Avec Instant Classique, La Face B revient sur des albums qui ont changé la face de l’histoire de la musique. Premier voyage dans le temps il y a 25 ans avec Oasis. Emmenée par les frères Gallagher, la formation mancunienne sortait son premier album. Retour sur l’opus qui propulsa la pop britannique de nouveau sur les devants de la scène.
Été 1994, le monde de la musique se remet doucement de la mort de Kurt Cobain et une majeure partie des jeunes est baignée dans le grunge. Mais plus pour très longtemps… Un an plus tôt, après un concert plus ou moins improvisé à Glasgow, 5 musiciens (Noel et Liam Gallagher, Paul Arthurs, Paul McGuigan et Tony McCarroll) jusqu’alors inconnus du grand public tapent dans l’œil d’Alan McGee, fondateur de Creation Records. C’est sur ce label que ces 5 « lads » sortiront leur premier album, composé de 11 bombes, « chansons à propos d’être en vie et de passer du bon temps » comme le décrit Noel : Definitely Maybe.
Si l’atmosphère dégagée par Nirvana était sombre et tumultueuse, Oasis allait apporter une toute autre vision. En dépit de la relation « love-hate » des frères Gallagher, le groupe mancunien se voulait être une réaction à la tourmente grunge. Issu du monde indie pop britannique, il se trouvait aux antipodes du mouvement américain et était prêt à remettre le Royaume-Uni au centre du monde. Si Suede et Blur avaient préparé le terrain, l’explosion de la britpop provint assurément de l’étincelle Oasis. Entre les compositions efficaces de Noel et la voix acidulée de Liam, tout était réuni pour que le grand public s’arrache le premier opus du groupe.
Dès la première piste, Rock’N’Roll Star, le ton est donné : gorgé d’assurance et avec une pointe d’humour, ce titre anticipe le succès planétaire du groupe. Les guitares déchaînées accompagnent la voix unique de Liam, qui semble nous cracher les paroles à la figure avec une sublime insolence. On retrouvera cette même insolence sur l’imparable Supersonic, premier single du groupe, qui, dès les premiers coups de batterie, nous inflige une énorme mandale. Autre grand hit de la formation mancunienne, Live Forever est la parfaite illustration de l’optimisme dégagé par les cinq garçons.
À cheval entre le blues et le psyché, Shakermaker nous transmet une énergie folle, toujours avec la même aisance, tout comme Cigarettes & Alcohol – dont le riff n’est pas sans rappeler celui de Get It On de T. Rex – célèbrant l’hédonisme de la bande avec une touche de dérision. Columbia, quant à lui, nous met la tête dans les étoiles avec son riff distordu et son rythme madchester. Le fougueux Up In The Sky nous montre les prouesses vocales de Liam, qui même dans les aigus s’en sort admirablement bien en flirtant avec les limites de la justesse. Sur le survolté Bring It On Down, Noel s’amuse avec sa guitare en nous offrant un solo diablement efficace.
Si Digsy’s Dinner fait débat au sein des fans, par ses paroles stupides et sa mélodie légère, Slide Away fait l’unanimité. Oasis nous y expose une facette beaucoup plus sérieuse, toujours avec le même talent d’écriture et d’exécution, un véritable hymne à l’amour qu’une grande majorité des « mad fer it » considère comme le meilleur morceau de la bande des Gallagher.
Definitely Maybe se conclut sur une ballade bien plus légère, Married With Children, tournant en dérision une vie de vieux couple. Une fois de plus Oasis nous étonne par son aisance : loin des guitares saturées, l’ultime piste fait mouche et ferme parfaitement l’opus. Ce dernier titre, par ailleurs, est le prémisse d’un tournant plus pop de la formation. En témoigne le single Whatever, qui figure en outre sur certaines versions du premier album et qui fait office de transition vers (What’s The Story) Morning Glory, où figureront les tubes Some Might Say, Champagne Supernova, Don’t Look Back In Anger et évidemment Wonderwall, qu’on ne présente plus.
Ce deuxième album marquera le sommet de l’Oasismania, avec deux concerts à Knebworth devant 250 000 personnes. Impacté par des tensions internes, des problèmes de drogue ou encore des tentatives de récupération politique par Tony Blair, le groupe va entamer doucement son déclin. Son troisième album, Be Here Now, recevra un accueil mitigé, tandis que Standing On The Shoulder Of Giants et Heathen Chemistry, sur fond de changements de line-ups, auront du mal à convaincre la presse et l’audimat. Alors que sur Don’t Believe The Truth et Dig Out Your Soul, Oasis semblait avoir repris du poil de la bête, la formation se sépare définitivement le 28 août 2009, 15 ans presque jour pour jour après la sortie du premier album. Ça s’est passé à Rock en Seine, cocorico…