Les punks de l’amour IDLES sont revenus ce 12 novembre avec Crawler, un album puissant dans son développement et son message. Un album qui marque un véritable tournant pour le groupe. Plus intimiste que jamais, nous avons pu nous entretenir avec le lead singer Joe Talbot, confiné derrière son écran. En effet, le COVID frappa le groupe et les empêcha de jouer lors du Deezer festival le jour précédent. L’occasion tout de même de découvrir la sensibilité et le passé de Joe, décidé de se livrer comme jamais à travers son album. On discute de leur ambition de devenir le meilleur groupe live au monde, addictions et anarchisme.
ENGLISH VERSION BELLOW
FB : Salut Joe ! Comment vas tu ?
Joe : Bien. Et toi?
LFB : ça va merci. Vous êtes un peu maudits avec les concerts. Après plus d’un an sans shows, l’impossibilité de défendre votre dernier album Ultra Mono en tournée, vous avez dû annuler votre concert avec Deezer à Paris car certains d’entre vous ont contracté le covid.
Joe : Ouais, je n’ai pas contracté le COVID, mais Jon oui…
LFB : J’espère que vous allez tous bien…
Joe : Ouais. Il va bien… Il a seulement COVID ! Il est doublement vacciné. Il ne va pas mourir parce qu’il a été intelligent.
LFB : Vous avez donc deux albums à présenter au public. Comment imagines-tu tes concerts avec toutes ces nouvelles chansons ?
Joe : Je pense qu’on va faire un set plus long, 1h45 ou deux heures. Notre but, c’est devenir le meilleur groupe live du monde. Et je pense qu’on y arrivera avec création d’un arc narratif, grâce à nos chansons et nos paroles, qui poussent et tirent le public dans différentes directions. Plus tu as de la variété, de la dynamique, des chansons portées par différentes formes de violence, mieux c’est. Je pense que c’est cool de commencer un nouveau chapitre ou une toute nouvelle histoire. Maintenant, c’est le premier chapitre. Et oui, je suis excité. J’ai hâte de jouer Crawler en live. Les chansons d’Ultra mono ont été magnifiquement reçues. Nous sommes au top de ce nous avons jamais été en concert. J’ai hâte d’y retourner.
LFB : J’ai hâte de voir ça. Parlons donc de Crawler et commençons par la pochette. Je suis très curieuse au sujet de cet astronaute. Il semble tellement perdu dans cette réalité. Que vouliez-vous exprimer ?
Joe : Ce n’est pas un astronaute ! C’est moi en costume folklorique. J’ai trouvé un livre de ce photographe français Charles Fréger. Tout le livre parle de costumes de cérémonie, tous européens. Il en a également fait un sur ceux du Japon, un en Afrique ou un en Amérique du Sud. Son travail consiste à célébrer chaque costume de cérémonie. Je voulais faire mon propre costume de cérémonie qui soit représentatif de ma guérison, d’un traumatisme et d’une dépendance. Comme une sorte d’allégorie pour le Crawler de l’album. J’ai utilisé une armure, car une grande partie de mon rétablissement était dû au fait que j’ai appris à me protéger. C’est aussi l’histoire d’une sorte d’automutilation et le fait d’infliger de la douleur aux autres. Nous pouvons tous être un « crawler », nous pouvons tous nous relever lorsque l’on est à genoux, à n’importe quel moment de notre vie. Il est important de percevoir le « crawler » comme quelqu’un qui n’est pas inférieur à vous. C’est juste quelqu’un qui travaille dur pour sortir d’un événement douloureux. C’est le sujet de tout l’album : une célébration du rétablissement. C’est ce qu’est le costume. Le bâtiment est une maison moderniste. C’est l’allégorie du modernisme, comme on le faisait pour le brutalisme. L’architecture moderniste est belle dans sa simplicité. Elle a été construite avec l’idée de créer un espace évolutif qui soit le meilleur pour la personne qui y habite, afin d’avoir une vie confortable et adaptée. J’ai pensé que c’était une belle allégorie de ce qu’était notre époque pendant la pandémie et de ce qu’est l’album. Une maison qui permet d’échouer et d’avancer dans la réflexion.
