IDLES : « La musique et l’art sont une plateforme sur laquelle des gens peuvent communiquer sainement »

On les attendait un peu comme le messie et on a sagement patienté pendant de longs mois, leur live aux studios d’Abbey Road a été l’évènement musical le plus excitant de la sortie du confinement et a attisé notre impatience. C’est fin septembre qu’IDLES a mis fin à notre trépignement en livrant Ultra Mono, un album chargé d’une énergie punk libératrice, abordant des sujets d’injustices sociales et prônant le développement personnel. On a posé des questions à Joe Talbot pour en savoir plus sur la conception de l’opus et sur les convictions que le groupe défend dans sa musique comme dans la vie. On a parlé entre autres d’acceptation de soi, de féminisme…et de leur amour pour la France.

Crédit photos : Nwaka Okparaeke

La Face B : Comment ça va ?

Joe Talbot : Heuuuuu honnêtement ?

LFB : Oui… si possible ?

JT : Je suis putain de stressé et fatigué. Comment tu vas ?

LFB : Ça va… Ça doit être hectique pour toi !

JT : Ah, ça va, la presse ça va. La vie ne va pas.

LFB : Ça c’est sûr. En tout cas en ce moment…
Votre troisième album studio sort bientôt, est-ce que la situation et les circonstances actuelles rendent cette sortie différente de celle des autres albums ?

JT : Oui, on ne peut pas faire de tournée pour l’accompagner. Et parce qu’on ne peut pas faire de tournée on a décidé de donner le plus possible à notre public, en sortant plus de singles, et aussi on a décidé de faire des trucs de chaîne Youtube, rester connecté avec notre public d’une certaine façon.

LFB : Est-ce que tu peux nous parler de quand et comment vous avez écrit et enregistré l’album ?

JT : Il a été enregistré en septembre l’année dernière, il y a un an. On l’a écrit en 3 mois, jusqu’à septembre. Ça a commencé avec le titre Ultra Mono, ma conception de l’idée d’acceptation de soi, le fait de croire en soi et le développement personnel pour être genre complètement présent dans le moment, et avoir un sens du soi qui te rend confiant à accepter la différence des autres. Donc on a de l’empathie pour tuer le fascisme dans le plus grand sens du terme.
C’est là qu’on a écrit toutes les chansons, on a essayé de capturer le son, la croyance en soi (self belief) et l’impact du soi et de l’amour. On a écrit tous les morceaux avec la production en tête pour la première fois. Puis lorsque nous avons écrit toutes les chansons, j’ai écrit les paroles, et j’ai écouté pas mal de fois et ai écrit peut être la moitié de l’album et ai décidé que, pour vraiment capturer le sens d’acceptation momentanée j’écrirais l’autre moitié de l’album dans la cabine son dans le studio, ce que j’ai fait.

LFB : On a l’impression que les paroles ont évolué depuis le premier album et qu’elles sont devenues plus globales et qu’elles s’adressent directement aux gens plutôt que de raconter des histoires. On a l’impression que c’est une véritable chose de groupe, moins d’individualité. Qu’est-ce que tu en penses ?

JT : C’est en vérité l’album le plus individuel de tous les albums. Ultra Mono est sur le « soi ». Avec ça en tête, je me suis projeté sur l’album qui a un ressenti plus global. Pour construire une communauté, tu dois accepter que tu es une petite partie de quelque chose de beaucoup plus grand que toi. Et je voulais aborder ça avec le développement existentiel et apprendre à m’accepter sur l’album pour pouvoir construire une communauté. IDLES a toujours plus ou moins travaillé vers l’idée que le personnel… Je pense que le développement existentiel est ce qui forme les parties politiques. Donc le personnel politique est en fait politique d’un partie dans un sens amplifié. Et on voulait essayer de faire en sorte que les gens sentent qu’ils font partis de quelque chose de beaucoup plus grand qu’eux et les faire se sentir moins isolés et plus à l’aise d’être eux-mêmes et de célébrer la différence.

LFB : Les thèmes que vous abordez dans vos paroles sont très importants et ils décrivent ce que beaucoup de gens pensent en ce moment. Est-ce que tu ressens la pression ou la responsabilité d’être un porte-parole ?

