La musique d’Indigo Sparke est à la fois douce et captivante, forte et affirmé. Après son premier album, Echo, produit par Adrianne Lenker (Big Thief), la musicienne australienne vient de sortir Hysteria, un recueil de chansons intimes expansif, aux profondeurs sombres et envoûtantes. Nous avons pu lui poser quelques questions alors qu’elle se préparait pour son séjour européen. Nous avons parlé de sentiments, de guérison, de femme sauvage, et de son travail avec Aaron Dessner (The National, Taylor Swift… qui a produit l’album)…
ENGLISH VERSION BELOW
Indigo Sparke : Hey, comment ça va ?
La Face B : Bien et toi ?
Indigo : Je vais bien. Je suis encore en train de faire mes taches de la ma matinée.
LFB : Tu as récemment sorti ton deuxième album, Hysteria, et il est assez différent du premier, Echo (2021). Comment comparerais-tu les deux albums ?
IS : J’ai l’impression que Echo était un voyage plus introspectif à bien des égards. J’ai passé beaucoup de temps à traverser les États-Unis en voiture. J’étais dans des paysages en perpétuel mouvement, et j’avais comme un dialogue silencieux avec eux. Ou plutôt, j’avais un dialogue silencieux avec le paysage et par conséquent, j’avais beaucoup de réflexions sur moi-même, donc c’était comme avoir un dialogue silencieux avec moi-même. Et je pense qu’ Echo était le produit de cette réflexion interne et de ce dialogue. J’avais l’impression d’être toujours en train d’essayer de découvrir des choses et de comprendre certaines choses sur moi-même, le monde et l’univers.
Puis, avec Hysteria, j’avais l’impression d’avoir heurté de plein fouet mes propres limites… J’avais l’impression de voir les choses très clairement et d’avoir une idée très précise de certains thèmes, de certains sentiments, de certaines émotions en moi et dans mon histoire. C’était beaucoup plus net. C’était beaucoup plus tranchant. J’avais l’impression que l’expression était beaucoup plus aboutie, alors qu’avec Echo, j’étais encore en train d’explorer et les choses prenaient forme au fur et à mesure.
Donc je pense que c’est le courant émotionnel sous-jacent qui marque les différences entre les deux. Mais évidemment, ces états émotionnels ont eu un impact énorme sur les univers sonores. Je pense que l’on entend la différence. L’un est très fort et grand et l’esprit en avant. Ma voix est en avant et au centre, elle est très présente. Et puis avec Echo, c’est beaucoup plus de la musique folk ambiante, c’est plus doux et sinueux. C’est spacieux d’une manière différente. Spacieux d’une manière plus méta-cosmique. C’est presque comme si Hysteria était plus grand. Pas nécessairement aussi spacieux, mais plus grand parce que les sentiments sont plus grands, la rage est plus grande, l’amour est plus grand, et tout ça est plus grand, et ça se pousse vers l’extérieur. Il se gonfle parce qu’il a besoin de plus d’espace, je pense. Il est plus intense.
LFB : Une de mes questions concernait les endroits où tu as écrit l’album justement. Tu as déménagé d’Australie, d’où tu es originaire, à New York pour écrire le disque, n’est-ce pas ?
IS : En fait, j’avais écrit une grande partie d’Hysteria en Australie, en quarantaine. Et puis j’en ai écrit davantage quand je suis revenue à New York. Et puis j’ai aussi écrit au Nouveau-Mexique et à Taos quand je vivais là-bas – je vivais entre le Nouveau-Mexique et New York. Donc oui, j’ai écrit entre les deux, mais j’en avais déjà écrit une grande partie. Blue and Real et Hysteria ont été écrites en Australie.