LFB : La grande fenêtre semble nous permettre de donner un aperçu de ton intimité.
Joe : Oui, définitivement. Je veux dire, la métaphore est répandue. Mais cela nous permet aussi d’être réflexif et de regarder vers l’extérieur, sur le monde. Voyez où vous êtes et soyez reconnaissant pour ce que vous avez. Donc, permettre aux gens de voir nos douleurs et d’être vulnérables, définitivement.
LFB : On voit un vrai décalage entre Ultra mono et Crawler. Le son est plus expérimental, l’instrumental est moins nerveux, et plus important que tout, tu sembles plus en colère contre toi-même que la société. Que s’est-il passé?
Joe : La pandémie est arrivée… J’ai été sobre pendant deux ans, je suis devenu père. Et j’ai commencé à faire de l’exercice, de la boxe, du cyclisme. Mais je ne suis pas du tout en colère contre moi-même. Crawler se situe autour de la période de ma vie où j’ai appris à me pardonner et à pardonner aux autres pendant les 20 dernières années de ma vie, à comprendre les traumatismes comme des vignettes de progression. Parce que je suis sorti de là, j’ai survécu et je suis devenu ce que je suis aujourd’hui. J’en suis très chanceux et très reconnaissant.
LFB : J’avais l’impression que c’était un album de déconstruction… Mais quand je t’écoute, c’est plus sur la reconstruction en fait.
Joe : Absolument… Nous voulons juste aller de l’avant et ne pas nous préoccuper de rien d’autre que de nous remettre en question en tant que musiciens. Pour continuer à avancer, continuer à pousser, à attirer notre public et à créer quelque chose de plus brillant, de plus violent et de plus beau.
LFB : Le point de départ de cet album était un accident de voiture que vous aviez dû à la consommation de drogue. Que s’est t’il passé dans ton esprit après ça?
Joe : Je pense que notre attaché de presse a mal retranscris ce que j’ai dit. En vrai, c’était un quasi accident. Il est vrai que j’ai eu un accident de voiture sous l’effet de la drogue mais c’était il y a trois ans. L’album est issu d’un quasi-accident avec une moto alors que j’étais sobre. Ce n’était qu’une fraction de seconde. Et cela m’a fait penser à la chance que j’ai, au nombre de fois où j’ai failli mourir, où j’ai failli aller en prison ou presque tuer quelqu’un. Cela m’a fait réaliser que j’étais à genoux depuis longtemps. Je suis sorti de beaucoup de traumatismes, vivant et heureux. Je voulais écrire un album qui reflète toute la thérapie que j’ai eue au cours de la dernière année. J’utilise en quelque sorte mes traumatismes sous forme d’épisodes pour créer un arc narratif sur la beauté du rétablissement. Mais l’accident de voiture et le quasi-accident de voiture ne sont que deux moments de ma vie. Nous avons donc décidé de montrer notre gratitude au fait que nous sommes à l’aise et en sécurité dans notre travail, notre volonté de faire le meilleur album possible, de devenir plus intéressés et plus intéressants. Et je pense que nous le sommes…?
LFB : Oui, clairement… J’aime beaucoup cette façon plus intimiste de parler des problèmes de sociétés.
Joe : Oh merci !
LFB : Comment le groupe a-t-il réagit à cet événement, à ce tournant, à ces remises en question ? Cette expérience a-t-elle changé votre vision d’être un groupe ?
Joe : Ouais, le principal c’est la gratitude. Le récit de notre groupe a toujours été de travailler dur. Nous avons eu tellement de chance, alors travaillé dure et d’autant plus important. Beaucoup de nos amis sont tout aussi bons musiciens que nous, mais ils n’ont jamais eu la chance d’être là où nous sommes et d’avoir le public que nous avons. Nous avons donc vraiment discuté sur la façon dont nous voulons vraiment progresser en tant que groupe et où nous voulons être dans 10 ans. Nous voulons montrer à notre public que nous sommes reconnaissants, et ce n’est pas en jouant selon leur volonté. Ce n’est pas ce que veut le public, c’est ce que le public pense vouloir. La pire chose qu’un artiste puisse faire est de jouer tout ce que souhaite la foule. Il n’y a pas de beauté, de violence ou de dynamisme à essayer de vendre des disques. Ce n’est pas comme ça que ça marche. C’est pourquoi nous avons créé Ultra Mono.