JT : Je pense que oui avant que j’écrive cet album. Oui j’avais cette pression. J’ai commencé Ultra Mono parce que je ressentais ces pressions d’être plus regardé et écouté, donc je voulais éradiquer ça et me protéger et me focaliser sur le développement personnel. Donc vraiment, pour éradiquer le doute, je suis passé par le processus de prise de conscience de soi et d’acceptation de soi et j’ai mis ça sur l’album ouvertement. Pour pouvoir me libérer de ce statut et me mettre complètement sur l’album pour pouvoir lâcher ça. Cathartique, véritablement cathartique.

LFB : Comment te sens-tu face au fait que toutes tes actions et tes réponses aux événements mondiaux soient observées à la loupe et commentées ?

JT : Je pense que c’est nécessaire. C’est ce qu’est la responsabilité, cela implique d’être observé à la loupe. C’est important d’être responsable et de débattre sainement, ça veut dire  que tu grandis et que tu t’éduques avec le temps, c’est important.
Je ne me sens pas comme… Je ne suis pas le messie ou quoi que ce soit, je suis juste un musicien, donc j’ai le droit d’être faillible et j’ai le droit de faire des erreurs. Et je fais en sorte que ces erreurs soient visibles aux yeux de tous, comme les éloges, j’accepte tout et puis je laisse tout ça me submerger, et apprends de mes erreurs et grandis en tant que personne.

LFB : Ne Touche Pas Moi est un morceau qui parle de consentement et il est incroyablement fort. Le message signifie beaucoup venant de musiciens hommes comme vous. C’est une collaboration que vous avez faite avec Jehnny Beth. Peux-tu nous parler du morceau et de cette collaboration ?

JT : Oui. L’idée est venue quand on travaillait… On a joué à Alexandra Palace et on a eu quelques personnes qui se sont plaintes qu’il y avait… qu’elles ne se sont pas senties en sécurité à notre concert. Et je voulais écrire une chanson qui rassemble pour unifier l’humeur et pouvoir garder le contrôle à travers la musique. Notre message est d’avoir un sens de sécurité dans la salle où nous jouons. Et nous pouvons faire ça seulement à travers une chanson. On n’est pas des agents de sécurité, on fait pas partie de la direction, mais on peut créer cette sorte de puissance de sécurité et donner aux gens le ton de la salle. Il faudrait que tout le monde se sente en sécurité dans notre espace et que tout le monde s’amuse et Frank Carter le fait tout le temps et plein d’autres artistes le font aussi, ce sens de rendre les gens confortables pendant leurs shows.

On a essayé par le passé à travers nos messages, mais avec Ultra Mono c’est sur la distillation de messages concis et la clarté. Donc je voulais juste être le plus concis possible avec ce message avec un hymne.

Et Jehnny Beth a été très sympa de participer. Évidemment le français n’est pas le bon français, mais j’avais demandé à un ingénieur si c’était bien comme ça en français et il m’a dit oui. Soit il se moquait de nous ou il n’a pas compris la question. Mais oui, quand je l’ai dit à Jehnny Beth elle a ri et dit « C’est pas le bon français ! » et j’étais là « Ah, merde ! », mais elle a suggéré de le garder parce que c’était plus honnête, et elle a raison c’est plus honnête. Donc on l’a gardé et c’est bien, c’est universel. Hommes et femmes devraient se sentir en sécurité quand ils sont dans une communauté de gens qui aiment la musique ou quoi que ce soit. Juste sortir ton chien la nuit ou faire ton putain de shopping ou prendre le bus, on devrait toujours se sentir en sécurité, les gens devraient toujours respecter l’espace des autres et c’est une chose normale. Et ce n’est pas normal pour plein de femmes. Et c’était important d’avoir la perspective féminine. Et bien sûr la voix géniale de Jehnny Beth sur le refrain sonne bien et le morceau sonne bien.

LFB : Quelle est votre expérience dans le monde de la musique en tant que féministes ?

JT : C’est un allié. Je veux dire… Je pense… le monde de la musique est beaucoup comme le monde. Il y a beaucoup de déséquilibre. Je suis privilégié et je comprends ce que le privilège… pas complètement, je sous-estime mon privilège et oublie encore mon privilège par moments. Mais je peux voir que je suis privilégié et j’essaye de l’utiliser pour en faire bénéficier les autres ou du moins à me ré-apprendre la position que j’ai dans le monde. Et je veux un futur égalitaire, et je dois me rappeler ça tous les jours, sinon je ferais des erreurs. J’oublierais mon privilège.