Hold On a été écrite juste avant d’être en quarantaine. J’avais quitté New York en février et j’y suis retournée en passant par Bali, où je vivais. J’ai passé du temps à Bali. Et la pandémie a commencé et je suis revenu en Australie. Mais oui, j’ai écrit Hold On à Bali. J’ai écrit Burn, et God is a Woman’s Name dans le Minnesota, à Minneapolis. J’ai écrit Pressure in My Chest au Nouveau-Mexique, et puis j’ai écrit Golden Ribbons à New York. Et j’ai écrit Infinity Honey à L.A. Donc en fait, un peu partout.
LFB : L’album est rêveur et expansif. Et tu as travaillé avec Aaron Dessner, qui en est le producteur. Est-ce que tu peux nous parler un peu de votre travail ensemble ?
IS : Oui, c’est intéressant parce que quand je repense à ma collaboration avec lui… les gens m’ont demandé comment c’était de travailler avec lui, et d’une certaine manière, il n’y a pas grand-chose à dire, car une grande partie de notre travail était… nous avons parlé de la vie et de l’histoire d’une certaine façon. Mais en réalité, à bien des égards, nous avons passé en revue un grand nombre de démos de chansons et nous jouions les chansons ensemble après avoir écouté les démos que j’avais envoyées.
C’était très psychique et fluide. On ne parlait pas tellement des détails des choses. C’est presque comme s’il disait : « Bien, je vais sauter dans la rivière, et la rivière coule de ce côté ». Il était comme : « Viens, saute dans la rivière. » Et donc c’était comme, « ok », donc je sautais dans la rivière. Et on a juste suivi le courant.
C’est difficile à expliquer. On était juste dans le flux créatif, on faisait les chansons. Il y a eu quelques discussions à certains moments sur la façon dont les choses devraient être, nous avons changé des choses, ou bien il suggérait : « Eh bien, qu’en penserais-tu si cette chanson avait un pont ? Écrivons un pont pour cette chanson. »
Et c’était vraiment cool et amusant de superposer les morceaux avec différents sentiments. Ou, tu sais, à des moments je disais, « Je veux qu’il y ait ce genre de riff de guitare inspiré des Pixies à cet endroit » ou quoi que ce soit. Et il disait : « Ouais, super ! » ou : « Non, c’est une très mauvaise idée ! ». (rires). C’est très agréable de travailler avec lui. C’était une expérience très différente à certains égards. C’est un producteur, j’ai pris la tête de la création, il a aidé à débusquer et à créer ce monde sonique avec les petites graines que je lui avais données.
LFB : Les chansons de l’album expriment des émotions profondes, elles sont très intimes, est-ce que le processus de création musicale est un moyen de se libérer et de libérer des sentiments, et un moyen de guérir ? Qu’est-ce que l’écriture de chansons pour toi ?
IS : Je pense que c’est tout cela à la fois. C’est définitivement un moyen de traiter et d’exprimer des émotions profondes. C’est aussi un moyen de guérir. Le chant et l’écriture de chansons sont le langage que je maîtrise le mieux et dans lequel je me sens le plus à l’aise. Donc je suppose que c’est bien. Et, oui, c’est comme mon souffle et ma ligne de vie. Donc oui, toutes ces choses sont très importantes.
LFB : Et le mot « hystérie » est un terme d’émotion extrême. Peux-tu nous parler de ce titre et de ce qu’il signifie pour toi ?
IS : Oui. J’ai toujours été une personne aux sentiments très intenses, toute ma vie. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que mon père m’a dit plusieurs fois que lorsqu’il était jeune, il se souvenait que sa mère avait des émotions très fortes… tu sais, de grands sentiments sur les choses, sur le monde, sur la vie et l’amour. Et il disait toujours, « oui, elle devenait complètement hystérique », et mon père ne savait pas quoi faire.
J’ai toujours pensé que c’était intéressant, parce que je m’identifiais tellement à elle – Ils ont émigré d’Ukraine en Australie, en passant par Shanghai – et je pensais à toute cette histoire de femmes. Les femmes aux sentiments intenses, profonds et passionnés, potentiellement, pas mal étiquetées, mais nommées hystériques ou, tu sais, avec cette connotation négative parce que quelqu’un ne savait pas comment gérer cet état.
