Elle s’inscrit dans la ligne directe de Charli XCX, pour qui elle a d’ailleurs écrit pas mal de chansons. Kim Petras, allemande, transgenre, est entrée dans le monde de la musique par la petite porte : en écrivant des titres pour les autres… Mais les choses ont changé cette année, aujourd’hui elle est enfin devenue celle qu’elle voulait être depuis toute petite : une star de la pop ! On pourrait la résumer en trois mots : nineties, electronic dance music et bubblegum pop. Elle vient de sortir son tout 1er album Clarity, est en tournée dans toute l’Europe et joue ce soir à la Maroquinerie : La Face B l’a rencontrée.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW.
La Face B – Tu as commencé à t’intéresser très jeune aux noms qui figuraient derrière les pochettes de disques… notamment aux noms des auteurs… Pourquoi étais-tu si fascinée par les paroliers, et pas les chanteurs, les musiciens ou les producteurs par exemple ?
Kim Petras – Je voulais seulement savoir qui fabriquait ces chansons. Quand on y fait attention et qu’on se met à retrouver les mêmes noms, encore et encore et encore, on réalise alors que telle personne par exemple, a vraiment eu une importance considérable dans toutes les chansons que tu adores. Et moi je voulais vraiment découvrir pourquoi j’aimais tant ces chansons là… Qu’est-ce qu’elles avaient en commun ? S’il y avait une sorte de stratégie ou une formule récurrente qui se retrouvaient derrière elles. Et j’ai vraiment l’impression que dans les années 2000 où j’ai grandi, il y avait beaucoup de formules similaires qu’on pouvait retrouver. Sur comment rendre une chanson percutante, comment faire un refrain qui se démarque, … comment rendre les choses vraiment faciles à mémoriser pour les gens.
LFB – Est-ce qu’il y avait des noms de paroliers qui revenaient souvent ?
K. P. – Absolument ! Max Martin en faisait partie, il a écrit énormément de musiques pop, pour Britney Spears, Katy Perry, Backstreet Boys, Christina Aguilera… finalement tous ces artistes que j’adorais !
LFB – Et maintenant que tu vis aux États-Unis, tu as pu rencontrer tes auteurs préférés ?
K. P. – Je n’ai pas rencontré Max Martin, pas encore. Mais j’ai rencontré Dr. Luke, j’ai rencontré Theron Thomas qui a écrit des chansons formidables comme We Can’t Stop de Miley Cyrus, et maintenant il en écrit beaucoup pour Lizzo (NDLR : dont Juice) ! Je pense que j’ai rencontré la plupart des gens que j’avais dans le viseur quand j’étais petite, oui !
LFB – Tous ces auteurs que tu as rencontrés t’ont appris justement à écrire des chansons « percutantes » ?
K. P. – Oui, totalement ! J’ai vraiment l’impression d’être allée à l’école de la musique pop, juste en étant à Los Angeles ! J’ai pu écrire avec quantité de différents paroliers, j’ai pu lire des centaines et des centaines de textes… Et je pense que c’est comme cela que je suis devenue bonne. À mes débuts ce n’était pas ça… mais après avoir lu des centaines de textes, j’ai vraiment l’impression d’avoir compris le truc : qu’est-ce qui fait une bonne chanson et qu’est-ce qui la rend géniale à mes yeux, à quoi est-ce que je veux que mes chansons ressemblent. Donc oui, j’ai vraiment l’impression d’avoir appris comment écrire de bonnes chansons, j’ai répété la méthode et ensuite j’ai pu m’en libérer et faire les choses par moi-même. Je ne veux pas reproduire quelque chose qui a déjà été fait, tu vois ?
LFB – À tes débuts, tu voulais devenir parolière et écrire pour les autres. Qu’est-ce qui a changé ? Quand as-tu décidé de chanter et de créer ta propre musique ? Et pourquoi ?
K. P. – En fait, quand j’étais enfant j’avais déjà l’idée de devenir une artiste, je voulais devenir une star de la pop. Le truc c’est que je me disais « personne ne va jamais m’écrire aucune chanson donc il faut que je le fasse moi-même… ». Et c’est comme cela que tout a commencé. Je suis devenue complètement obsédée par ça, et c’est devenu ma façon de mettre un pied dans le milieu. J’écrivais des chansons, je les envoyais à des gens que j’avais rencontrés sur le net, des producteurs que j’avais rencontrés sur le net aussi, et puis toutes les personnes qui s’intéressaient à ce que je faisais.
