appartement, le métier d’artiste implique le partage de ses morceaux introspectifs à un public d’inconnus et de sortir de devenir une personnalité publique. Si vous tendez bien l’oreille, vous pourrez peut-être entendre… le bruit de sa machine à laver !

Flower-Flower est un autre exemple des expériences créatives de Claire days. Ce morceau, son préféré d’ailleurs, n’aurait pas dû figurer sur l’album car il n’existait tout simplement pas au moment de l’enregistrement en studio. Il exprime le spleen de la solitude qu’elle a éprouvé seule chez elle, au retour d’une semaine intense de création collective autour de l’album. Enregistré simplement en guitare-voix, Claire days a ensuite expérimenté l’ajout d’un clavier « qui ressemble un peu à un orgue, en tout cas qui fait un son très profond et un peu solennel ». Elle a également modifié l’enveloppe du son de sa voix et du clavier, créant ainsi « une espèce de monstruosité ou d’étrangeté. » En résulte un morceau totalement atypique, sorte d’ovni au milieu de l’album.

Des touches de métal

Claire days nourrit la volonté de s’affranchir des contraintes et de repousser toujours plus loin les limites de la création. Autre exemple dans l’album : le morceau Mauvais voyage. Claire days raconte le bad trip qu’elle a vécu et parle d’angoisse et de détresse émotionnelle. L’occasion de prendre de la hauteur sur sa vie « J’aime bien ma vie comme elle est, tout est pénible et parfait, tout est painfull but i would’nt change a thing ». Un crescendo vient augmenter la tension du morceau avec un final frontal déchirant qui nous prend aux tripes. Les cris screamés de Claire days, empreintés à l’univers métal qu’elle affectionne, expriment des sentiments à la fois douloureux et libérateurs.

Les mots pour dépasser les maux

Après les cris déchirants, Claire days apparaît plus apaisée dans From 1 to 10. Elle semble avoir franchi une étape dans son process de rupture, et débute le deuil de sa relation. Over for me conclue en beauté et fort logiquement l’album. This is over for me, now i know that nothing lasts : ces dernières paroles de l’album mettent un point final à l’histoire, sans haine ni rancœur. Tout en douceur mais avec douleur.

Avec I remember something, Claire days livre une œuvre musicale délicate, subtile, audacieuse, exigeante et élégante. Un gros coup de cœur qu’on ne peut que vous inciter à écouter et partager ! Et si vous voulez la voir en concert, prenez vos billets pour la release party de Claire days, le 28 mai 2025 dans la salle parisienne du Hasard ludique. Nous, on y sera !

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