Et je pense que d’une certaine façon, j’essayais de récupérer ce mot pour moi et pour d’autres femmes dans l’histoire et à travers le temps, et l’histoire et l’origine de ce mot « hystérie » est en rapport avec l’utérus, l’utérus et les femmes dans cet état. Essentiellement, c’est un état de création. Le monde est né d’un état d’hystérie et de chaos.
Le mot vient du fait d’avoir été des états hystériques dans ma vie, de ressentir des sentiments intenses et d’avoir des gens dans ma vie qui me jugent, puis de me juger moi-même à ce sujet, et d’arriver à un point où je me disais : « Ce n’est pas une mauvaise chose. Pourquoi les femmes et moi-même devons-nous porter le poids d’un mot ou d’une connotation négative en tant que personne aux sentiments profonds? Parce que le patriarcat ne peut pas le supporter ? Eh bien, c’est des conneries. » Je n’adhère plus à cette histoire.
Et voici toute la beauté qui peut ressortir de ce que c’est que d’être une femme aux sentiments profonds dans le monde. J’en ai fini avec la suppression de cela. Et ça ne veut pas dire que l’on est folle ou bipolaire, ou peut-être que ça veut dire toutes ces choses, et qui en a quelque chose à foutre ? Comment apprendre à travailler avec ça. Je me souviens quand j’étais beaucoup plus jeune, et que j’avais suivi une thérapie – j’ai suivi des thérapies presque toute ma vie – j’ai traversé tant de mondes différents : la médecine occidentale, la médecine orientale, tant de mondes de pensée différents autour de ce qu’est une personne sensible.
Quand j’étais jeune, on m’a diagnostiqué certaines choses et j’y ai cru, puis je les ai rejetées en grandissant. Et je me souviens que quelqu’un m’a donné un exemplaire de ce livre Women Who Run with the Wolves (ndr : Women who Run with the Wolves : Mythes et histoires de l’archétype de la femme sauvage par Clarissa Pinkola Estés). Et je sais que c’est tellement cliché, parce que ce livre est totalement tendance en ce moment, tout le monde le lit. Mais je me souviens l’avoir lu quand j’étais beaucoup plus jeune, et avoir pensé « Oh mon Dieu, tous ces archétypes de femmes et ces histoires, et c’est tout simplement ce que c’est d’être une femme sauvage qui est en contact avec les cycles de son corps, et les rituels à l’intérieur du monde et la nature et toutes ces choses différentes ». Et je me suis dit : » On nous a appris à être déconnectées de cette partie de nous-mêmes. Pas étonnant que ça suffise à rendre une personne folle », tu vois ?
Lorsque tu réprimes et réprimes et réprimes, ça va finir par sortir d’une manière ou d’une autre : maladie, agression, dépression… Ce sont tous des états d’énergie piégée dans le corps. Parce qu’on n’est pas encouragées à les laisser sortir, parce que personne ne sait vraiment comment vous gérez ça.
Bref, c’est un peu de là que tout vient. Et comment, dans l’amour, ces états d’émotion exacerbés quand nous sommes vraiment si proches et contre quelqu’un, comment cet amour peut déverrouiller toutes les portes à l’intérieur de nous-mêmes que nous avons réussi à bien garder fermées jusque là.
Et si vous avez des antécédents familiaux de traumatismes, alors il est très probable que cette merde va être déverrouillée, donc (rires)… Tout le monde a un certain niveau de traumatisme. Je ne pense pas que quiconque ait une vie parfaite. Je pense que les choses peuvent devenir hystériques en amour même quand les gens sont équilibrés.
LFB : Y a-t-il une chanson sur l’album que tu aimes particulièrement, qui te tient à cœur ?
