Groupe devenu culte dès la sortie de leur premier album, An Awesome Wave, Alt-J n’a de cesse depuis de nous ébahir. Alors qu’ils dévoilent aujourd’hui leur nouvel album, The Dream, nous avons eu le plaisir de discuter longuement avec Gus, Thom et Joe. L’occasion de parler de ce nouveau projet, d’écriture en formes de nouvelles, de l’amérique et des 10 ans de leur premier effort.
LFB : Alors première question, et la plus importante, comment allez-vous aujourd’hui ?
Gus : Pas trop mal. Beaucoup d’interviews ! En fait, je vais manger mon déjeuner pendant que nous faisons cette interview, si c’est ok pour vous, parce que je dois emmener mon fils chez le médecin pendant la pause déjeuner, mais il va bien. C’est une journée horrible à Londres, je dirais. Un temps dégueulasse.
LFB : Ouais, le nord de la France aussi. C’est pareil ici.
Thom : Oui, bien. Merci. Ouais, juste un peu froid.
Joe : Je vais bien, merci, Charles.
LFB : Vous êtes sur le point de sortir The Dream. Pour moi le nom de se prête bien à notre époque. Et vous avez commencé à écrire l’album début 2020, juste avant la pandémie, et je me demandais si cette situation a eu une influence sur la création de l’album, et si vous avez réussi à travailler ensemble à distance ? Ou est-ce que vous avez attendu d’être de nouveau ensemble pour écrire l’album ?
Gus : Oui, définitivement, les deux dernières années ont un peu ressemblé à un rêve, une sorte d’incertitude sur le temps passé, l’heure de la journée, la semaine, le mois ou de l’année même parfois. Vous ne savez pas vraiment où vous êtes et quand vous êtes.
En ce qui concerne l’impact de la pandémie sur l’album, il nous a fallu plus de temps pour le réaliser, mais je pense que ce n’était peut-être pas une mauvaise chose. Je pense que nous avons eu plus de temps pour y revenir et écrire davantage, pour être plus attentifs à ce que nous mettions sur l’album et à la façon dont nous le structurions, etc.
On n’a pas vraiment essayé de travailler à distance. Nous avons fait un peu de mixage à distance, ce qui était assez utile. Mais dans l’ensemble, je pense que nous avons simplement pensé qu’il était préférable d’attendre d’être de nouveau dans la même pièce et de reprendre le travail lorsque la situation le permettait.
LFB : Je trouve que tous vos albums racontent une histoire. Pour moi, cet album est comme un livre, comme un recueil de nouvelles, où chaque morceau est vu du point de vue d’une personne différente. Est-ce une idée qui vous convient et comment vous y êtes-vous pris ?
Joe : Je pense que c’est une description assez précise de la façon dont nous écrivons les chansons. Nous ne nous concentrons pas vraiment sur un concept global. Je pense que chaque chanson a ses propres caractéristiques.
Et oui, je comparerais probablement cela à des nouvelles ou presque, ou à un édifice architectural, un bâtiment je devrais dire (rires). Vous savez, chacun d’un style très différent. Et chacun a une atmosphère très différente. Et, oui, il faut s’assurer que toutes les histoires soient fortes et qu’on ne se concentre pas sur une seule au détriment des autres.
LFB : Si on pense à votre album précédent, celui-ci est pour moi le plus ouvert dans les paroles, le moins mystérieux. As-tu l’impression que ton écriture a évolué avec le temps ?
Joe : Je pense que naturellement, travailler pendant 10 ans, quand c’est ton métier, c’est un peu comme si c’était une discipline dont tu n’es pas distrait. Tu évolues vraiment naturellement avec le temps. Et donc ton écriture change. Je pense qu’elle a changé. C’est juste le cours naturel pour tout le monde, n’est-ce pas ? Cette sorte de développement avec le temps.
LFB : Et est-ce que tu penses que l’âge a aidé cette ouverture ? Je pense à des chansons comme U and Me ou Get Better. C’est comme si tu te sentais libre d’être toi-même dans tes paroles et plus ou moins honnête, mais d’être toi-même, sans te cacher dans une sorte de mystère.
Gus : Je pense que c’est assez révélateur. J’ai l’impression que, Joe, dans le passé, je ne dirais pas que tu citais beaucoup le travail des autres et tout ça, certainement pas que tu en dépendais ou quoi, mais j’ai l’impression que peut-être, d’une certaine façon tu étais presque… c’était peut-être un peu une insécurité pour toi. Et je pense que maintenant tu ne ressens plus le besoin de faire ce genre de choses.
C’était manifestement quelque chose que tu aimais faire. C’était une belle façon de faire référence à un travail qui t’a influencé, mais j’ai l’impression que maintenant tu as dépassé cette phase, et que dans tes paroles ou tu as maintenant l’impression que tu peux puiser en toi plus que jamais. Est-ce que je…
Joe : Oui, je me sentais peut-être, oui, conscient de ne pas avoir l’expérience nécessaire pour créer des sujets de chansons qui valent la peine d’être écoutées. Alors peut-être que j’ai puisé dans le dur labeur d’autres. Et en fait, le meilleur était les films que je regardais tout au long de mon adolescence et jusqu’au début de ma vingtaine.