LFB : C’était tout de même un gros succès !
Joe : Ouais, pour les grands enfants. (rires) Mais nous ne pouvions pas refaire le même disque, nous ne pouvions pas faire un autre Ultra Mono, nous ne pouvions pas faire un autre Joy as an Act of Resistance, nous devions arrêter et recommencer. Et le point de départ fut Crawler. Nous voulions commencer un nouveau récit avec le prochain album, nous ne savions tout simplement pas que nous allions le faire en 2020.
LFB : Alors si c’est un nouveau cycle, pensez-vous que ce sera un moment où vous n’aurez plus envie de jouer des morceaux Ultra Mono ou Brutalism ?
Joe : Non, non, non, je jouerai toujours ces chansons. Ce n’est pas comme ça qu’on travaille. Nous fonctionnons avec l’idée que nous voulons être le meilleur groupe live. Vraiment. Et vous ne pouvez pas le faire en jouant simplement vos nouvelles chansons. Si un groupe fait ça, ce sont des putains d’idiots. Je peux comprendre, vous voulez parfois aller de l’avant. Mais je ne m’ennuierai jamais de jouer Danny Nedelko. Tu sais, je ne pense pas que ce soit l’une de nos meilleures chansons. Mais le message et notre public sont ceux qui construisent cette énergie en live. Les disques et le live sont deux choses différentes. Nous nous efforcerons toujours d’être le meilleur groupe live au monde. Nous voulons être et nous nous efforcerons toujours d’être le meilleur groupe jamais enregistré. Mais ce sont deux choses complètement différentes. L’un est du théâtre, la violence de la vie réelle ainsi que l’expérience d’écoute. C’est très personnel. Nous pouvons écrire de belles histoires, créer des paysages très différents et emmener les gens dans des mondes différents. Quand vous êtes dans un concert d’IDLES, nous sommes dans le moment présent, et nous voulons jouer ces chansons pour toujours. Je jouerai toujours ces chansons, mais pas toutes bien sûr. Nous n’allons pas jouer pendant quatre heures. (rires)
LFB : Es tu le nihiliste de la chanson Stockholm Syndrom ?
Joe : Je suis l’hypocrite dans cette chanson. Cette chanson parle d’hypocrisie, d’addiction. Pour moi, le syndrome de Stockholm était une belle métaphore de la dépendance, où les drogues sont vos ravisseurs, mais vous aimez aussi être engourdi. Et vous engourdir vous empêche d’être vous-même. Vous êtes donc piégé pour toujours jusqu’à ce que vous vous détachiez de votre ravisseur et réalisiez que vous droguer, c’est vous tuer. Mais d’un autre côté, je me suis retrouvé à porter un jugement assez critique sur les gens en général, les gens qui ont voté pour le Brexit, les gens qui ont voté pour le gouvernement conservateur, les royalistes, un putain de tas de gens. Parce que je ne suis pas d’accord avec eux politiquement! Ce que j’ai oublié de comprendre, c’est qu’ils ne sont aussi que des êtres humains. Et peut-être qu’ils n’ont pas seulement fait ces choix par haine, mais aussi par peur ou à cause d’une mauvaise éducation. Peut-être qu’ils sont aussi prisonniers d’idéologies, d’addictions, de peurs, d’un système de logement, d’un système scolaire et du manque de soins. Il y a plein de raisons pour lesquelles les gens sont bloqués. Il est important de se rappeler que c’est la politique et les putains de politiciens malfaisants qui sont les vrais ravisseurs. C’est contre eux qu’il faut lutter, pas contre le peuple.
LFB : Avec cette nouvelle façon de voir les choses, comment penses tu qu’on peut communiquer et peut-être convaincre ces gens ?