IS : Hum… Je pense que beaucoup d’entre elles me tiennent vraiment à cœur, j’aime vraiment beaucoup d’entre elles, mais j’aime vraiment Real et j’aime Golden Ribbons. Ce sont celles qui se trouvent au plus profond de moi, et Blue. Ce sont celles qui sont souvent profondément ancrées en moi.
Et puis, il y a celles qui sont vraiment amusants à jouer. Par exemple, mes préférées sont Sad Is Love et Time Gets Eaten et Hold On et Set Your Fire On Me. Ce sont celles que j’aime vraiment jouer avec le groupe. Et puis, il y en a d’autres qui sont profondément ancrées en moi et qui sont toujours inconfortables, d’une certaine manière. Comme Pressure in My Chest, une chanson que j’adore. Elle a une histoire qui lui est liée, d’une certaine manière. Et peut-être qu’à cause de ça, elle me met encore mal à l’aise.
LFB : Et tu disais que tu écrivais des chansons dans de nombreux endroits différents. Peux-tu nous parler un peu de ton processus d’écriture ?
IS : C’est très difficile à décrire parce que ce n’est pas une pratique, où j’ai un ensemble de choses que je fais pour me mettre dans un espace créatif et m’asseoir. Je pense que c’est plus intuitif et spontané.
Je ne me souviens plus où j’ai vu, dans un podcast ou quelque chose comme ça… ils parlaient d’une cavalière qui marchait dans un champ. Et puis tout d’un coup, elle sent l’esprit, l’esprit entre dans son corps et c’est l’esprit du génie. Elle commence à courir dans le champ pour arriver à son bureau parce qu’elle sait que l’esprit du génie est entré en elle et qu’elle doit s’asseoir. Et elle s’assoit maniaquement et tout sort d’elle. Elle sait que si elle ne s’assied pas, ça va partir, ça ne va pas rester avec elle parce qu’elle choisit de bouger.
Je m’identifie à ça dans le sens où il y a des jours où c’est là. Certains jours, ça ne l’est pas. Il y a des jours où ça arrive de façon vraiment inopportune et aléatoire et je dois juste essayer de trouver un moyen de l’exprimer même si je n’ai pas de guitare. Mon téléphone est rempli de notes et de mémos vocaux d’écriture ou de petits bouts de choses aléatoires qui sortent de ma bouche. Et puis je travaille avec ça et je le transforme en quelque chose.
LFB : Tes deux disques sont sortis sur Sacred Bones, comment vous êtes vous rencontrés ?
IS : Quand j’ai sorti Echo à l’origine, j’avais décidé de le faire de manière indépendante, parce que c’était une époque bizarre avec le COVID et j’ai eu quelques offres et des choses sont tombées à l’eau et je me suis dit « je peux juste faire ça indépendamment ».
J’ai donc sorti le premier single, puis j’ai reçu d’autres offres. J’ai rencontré des gens et j’ai rencontré Caleb (Braaten) de Sacred Bones et je l’ai vraiment aimé. Je me suis dit : « Oh, cette personne est toujours dedans pour la musique, par-dessus tout ». Il aime vraiment la musique. Il m’en a beaucoup parlé, j’ai senti qu’il était vraiment investi.
Son roster était obscur et différent, il n’était pas super grand public. Il n’y avait pas tout un tas d’autres filles indie folk. Ce que j’ai trouvé super cool. J’adore le croisement entre la musique, la bande-son et le cinéma, et j’ai trouvé vraiment cool qu’il ait Jim Jarmusch et David Lynch sur son label.
J’ai une profondeur, un edge et une ombre. C’est très réel. Je ne suis pas juste légère et heureuse, écrivant des chansons joyeuses. Et j’ai senti que, de par son énergie, le label avait la capacité de porter un espoir, une version bien arrondie de moi, qui aurait englobé toute la lumière et l’obscurité, les profondeurs et la poigne.
