Il y a quelques mois, on avait eu la chance de rencontre Desmond Myers en prévision de la sortie de son album. L’Américain avait pris le temps de nous répondre au détour d’une session studio en région Parisienne. L’occasion de parler de son art, de ses voyages et de Wandavision.
Photos : Inès Karma
La Face B : Bonjour Desmond, comment ça va ?
Desmond Myers : Ça va très bien, on est en train d’enregistrer l’album, je suis au studio là et je passe un super moment. Je suis heureux d’être en France.
LFB : Comment on se sent quand on sort de la musique dans ce contexte ?
DM : C’est un peu effrayant mais en même temps c’est génial de pouvoir enfin sortir de la musique. J’essaie d’écrire beaucoup parce que j’ai le sentiment que ça me donne plus de chance d’écrire une bonne chanson. Je suis un grand fan de Stephen King qui recommande de faire ça. J’ai beaucoup d’autres chansons que j’attends de sortir et les retours ont été vraiment cools donc je suis reconnaissant envers toutes les personnes qui ont écouté même si on n’a pas de concerts prévus.
LFB : Comment se prépare l’album ?
DM : Ça a aidé que je vienne en France. Toute mon équipe, mon label, mon groupe est ici, et pour beaucoup d’entre eux à Paris. On avait travaillé sérieusement, virtuellement avec moi à Atlanta et les gars à Paris et ça se passait bien. Pour cette nouvelle ère de ma musique j’ai vraiment besoin du retour des autres gars, de leur musicalité et c’était impossible à faire. C’était aussi extrêmement long et ici on en a abattu un gros morceau donc ça devrait arriver plus tôt que si je n’avais pas pu venir.
LFB : À sa sortie, le single Real Man nous a surpris, c’est plus une déclaration qu’un morceau pop romantique. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que tu continues dans cette lignée ?
DM : C’était volontaire, on voulait le sortir après les deux premiers singles pour amener un peu plus de complexité dans le projet. On a ce mantra en réalisant l’album qui est d’ « aller là où ça fait mal » (en Français dans le texte). Et c’est quelque chose qui m’est venu après une très belle conversation avec un ami à propos de plein de choses de la vie et j’ai réalisé que c’est là que je peux trouver beaucoup de vulnérabilité dans mes paroles, en allant à des endroits qui ne pas forcément confortables et sans chercher à idéaliser les choses. Suivre mes peurs, et je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont peur de dire ce qu’ils ressentent parce qu’ils n’ont pas envie de brusquer. Pour moi, l’écriture c’est une sorte de thérapie et d’exorcisme par rapport à mes démons. J’ai compris que la seule façon de trouver quelque chose d’intéressant à raconter est de laisser sortir mes insécurités et d’en faire une thérapie de groupe avec les gens qui l’écoutent. C’est ce que j’essaie de faire et je pense qu’on peut clairement s’attendre à plus de choses comme ça mais aussi plus de choses romantiques, c’est une grande part de ce que je suis. J’était inquiet à l’idée de sortir ce morceau, en tant qu’artiste tu veux toujours faire un tube, tu as l’impression que tout ce que tu sors doit être le truc qui marque ta carrière. Tu as envie de faire des millions d’écoute, d’avoir l’opinion des gens et c’est compliqué d’avoir un cycle naturel que pourrait avoir un artiste avec plus de visibilité, parce que tu es toujours en train de faire découvrir ta musique. C’est difficile de lancer une nouvelle direction quand les gens apprennent à te connaître.
LFB : Est-ce que c’est une façon de sortir de ta zone de confort ?
DM : Tout à fait, de plein de façons parce qu’il n’y avait rien de particulièrement « impressionnant ». Ce n’est pas une démonstration vocale, il n’y a pas de thème particulier. C’était un peu effrayant parce que j’avais l’impression qu’il n’y avait pas d’énorme potentiel commercial.
LFB : Tu peux nous parler de ta collaboration avec Mathieu Gramoli ?
DM : On a fait partie d’un groupe ensemble (HER), et instantanément on a partagé beaucoup de points communs. Beaucoup de gens me disaient ‘hé je vais passer te voir aux États Unis’ et Mathieu plus encore. Quand le groupe s’est arrêté, il m’a appelé et m’a dit qu’il voulait faire de la musique ensemble. J’étais super enthousiaste et nostalgique de travailler avec ces gars-là. Au début on devait travailler sur sa musique et puis naturellement on a décidé de travailler mes chansons. C’est intéressant parce que tout les morceaux que vous avez entendu ont amené à quelque chose façon Tame Impala où un gars écrit et s’occupe de tout mais au final il joue quand même en groupe. Je suis heureux de ça parce que ça m’ôte beaucoup de de poids. Je leur fais vraiment confiance, Mathieu et les autres. Lui a monté le groupe, maintenant on se connaît et je leur fais tellement confiance.
LFB : Qu’est-ce qui t’a décidé à venir en Europe au départ ?