C’est juste important de rester vif et de me rappeler ce que j’ai, et essayer de l’utiliser pour que les autres en bénéficient. C’est ce que je sens que je dois faire. Je pense que le monde de la musique est comme le monde des affaires, que si tu regardes l’art , je pense que les meilleurs groupes britanniques sont mixtes, tous les groupes que j’adore en ce moment et qui émergent sont hommes/femmes et entièrement femmes, et c’est quelque chose qu’il faut célébrer. Mais si tu regardes derrière ça, tu regardes au côté business de ça, c’est problématique. Ça l’est toujours. Donc notre équipe, notre équipe business, nos deux promoteurs (booking agents), nos attachées de presse, l’équipe de l’album, la moitié de notre management sont des femmes. Et c’est une chose positive. Et on est conscient. Cela fait partie de notre conversation, notre côté business est plus féminin que masculin. Mais dans le monde extérieur, il y a toujours plein de progrès à faire avant d’être égalitaire. On n’est pas encore là. C’est évident. Je pense que tout le monde le sait. Les gens qui le nient on juste peur de perdre leurs privilèges.

LFB : Model Village parle d’un village dysfonctionnel plein de gens privilégiés et montre l’étroitesse d’esprit remplie de racisme, homophobie, et haine et pourrait représenter le pays ou même le monde… Kill Them with Kindness donne des directions pour appréhender les gens/la machine…
Penses-tu que la musique/l’art a le pouvoir de faire évoluer les mentalités ? Ou d’unifier les gens à se battre pour les mêmes causes ?

JT : Je pense que la musique et l’art sont une plateforme sur laquelle des gens peuvent communiquer sainement, ou ils peuvent chercher une connexion au monde en dehors d’eux-mêmes. Je ne pense pas nécessairement qu’IDLES puisse changer la façon de penser de quelqu’un. Mais cela leurs donne un espace pour rencontrer des gens qui ont des idées différentes. C’est ce qu’est l’inclusivité. C’est de permettre à des gens avec des idées différentes d’avoir un espace dans laquelle ils peuvent se rencontrer et avoir une conversation et c’est de là que vient le changement.

Je ne sais pas, j’aime bien qu’IDLES encourage les gens à être vulnérable et à écouter leurs adversaires, ou à voir leurs privilèges. Mais tu peux faire de la musique magnifique avec les choses auxquelles tu crois… Ce qu’IDLES peut faire maintenant est… nous sommes maintenant dans une position de pouvoir différente en terme de business, où je n’ai pas besoin de continuer à parler. On peut juste le faire. On peut créer, on peut créer des emplois pour des gens défavorisés. On peut changer la manière dont la partie business fonctionne.

On n’est pas obligé de rester sur nos chansons, on a écrit nos chansons. Maintenant on peut vraiment changer le discours parce qu’on a ce business cloud et on n’a pas besoin de continuer à le dire. On peut le faire. On peut être plus haut dans la chaîne alimentaire et commencer à changer le discours correctement, pas juste parler de changer le discours, changer le discours. On a pas tout à fait ce pouvoir encore, mais on l’a presque. La conversation autour des premières parties on l’a dans notre équipe depuis un an et demi, et on a essayé d’avoir des premières parties féminines avant, mais on n’a pas suffisamment essayé, c’est tout. C’est de notre faute. Et de personne d’autre. On a… on vient d’annoncer nos premières parties en Europe composées de femmes. Jehnny Beth, Cate LeBon, Anna Calvi, Big Joanie… et Witch Fever que j’ai réussi à voir quand j’étais à Manchester pour un entretient (Q&A talk).
On aurait pu faire plus pour changer le problème plus tôt ou être plus représentatif de nos philosophies. On nous a maintenant autorisé le privilège de mettre nos mains en l’air et dire «  Oui, on n’a pas fait assez, on va en faire plus, c’est bon ». Et c’est ce qu’on va faire.