Pas signer avec un label qui serait beaucoup plus connu ou glamour ou qui ait déjà plein de filles qui font de la musique indie folk rock, mais avec une légèreté et un bonheur particuliers à tout ça, ce qui ne me ressemble pas du tout. Ou tu sais, sortir l’album Hysteria avec un producteur pop qui a gagné un Grammy… J’ai eu l’impression que son label correspondait beaucoup plus à cette partie de moi.
LFB : Oui, ils ont une forte identité, une forte aura. Et je me demandais juste si l’on est influencé lorsque l’on signe sur un tel label, si l’on ressent une influence ou si l’on est juste soi-même au final ?
IS : Je ne la ressens pas. J’ai juste l’impression que certains labels sont plus à même de vous soutenir dans votre expansion et votre croissance en tant qu’artiste, et j’ai ressenti cela dès le début avec Sacred Bones. Je sentais que Caleb me faisait confiance et que je pouvais aller dans n’importe quelle direction et qu’il serait là. Je pourrais sortir un super méga hit pop et il serait là, ils seraient là pour me soutenir. Ou je pourrais sortir un album de poésie avec du spoken word, de la musique grunge, et ils seraient là. Ou je pourrais faire n’importe quoi, de la musique ambiante…
Et donc c’est vraiment cool, parce que j’ai l’impression que toutes ces différentes expressions sont en moi, et je voulais être capable de jouer avec ces différentes choses. Je pense que c’est une juxtaposition vraiment cool aussi avec Sacred Bones. C’est une combinaison très bizarre mais aussi très juste. C’est vraiment cool.
LFB : Et tu étais en tournée aux Etats-Unis. Tu as fait la première partie de The National récemment ,et tu joues des dates en Europe en ce moment, notamment à Paris au Point Éphémère le 21/11, dans le cadre du festival Les Femmes s’en Mêlent. Est-ce que tu prévois de faire une tournée en Europe avec le groupe complet prochainement ?
IS : Je l’espère. Je croise les doigts ! J’adorerais, mais l’industrie des tournées est incroyablement difficile en ce moment. Et je ne sais pas si les gens gagnent de l’argent. Je perds de l’argent pour venir jouer ces concerts à Londres et à Paris. Donc ça n’a pas de sens pour des artistes, tous les artistes et moi y compris, de payer pour apporter de la musique au monde. Cela n’a tout simplement pas de sens. J’aimerais absolument venir et faire une tournée avec mon groupe. Mais je ne sais pas quand cela sera possible financièrement.
LFB : Merci !
Indigo Sparke sera en concert à Paris ce soir (16/11) au Supersonic et au Point Éphémère lundi (21/11) dans le cadre du festival Les Femmes s’en Mêlent.
Suivre Indigo Sparke sur Facebook et/ou sur Instagram.
ENGLISH VERSION
Indigo Sparke’s music is at once soft and captivating, strong and assertive. After her debut album, Echo, produced by Adrianne Lenker (Big Thief), the Australian musician has just released Hysteria, an expansive collection of intimate songs with dark and haunting depths. We asked her a few questions as she prepared for her European trip. We talked about feelings, healing, wild women and her work with Aaron Dessner (The National, Taylor Swift… who produced the album)…
Indigo Sparke: Hey, How are you?
La Face B: Good! How are you?
Indigo: I’m good. I’m just getting my morning going still.
LFB: You’ve recently released your second album Hysteria and it is quite different from the first one Echo (2021). How would you compare the two albums?
IS: I feel like Echo was much more of an introspective journey in many ways. I spent a lot of time driving across the United States. And so I was in constantly moving landscapes and I was having like a silent dialogue with it. Or rather I was having a silent dialogue with the landscape and therefore I was having a lot of reflections about myself, so it’s having a silent dialogue with myself. And I guess Echo was the product of that internal reflection and dialogue that I was having. It felt like I was still trying to discover things and still trying to understand certain things about myself and the world and the universe.