Joe : En tant qu’artiste, je ne peux que faire ma musique et espérer que certaines personnes qui ne sont pas d’accord avec moi l’entendent, viennent peut-être à nos concerts et rencontrent des gens et des fans ouverts d’esprit et empathiques. Ma vision de l’avenir est que nous n’aurons pas de gouvernement de gauche dans les 50 prochaines années, à moins qu’il n’y ait une guerre très violente, une révolution et une destruction totale. Parce que les gouvernements de droite sont trop riches, ils ont trop de pouvoir dans les médias, le système éducatif, le système de santé, le système de logement, l’armée et la police. Ce que nous pouvons faire, cependant, c’est rééduquer les jeunes et sympathiser avec les gens. Les gens doivent s’occuper des gens. C’est la base des communautés. Les gens au bas de la pyramide économique continuent de se battre entre eux. Nous devons nous entraider par l’empathie, par l’agriculture, par l’éducation, par l’amour, par la culture, par la Résistance française. (rires) Il s’agit d’éducation culturelle et de rappeler aux gens qu’il existe un avenir humaniste, qui consiste à célébrer l’individualité de chacun et à utiliser l’amour comme une arme réelle. Nous devons apprendre à prendre soin les uns des autres parce que nos gouvernements ne le feront pas. Nous pouvons faire attention et nous éduquer les uns les autres, nous pouvons nous aimer, nous pouvons faire preuve d’empathie et nous pouvons apprendre de toutes sortes de personnes. Et c’est la clé, je pense, de l’anarchie.
LFB : J’adore ta vision. J’ai juste très peur que les gens soient beaucoup plus nourris par la haine que par l’amour. Mais nous devons essayer…
Joe : Ouais, exactement. C’est juste le fait d’être, de faire, d’écouter et de parler.
LFB : Dans Wheels, tu sembles croire à la fatalité. Comme un cercle de comportements reproduits par toi-même et ta famille. As-tu peur d’être hanté par tes vieux démons et de retomber dans des comportements néfastes ?
Joe : Non… J’ai eu deux ans d’abstinence, mais je ne le suis plus maintenant. Parce que je n’ai pas peur. Je suis heureux et très attentif à ce que je fais. Tout a changé, parce que j’ai conscience que tout ce que j’ai fait n’était la faute de personne d’autre. Ce n’est pas à cause de mes gènes. Ce n’est pas à cause de l’alcoolisme de ma mère. Ce n’est pas à cause de la perte de mon seul véritable amour… Ce n’est pas à cause du fait d’avoir été arrêté par la police plusieurs fois. Ce n’est pas la faute de la police. Je n’avais qu’à pas être là. J’enfreignais la loi. Fondamentalement, je me rends compte que pour que le changement se produise, j’avais besoin de changer mon comportement, personne d’autre. Je me rends compte que si je veux être alcoolique, toxicomane et tout perdre, je n’ai qu’à franchir cette porte. A 50 mètres, il y a un endroit où je peux passer les 10 prochaines années de ma vie jusqu’à ma mort. Ou sinon je peux rester ici, faire des interviews et faire de la musique sur ce que j’aime. Et commencer la révolution.
LFB : Commençons la révolution alors.
Joe : Prends des flingues. (rires)
LFB : Avec une fleur dedans.
Joe : T’as tout compris (rires)
LFB : Quel est votre lien avec le Beachland Ballroom ?
Joe : Nous y avons joué deux fois. À la taverne Beachland et à la salle de bal Beachland. Je voulais écrire une chanson, une histoire qui soit comme une allégorie de ma guérison et de ma progression en tant que musicien. L’idée que j’étais perdu et une merde totale pendant longtemps. J’ai écrit la musique de Beachland Ballroom. C’est venu comme une valse. Je me suis souvenu que lorsque nous jouions à la taverne, qui est un petit bar devant la salle de bal, nous regardions à travers la fenêtre arrière pour regarder la salle de bal. Et c’était incroyable, mais nous n’avons pas pu entrer dedans parce qu’il y avait un gars qui polissait le sol. J’ai dit au groupe que nous devions jouer là-bas la prochaine fois, quand nous serons assez gros. Et la fois suivante, nous avons joué avec Fontaines D.C. là-bas, nous étions assez gros et nous avons obtenu la salle de bal. Nous accomplissions ce que nous voulions réaliser en tant que musiciens et nous le voyions se matérialiser devant nous : des salles plus grandes, un public plus large, de meilleurs albums. Une allégorie du progrès.