Jusqu’à ce qu’un jour je m’envole pour Los Angeles. J’avais 19 ans, j’avais mis de l’argent de côté en travaillant comme serveuse, j’ai déménagé à Los Angeles… Je ne connaissais pratiquement personne là-bas, mais j’étais vraiment déterminée ! J’avais un accent très prononcé, un gros accent bien allemand…. C’est dur d’être une immigrée, où que tu sois dans le monde. C’était une expérience extrêmement intéressante parce que j’avais toujours vécu en Allemagne, jusqu’à mes 19 ans, puis j’ai déménagé à Los Angeles et je suis devenue une immigrée…
Au début c’était vraiment très bizarre, je me disais « je n’ai pas la même culture, je ne maîtrise pas les codes, je ne connais pas ce mot là… ». Donc je me suis mise à apprendre, tout, j’ai travaillé encore et encore et encore, pour apprendre tous ces mots, toutes ces expressions que je ne connaissais pas, toutes ces choses que je ne connaissais pas… jusqu’à ce que je les comprenne.
LFB – Est-ce que tu as également décidé de chanter et de créer ta propre musique, parce que tu ne trouvais pas d’artistes qui pouvaient interpréter proprement tes textes et ce que tu voulais dire ?
K. P. – En fait non, pas vraiment. Les chansons que j’écrivais pour moi, je les mettais toujours de côté, du style « ça c’est pour moi, tu ne pourras pas l’avoir… ! », tout ça parce que j’ai toujours eu cette envie au fond de moi, de devenir une artiste à part entière. C’est juste que je n’avais pas suffisamment d’argent pour produire ma propre musique. Du coup j’étais toujours en studio pour d’autres personnes, j’écrivais pour les autres… et en fait j’adore ça ! C’est extrêmement libérateur : de parler depuis le point de vue de quelqu’un d’autre, d’apprendre ce que d’autres ont envie de communiquer, les messages qu’ils veulent faire passer… C’est vraiment libérateur de ne pas toujours penser à ce qu’on a envie de dire, et de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre. J’adore faire les deux !
LFB – Et maintenant que tu as lancé ta carrière d’artiste à part entière, tu voudrais continuer à écrire pour autrui ou seulement pour toi ?
K. P. – Je voudrais faire les deux. En ce moment je suis vraiment à 100% sur ma musique, je suis vraiment concentrée sur ma carrière, ma tournée, mes clips… toutes ces choses que j’ai toujours voulu faire en tant qu’artistes. Écrire pour les autres, c’était ma porte d’entrée. Je me demandais toujours « comment on devient une star de la pop ? Est-ce qu’il faut être découvert par quelqu’un ? Est-ce qu’il faut juste que quelqu’un décide de te signer ?… » Je ne savais pas comment devenir une star de la pop, donc pour moi la manière la plus facile de rentrer dans ce monde était d’écrire pour les autres.
LFB – Comme Sia finalement, elle a fait la même chose…
K. P. – Oui ! Je pense que c’est la manière la plus moderne d’y arriver, si tu peux écrire des chansons évidemment. Et j’ai appris tellement de choses grâce à cela. J’adore ! Ça m’a permis de rencontrer des artistes géniaux, qui sont devenus des amis, et qui m’ont appris à devenir artiste… C’était vraiment une expérience formidable, j’ai adoré !
LFB – Y a-t-il quelqu’un en particulier pour qui tu aimerais écrire une chanson ?
K. P. – Oh oui bien sûr ! J’ai toujours voulu écrire une chanson pour Rihanna. Je lui ai envoyé peut-être un million de chansons que je voulais qu’elle interprète… Bon manifestement elle n’en a pas fait encore, mais c’est mon objectif de vie : écrire un titre pour Rihanna ! Et je vais le faire ! Et ce sera génial ! J’ai aussi énormément envie de travailler avec Daft Punk et d’écrire un titre avec eux. J’adore Daft Punk ! Ce serait ma collaboration de rêve je pense !
LFB – Est-ce qu’il y a d’autres artistes français que tu aimes ?