Then with Hysteria, I felt like I had come so hard up against the edge of myself. And it felt like I was seeing things so clearly, and I had a very fully formed idea about certain themes, certain feeling, certain emotions inside of me, and of my history. So it felt much more sharp. It had much more of an edge. It felt like the expression of it was more fully formed. Whereas Echo I was still exploring and things were coming into shape as I was in the process of it.
So I guess that’s the emotional undercurrent of the differences between both of them. But then obviously those emotional states really impacted the sonic worlds massively. So I think you can you can hear the difference. One is very strong and big and spirit forward. My voice is front and centre, it’s very much there. And then with Echo, it’s much more ambient folk music in a way, it’s more gentle and meandering. It’s spacious in a different way. Spacious in a more meta cosmic way. Whereas it’s almost like Hysteria is bigger. Not necessarily as spacious, but bigger because the feelings are bigger and the rage is bigger, and the love is bigger and all of it is bigger so it pushes itself out. It balloons out because it needs more space, I think. Maybe more intense.
LFB: One of my questions was about the places where you’ve wrote the album. You moved from Australia where you’re from to New York to write the record, haven’t you?
IS: I had actually written in a lot of Hysteria in Australia in quarantine. And then I wrote more of it when I moved back to New York. And then I also wrote in New Mexico and Taos when I was living there – I was living between New Mexico and New York. So yeah, it was written inbetween, but I had a lot of it written already. Like Blue and Real and Hysteria were written in Australia.
Hold On was written right before in quarantine hit. I had left New York in February and I went back via Bali, where I used to live. So I spent some time in Bali. And when the pandemic started and I came back to Australia. But yeah, I wrote Hold On in Bali. I wrote Burn, and God Is a Woman’s Name in Minnesota in Minneapolis. I wrote Pressure in My Chest in New Mexico, and then I wrote Golden Ribbons in New York. And I wrote Infinity Honey in L.A. So I mean, yes, actually all over.
LFB: The album feels dreamy and expansive. And you work with Aaron Dessner who produced the album, can you tell us a bit about bit about your work together?
IS: Yeah. I mean, it’s really interesting because when I think back on working with him – and people have asked me about what it’s like working with him -and there’s not a lot to say in some ways, because so much of it I felt was… I mean, we talked about life and history in some ways. But really, in many ways, we went through a lot of the demos of the songs and we would play the songs together after listening to the demos that I had sent.
It was a very psychic, flowfull thing. There wasn’t so much talk about the detail of things. It’s almost like he was like, “Alright, I’m gonna jump in the river, and the river is flowing this way”. He was like, “Come jump in the river.” And so it was like, “okay”, so I’d just jump in the river. And we just went on the current. It’s hard to explain. We were just in the creative flow of it, just making the songs. There was some discussions at some points about the ways that things should be, or like, we changed things around or he would suggest, “well, how about this song has a bridge? Let’s write a bridge into this song.”
And, that was really cool and fun and layering the songs with different feelings. Or, you know, moments where I’d be like, “I want it to have this kind of Pixies guitar riff inspired moment in this spot” or you know, whatever it is. And he would be like, “Yeah, great!” or “No, it’s a terrible idea!” (laughs).
He is an amazing person to work with. It was a very different experience in some ways. He’s a producer, I took the lead of creating this, he helped flush out and create this sonic world with the little seeds that I had given him.
LFB: The songs on the album, encapsulate deep emotions, it feels very intimate, is the process of making music a way to release feelings and a way to heal? What’s song writing to you?
IS: I think all of the above really. Definitely a way to process and to express deep emotions. Definitely, definitely to heal. Singing and songwriting is the language that I feel simultaneously most fluent in and also, most awkward in. So I guess that’s good. And, yeah, very much feels like my breath and my lifeline. So yeah, all of those things very much so.