Je me suis rendu compte que j’avais continué à chanter à ce sujet. Peut-être que c’était ma passion ou peut-être que c’était mon expérience. L’expérience de ma vie, c’était le cinéma. Et c’est donc là que tout a commencé.
Mais oui, et je pense qu’avec le temps, l’écriture des chansons est peut-être moins référentielle et plus ouverte à la création de mondes largement fictifs mais écrits avec des vignettes basées sur la vie réelle.
LFB : Et d’un autre côté, tu as des chansons où tu te mets dans la peau de différents personnages même douteux ou dangereux comme Hard Drive Gold ou Losing my Mind. Comment parviens-tu à t’approprier les personnages, à te mettre dans la peau de ces personnes bizarres et dangereuses autres que toi ?
Joe : Je pense que lorsque tu écris, c’est une sorte de va-et-vient constant entre s’échapper de soi et se référer à soi. Et je pense qu’il est assez facile de s’échapper en tant que personne lorsque le sujet est quelque chose de si étranger à ta façon de vivre, comme parler de meurtre. C’est une fascination qui relie ces deux mondes.
La fascination pour ce qui pousse les gens à penser que c’est quelque chose qui est justifié. Et aussi les effets que cela a sur les victimes et les familles des victimes. Et c’est certainement quelque chose dont on ne se rend pas compte, quand on marche dans la rue tous les jours, on croise des meurtriers, on croise des gens qui ont été condamnés pour des crimes qui nous mettraient très mal à l’aise si nous étions dans une pièce avec eux. Et si tu marches dans la campagne, tu n’es probablement pas loin d’un corps…
Donc on est un peu… c’est une chose à laquelle on est exposé, mais on ne sait pas toujours qu’on l’est. Je pense que ça aide à l’écriture, de savoir que c’est réel et que ça peut nous arriver.
LFB : L’obscurité a toujours été très présente dans votre travail. Est-ce que c’est quelque chose que vous mettez dans votre musique comme la violence et des choses comme ça, pour garder cela loin de vos vies, ou avez-vous besoin d’y revenir pour évacuer certains traumatismes ?
Gus : Je pense que ce sont juste des histoires… nous aimons raconter des histoires dans notre travail et je suppose que, d’une certaine manière, les histoires heureuses ne sont pas toujours les plus intéressantes, n’est-ce pas ?
Je pense que nous pouvons le voir dans tout, dans les médias, dans la culture et la littérature et des choses comme ça. Ce sont souvent des histoires qui impliquent… toutes les vies humaines qui sont passées en revue, de notre point de vue sont un peu des tragédies qui impliquent perte et douleur. La vie de chacun est pleine de ce genre de choses. Nous avons juste tendance à ne pas trop nous y attarder parce que nous devons essayer de continuer à vivre, n’est-ce pas ?
Mais vous savez, en fait, la vie est dure et la vie est cruelle, et je suppose que ce sont ces histoires qui semblent finalement ressortir principalement dans votre travail de toute façon, dans ton travail Joe, dans tes paroles et autres. Parce que je pense que c’est quelque chose auquel on pense tout le temps, la mort, tu sais.
LFB : Je pense, c’est mon opinion, mais pour la première fois dans votre musique il y a des chansons vraiment lumineuses dans cet album, comme U and Me, les choses pour moi s’améliorent. C’est doux-amer, mais c’est pour moi comme si vous aviez réussi à dépasser cette obscurité pour la première fois dans votre musique.
Gus : C’est intéressant.
Joe : D’aller de l’avant ? C’est ce que tu as dit ?
LFB : Comme si vous aviez réussi à ne, pas être heureux, mais en quelque sorte à laisser passer l’obscurité.
Joe : Comme, se remettre de l’obscurité ?
LFB : Oui.
Joe : Oui. Parce que c’est quelque chose que nous devrons inévitablement affronter, à chaque fois dans notre vie. Et je pense aussi que c’est le fait de savoir que les choses ne s’améliorent pas. On s’habitue au monde après la disparition de quelqu’un qu’on aime. Et on s’y fait… Ça ne veut pas dire qu’on est perpétuellement triste, désemparé ou le cœur brisé.
Tu marches juste avec une blessure que tu as et tu fais face. Et c’est une situation très similaire à celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement avec la pandémie mondiale. Nous n’allons pas guérir de cette situation. Nous allons juste commencer à y faire face en tant qu’espèce. Nous allons faire face au fait qu’elle fait maintenant partie de la population générale, des maladies que vous êtes susceptibles de contracter.
LFB : Et je me demandais, je pense qu’il y a un équilibre entre votre musique et vos paroles et dans le processus de création, est-ce que les paroles influencent la couleur de la chanson ? Comme Losing my Mind qui est très perturbante et très sombre, et U and Me qui est très solaire par exemple, et je me demandais si les paroles viennent en premier et influencent la chanson ou si c’est un processus global pour vous ?