K. P. – Oui, je suis obsédée par Alizée ! « J’ai la peau douce… dans mon bain de mousse… », j’aime tellement cette chanson (NDLR : J’en ai marre !) ! J’étais vraiment vraiment obsédée par elle à l’époque. En Allemagne, c’était un gros tube. J’aime Christine and the Queens, j’ai travaillé avec Charli XCX, qui vient tout juste de sortir un titre avec elle… mais le titre que j’aime le plus c’est celui qu’elle a sorti avec un clip où on la voit sur un cube rouge… C’était tellement beau… (NDLR : Saint Claude). J’aime Stromae… J’aime un bon paquet de chansons françaises en fait, par exemple Dernière Danse (NDLR : de Kyo).
LFB – Un jour tu as décidé de supprimer toutes les vidéos de ta chaîne YouTube, et tu as également fait beaucoup de reprises… Est-ce que cela a été difficile pour toi de trouver ton style musical ?
K. P. – Oui, ça c’est sûr. J’avais besoin de me trouver moi-même en tant qu’artiste. J’ai essayé beaucoup de choses différentes, de styles différents, de genres différents… J’ai toujours aimé tout un tas de styles musicaux différents, donc c’était un peu difficile de trouver : qu’est-ce que je voulais faire exactement ? Qui j’étais vraiment ? Et qu’est-ce qui était vraiment spécifique chez moi, artistiquement parlant ? Et puis j’ai eu l’impression d’avoir répondu à toutes ces questions avec cette musique, alors tout ce que j’avais fait auparavant, pour moi c’est devenu des pérégrinations, des expérimentations… avant de me trouver. Je n’ai pas honte de ce que j’ai fait avant, ça fait partie de moi, et ça a participé à la construction de l’artiste que je suis maintenant.
Mais j’ai vraiment l’impression que mon premier single I Don’t Want It At All (NDLR : de 2017), c’est vraiment là que je me suis trouvée. Et tout ce que j’ai fait auparavant, c’est plus une sorte de longue route que j’ai prise, essayant constamment de nouvelles choses, pour me trouver artistiquement. J’ai vraiment eu besoin d’expérimenter tout un tas de trucs différents, pour ensuite les combiner ensemble et puis… embraser le tout ! Faire quelque chose de nouveau et d’unique !
LFB – Tu as fais une collab’ avec l’artiste SOPHIE, comme elle tu ne veux pas être considérée comme une porte-parole de la communauté transgenre, et dans une autre interview tu disais que tu n’étais pas vraiment prise au sérieux en tant qu’artiste, à cause de ton identité de personne transgenre… Dans quel genre de situations t’es-tu rendue compte que tu n’étais pas prise au sérieux à cause de cela ?
K. P. – Oui, en fait… au début de ma carrière c’était très difficile de parler de quelque chose d’autre que mon identité de personne transgenre. Toutes les interviews tournaient toujours autour de ça. J’ai dû dire non à pas mal de choses et même mettre fin à un bon nombre d’interviews. Mon identité, ma transition… c’est un sujet que j’ai traité pendant toute ma jeunesse… j’ai participé à des documentaires depuis mes 12 ans, jusqu’à ce que j’en ai 20.
J’ai fait tout un tas de choses pour éduquer les gens sur ce sujet-là… Je suis vraiment très ouverte sur le sujet et je suis terriblement fière d’être transgenre, mais quand j’ai sorti ma musique… cette identité a fait de l’ombre à qui j’étais artistiquement. Et moi je suis tellement fière d’avoir écrit des centaines de chansons et d’être devenue une parolière, que je ne voulais pas être uniquement cataloguée comme artiste transgenre.
Je veux être considérée comme une bonne artiste avant toute chose. Donc oui, c’était difficile de trouver mon chemin dans tout ça… Quand tu en parles directement, les gens t’accusent d’utiliser le fait d’être transgenre pour attirer l’attention. Et quand tu n’en parles pas, la communauté t’accuse de ne pas vouloir être une porte-parole pour elle et te trouve gênante. Donc ça a toujours été un équilibre précaire à trouver, ceci dit, j’ai vraiment l’impression que depuis que l’année a commencé, j’ai eu un déclic. Je suis terriblement fière d’être transgenre, j’ai pu prouver que je faisais de la bonne musique, que j’étais une bonne parolière… donc maintenant ça ne me pose plus du tout problème d’aborder le sujet.