LFB : Quelle chanson surprendra le plus votre public penses tu?
Joe : Eh bien, je pense que la chanson qui a le plus surpris le reste du groupe était Beachland Ballroom. Parce que je ne savais pas que j’allais chanter comme ça jusqu’à ce que j’arrive au micro dans le studio. Je n’avais pas écrit la chanson et je l’ai écrite sur le coup. Je le sentais ainsi, j’en avais besoin pour me laisser envahir par l’émotion. Je voulais juste laisser la chanson s’écrire toute seule dans le studio. Je pense que c’est important pour moi parce que je pense que j’ai réussi à bien chanter. Nous ne savions pas que ça allait sonner comme ça. Et puis je suis revenu avec le chant auprès de Kenny, il l’a juste mixé rapidement en studio. Nous nous sommes dit : « C’est ça ? Eu d’accord… » (Rires) Donc je suppose que c’est pourquoi les gens aiment IDLES de toute façon. Si vous n’aimez pas les IDLES, vous êtes des démons. (rires)
LFB : Quelle est pour toi la chanson la plus importante de l’album ?
Joe : MTT 420 RR. Parce que c’est la chanson la plus accomplie que nous ayons faite. Nous avons décidé d’écrire sur un sujet dont j’avais parlé à Bowen avant d’écrire les paroles. C’était la première fois que je faisais ça. C’est exactement ce que nous avions imaginé, du concept à sa fabrication, à son mixage et il sonne comme il se doit. Pour moi, c’est le morceaux le plus important car c’est la direction que je veux prendre.
LFB : Y a-t-il une chanson joyeuse tout de même?
Joe : King Snake !! C’est une chanson très joyeuse !
LFB : Tu as beaucoup changé ta voix dans Crawler. Tu chantes comme jamais auparavant. Même si tu es reconnu pour ton sens du rythme très typique, est-ce quelque chose que tu souhaites pousser ?
Joe : Ouais, je vais continuer dans cette direction. De toute façon, je ne voulais pas continuer à répéter ce que je faisais avant. Et maintenant, je vais juste écrire ce qui est le mieux pour la chanson, pas ce qui est le mieux pour moi. Pas ce que le public veut non plus. Pas ce que je veux non plus, juste ce que veut la chanson. Je pense que si je criais sur Beachland Ballroom, ça n’aurait pas de sens, n’est-ce pas ? L’honnêteté ne vient qu’avec une représentation fidèle d’une personnalité, de l’histoire, et je pense qu’il y a beaucoup de nuances dans ma personnalité. Je ne suis pas en colère tout le temps.
LFB : Tu n’as pas l’air si en colère en ce moment.
Joe : Je ne le suis pas, promis. (rire)
LFB : Si tu pouvais me recommander un seul nouvel album ou une découverte. Qu’est-ce que ça serait?
Joe : Mandy, Indiana. Un groupe de Manchester mais en français !
LFB : Et pour finir, que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Joe : De pouvoir tourner l’année prochaine, s’il vous plaît…
LFB : De grosses tournées arrivent, avec Wet Leg au Mexique par exemple. Elles sont vraiment incroyables
Joe : Ouais, on sait !!
LFB : Merci beaucoup pour ton temps. C’était un vrai plaisir !
Joe : Merci à toi ! A bientôt à Paris !
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ENGLISH VERSION
LFB: Hey Joe ! How are you ?
Joe: Good. And you?
LFB: I’m fine. You seem quite of cursed with concerts. After more than one year without playing shows, the impossibility to defend your last album Ultra Mono in tour, you had to cancel your show with Deezer in Paris because some of you have contracted the covid.
Joe: Yeah, I haven’t contracted COVID, Jon yes…
LFB: Hope you all will be okay….
Joe: Yeah. He’s okay… He’s just got COVID ! He’s double vaccinated. So he’s not going to die cuz he’s smart.