Et on continue à le faire et c’est ce que nous ferons. C’est tout. Point. On doit juste être des alliés, on doit être des alliés. Et, tu sais, je penses que beaucoup de gens vont l’être aussi. C’est le début de la conversation. Nos générations commencent tout juste la conversation en terme d’être capable de… C’est la cinquième ou sixième vague de féminisme. Maintenant la conversation a eu lieu, mais elle était jusqu’à présent faite par les femmes, et maintenant cela a lieu dans la culture populaire et c’est là que ça change. Et après, le business, la vrai infrastructure de l’argent, après cela change pour de bon. Tristement. Mais on vit dans une société capitaliste, c’est comme ça que ça marche…

LFB : Malgré le succès il y a toujours une place pour l’incertitude et le doute dans vos chansons, vous laissez les imperfections et la vulnérabilité au grand jour, et dans le passé vous parliez ouvertement de vos traumas personnels. Cela a l’air très important pour vous d’être totalement transparents et honnêtes…

JT : Oui, oui… Non, pas complètement honnête, juste parce que, je pense que la nuance est perdue dans l’art et la musique. Et je… c’est important d’être méfiant de ce que l’on dit et la manière dont on le dit. Mais oui, parce que l’honnêteté au jour le jour, tu peux dire des choses que tu ne penses pas vraiment, mais que tu penses sur le moment. Et le jour d’après « Oh je suis content de ne pas l’avoir dit dans une chanson ! » Mais oui, la vulnérabilité définitivement. Oui.

LFB : Vous avez écrit une chanson avec un titre et des paroles en français, vous avez enregistré un album live au Bataclan et avez enregistré Ultra Mono aux studios LaFrette près de Paris… Est-ce une coïncidence ou est-ce que vous avez un truc particulier avec la France ?

JT : Bowen et moi sommes tous les deux francophiles, on adore la France. J’aime la culture française. J’adore Paris, j’adore la nourriture française, j’adore l’art français… Oui j’adore être en France et j’y habiterais si je pouvais, mais je ne peux pas. Mais oui, ce sont des choix que l’on fait parce que l’on a un affinité avec la France, parce qu’on adore. C’est un endroit génial. On a un public et des fans géniaux et vraiment loyaux. Je pense qu’on a une connexion avec la France parce que vous êtes nos voisins bien sûr, il y a plein de britanniques qui ne comprennent pas ça. Mais il y a une quantité énorme de francophiles au Royaume Uni. Et nous en faisons partie.
On comprend qu’il y a plein de problèmes avec la politique britannique donc, politique à part, putain de génial. J’adore la culture française.

LFB : Y-a-t-il quelque chose que tu as découvert récemment et que tu souhaiterais partager avec nous ? (pas nécessairement de la musique).

JT : Hooo… Merde qu’est-ce que je vais dire maintenant ….
…. Marcher ! Marcher ! J’aime marcher. Marcher est quelque chose que je n’ai jamais apprécié avant le confinement, et maintenant je réalise l’importance de marcher…


ENGLISH VERSION

La Face B: How are you?

Joe Talbot: Huuu Honestly?

LFB: Yes, if possible?

JT: I’m fucking stressed and tired. How are you?

LFB: Fine thank you! It must be hectic for you. I imagine with all the press…

JT: Ah it’s fine, press is fine. Life is not fine.

LFB: For sure. Not at moment at least…
Your third studio album is coming out very soon, does the current situation and circumstances make it different to the releases of the other albums?

JT: Well yeah, we can’t tour it. And because we can’t tour it we decided to, you know, give our audience as much as possible, release more singles, and also, we decided to kind of do some YouTube channel stuff and, you know, stay connected with our audience in a way, giving them a sense of time.

LFB: Can you tell us about how/when the album was written and recorded?

JT: It was recorded in September last year, a year ago. We wrote it in three months, going up to September. It was kind of written… it started with a title, Ultra Mono, my conception of the idea of self-acceptance, self-belief and self-progress to be kind of completely present in the moment as now and have a sense of self that made you confident in accepting other people’s differences.

So we have empathy to kill fascism in its broadest sense of the word.

Yeah, and that’s where we wrote all the songs, we tried to capture the sound of self-belief and the impact of self and love. We wrote every song with production in mind for the first time. When we wrote every song around a single part and built around that single part, and only included parts around that single part that accelerated the original part or accentuate the original part to give a sense of the sound of unity.

And then once we wrote all the songs, I wrote the lyrics, and I listened to the songs a whole bunch of times and wrote maybe half the album and then I decided that, to really capture the sense of momentary acceptance. I would write the last half of the album in the vocal booth at the studio, which is what I did.

LFB: We had the impression that the lyrics evolved since the first album, and it became more global, and they talking directly to people, rather than telling stories. It looks like it’s a real group thing now, less individuality. Is that right?