Joe : Je pense que parfois les paroles sont cataloguées. Pour Getting Better, il y avait cette vaste collection de réflexions sur la façon de se remettre de la perte d’un être cher. Et donc oui, elles sont tous cataloguées dans divers carnets que j’ai. Et puis, quand on décide de ce qu’on veut que la chanson soit, on commence à trouver ces choses qu’on sait être quelque part, dans le studio d’écriture, et on commence à mettre tout ça ensemble.
Donc ce n’est pas l’écriture de la guitare qui influence la musique. C’est comme, on le fait avec notre tête, pas avec notre cœur. Tu connectes deux mondes différents ensemble. Et ils se comprennent assez facilement, simplement parce que j’écris les paroles et j’écris la guitare.
Mais ensuite, avec quelque chose comme Losing My Mind, le refrain de cette chanson, U and I sont faites du même tissus, c’était juste… Je suis tombé dessus quand je composais la guitare. Ça correspondait au rythme et c’était comme, parfois tu trouves un texte que tu as improvisé et tu te dis, « Oh, je vais trouver autre chose pour ça ».
Mais je pense qu’avec ces 10 ans d’expérience, on réalise parfois qu’en fait, on n’a pas besoin de chercher d’autres paroles. C’était les paroles que ton corps voulait libérer quand tu écrivais ce riff de guitare.
Donc oui, pour chaque chanson, il y a différentes origines de ce qui vient en premier et comment les structures majeures sont influencées par d’autres structures majeures.
LFB : Et pour cet album, d’une certaine manière, je trouve qu’il y a quelque chose de très cinématographique dans la musique.
Est-ce que l’idée d’écrire en termes de personnages, ou de différentes perspectives, a fait évoluer ta façon de considérer ta musique, à travers l’utilisation de cordes comme il y a comme une sorte de vibration occidentale dans certaines chansons ou de film policier à certains moments. Est-ce que tu vois cette évolution comme plus ambitieuse, moins minimaliste, d’une certaine manière pour cet album ?
Joe : Oui. C’est drôle parce que le morceau le plus minimaliste que j’ai écrit, d’un point de vue lyrique, c’est Walk a Mile. C’est assez répétitif. Et en fait, j’ai trouvé ça plutôt rafraîchissant parce qu’on peut explorer la gamme d’émotions d’une chanson ou d’un récit à travers la mélodie, plutôt que les paroles.
En fait, je trouve ça assez excitant.
Et dans d’autres cas, il y a des histoires plus spécifiques, par exemple, peut-être Bain ou The Actor, où nous jouons avec, encore une fois, une histoire fictive, mais en tissant la réalité et l’histoire dans ces moments fictifs.
Nous parlons de la mort de John Belushi au Château Marmont, mais nous la plaçons dans un contexte où il s’agit de l’histoire, ou simplement de la fiction, d’un jeune homme qui se bat pour devenir acteur, qui essaie d’équilibrer son échec permanent en gagnant beaucoup d’argent grâce à la vente de cocaïne. Et il est pris dans toute cette histoire de John Belushi.
Ce n’est pas réel, mais ça lui donne cette sorte d’ancrage dans quelque chose de plus profond qu’une simple chanson de 2021. Je pense que c’est assez important.
LFB : Et il y a beaucoup d’influence de l’Amérique dans cet album. Comment cette influence vous est-elle venue ? Comment l’avez-vous transposée en musique ? Comme faire de la musique très cinématographique aussi ?
Gus : Évidemment, l’Amérique est en quelque sorte la plus grande influence culturelle. On pourrait dire que l’Amérique a une plus grande influence culturelle que n’importe quel autre pays. Cette déclaration est probablement juste. En tout cas, au cours des 100 dernières années environ.
Et je pense que c’est intéressant parce que qu’à vraiment regarder cet album, on peut argumenter qu’il soit presque un album conceptuel sur l’Amérique ou quelque chose comme ça. Ce qui n’était pas le but.
Je pense que l’une des choses intéressantes quand on fait de la promo, c’est qu’on commence à regarder son propre travail d’une manière différente. Et peut-être qu’inconsciemment, on écrivait beaucoup plus de chansons sur l’Amérique qu’on ne le pensait.
Certaines chansons ont des noms de lieux américains, comme Chicago qui s’appelle ainsi principalement parce qu’elle a été en partie enregistrée à Chicago et qu’on a simplement étiqueté le morceau Chicago. Mais Philadelphie était une sorte de mot de remplacement dans les paroles qui sonnait bien. Par la suite on a écrit, j’ai écrit, des paroles autour de ce mot et on a fini par situer la chanson en Amérique.
Évidemment, Bain parle de Coca Cola, le symbole ultime du capitalisme américain et de la domination culturelle. Et The Actor dont nous avons parlé, je dirais que presque toutes les chansons peuvent être reliées à l’Amérique d’une manière ou d’une autre.