DM : C’est assez fou, ça s’est fait assez naturellement. Je viens d’une petite ville pas très loin de Charlotte, et quand j’étais au lycée je jouais tout le temps, j’écrivais des chansons, je participais aux scènes ouvertes pour essayer de faire écouter mes chansons aux autres. J’ai rencontré plein de gens différents et à 17 ans j’ai rencontré un producteur qui venait d’Allemagne qui voulait monter un label. Il construisait un studio et cherchait des artistes dans lesquels investir. J’avais 17 ans donc soit j’allais dans une petite université étudier la guitare jazz, soit j’avais cette opportunité de voyager et faire ce dont j’avais vraiment envie. Après, si j’avais su à quel point ça allait être fou je ne sais pas si je l’aurais fait (rires). C’est une décision d’adolescent qui ne connaît pas du tout la vie.
LFB : est-ce que tu as des coups de coeur récents à nous partager ?
DM : J’ai zappé l’univers Marvel pendant des années, je n’ai rien regardé et puis là j’ai démarré Wandavision, c’est super chouette et tellement que j’ai rattrapé mon retard sur la série des Avengers et tout ça. J’en regarde quelques uns en fin de journée en rentrant du studio. Bon ce n’est pas du Proust mais c’est génial.
Version Originale
La Face B : How are you doing ?
Desmond Myers : I’m doing great, over here in middle of recording the album, I’m at the studio right now and I’m having a blast, I’m happy to be in France.
LFB : How does releasing music feel in this context ?
DM : It feels a bit scary but at the same it’s a great feeling to finally get the music out. I try to write a lot of songs because I feel like I’ll have more probability to write a good song. I’m a big fan of Stephen (Steven ?) King who promotes doing that. I’ve got a lot of other songs that I’m waiting to release and the response has been really cool so I’m really appreciative to everyone that has been listening even though we don’t have any concerts or anything planned.
LFB : How is the album coming ? Can you tell us more about it ?
DM : Me coming to France has helped it. My entire team, label, band is located here, a lot of them in Paris. We had been working steadily, doing it virtually, me being in Atlanta and the guys being in Paris and it was going fine. With this new era of my music I really need the feedback of the other guys, the musicianship and that was impossible to do. It was also extremely long and here we’ve knocked out a huge chunk of it so we can definitely expect to see it a lot sooner than if I hadn’t been able to come to Paris.
LFB : Real Man was kind of a surprise, as you decided to make a statement rather than go on a romantic tone. Can we expect more of this ?
DM : It was very deliberate that we wanted to put it out after the first two things to introduce a little bit of complexity into the project. We have a moto when making this album which is “aller là où ça fait mal”. And that was something that I came across after having a really nice conversation with a friend just about many things in life and I realized that that was were I could find a lot of vulnerability in my lyrics, by going to places that are not necessary comfortable and not trying to idealise things in the way I write songs. Go with my fears, and I think there’s a lot of people that are afraid to say how they feel about things because they don’t want to offend. Songwriting for me is kind of therapy and exorcism in a demonic sense. I realised, the only way that I’m going to find something really interesting to talk about is if I let my insecurities out and do this group therapy with the people that listen to it. That’s what I’m trying to do and I think we can definitely look for more things like this but also the romantic stuff as well, that’s a big part of who I am. I was very worried of putting that song out. As an independent artist, you always want to do a hit, you feel like everything you put out has to be the thing that marks your career. You want it to have millions of listens, to catch people’s opinion and it’s hard to get into a natural cycle that an artist with a bigger audience can, because you’re also constantly introducing yourself to people. It’s difficult to throw a new direction when people get to know you.
LFB : Was it taking you out of your confort zone ?
DM : Yeah totally, in many ways there was nothing that I could rely on to show someone that would be “impressive”. There’s not a huge vocal showcase, there’s not a crazy hook. That was scary because it didn’t feel like it has a huge commercial potential.
LFB : Can you tell us about your collaboration with Mathieu Gramoli ?
DM : We were in band together (HER), and we instantly shared a lot of things in common. A lot of the guys said ‘hey I’m gonna visit you in the States’ and Mathieu said it more than anyone and he actually did. When the band ended he called me and told me he wanted to make some music together. I was totally into it and nostalgic of being around those guys. At first, we were gonna work on his music and then naturally we decided to work on my songs. It’s interesting because all of the singles you’ve heard have developed into this Tame Impala kind of thing where it’s one guy that writes everything but behind it, it’s still a band. I’m so happy with it because it takes a lot of things off my chest. I really trust all of them besides Mathieu. He put the band together. Now we’ve gotten to know each other and I trust them so much.
LFB : What made you decide to come to Europe ?
DM : It’s a crazy thing, it happened really naturally. I’m from a really small town not far from Charlotte. When I was in high school I would gig all the time, writing songs all the time and trying to have people hear my songs. I would meet all kinds of people, and when I was 17 I met this producer from Germany who wanted to start a label. He was building a studio and was trying to find artists to invest in. I was seventeen so I was either gonna go to a really small university and study jazz guitar or I had this really cool opportunity to travel and do what I wanted to do anyway so I did that. If I had known how crazy it would be I would probably wouldn’t have done it. It’s a decision only a teenager with no experience could have done.
LFB : Is there anything you liked recently that you’d like to share ?
DM : I’ve been away from the Marvel Universe for so long, I haven’t watched anything and there’s this new show Wandavision, I started watching it and it’s so good that it got me on the whole Marvel Avengers thing. I’d watch a couple of them after working in the studio. So it’s not Proust or anything but it’s great.