JT: It’s actually more individual than any album before really. Ultra Mono is about the self. With that in mind, I kind of projected myself onto the record which feels more global. It feels like to build a community you have to accept that you’re a small part in something much bigger than yourself and I wanted to approach that you know with existential growth and learn to accept myself on record in order to build a community. IDLES have always kind of worked towards the idea that the personal… I guess existential growth is what shapes party politics so the personal, the personal political is really party politics in an amplified sense. And we wanted to try and make people feel like they’re part of something much bigger than themselves and make them feel less isolated and more safe to be themselves and to celebrate difference.

LFB: The issues you’re talking about in your lyrics are very important and they’re voicing exactly what a lot of people think at the moment. Do you feel you have the pressure or the responsibility of a spokesperson?

JT: I think I did before we wrote the album, yeah I had that pressure. I started Ultra Mono because I felt the pressures of being watched and being listened to more, so I wanted to eradicate that and protect myself and focus on self-growth. So really, to eradicate doubt, I went through the process of self-awareness and self-acceptance and put that onto record openly. In order to kind of free the status out and to put myself completely on a record in order to just let go of it. Catharsis true catharsis.

LFB: How do you feel about the constants scrutiny that’s on you, having all your actions and your responses to  world even scrutinised?

JT: I feel it’s necessary. It’s was accountability is, your entitlement is scrutinised. It’s important to stay accountable, and to have a healthy debate it means that you only grow and reeducate in time, you know, it’s important.

I don’t feel like a… I’m not a messiah of anything, I’m just a musician you know, so I’m allowed to be fallible and I’m allowed to make mistakes. And I just make sure that those mistakes are out there, as well as the praise and I accept it all and just let it wash over me and learn from my mistakes, and grow as a person.

LFB: Ne Touche Pas Moi talks about sexual consent and is incredibly strong. The message means so much coming from male musician like you. It’s a collaboration between you and Jenny Beth. Can you tell us a bit about the song and about that collaboration?

JT: Yeah. The idea came when we worked… We played at Alexandra Palace, and we had a couple of people complain that they were… they felt unsafe at our show and I wanted to write a song that was anthemic in order to unify the mood of the room and control in any way we can which is through music. Our message is to get a sense of safety within the room that we play. And we can only do that through a song. We’re not security, we’re not management, but we can create that sense of power in safety, you know, and just remind people of the tone of the room. We should be that anyone can feel safe in our, in our arena, you know? That everyone does have fun and Frank Carter does it all the time and loads of artists do it, you know, that sense of just making people feel safe for their service.

We tried in the past, just through, through messaging but with Ultra Mono it’s about distillation of concise messaging and clarity, so I just wanted to be as concise with that message as possible with an anthem.

And Jehnny Beth was very kind to be involved. Obviously the French is bastard French it is not even the correct French, but I did ask the engineer if it was the right French and he said yes. Either he was playing a trick on us or he just misunderstood my question. But, yeah, when I told Jenny Beth about it she laughed and said “That’s not the right French!” and I was like “Aah, Fuck!”. But she suggested that we keep it because it’s more honest, you know, and she’s right it is more honest. So, we kept it, and it’s good, it’s universal you know. Men and women should feel with a sense of safety when they’re in a community of people that love music or anything, you know. Just walking your dog at night or fucking doing the shopping or getting on the bus, you should always feel safe you know, people should respect each other’s space and it’s just a normal thing to feel. And it’s not normal for many women. And, you know, it was important to have the female perspective. And of course, the great vocals of Jenny Beth on the chorus so it feels good and it feels right.

LFB: How do you experience the music world as a feminists?

JT: It’s an ally. I mean… I think, the music world is a lot like the world. It has a huge imbalance. And I’m privileged and I understand what privilege… not completely, I still underestimate my privilege and I still forget my privilege at times. But I can see that I have privilege and I’m trying to use it for the benefit of others or at least re-educate myself and the position I have in the world and I want for an egalitarian future, and I need to remind myself of that daily otherwise I will make mistakes. I will forget my privilege in the future.

It’s just important to stay active in the mind and remind myself of what I do have, and try and use that for the benefit of others. That’s what I feel I should do. I think the music world is, you know, like any business world, that if you look beyond that the art and, you know, I think the best British bands are mix gender, all the bands that I love at the moment that are coming through are men and women and all women, and, like, that’s just something to be celebrated. But if you look behind that, you look at the business side of it, it’s problematic. It still is. So our team, our business team our two booking agents, our PR, our album team, half of our management are women. And that’s a positive thing.