Les tueurs en série sont… ils ne sont pas évidemment uniques à l’Amérique, mais j’ai l’impression qu’ils sont probablement un mot qui a été inventé en Amérique « serial killer », et c’est probablement un peu Américain… Non, je ne sais pas, j’exagère peut-être un peu, mais tu sais, j’ai l’impression que l’Amérique est peut-être connue pour cette idée de, tu sais, édifier ces gens qui commettent ces crimes.
Mais c’est difficile parce que nous ne voulons pas nous asseoir et dire des choses qui ne sont pas vraies comme, « oh, cet album est une lettre d’amour à l’Amérique » ou quelque chose comme ça parce que je ne pense pas que ce soit exactement le cas.
LFB : Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’amour à certains moments quand tu parles de l’Amérique, de la haine et de la violence…
Joe : Non mais tu sais, nous avons une belle carrière en Amérique. Certains d’entre nous avons des Américains dans nos vies avec qui nous sommes très très proches. Nous aimons l’Amérique, mais c’est un amour compliqué, n’est-ce pas ?
Comme beaucoup d’amours, ce n’est pas aussi simple que de dire « J’aime l’Amérique. C’est fantastique ». Je veux dire, j’adore aller en Amérique, j’ai eu certains de mes meilleurs souvenirs en Amérique. Je pense qu’en tant que groupe, on a eu certains de nos meilleurs moments en Amérique.
Mais nous sommes tous conscients de ses défauts en tant que société. Surtout ces dernières années, je pense, en regardant la politique, avec ce que nous avons vu, ce qui a mené au mouvement Black Lives Matter et d’autres choses. C’est choquant et nous avons tous été réveillés par quelque chose qui était en fait là depuis bien plus longtemps que ce que beaucoup d’entre nous pensaient.
LFB : Je vais vous poser des questions plus légères. Comment envisagez-vous ces morceaux en live ? Avec les cordes, l’ampleur de certains titres … Vous êtes à l’approche d’une énorme tournée aux États-Unis, avez-vous l’intention d’être ambitieux concernant le rendu sonore de ces morceaux sur scène ?
Thom : Je pense que nous avons un peu repensé notre vidéo et notre production avec notre designer de production, Jeremy. À chaque tournée nous avons toujours essayé de faire quelque chose de nouveau et d’aller de l’avant et ces morceaux offrent beaucoup de visuel.
Je pense, comme nous l’avons dit, que les histoires derrière les morceaux sont très riches et il y a beaucoup de profondeur et d’opportunité pour vraiment mimer cela visuellement.
Je suis impatient de voir… nous avons déjà vu des croquis et des idées brutes que Jeremy a a fait et nous savons que le live, notre production et l’éclairage et ce genre de choses sont une grande partie du spectacle et nous voulons compléter les morceaux le mieux possible. Je pense que ça va être bien !
LFB : Et en parlant de 2022, nous allons célébrer le 10ème anniversaire de An Awesome Wave. En regardant vers l’avenir, que pensez-vous de ces 10 ans et de cet album en particulier ?
Gus : Je pense que c’est un moment dans nos carrières où nous regardons en arrière sur ce qui nous est arrivé avec notre premier album et nous en sommes très reconnaissants. C’était quelque chose de vraiment inattendu et c’est aussi quelque chose qui amène une certaine pression parce que tu dois essayer de maintenir, ou tu veux essayer de maintenir le même niveau de popularité que tu avais sur ton premier album.
C’est quelque chose qui peut te prendre la tête, mais tu sais, je pense que c’est mieux de ne pas trop penser à ces choses. On est juste très reconnaissant de pouvoir faire ça comme métier. C’est un privilège incroyable d’être musicien professionnel et de pouvoir voyager, d’espérer pouvoir voyager dans le monde entier pour faire des concerts. Évidemment, en ce moment, c’est un peu incertain mais oui… et si quelqu’un d’autre a quelque chose à dire à ce sujet ? ….
Thom : J’ai l’impression que c’est passé très vite. 10 ans depuis… j’ai l’impressionqu’An Awesome Wave nous a défini pendant longtemps et encore maintenant, d’une certaine manière.
Comme je l’ai dit, c’est son succès qui nous a défini. Et il y avait une pression et il y a toujours un peu de pression pour poursuivre sur cette lancée. Et nous savons combien les gens aiment cet album, mais c’est aussi… nous avons toujours essayé d’être honnêtes et authentiques. Donc ce n’est pas comme si on essayait de le refaire ou de le continuer.
Je pense que nous sommes assez doués pour nous concentrer sur ce que nous faisons sur le moment. C’est une chose assez agréable à faire, de célébrer les 10 ans de quelque chose qui a eu un succès incroyable dans votre vie, de pouvoir le faire avec d’autres personnes en le jouant en concert ou en en parlant, ce genre de choses… Peu de gens peuvent dire qu’ils ont eu un impact culturel, tu sais. Et dire que cet album a gagné le Mercury Prize est quelque chose pour lequel nous avons une page Wikipedia et je ne m’y attendais pas !