LFB – Et quand tu as commencé ta transition, est-ce que tu avais une idée précise du genre de fille ou de femme, à laquelle tu voulais ressembler ?
K. P. – La question était avant tout devenir une fille. Je détestais mon corps, c’était la chose la plus importante pour moi. Je ne m’identifiais pas au genre qu’on m’avait assigné à la naissance. Je me haïssais, je n’avais aucune relation sociale… parce que je ne m’aimais pas moi-même. Pour moi, la question c’était vraiment d’arriver à m’aimer et d’avoir une vie normale, de pouvoir avoir des rendez-vous avec des garçons… toutes ces choses ! Je n’ai pas pensé spécifiquement à l’apparence que j’aurais. Et c’est aussi que, quand j’ai commencé ma transition c’était avant la période de la puberté. J’ai commencé à prendre des hormones bien avant cela, donc j’ai juste vécu une puberté féminine normale, sans réajustements particuliers, si ce n’est celui de mon sexe. Je voulais juste m’aimer. Maintenant je suis en harmonie avec mon corps, comme n’importe qui.
LFB – Et puisque tu disais qu’il est difficile d’être prise au sérieux en tant qu’artiste transgenre… est-ce qu’il ne t’est jamais passé par la tête de prendre un pseudo et de recommencer à zéro une nouvelle image médiatique et une nouvelle carrière, sans qu’il ne soit fait aucunement mention de ton identité de personne transgenre ?
K. P. – Non, je n’ai pas voulu ça parce que selon moi avoir des secrets c’est toujours une très mauvaise idée. Ça te rend vulnérable, les gens ont un pouvoir sur toi si tu gardes des secrets. En fait il y aura toujours quelqu’un qui saura, et il y aura toujours quelqu’un qui sera là un jour pour te menacer de le révéler au grand jour. Et je pense que de manière générale, dans la vie, avoir des secrets fait que les autres ont un pouvoir sur toi tout simplement.
Donc j’essaie de vivre comme un livre ouvert, en étant honnête sur tout… Par exemple je fais des erreurs mais j’en suis fière parce que j’en tire des leçons. J’ai toujours été très très fière d’être transgenre, mais la seule chose que je déteste à propos de cela, c’est que certaines personnes n’arrivent pas à considérer que tu peux être une bonne artiste et être transgenre. Certaines personnes pensent que l’un annule l’autre, et je voudrais juste prouver que ce n’est pas le cas.
LFB – Et maintenant que tu es lancée dans le grand bain avec ton premier album et ta tournée, comment arrives-tu à concilier tout ça avec ta vie ?
K. P. – Ah ! En fait, toute ma vie est vraiment concentrée sur ma tournée et ma musique. Mes chansons sont très aiguës, je chante très haut et ma santé est la priorité. Je m’entraîne beaucoup, je mange sainement, il y a des jours entiers pendant lesquels je ne dois pas parler… Je suis toujours dans une ville ou un pays différent, je ne suis plus jamais vraiment chez moi…
C’est très excitant et j’adore ça, je voulais cette vie, mais parfois mes amis me manquent, je manque des événements importants dans la vie de mes amis comme leurs anniversaires ou celui de ma mère… Donc non, tu ne peux pas rentrer à la maison pour les événements importants de ta famille. Ce genre de choses est dur et je suis un peu triste, mais là je suis vraiment en mode « c’est le moment ! », pas question de faire une pause, et j’adore ça !
L’avantage d’avoir travaillé aussi longtemps pour que cela arrive, de ne pas avoir eu de succès pendant des années, fait que je suis tellement reconnaissante… Je suis redevable pour tout ce qu’il m’arrive ! Je suis si reconnaissante de pouvoir enfin partir en tournée, faire des clips, etc. Toutes ces choses auxquelles j’ai rêvé pendant des années et des années, avant que ça devienne enfin réalité. Ça me semble toujours surréaliste parfois. Et même si maintenant, tout ceci m’arrive, je me sens avant tout chanceuse et reconnaissante et vraiment très heureuse de pouvoir faire ce que je fais. Et j’adore ça !
