Troisième album des Iguana Death Cult, troisième découverte d’un groupe qu’on adore voir évoluer. En voilà la nouvelle page, l’excellent Echo Palace.
Dès les premières notes on sent une certaine différence. Un tempo plus lent, un ton plus clair, des rythmes limite funky, un synthé, une première vibe d’un groove qui ne quittera pas l’album. Paper Straws ouvre Echo Palace (Innovative Leisure Records /2023), le nouvel exercice d’Iguana Death Cult. Un premier album de très bonne facture en 2017, suivi de Nude Casino (Innovative Leisure / 2018), qui place le groupe comme un gros nom de la scène néerlandaise. On pourrait assez aisément comparer le quintet à un quatuor étatsunien, Parquet Courts, avec un peu plus de castagne. Les similitudes sont là, pour autant leurs musiques diffèrent. Chez les Iguana, en plus de la castagne, rajoutez un groove encore plus immense. La politisation en moins, on peut pas tout avoir.
Bref, Nude Casino débarque, et tabasse tout. Un album excellent, un univers regorgeant d’humour et de riffs lancés à la vitesse de l’éclair. Peu de pause, une guitare sèche au milieu de l’album histoire de se donner un petit air de lover deux minutes, puis on repart avec un efficacité redoutable sur des airs possédés. Malgré cela, et c’est la force des Iguana, le groupe arrive à faire danser. Avec cette facilité de créer des riffs qui ne sont pas que des riffs, mais orchestrés dans des ambiances où la tête n’est pas seule à se mouvoir sur le tempo. Bref Nude Casino débarque, et tabasse tout.
Comme on ouvrait en intro, on sent dès Paper Straws une nouvelle ambiance. Les riffs sont bien moins acerbes, le tempo redescend d’un étage ou deux, on ramène des synthés, pianos et autres percus et saxs. Le travail est fait sur la voix, les backs, l’ambiance de l’album. Une vraie identité, différente du reste de leur discographie, se dégage d’Echo Palace. On se demanderait presque si cet album-là n’est pas « l’album de la maturité ». Blague à part, on retrouve toujours dans ce disque les cantiques du groupe. Les guitares qui grincent, la basse omniprésente, la batterie calée au millimètre, et cette voix qui ne chante -presque pas. Et ce côté dansant, pour de la musique à guitares, c’est toujours plaisant de pouvoir danser.
A la sortie du premier single du groupe Sensory Overload, on aurait pu penser que le groupe était tombé dans la mode du moment, à savoir rajouter du sax en mode free jazz partout. Surprise en parcourant l’album, le saxophone est bien présent à certains endroits, mais utilisé à bon escient et différemment (Oh No, Heaven in Disorder). C’est à ça qu’on reconnait un album bien plus fouillis, bien plus travaillé. En plus du sax, les synthés rajoutent une vibe très old school à tout ce disque, une vibe excellente dans ce genre d’exercice. On découvre de nouveaux tons de guitares (Heaven In Disorder, Conference to Conference), et des parties de voix toujours aussi bien travaillées (Conference to Conference, Pushermen et en fait un peu tout l’album quoi)
C’est avec ce genre d’album qu’on se dit qu’il est toujours possible de créer quelque chose de différent. Sans pour autant placer Iguana Death Cult comme le Messie venu sauver la musique à guitares, on peut au moins les créditer de vouloir faire évoluer leur prêche. Des choix, qui au départ nous faisaient lever les yeux aux ciels, finissent plutôt par s’avérer payant. A l’écoute de cet album, on sent le groupe juste se donner un plaisir fou à divaguer. Le plaisir infuse au travers de ce disque, et on quitte l’album sur Radio Brainwave, qui résume à lui seul l’album. Des synthés, des guitares, une rythmique et une furieuse envie de danser.