LFB : Et d’un point de vue de vos relations humaines. Vivre 10 ans autour de la musique, de ce groupe a t’il transformé votre relation ? Vous semblez toujours aussi proche, comme si la musique restait au final un élément extérieur à votre amitié.
Gus : Je pense que nous ne serions pas capables de faire un album comme celui que nous venons de faire sans avoir toujours une base solide d’amitié.
Et, oui, c’est excitant de voir que nous sommes tous à de nouvelles phases de nos vies en ce moment. Nous grandissons tous, je pense, et nous avons, certains d’entre nous avons des familles, des enfants maintenant… Et évidemment nous ne sommes plus les mêmes gars de 20 ans au petit bonheur que nous étions quand nous avons commencé le groupe. Mais je pense que les amitiés mûrissent, et je pense que nous avons tous mûri et je pense que c’est, c’est une très bonne chose.
LFB : En parlant de An Awesome Wave, j’ai une question idiote. As-tu réussi à lire American Psycho jusqu’à la fin ? Parce que moi non…
Joe : Ouais, non, j’ai réussi. C’est marrant. Je l’ai lu il y a des années, genre au début de l’université. C’était un si vieux livre. Ça m’a clairement fait une sacrée impression, mais pas au point que je puisse vraiment m’en souvenir.
Ça devient super délirant à la fin, donc tu ne sais toujours pas ce qui se passe. Mais non, je suis allé jusqu’au bout. Oui, à cette époque, je finissais toujours les livres.
LFB : Parce que je me suis arrêté à la mort du SDF, c’était trop pour moi (rires).
Joe : Oui, non, je l’ai fini ! Je ne devrais probablement pas le relire.
Gus : Je ne l’ai pas lu pour tout dire.
Joe : C’est bien.
LFB : J’ai une dernière question. Avez-vous comme des coups de cœur récents à partager avec nous, ou des choses liées à The Dream en termes de livres, de musique ou de choses dont en ce moment dont vous aimeriez parler ?
Joe : En décembre 2019, je travaillais sur Happy When You’re Gone en Australie et il faisait une chaleur étouffante et je lisais All the Pretty Horses de Cormac McCarthy et à quel point l’histoire était locale en termes de… très spécifique à l’ouest du Texas, dans les années 1950 et un peu comme ce travail de la terre, et avoir une sorte de connexion vraiment profonde avec les chevaux et ne pas avoir de connexion avec les humains. C’était une histoire vraiment intéressante, et je voulais que la coquille de cette histoire soit ce que j’ai placé sur Happier When You’re Gone. C’était un exemple de cela, je pense.
LFB. Et vous les gars, avez-vous des choses à partager avec nous ?
Gus : Je viens de terminer un nouveau livre, un nouveau roman de Colson Whitehead, que j’ai vraiment apprécié. Il s’appelle Harlem Shuffle. Et oui, c’est vraiment génial.
Thom : Il y a un groupe que j’aime beaucoup en ce moment et qui s’appelle Good Sad Happy Bad. Je dirais qu’ils sont grunge. Je ne suis pas sûr de comment ils se décriraient, mais ils m’inspirent beaucoup en ce moment. J’aime beaucoup la guitare. Le son de la guitare est très nostalgique et la structure des chansons et la positivité qu’il en émane… Je les ai vus en concert il y a quelques semaines et ils étaient géniaux, vraiment inspirants.
LFB : Merci les gars d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. J’espère vous voir live en France l’année prochaine.
Gus : Merci beaucoup. C’était sympa de parler avec toi, Charles. Merci pour tes questions.
Joe : Oui, merci
Thom : Bon après-midi !
LFB : Vous aussi !
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English version
LFB: So first question, and the most important one, how are you guys doing today?
Gus: Not too bad. You know, lots of interviews. I am actually going to eat my lunch while we do this interview if that’s okay, because I have to take my son to the doctor during the lunch break, but he’s fine. It’s a horrible day in London, I’d say. Disgusting weather.
LFB: Yeah, North of France too, it’s the same here.
Thom: Yeah, yeah. Good. Thank you. Yeah, just a bit cold. Chilly.
Joe: I’m good, yeah, thank you.
LFB : You guys are about to release The Dream. I think for me the name lends itself well to our time. And you started writing the album in early 2020, just before the pandemic, and I was wondering if this situation had an influence on the creation of the album, and did you manage to work together or remotely during this time? Or did you wait to be back together to write the album?
Gus: Yeah, definitely. The last two years have had some qualities similar to a dream, you know, sort of uncertainty about how much time has passed, what time of day it is or week or month or year even sometimes. You sort of find yourself not being quite sure where you are, when you are…
In terms of how the pandemic has affected the album, I mean, it meant that it took us a longer time to make it, but I think that was maybe not a bad thing. I think we had more time to go back to do more writing, to be more considerate about what we put on the album and how we structured the album and stuff.