LFB: And the word “hysteria” is a term of extreme emotion. Can you tell us about this title and what it means to you and, and maybe about this song?
IS: Yeah. I was always a very intense feeling person my whole life. What’s really interesting is that my dad told me a few times that when he was young, he remembers his mother having these really big, emotional… you know, big feelings about things, about the world and about life and love. And he would always say, “yes, she would just get totally hysterical”, and my father just didn’t know what to do about it.
I’ve always thought that was interesting, because I so related to her – They emigrated from Ukraine to Australia via Shanghai – and I was thinking about all that history of women. You know, intense feeling, deep feeling, passionate feeling women, getting potentially, not mislabeled, but named hysterical or you know, with this negative connotation because someone didn’t know how to deal with that state.
And I think that in some way, I was trying to reclaim that word for myself and for other women in history and through time, and the history and the origin of that word “hysteria” is to do with the uterus, in the womb and women in that state…Essentially, it’s a creation state. The world was born out of a state of hysteria and chaos.
The word came from being in hysterical states in my life, of feeling intense feelings and having people judge me and then having myself judging myself about that, and getting to a point where I was like “This is not a bad thing. Why do women and why do I have to wear the weight of a word, or a negative connotation with being a deep feeling person? Because the patriarchy can’t handle it? Well, that’s bullshit. I’m not fucking buying that narrative anymore. »
And this is all the beauty that can come out of what it is to be a deep feeling woman in the world. I’m done with the suppression of that. And it doesn’t mean that you’re crazy or you’re bipolar or I mean, maybe it means all those things and who gives a fuck? How do we learn to work with that?
I remember when I was much younger, and I had been in therapy – I’ve been in therapy most of my life – and I’ve been traversed through so many different worlds: through Western medicine, Eastern medicine, so many different kinds of worlds of thought around what it is to be sensitive person.
I had diagnosis when I was young as certain things and kind of believed them and then rejected them when I was older. And I remember someone giving me a copy of that book Women Who Run with the Wolves (ndr: Women who Run with the Wolves: Myths and Stories of the Wild Woman Archetype by Clarissa Pinkola Estés). And I know it’s so cliché because that book is totally trending right now and everyone’s reading it. But I remember reading that when I was much younger, and just thinking “Oh my God, all these archetypes of these women and these stories, and this is just what it is to be a wild woman in the world who is in touch with the cycles in her body, and the rituals inside the world and nature and all these different things”. And I was like, “well how out of touch we’ve been taught to be from this part of ourselves. No wonder that is enough to make a person crazy”, you know?
It’s like, when you suppress and suppress and suppress, eventually it’s going to come out in some way: disease, illness, aggression, depression… I mean, they all states of trapped energy in the body. Because we’re not encouraged to let them out, because no one really knows how the fuck did you deal with it.
So anyway, that was kind of where that all came from. And how in love, those heightened states of emotion when we’re really so close and up against someone, how that love can unlock all the doorways inside of ourselves that we’ve done a pretty good job of keeping closed. And if you have any kind of family history of trauma, then it’s very likely that shit is gonna get unlocked, so (laughs)… and everyone has some level of trauma. I don’t think anyone has a perfect life. I think that things can get hysterical in love when people are in balance.
LFB: Is there a song on the album that you particularly like, that is close to your heart or that has a special story behind that you would like to share?
IS: Um… I think so many of them in many ways are really close to my heart. I really love a lot of them, but I really love Real and I love Golden Ribbons and Blue. They’re ones that sit inside of me deeply often.
Then there are ones that are really fun to play. Like, my favourite ones to play are Sad Is Love and Time Gets Eaten and Hold On and Set Your Fire On Me. They are ones that I really love playing with the band. And then there are other ones which are deep inside of me and also still uncomfortable in a way. Like Pressure in My Chest is a song that I love. And has a history in some way woven into it. And maybe because of that it’s uncomfortable inside of me. Still, so yeah.