LFB: So, you have two albums to present to the public. How do you imagine yours shows with all this new songs?
Joe: Yeah, I think we’ll do a longer set, 1h45 or two hours. What we want is to become the best live band in the world. And I think that comes from creating a narrative arc, with your songs and lines, that pushes and pulls the audience in different directions. More you have variety, dynamic, songs written in different violent ways, the better it is. I think it’s cool to start a new chapter or a new story altogether. Now, it’s the first chapter. And yeah, I’m excited. I can’t wait to play it in live. Ultra mono songs have been beautifully received. We’re at the best we’ve ever been in live. I can’t wait to get back out there.
LFB: I can’t wait to see that. So let’s talk about Crawler and begin with the cover. I am very curious about this astronaut. He seems so lost in this realty. What did you want to express?
Joe: It’s not an astronaut! It’s me in a folkloric costume. I found this French photographer, called Charles Fréger. The whole book is about ceremonial costumes, all European. He also done one from Japan, one from Africa or South America. This work is all about celebrating every ceremonial costume. I wanted to make my own ceremonial costume that was representative of my recovery from trauma and addiction, as a kind of allegory for the album crawler, and then make it a costume for my version of what a crawler is. I used an armor, because a lot of my recovery was around self-protection. It’s also around a kind of self-harm and inflicting pain on others. So it’s the idea of a stump man, wearing an armor and a helmet. We can all be a crawler, we can all be recovering from being our knees at any point in our life. It’s important to perceive the crawler as not someone who is lower than you. It’s just someone who’s working hard to get out of something painful. That’s what the whole album is about. It’s a celebration of recovery. That’s what the costume is. The building is a modernist house. It’s the allegory of modernism, just like we used to do for brutalism. Modernist architecture is beautiful in its simplicity. It was always built with the idea of creating a progressive space that was the best for the person living in, in order to have a comfortable and progressive life. I thought it was a beautiful allegory for what our time during the pandemic was and what the album is. A house that allows you to fail and move forward in reflection.
LFB: The big window seems to allow us to give a look on your privacy.
Joe: Yeah, definitely. I mean, the metaphor is rife. But it also allow us to be reflective and look outwards on the world. See where you are and be grateful for what you have. So allowing people to see hit and being vulnerable, definitely.
LFB: We see a real gap between Ultra mono and Crawler. The sound is more experimental, the instrumental is less nervous, and more important than all, you seem more angry with yourself than society. What happened?
Joe: The pandemic happened… I was sober for two years, I became a father. And I started exercising, boxing, cycling. But, I’m not angry at myself at all. Crawler is around the period of my life where I learned to forgive myself and other people for the last 20 years of my life, understand the traumas as vignettes of progression. Because I came out of that, survived and became who I am today. Which is very fucking lucky, and very grateful.
LFB: I had the impression that it’s a deconstruction album… But when I listened to you, it’s more about reconstruction.
Joe: Absolutely… We just want to move forward and not concern ourselves with anything but challenging ourselves as musicians. To keep moving forward, keep pushing and pulling our audiences and create something more brilliant, more violent, and more beautiful.
LFB: So the starting points of this album was a car accident that you had due to drug consumption. So what happened in your mind?
Joe: I think our publicist may have misread what I said. But basically, it was a near accident. I’ve been in a car crash under drugs, three years ago. The album came from a near cas accident with a motorbike. But it was just a split second thing. And it made me think about how lucky I am and how many times I’ve nearly died, while nearly gone to prison, or nearly killed someone. It made me realize that I’ve been on my knees for a long time. I got out of a lot of traumas, alive and happy. I wanted to write an album that reflected all the therapy that I’ve been having over the past year. I kind of use my traumas as episodes and vignettes to create a narrative arc about the beauty in recovery. But the car accident and the near car accident are just two points in my life. So we decided to show our gratitude to the fact that we’re comfortable and safe in our jobs, and make the best album we possibly can, become more interested, and more interesting. And I think we are…?
LFB: Yes, clearly…
Joe: Oh thank you !
LFB: How the band react to this event, this turning points, questionings? Did this experience change your vision about being a band?