We didn’t really try the whole working remotely thing that much. We did a bit of mixing remotely which was quite useful. But on the whole, I think we just felt like it was best just to wait until we could be back in the same room and then resume work when the situation allowed it.
LFB: I think all your albums tell a story. To me, this album is like a book, like a collection of short stories, where each piece is seen from the perspective of a different person. Is it an idea that suits you and how did you go about it?
Joe: I think that’s quite an accurate description of how we write songs. We don’t really focus on an overall concept. I think each song has its own defining features. And yeah, I would probably liken it to a short story or like an architectural building – a building I should say (laughs). You know, like very different style. And each has a very different atmosphere. And, yeah, it’s making sure that all of the stories are strong and you’re not focused on one over the many.
LFB: If you think about your previous albums, this album is for me the most open in the lyrics, like, the less mysterious. Do you have the feeling that your writing has evolved with time?
Joe: I think naturally, you know, working for 10 years, and it being your job, it’s sort of like it’s a discipline that you are not distracted from. You really do evolve naturally over time. And so your writing does change. I think it has changed. It’s just the natural course for everyone really, isn’t it? That sort of like developing over time.
LFB: And do you think that age helped this opening? Like, I think things like U and Me or Get Better… It’s like you feel free to be yourself in your lyrics and like more, not honest, but to be you, not hiding in some kind of mysterious way.
Gus: I think it’s quite telling that, I feel like Joe, you in the past, I wouldn’t say you relied upon by any means on you know, like quoting other people’s work and stuff, definitely not rely on it, but I feel like there was maybe a slight way that you were almost like, it was possibly a little bit of an insecurity for you. And I feel now you don’t feel the need to do that kind of thing at all really.
It was obviously something you enjoyed doing. It was a nice way of referencing work that influenced you, but I feel like now you’re like in a stage post that lyrically where you sort of feel that you’re kind of drawing everything out of yourself more than ever. Am I… ?
Joe: Yeah I felt maybe yeah, self consciousness about lacking the experience to really create subject matter in songs that were worth listening to. So maybe I did draw from other people’s hard work. And actually the kind of the cream of the crop really was just films that I kept on watching throughout my teen to my early 20s. I realised that I went on to sing about this. Maybe that was my passion or maybe that was my experience. My life experience was experiencing cinema. And so that’s where it started.
But yeah, and I think over time, maybe the songwriting is left less referential and more sort of open to creating worlds that are largely fictitious but are written with vignettes that are based on real life.
LFB: And on the other hand you have songs where you put yourself into different spirits, even questionable or dangerous characters like Hard Drive Gold or Losing my Mind. How do you manage to appropriate the spirits, put yourself into this kind of weird dangerous different people other than yourself?
Joe: I think when you’re writing it’s a kind of constant push and pull between escaping yourself and referencing yourself. And I think it’s quite easy to escape you as a person when the subject matter is something so alien to your way of living, such as talking about murder. And it’s a fascination that connects those two worlds. Fascination with what drives people to think that that’s something that is justified.
And also what effects that has on the victims and the families of the victims. And it’s definitely something that you don’t realise. You kind of walk paths on a daily basis, you know, you will pass murderers you will pass people who have been convicted for crimes that you would feel very uncomfortable about being in a room with them. If you’re walking out in the countryside, you’re probably, you’re not far away from a buried body, possibly.
So we’re kind of… it’s the thing that we are exposed to, we just don’t always know that we are. I think that helps with the writing though, knowing that it’s real and it could happen to you.
LFB: Darkness has always been very present in your work. Is it something you put in your music, like violence and things like that, to keep that away from your lives, or do you need to come back to it to evacuate some trauma?
Gus: I think it’s just stories of, you know… we like telling stories in our work and I suppose happy stories are not always the most interesting stories are they? I think we can see that from everything, from the media, to culture and literature and things like that. It’s often stories that involve… every human life is reviewed. From our point of view it is somewhat of a tragedy, involving loss and pain. Everyone’s life is full of those kinds of things really. We just tend not to dwell on them too much because we have to try and keep on living, don’t we?
But you know, actually, life is hard and life is cruel, and I suppose those are the stories that ultimately seem to come out mainly in your work anyway, in your work Joe, in your lyrics and stuff. Because I think it’s something that we think about all the time, death, you know.
LFB: I think, it’s my opinion, but for the first time in your music there are pure really luminous songs in this album, like U and Me, things, for me, get better. It’s like bittersweet, but it’s for me like you have managed to go ahead of this darkness for the first time in your music at some point.
Gus: It’s interesting.
Joe: To go ahead of it? Is it what you said?
LFB: Like you managed to, not be happy, but in some kind of way let the darkness pass.
Joe: Like, recover from the darkness?
LFB: Yes.
Joe: Yeah. It’s something that we will inevitably have to face, time after time in our lives. And I think also, it’s knowing that things don’t get better. You just get used to world with someone that you love missing. And you just come to terms with that so… It doesn’t mean that you’re perpetually sad or distraught or heartbroken.