And, you know, we’re conscious. It’s part of our conversation, our business side is more women than men. But, you know, in the outside world, there’s still loads of progress that needs to happened before it’s egalitarian. It’s not there yet. I mean, it’s obvious. I think everyone knows it. The people who deny it are just scared of giving up their privilege.

LFB: Model Village talks about a dysfunctional village full of privileged people and shows the narrow thinking filled with racism, homophobia and hatred and could represent Britain or the world… Kill Them with Kindness gives directions to deal with people/the machine… Do you believe music/art has the power to make mentalities evolve? Or to unify people in fighting for the same causes?

JT: I think music and art is a platform on which people can communicate healthfully, or they can seek a connection to the world beyond just themselves. I don’t think necessarily IDLES can change the way someone thinks about the world. But it allows them the arena to meet other people who have different views. That’s what inclusivity is. It’s about allowing people with very different views, an arena in which to meet and have a conversation and that’s where change happens.

I don’t I don’t know, I like that IDLES encourages people to be vulnerable and listen to their adversaries, or see their privilege. But, you know, you can make beautiful music with things you believe in, like, you know, I think… what IDLES can do now is, we’re now in a different position of power in this business sense. Where I don’t need to keep talking. We can just do, we can create, we can create jobs for people who are underprivileged. We can change the way the business side of things work.

We don’t need to keep staying in our songs, we’ve written our songs. Now we can actually change the narrative because we have a business cloud, and not keep saying it. We can do it. We can be higher up the food chain and start changing the narrative properly, not just talking about changing the narrative, changing the narrative. We haven’t had that… we haven’t got that power just yet, but we’ve nearly got that power.

It seems like, you know, obviously, the conversation around support is something that we’ve had, we’ve been having as a team for the last year and a half, and we tried to get female support before we didn’t try hard enough, that’s it. It’s our fault. It’s no one else’s. We’ve now you know, we’ve announced our European support today which are women. Jehnny Beth, Cate LeBon, Anna Calvi, Big Joanie… and Witch Fever who I managed to see when I was in Manchester doing a q&a talk. And like that.

We could have done more to change the matter earlier or be more representative of our philosophies. Now, you know, we’ve been allowed the privilege of holding our hands up saying “Yeah we haven’t done enough, we’re going to do more, that’s fine”. And we will.

And we keep doing that and you know that’s what we’ll do. That’s it. Full stop. We just got to be an ally, we need to be an ally. And you know, I think many people will. This is the start of the conversation. Our generations just start that conversation in terms of being able to. This is fifth wave six wave feminism. Now, the conversation has been had, but it was being had by women and now it’s been had in popular culture, and that’s where the shifts. And then, business, the real infrastructure of money, then it changes properly. Sadly. But we live in capitalist society, that’s how it works…

LFB: Despite the success there is still a place for uncertainty and self-doubt. You let imperfections and vulnerability show, and in the past you talked openly about personal trauma, and it looks very important to you to show complete transparency and honesty…

JT: Yeah, yeah.. Not, not complete honesty, just because, I think nuance is lost in art and music. And I, it’s important to be wary of how and what you say. But yeah, because day to day honesty, you can say things that you don’t really mean, but you mean it at a time. And then the next day or I am glad I haven’t said that in a song… You know. But yeah, definitely vulnerability. Yes.

LFB: You’ve written a song with French words and title, you’ve recorded a live in the Bataclan in Paris and you’ve recorded Ultra Mono in LaFrette’ studios near Paris… Is that a coincidence or do you have a particular thing for France?

JT: I mean, Bowen and I are both Francophiles you know, we love France. I love French culture. I love Paris, I love French food, I love French art, and you know, I…Yeah, I love being in France and I would live there if I could, but I can’t. But yeah, I mean like, you know, these are choices we make because we have an affinity with France, ‘cause we love it. It’s a great place. And our audience is… we have a great and very loyal audience and fans. I think we have a connection to France because you are our neighbours sure, there’s a lot of British people that don’t understand that. but there’s a huge contingency of Francophiles in the UK. And we’re some of them.
We understand that there’s a lot of problems with UK politics so, politics aside, you know, fucking great. I love French culture.

LFB: Is there something that you’ve discovered recently (it doesn’t have to be music) that you would like to share with us?

JT: Hooo… Shit what am I gonna say now…
…. Walking! Walking, I love walking, walking is something I’ve never enjoyed until lockdown, and now I really realise how important walking is.

Listen to Ultra Mono: