I’ll Pet U 4ever, quand Dogs for friends nous fait chavirer, encore…

Il est de ces groupes dont on parle aisément, leur musique à elle seule nous facilite la tâche, les mots se font simples, les phrases sont limpides et l’on voudrait écrire à n’en plus finir sur le talent encore trop peu dévoilé de quatre artistes angevins dont les morceaux nous font chavirer depuis plus d’un an déjà. Nous découvrons aujourd’hui leur second EP I’ll Pet U 4ever.

Crédits : Nicolas DJAVANSHIR

Alors non Dogs for friends ce n’est pas une musique de dépressif, bien au contraire, c’est un pas en arrière, un recul bien mérité sur les sensations et les sentiments qui nous traversent, et des constats, qu’ils soient tristes ou gorgés d’espoir.


C’est d’ailleurs la réussite du morceau Sorry I quit, premier single de l’EP dévoilé qui nous incite à prendre un autre chemin, envoyer valser tout ce qui nous morfond et prendre le large, partir…

« Sorry I quit » c’est une formule simple et efficace, d’autant plus que le morceau est particulièrement enjoué et nous motive dans cet élan.
L’artwork du morceau conforte cette idée, tourner le dos à une réalité qui nous oppresse et partir en courant vers ce qu’il y a de meilleur, l’arc en ciel symbolisant l’espoir au loin.




La fuite justement est une idée qui revient beaucoup dans le travail du groupe, on retrouve cette thématique dans le morceau Make It your Own dans lequel sont repris en chœur les paroles « I could escape myself » en évoquant et presque en provocant sur la plus définitive et terrifiante des fuites, mettre fin à sa vie.
Pas d’inquiétudes, ils ne le feront pas, surtout pas, l’image est là pour rompre avec un quotidien, une boucle sans fin,  » When Sisyphus comes back Please tell him I’m around« , c’est une errance presque voulue, que l’on cultive et qui nous habille, nous nourrit, un vide qui remplit.
Cette notion est retranscrite dans le clip du morceau où l’on découvre le personnage énigmatique de La Gouvernante, une Drag Queen à l’esprit mélancolique. Entre plan serrés sur son visage qui jette des regards si profonds qu’on se noierait dedans pour toucher les abysses de son âme et une performance enivrante dans laquelle elle nous transporte dans une sphère onirique. C’est la réalisation de Nina Faustine Touches et Robin Alliel qui permet ce mariage parfait entre la musique douce et languissante du groupe et la performance hypnotique de La Gouvernante.

Le groupe nous avait déjà comblé avec le morceau Looking Fine fin Septembre, un morceau qui parle de la force de nos songes et notre rapport aux autres surtout lorsque autour de nous, tout se passe pour le mieux, et nous sommes là, perdus, incompris, égarés dans les méandres de notre esprit et la volonté sans limite de redonner un souffle, un élan à notre âme.

Cet EP c’est aussi le premier sur lequel un morceau est adressé à un amour direct, Her c’est ce morceau que l’on attend pas, une mise à nu face à ses sentiments et surtout une déclaration chétive qui laisse paraitre une vulnérabilité immense face à ce sentiment amoureux » When my eyes are drowning for you, I just love you, I will love you ».
Ce morceau aux airs de ballade nous tire jusqu’à sa conclusion où s’associent idéalement une ligne de guitare mélancolique, un synthé strident et des percussions qui résonnent comme un cœur qui bat la chamade, c’est un final en apothéose pour un morceau sincère et touchant.

Un EP c’est court et il faut savoir le conclure avec quelque chose de fort c’est une évidence, mais quelque chose d’aussi puissant que le morceau Great, personne n’en ressort indemne.
Ce titre il faut le penser, l’imaginer, une scène avec quatre d’hommes installés de manière collégiale autour d’un feu, ici pas de ce qu’on appelle la masculinité toxique, non bien au contraire, les voix se joignent à l’unisson pour nous faire le dessein d’ une complainte qui prend au cœur, aux tripes et ne vous lâche plus, « I’ll may be Great », c’est toute la faiblesse, la fragilité, l’insécurité qui nous caractérise en tant qu’humain qui ressort et transperce nos sens.

C’est un morceau qui pue la déprime et qui transpire les larmes qui n’ont pas su couler.
C’est un morceau de clôture qui comme l’œuvre du groupe en général remet en question notre existence et son but, et tous les tourments que cela implique.
La musique de Dogs for Friends c’est toucher du doigt là où ça fait le plus mal, mais bordel qu’est ce que ça fait du bien.

Crédits : Malo Daugerias Le Duff

Lorsque nous parlions du premier EP de Dogs for Friends il y a un an de cela nous comparions leur musique à une flamme de bougie, qui se noie dans la cire, qui lutte, vacille, mais jamais ne s’éteint.
Avec eux l’espoir reste intact, pour autant il serait judicieux d’aller plus loin dans l’image, Dogs for friends ce n’est pas uniquement une flamme qui brûle et lutte pour sa survie, non, c’est un foyer, un feu vif et brûlant que les quatre membres entretiennent et ravivent à coup d’hymnes pour le cœur et pour l’esprit. Georges Brassens écrivait Chanson pour l’Auvergnat, nous modifierons habilement ce morceau en chanson pour les Angevins, car au final, I’ll Pet U 4ever « Ce n’était rien qu’un feu de bois, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encore, A la manière d’un feu de joie »

Merci Dogs for Friends.