LFB – Trouves-tu encore du temps pour écrire en tournée, ou ce sont vraiment deux activités très différentes auxquelles tu dédies des périodes distinctes ?
K. P. – J’ai commencé à écrire Clarity en tournée, je retournais souvent dans le bus pour écrire. Il y a un truc quand tu es loin de chez toi, ça te rend plus émotionnel et plus sentimental. J’écris carrément en tournée, et j’adore quand ça arrive. Ça peut m’arriver à n’importe quel moment de la tournée, je suis toujours en train de remplir mon carnet de chansons. J’ai un carnet, un peu comme le tien, plein à craquer et j’écris et j’écris et j’écris, j’ai des pages et des pages.
Alors dès que je suis de retour en studio ; car je suis du genre, tout de suite après la tournée c’est retour au studio ; je n’ai plus qu’à ouvrir mon carnet et j’ai toutes ces choses, toutes ces idées dont j’ai envie de parler. Ça fonctionne vraiment main dans la main : quand j’en ai marre d’être en tournée je retourne en studio et j’écris, et quand j’en ai marre d’écrire je retourne sur la route ! Les deux fonctionnent vraiment bien ensemble.
LFB – Merci ! J’ai une toute dernière question : si tu étais sur la fin de ta vie et tu pouvais encore écouter une toute dernière chanson… tu aimerais que ce soit laquelle ?
K. P. – Oh, peut-être Queen… I Was Born To love You. J’aime tellement cette chanson. C’est dramatique. Freddie Mercury me touche en plein cœur. Mon artiste préféré de tous les temps, c’est probablement lui. Aucune voix, aucune écriture, ne me touchent autant que les siennes. Et cette chanson est juste parfaite pour moi.
ENGLISH VERSION
La Face B – Quite early, you became obsessed with names on the back of CDs… about who wrote the songs… Do you know why you were so obsessed with the songwriter, rather than the singer, the musicians or the producer ?
Kim Petras – I just wanted to know who make them. I feel that if you look at them, and it’s the same names over and over and over, you start thinking that this person is a big part of why all these songs you like so much. I just wanted to find out why I like so much all these songs… What it is about them ? And if there’s some kind of strategy or formula behind them… And I really think like, especially in the 2000’s when I was growing up, there was a lot of formulas going on, on what makes a song catchy and what makes a chorus stand out, or makes it very repeatable, makes it really easy to get.
LFB – Did you find a lot of regular names ?
K. P. – For sure ! Max Martin was like a big one, he wrote a lot of pop songs, like Britney Spears, Katy Perry, Backstreet Boys, Christina Aguilera… just all those people I was looking at back.
LFB – Have you met your favorite songwriters, now that you’re living in the US ?
K. P. – I haven’t met Max Martin yet. I have met Dr. Luke, I have met Theron Thomas who wrote some amazing songs like Miley Cyrus‘ We Can’t Stop, and he writes a bunch for Lizzo now [like Juice] ! I do think I have met most of the people I was looking at to when I was a kid.
LFB – Did they teach you how to make a catchy song ?
K. P. – Yeah, for sure ! I definitely feel like I’ve kind of gone through pop school just being in L.A., and writing with a bunch of different songwriters together, and kind of reading hundreds of songs, and I think that’s when I got good… Like in the beginning it wasn’t great, and then after reading a kind of hundreds of songs, I feel like I kind of get the hang of it, and what makes a song good and what makes it great to me, and what I want my songs to be like. So I feel like I’ve learned how to write a good song and then I’ve taken that, just like broken the rules and made on my own. I don’t want to repeat something that happens you know ?
LFB – First, you imagined yourself as a songwriter for other people. What changes ? When did you decide to sing and to create your own music ? And why ?
K. P. – It actually kind of started when I was a kid, I wanted to be an artist, and wanted to be a pop star. And I was like « nobody’s going to write me any songs, so I’ve to learn how to write these songs »… And then, I just got really obsessed with it, and that was kind of my way into it. And then I was so obsessed with it, I was writing songs every single day, and sent them to people I met on the Internet, like producers on the Internet, and anybody on the Internet wanting to know anything I was making.