Joe: Yeah, the main thing is gratitude. The narrative of our band was always to work hard. We always feel like working hard is important, because we’re so lucky. A lot of our friends are just as good musicians than us. But they’ve never had the fortune to be where we are, and to have the audience that we have. So we really had conversations around how we truly want to progress as a band, and where we want to be in 10 years. We want to show our audience that we are grateful, and that isn’t by playing to their tune, we don’t play to what the audience want. That’s not what the audience want, that’s what the audience think they want. The worst thing an artist can do is play to the crowd. There’s no beauty or violence or vibrance in trying to sell records. It’s not how it works. It’s why we made Ultra Mono.
LFB: It was in fact a big hit !
Joe: Yeah, for big kids. (laughs) But we couldn’t make the same record again, we couldn’t make another Ultra Mono, we couldn’t make another Joy and Act of Resistance, we had to stop and start again. And that came from Crawler. We wanted to start a new narrative with the next album, we just didn’t realize that we were going to be making it in 2020.
LFB: So if it’s a new cycle, do you think it will be a time when you will not desire to play Ultra Mono or Brutalism songs anymore?
Joe: No, no, no, I will always play this songs. It’s not how we work. We operate under the idea that we want to be the best live band. We really do. And you can’t do that by just playing your new songs. If a band do that, they are fucking idiots. I get it, you always want to be moving forwards. But I’ll never get bored of playing Danny Nedelko. You know, I don’t think it’s one of our best songs. But the message and our audience is what built that live energy. And records and live are two different things. We will always strive to be the best live band in the world. We want to be and will always strive to be the best band on record. But they’re two completely different things. One is theater, the violence of actual life and wanting to listening experience. This very personal. We can write beautiful stories, create very different landscapes and take people to different worlds. When you’re in an Idles gig, we’re in the flesh, and we we want to play those songs forever. I will always play this songs, not all of them. We’re not going to play for four hours. (laughs) We’ll never stop playing any songs.
LFB: Are you the nihilist in the song Stockholm syndrom?
Joe: I’m the hypocrite in that song. This song is about hypocrisy, about addiction. For me, Stockholm Syndrome was a beautiful metaphor for addiction, where the drugs are your captors, but you’re also in love with being numb. And numbing yourself keeps you away from being yourself. So you’ve forever trapped until you break from your captor and realize that numbing yourself is killing yourself. But on the other side of that, I found myself being quite judgmental of people, people that voted Brexit, people that voted Conservative government, royalists, fucking lots of people. Because I disagree with them politically! What I forgot to realize was that they are also just human beings. And maybe their reasons for those choices they made aren’t just out of hate, but out of fear or miseducation. Maybe they are also captive within ideologies, addictions, fears, a housing system, a schooling system, and lack of health care. There’s loads of reasons why people are stuck. It’s important to remind yourself that it’s the policies and the evil fucking politicians that are the real captors. They are the ones to fight against, not the people.
LFB: With this new way to see things, how do you think we can communicate and maybe convince this people?
Joe: As an artist, I can only just make my music and hope that some people that disagree with me hear it, maybe come to our shows, and meet people and fans that are open minded and empathetic. My vision of future is that we will never have a left wing government again in the next 50 years, unless there’s a very violent war, a revolution, and utter destruction. Because the right wing governments are too rich, and they have too much power within the media, the education system, the health system, the housing system, the army and the police. What we can do, though, is reeducate the youth and each other and empathize with the people. The people look after the people. Which is basically communities. People at the bottom of the economic pyramid continues to turn away and face each other. We need to look after each other through empathy, through agriculture, through education, through love, through culture, through the French Resistance. (laughs) This is all about cultural education, and reminding people that there is a humanist future, which is about celebrating each other’s individuality, and using love as an actual weapon. We need to learn to look after each other because our governments won’t. We can look out and we can educate each other, we can love each other, we can empathize and we can learn from all different kinds of people. And that’s the key, I think, to anarchy.
LFB: I love your vision. I’m just very scared that people are much more nourished by hate, but we will. ry. We need to try
Joe: Yeah, exactly. It’s just go out there and be, make, listen and talk.