You are just walking with an injury that you just cope with. And it’s very much kind of a similar situation that we’re in right now with the global pandemic, you know. We’re not going to get better from this. We’re just going to start coping with it as a species. We’re going to cope with it being now in the general kind of population of diseases that you are likely to contract.
LFB: And I was wondering, because I think your music and your lyrics are really quite a balance between music and lyrics, in the process of creations are the lyrics influencing the colour of the song?
Like Losing my Mind for me is very disturbing, very dark, and U and Me is like very solar for example, and I was wondering if the lyrics come first and influence the song or it’s a global process for you?
Joe : I think sometimes the lyrics are catalogued. So for Getting Better there was this vast collection of new musings on the recovering from the loss of a loved one. And so yeah, they all catalogued in various sketchbooks that I have. And then when you sort of like decide what you want the song to be about, you then start industriously finding those things that you knew was somewhere, in the writing studio, and you start putting it all together.
So it’s not a case of like, the guitar writing influencing the music. It’s a case of like, you’re very much doing it with your head, not with your heart. You’re connecting two different worlds together. And they understand one another quite easily, just because I write the lyrics and I write the guitar.
But then with something like Losing My Mind, the chorus of that – U and Me are cut from the same cloth – that was just… I stumbled across that as I’ve seen in the guitar. It just kind of fitted the rhythm and it was like, sometimes you find a lyric that you’ve improvised and you’re like, “Oh, I will find something else for that”. But then I think with this 10 years experience, sometimes you realise that actually, you don’t need to look for another lyric. That was the lyric that your body wanted to release when you were writing that guitar riff.
So yeah, with each song there’s different origins of what comes first and how major structures are influenced by other major structures.
LFB: And for this album for me in some way, I find that there is something very cinematographic in the music.
Did the idea of writing in terms of characters or different perspectives, make your way of considering your music evolved, through the use of strings like there is some kind of Western vibes in some songs or cops movie at some points.
Do you see this evolution more ambitious, less minimalist, in some way for his album?
Joe: Yeah. I mean, it’s funny because the most minimalist piece of work lyrically that says that, from a lyrical point of view, I’ve written is Walk a Mile. That’s like, quite repetitious. And actually, I found that quite refreshing because you can explore the emotional range of a song or a narrative through melody, rather than lyrics.
Actually, I find that quite exciting.
And in other cases there are more specific stories where for instance, maybe Bain or The Actor, where we’re playing with, again, a fictitious story, but weaving reality and history into those fictitious moments.
So, you know, we’re talking about John Belushi dying in the Chateau Marmont but we’re putting it in a backdrop where this is a story, or just fiction, of a young man who is a struggling actor, who is sort of balancing his continuous failure with making a lot of money through selling cocaine. And he gets caught up in this whole John Belushi thing.
It’s not real, but it gives it this kind of anchor of something deeper than just a song from 2021. You know, I think that’s quite important.
LFB: And there is a lot of influences of America in this album. In the title, in the stories you seem to write about, you know, like movies actors… How did this influence come to you? How did you put this into music? Making very cinematic music too?
Gus: I mean, America obviously kind of is the biggest cultural influence on this. You could say America has the biggest cultural influence on the world than any other country. That’s probably a fair statement. Certainly, in the last 100 years or so.
And I think it’s interesting because I think you can actually definitely look at this album and make a really good case for it being like, almost a concept album about America or something. Which it wasn’t intended to be. And I think one of the interesting things about doing promo is that you start to look at your own work in a different way. And perhaps subconsciously, we were writing lots more songs about America than we realised.
I mean, some of the songs have American place names, like Chicago is called that mainly because it was partly recorded in Chicago and we just labelled the jam Chicago. But then, Philadelphia was sort of a bit of a placeholder word in the lyrics that sounded good. But then I wrote lyrics around that word and ended up setting the song in America…
Obviously, Bain is about, you know, Coca Cola, this ultimate symbol of American capitalism and cultural sort of dominance. And The Actor we’ve talked about, I’d say almost all the songs you could probably link to America in one way or another. Serial killers are… they are not obviously unique to America, but I feel that they are probably a word that was invented in America “serial killer”, and it’s probably almost a bit of an American… Not, I don’t know, I’m maybe a bit overstating here, but you know, I feel that somewhat America is perhaps known for more than any other country with this idea of edifying these people who commit these crimes.
But it’s hard because you know, we don’t want to sort of sit here and say things that aren’t true like, oh, this album is a love letter to America or something because I don’t think that’s exactly the case.
LFB: I think there’s not much love at some points when you talk about America, hate and violence…
Joe: I mean, you know, we have a successful career in America. Some of us have American people in our lives who are very very close to us. We love America, but it’s a complicated love, isn’t it? Like many loves, you know, it’s not as simple as saying like, “I love America. It’s fantastic”. I mean, I absolutely love going to America, I’ve had some of my best memories in America. I think as a band we’ve had some of our best moments in America.
But we’re all aware of its failings as a society. Particularly in the last few years I think, looking at it politically, you know with what we’ve seen leading up to the Black Lives Matter movement and stuff, you know. I mean, it’s shocking, and we’ve all been woken up to something that was actually going on for a lot longer than a lot of us probably thought about.