And eventually at 19 y.o. I moved to L.A., saved up money waitressing… I moved to L.A., I didn’t know many people out there, but I was like really determined ! I had a big accent, like a very German accent at the beginning… It’s tough being an immigrant anywhere. It was a very interesting experience because I lived in Germany until i was 19, and then moved to L.A. and was an immigrant… so it was a very strange experience and at the beginning I felt like « I don’t know the culture, I don’t know a lot of these words… » So I just taught myself like over and over and over, to learn all the words that I didn’t know, sentences that I didn’t know, things that I didn’t understand… until I understood it.
LFB – And did you also decide to sing and to create you own music, because you couldn’t find the artists who would perform your lyrics and their meanings properly ?
K. P. – Actually no, not really. I feel like… the songs I’ve made for myself are always like put aside… You know like « these are for me, you can’t have them… ! » because I always kind of eventually wanted to be an artist, and I just couldn’t have enough money to make my own music. So I was always in sessions for other people, writing for other people, and I actually love writing for other people. I think it’s very freeing to talk from somebody else’s perspective, and like learning what other artists want to say… And I feel just like very freeing, not thinking about what you wanna say and being a kind of different person. So i love doing both !
LFB – Now, do you still want to write for others, or just for yourself ?
K. P. – I do wanna do both. I definitely feel like now I’m very focused on doing my own music, I’m very focused on building my own career and doing my own tours and making my own music videos… and all of that stuffs like I always wanted to be an artist. Writing for other people was my way into the industry. ‘Cause I felt like « how do you become a pop star ? Do you get discovered by somebody ? Does somebody just sign you ? … » I just didn’t know how to become a pop star, so I just felt like it was an easier way into the industry by writing for other people.
LFB – Like Sia, she did the same thing…
K. P. – Yeah, I feel like it’s the modern way, if you can write songs… And I’ve learned so much from it ! I love it ! I met so many great artists friends, that have taught me so much about being an artist… This was a great great experience, I loved it !
LFB – Is there someone in particular for whom you would like to write a song ?
K. P. – Yeah, for sure ! I always wanted to write a song for Rihanna. I’ve sent her like a million songs that I wanted her to do, and… obviously she never done one, but that’s my life’s goal : to write a song for Rihanna ! And I’m gonna do it ! And it’s gonna be amazing ! I also really want to work with and to write a song with Daft Punk. I love Daft Punk. What would be like my dream collaboration I guess !
LFB – And any other french artist ?
K. P. – Yes, I’m obsessed with Alizée… « J’ai la peau douce… dans mon bain de mousse… », I loved that song so much [J’en ai marre ! ] ! I used to be really obsessed with her at the beginning… When I was in Germany it was a big hit ! So I was obsessed with her ! I love Christine and the Queens, I met Charli XCX, she just made a song with her… but I love her first music video, on the red cube, that was so beautiful… [Saint Claude]. I love Stromae ! And I love a lot of french songs actually, like Dernière Danse [from Kyo].
LFB – One day, you decided to delete your YouTube videos, and you also did a lot of covers… Was it difficult for you to find your music style ?
K. P. – Yeah for sure. As an artist I just needed to find myself. I’ve tried so many different things and genus and styles… I just always loved all kinds of musics so I feel like I really had troubles like knowing exactly : what I wanted to do ? What was me ? And what was, you know, unique to me ? And I feel like I found it with this music, so anything before that was just kind of experimenting and finding myself. I’m not embarrassed of it, I feel like it’s a part of me, and it’s a part of why I am who I am. But I definitely feel like my first single I Don’t Want It At All [2017], was when I found out what I wanted to do. And ever since then I was just on this journey of rolling artistically and trying new things as well, but yeah, I feel like I needed to try all different things and then put them together and fuze ! Make something new and unique !
LFB – You made a collaboration with the artist SOPHIE, as her, you don’t want to be a spokesperson for the transgender community, and in an other interview you said you weren’t taken very seriously as an artist, due to your transgender identity. How did you noticed that ?
K. P. – Yeah, in the beginning of my career it’s been very hard to talk about everything else, like every interview was just about being transgender, and I’d to say no to a lot of things and turn down a lot of interviews and things like that, because it was only about being a transgender and I did that my whole teen life. I did documentaries from when I was 12, until I was 20 y.o., of like anywhere… just educating people on being transgender. I’m very open and proud about being transgender but then, when I put out music, it overshadowed my music and, you know, I’m so proud of having written hundreds of songs and being a songwriter, that I just didn’t want everything to just define me as only being transgender, because I want to be known as a good artist, first and foremost !