LFB: And you said you were writing songs in many different places? Can you tell us a bit about your writing process?
IS: It’s very hard to describe because it’s not like a practice where I have a set of things that I do to get into a creative space to sit down. I think it’s much more intuitive and spontaneous.
I can never remember where I saw it from, on some podcast or something, but they were talking about a rider and she’s walking in the field. Then all of a sudden, she feels the spirit, the spirit comes into her body and it’s the spirit of the genius. And she just starts running in the field to get to her desk because she knows that spirit of genius has come into her and she needs to just sit down. She just sits down manically and it’s all pouring out of her. And I because she knows if she doesn’t sit down then it’s gonna go, it’s not going to stay with her because she chooses to move around.
I relate to that in the way that I just have some days it’s there. Some days it’s not. Some days it comes really inconveniently and randomly and I just have to try to find a way to express it even if I don’t have a guitar. My phone is just filled with notes and voice memos of writing or little bits of random stuff that’s coming out of my mouth. And then I’ll work with it and turn it into something.
LFB: Your two records have been on Sacred Bones, how did you encounter with them?
IS: When I was putting out Echo originally, I decided to do it independently, because it was weird COVID times and I had a few offers and things fell through and I was just like “well I can just do this independently”.
So put the first single out and then I got some more offers and I was meeting with people and I met with Caleb (Braaten) from Sacred bones and I just really loved him. I was like, “Oh, this person’s still in this for the music. Above everything, he’s still in this for the music”. He really loves the music. He talked a lot about it to me, I felt that he was really invested.
While obscure and different the roster was, it wasn’t super mainstream. There wasn’t a whole bunch of other indie folk girls on there. Which I thought was super cool. I love the crossover between music and soundtrack and film and I thought it was really cool that he has got Jim Jarmusch and David Lynch on his label.
And I think what felt good about it was that I have a depth and a grit and a shadow to me. That is very real. And I’m not light and happy, writing happy songs. And I just felt the label in its energy had the capacity to hold a hope, like a well rounded version of me that had encompassed all the light and the dark and the depths and the grip. Not just sign with a certain label that is much more glossy or glamorous or already has a bunch of girls doing indie folk rock music but with a particular lightness and happiness to all of it, which just doesn’t feel like me at all, or you know, put out the album Hysteria with like a Grammy winning pop producer… So I felt like his label met that part of me a lot more.
LFB: Yeah, they have a strong identity, a strong aura. And I was just wondering if one is influenced if you sign on such a label, like do you feel influence or are you just you in the end?
IS: I don’t feel it. I just feel certain labels have more of a capacity to hold you in your expansion and growth as an artist and I felt that from the beginning with Sacred Bones. I felt Caleb trusted me and I could go in any direction and he would be there. Like I could put out a super mega pop hit and then he would be there, they would be there supporting that. Or I could put out an album of poetry with spoken word, grunge music, and they would be there. Or I could whatever, ambient music…
And so that’s really cool because I feel like all those different expressions are inside of me and I wanted to be able to play with the different things. I think that’s a really cool juxtaposition as well with Sacred Bones you know? That’s like a very weird but kind of also right match. It’s really cool.
LFB: And you’ve been touring in the US. You were touring opening for The National recently and you’re playing some dates in Europe at the moment, notably in Paris at the Supersonic record store on 16th November and at the Point Éphémère on 21/11 as part of the festival Les Femmes s’en Mêlent. Are you planning a tour in Europe with the full band soon?
IS: Hopefully. Fingers crossed! I would absolutely love to, but the touring industry right now is incredibly difficult. And I don’t know if anyone’s making money. I’m losing money to come and play these shows in London and Paris. So it just doesn’t make sense for an artist, artists, plural, all artists and myself included in that to be paying to bring music to the world. That just doesn’t make sense. I would absolutely love to come in and do a band tour. And I just don’t know when that’s going to be possible financially.
LFB: Thank you!