LFB: I’m going to ask you some lighter questions. How are you thinking of doing these songs live? With the strings, the breadth of some tracks … You are approaching a huge tour in the United States, do you intend to be ambitious about the sound of these songs on stage?
Thom: I think that we’ve rethought our video and production a little bit with our production designer, Jeremy. Each tour we always try to do something new and move forward and these tracks offer a lot of visual. I think, like we’re saying, the stories behind them are very rich and there’s a lot of depth and opportunity to really mime that visually.
I’m looking forward to seeing… we’ve already seen some kind of sketches and rough ideas that Jeremy has been drawing up and we know that live, our production and lighting and that kind of thing is a big part of the show and we want to complement the tracks as best as possible. I think it’s going to be good!
LFB: And speaking of 2022 we will celebrate the 10th year anniversary of An Awesome Wave. Looking forward, what do you think about the 10 years and this album particularly?
Gus: I think it’s a time right now in our careers where we’re looking back at what happened to us with our first album and feeling very grateful for that, you know. It was something that was really unexpected and it also something that brings some pressure with it because you have to sort of try to maintain, or you want to try and maintain the same level of popularity that you had on your first album.
That can be something that can get in your head, but you know, I think it’s best not to think about that stuff too much. I mean, just be very grateful for being able to do this as a job. It’s an amazing privilege to be a professional musician and to get to travel – hopefully get to travel around the world doing gigs. Obviously right now it feels a bit uncertain but yeah… and if anybody else has anything to say about that?….
Thom: It feels like it’s gone quite quickly. 10 years since… An Awesome Wave, I feel, defined us for a long time and it still does, in a way. You know, like I said, it was with it being successful, it meant that it defined us. And there was pressure and there still is a little bit of pressure to follow up on that. And we know how much people love that album, but it’s also… we’ve only ever tried to be honest and authentic. So it’s not like we’re trying to redo that or continue that.
I think we’re quite good at focusing on what we’re doing in the moment. It’s quite a nice thing to be able to do, to celebrate a 10 year mark of something that was incredibly successful in your life, getting to do that with other people by playing it live or talking about it, that kind of thing… Not many people can say they’ve had an impact culturally, you know. And say this album won the Mercury Prize is something that you know, we have a Wikipedia page for and I never expected that!
LFB: From a human relationship point of view, has living for 10 years around music and around this band formed your relationship? You seem like you still seem to be as close as ever as if music remained an external element to your friendship…
Gus: I think we wouldn’t be able to make an album like we just made without still having a firm foundation of friendship there.
And, yeah, it’s exciting to see, we’re all at new phases of our lives right now. You know, we’re all growing up, you know, and some of us have families, children now… And obviously we’re not the same happy go lucky 20 year old guys we were when we started the band. But I think that friendships mature, and I think we’ve all just matured and I think that’s a really good thing.
LFB: Speaking of An Awesome Wave, I have a silly question. Did you manage to read American Psycho (by Bret Easton Ellis) until the end? Because I didn’t…
Joe: Yeah, no, I did. It’s funny. I read it years ago, like at the beginning of university. It was such an old book. That clearly made quite an impression on me, but not to the degree I can really remember. I think it gets super delirious at the end. So you still don’t know what the fuck is going on. But no, I did make it to the end. Yeah, back in those days I’d always finish a book…
LFB: Because I stopped at the death of the homeless guy, it was too much for me (laughs)
Joe: Yeah, no, did finish it! Probably should reread it.
Gus: I’ve not read it. Full disclosure.
Joe: It’s good.
LFB: I have a final question. Do you have any recent favourites to share with us, or things related to The Dream in terms of books, music or things that right now you love to speak about?
Joe: In December of 2019 I was working on Happy when You’re Gone in Australia and it was blisteringly hot and I was reading All the Pretty Horses by Cormac McCarthy and how local the story was in terms of… very specific to West Texas, in the 1950s and kind of like this working the land, and having a really sort of deep deep connection with horses and not having a connection with humans. It was this really interesting story, and I wanted the shell of that to be what I placed over Happier When You’re Gone. That was that’s an example of that I think.
LFB. And you guys do you have some stuff to share with us?
Gus: I just finished a new novel by Colson Whitehead, which I really enjoyed. It’s called Harlem Shuffle. And yeah, it’s really great.
Thom: There’s a band that I really like at the moment called Good Sad Happy Bad. I would say they’re grunge. I’m not sure how they would describe themselves, but they inspire me a lot at the moment. I really love the guitar. The guitar sound is very nostalgic and the structure of the songs and the positivity behind it… I saw them live a couple of weeks ago and they were great, really inspiring.
LFB: Thank you guys for the time. And hope to see you live in France next year!
Gus: Thank you very much. It was nice to talk to you, Charles. Thanks for your questions.
Joe: Yeah, thank you
Thom: Have a good afternoon!
LFB: You too!