LFB: In Wheels, you seems to believe in fatality. Like a circle of behaviours reproduced by yourself and your family. Are you scared to be haunted by your old demons and fall again?
Joe: No… I had two years of sobriety, but I’m not sober now. Because I’m not scared. I’m happy and very mindful of what I’m doing. Everything changed, because I held myself accountable for the fact that everything I’ve done was no one else’s fault of mine. It’s not my genetics. It’s not my mom’s alcoholism. It’s not my one true love leaving me… It’s not being arrested by the police bunch of times. It’s not the police’s fault. I didn’t have to be there. I was breaking the law. Basically, I realize that for change to happen, I needed to change my behavior, no one else. I realize that if I want to be an alcoholic, a drug addict and to lose everything, I just have to walk out this door, 50 meters away, there’s a place I can spend the next 10 years of my life until I’m dead. Or I can stay here, do interviews, and make music about what I love. And start the revolution.
LFB: Let’s start the revolution.
Joe: Take some guns. (laughs)
LFB: With flower in it.
Joe: Yes (laughs)
LFB: What is your link with the Beachland Ballroom?
Joe: We played there twice. At the Beachland tavern, and the Beachland Ballroom. I wanted to write a song, a story that was like an allegory for my recovery and my progression as a musician. The idea that I was lost and a total shit for a long time. I wrote the music of Beachland Ballroom. It came like a waltz. I remembered that when we played the tavern, which is a small bar in front of the ballroom, we looked through the doors at the back window to look the ballroom. And it was amazing, but we couldn’t get through because there was a guy polishing the floor. And I said to the band that we got to play next time when we’re big enough. The next time we played with Fontaine’s dc there, we were big enough and we’ve played at the ballroom. We were achieving what we set out to achieve as musicians and we’re seeing it materialize in front of us: bigger rooms, bigger audiences, better albums. An allegory of progress.
LFB: So, let’s play a little game. What song will surprise the most yours public?
Joe: Well, I think the song which surprised the boys the most was Beachland Ballroom. Because I didn’t know I was gonna sing like that until I got to the microphone in the studio. I hadn’t written the song and I wrote it at the microphone. That’ll be fine. I need it to feel soulful. I wanted to just let the song kind of write itself at the vocal booth. I think it’s important for me because I think I succeeded in singing well. We didn’t know it’s gonna sound like this. And then I came back with the vocals with Kenny, and he just mixed it quickly in the studio. We went like: « This is it? Okay… » (Laughs) So I guess it’s why everyone else would like Idles anyway. If you don’t like Idles, you’re evil. (laughs)
LFB: What is the most important song for you in the album?
Joe: MTT 420 RR. Because it is the most accomplished song we’ve done. We set out to write something I talked to Bowen about the lyrics before I wrote them. It was the first time I’ve ever done that. It’s everything we wanted it to be from the concept to making it, to finishing it, and making it sound like it should. For me it’s the most important because it’s where I want to carry on going.
LFB: There is any happy song?
Joe: King Snake !! It’s a reaaaal happy song !
LFB: You changed a lot yours vocals in Crawler. You sing like never before. Even if you are well known for your very typical sense of rhythm, is this something you want to push?
Joe: Yeah, I’m just gonna carry on. I didn’t want to keep repeating what I’ve been doing before anyway. And now I’m just gonna write whatever’s best for the song, not what’s best for me. Not what the audience want neither. Not what I want just what the song wants. I think like if I shouted over Beachland Ballroom, it wouldn’t make sense, right?You know, I think honesty comes with a true representation of a personality, what the story is, and I think there’s nuance in my personality. I’m not angry all the time.
LFB: You don’t seem so angry right now.
Joe: I’m not, I promise. (laugh)
LFB: If you could recommend me only one new album, one discovery. What would it be?
Joe: Mandy, Indiana. A Manchester band but in French !
LFB: And to finish with what can we wish for you and the future?
Joe: To be able to tour next year please.
LFB: Big tours are coming, with wet leg also in Mexico for example. Freaking amazing.
Joe: Yeah, we know!!
LFB: Thank you so much for your time. It was a real pleasure !
Joe: Thank you ! See you soon in Paris !