So yeah, it was difficult to navigate my way through it. And when I talked about it, people would be like « you’re using you being transgender to get attention ». When I didn’t people were like « you don’t want to be a spokesperson for us and to embarrass ». Ever since then, it’s just been kind of a balance, but I feel like, since the beginning of this year, something kind of click a little bit with me. I’m very proud of being transgender, I feel like I’ve kind of proved that my music is good now and that I’m a good songwriter, so now I’ve no problem talking about it.
LFB – And when you began your transition, did you have a precise idea of what kind of girl, or woman, you wanted to look like ?
K. P. – Yeah, it was more about just being a girl. I hated my body, what was my main thing, I didn’t identify with my literal gender. I hated myself and I didn’t have any relationship with anybody because I didn’t like me. For me, I just wanted to like myself and have a kind of normal life, date boys that I liked, and all that. I didn’t necessarily think about the way that I looked. And it’s also because I started before female puberty, I started taking hormones before that. So I just went trough a normal female puberty, and I didn’t have many adjustments, except for my gender. I just wanted to like myself. Now I’m okay with my body, just like a normal person.
LFB – As you said, it’s difficult to be taken seriously as a transgender artist… Have you ever thought about taking a pseudo and starting over your public image and career without any mention of your transgender identity ?
K. P. – No, I never wanted to do that because I feel like keeping secrets is a bad idea and makes you very vulnerable. People have power over you if you have secrets, ’cause there will always be somebody who knows, there will always be somebody who will threaten you to talk about it. And I think, with anything in life, having secrets makes other people have power over you. So I try to live as an open book, honest about everything… I make mistakes but I’m proud of them because I’ve learned from them. I’ve always been really really proud of being transgender but the only thing I just hate about it is that some people can’t put together that you could be a great artist and be transgender. Some people think like it cancels each other, and I just want to prove that it doesn’t.
LFB – Now with your career, is it difficult to organize your life ?
K. P. – Yeah, I feel like my whole life is involved around my tour and making music. My songs are very high, I sing very high and my health is very important, I work out, eat healthy, I’ve days where I completely don’t speak… I’m always in a different place, I’m never really home… it’s very exhilarating and I love it, I wanted to live this life, but yeah sometimes I miss my friends, sometimes I miss important things in life like my friends’ birthdays, my mom’s birthday… So yeah, you can’t go home for important things in your family’s life. Things like that are hard, and I’m a little sad. But especially right now for me it’s just like « go time », I’m not taking any breaks anywhere, and I love it !
I mean, the good thing about having kind of worked so long, on being a songwriter in the industry before any of this happened, not having success until now, is that now I’m so thankful for anything that happens ! I feel very blessed to be able to tour, make a music video… All these things I’ve dreamed about for years and years, before they became a reality for me. Still feels unreal sometimes. Even now, those things happen, over all I’m so lucky and blessed and I’m so happy to be doing what I’m doing and I just love it !
LFB – Do you still have time to write during your tour, or do you have like two different times to work : the writing, or the tour, but not both at the same time ?
K. P. – I started writing Clarity on tour, so I definitely went back to the bus and wrote. There’s something about being away from home for a long time that just makes you really emotional and sentimental. I definitely write on tour and I love when that happens and it’s definitely wherever I’m on tour, I’m filling up my lyric book. I’ve a full book, a little bit like yours, and I write and write and write, and then I’ve pages and pages and pages.
So once I’m back in the studio, which I’m always like : right from tour to the studio, I can just open my book and have all the things I want to talk about, all the ideas I want to talk about. So it goes like hand in hand : when I’m sick of touring I go into the studio and I wanna write, and when I’m sick of writing I go back on the road. So they go very well together.
LFB – Thank you ! I’ve one last question : it’s the end of your life and you can only listen to one last song… What would it be ?
K. P. – Maybe Queen… I Was Born To Love You. I love that song so much. It’s really dramatic. Freddie Mercury touches my heart. My favorite artist of all time is probably Freddie Mercury. No one’s voice touches me as much as him. No one’s songwriting touches me as much as him. That song is just flawless to me.