A l’occasion de la sortie de son deuxième EP, Attempts at fire, on a longuement échangé avec Marlene Larsen à propos de son projet, ses inspirations, sa vision du live, sa passion pour l’anglais et de tout plein d’autres choses. Le tout par visio, avec un fond vert aquarium et un tshirt homard. Si vous ne comprenez pas tout, c’est normal, et bienvenue dans le monde merveilleux de Marlene Larsen.

La Face B : Hello Marlene ! Ça va ?
Marlene Larsen : Oui, ça va. Franchement c’est un peu speed quand tu sors un disque, surtout quand t’es indé, Mais ça va.
LFB : Oui j’imagine ! Moi je t’ai découverte assez récemment, c’était au MaMA festival… en octobre je crois ?
Marlene Larsen : Oui, c’était il y a 6 mois. Mais dans ma tête c’était il y a un an et demi (rires).
LFB : Pour te présenter aux personnes qui ne te connaitraient pas, tu me dis si ça te va, mais moi je dirais que tu fais un peu du rock doux, réconfortant. Et ça fait un peu penser aux années 90-2000, genre Avril Lavigne ou Demi Lovato.
Marlene Larsen : Je suis une Disney Channel Idol ! Mais oui carrément, t’as bien cerné le projet. Moi, je dis que je fais du soft rock. Donc c’est exactement ça. C’est du rock un peu doux et en même temps qui envoie. Ça mérite l’appellation rock malgré tout. J’adore le rock, j’ai vraiment grandi dedans. Enfin, disons que c’est le premier truc où je suis complètement tombée in love de la musique live. Il y a une artiste avec laquelle je me suis beaucoup comparée dans le développement, c’est Silly Boy Blue. On est sur des esthétiques similaires. Je suis allée la voir en concert l’année dernière, mais je me suis dit « ah non, elle, elle est pop ». Donc moi en live, je fais un truc hyper brut, hyper rock. Il n’y a pas d’envoi de sample, on a travaillé pour que ça marche juste avec les instruments qui sont sur scène. Il y a de l’énergie de ouf, je donne tout ce que j’ai, ça transpire. C’est assez brut, il y a des disto’ partout parce qu’on adore ça. Mais en studio j’adore que ce soit catchy, j’adore que ce soit pop aussi, c’est hyper important pour moi. Des trucs qui te restent dans la tête quoi, et qui sont groovy. J’adore écrire des lignes de basse groovy pour se dandiner.
LFB : Du coup quand tu composes, tu penses quand même à ce que ça va rendre en live, ou c’est plus tard ?
Marlene Larsen : Je n’y pense pas, au live. Je vis au jour le jour (rires).
LFB : Chaque chose en son temps.
Marlene Larsen : En plus, c’est super dur de trouver des dates en ce moment. Donc j’ai du mal à me projeter sur du live en ce moment. Quand je compose, je suis dans une espèce de bulle un peu magique, je suis comme une médium. J’ai l’impression que j’ai des trucs qui m’arrivent d’ailleurs. Je suis dans une transe un peu chelou. Et j’ouvre les yeux 4h plus tard et je suis genre « haan j’ai écrit une chanson en entier ». C’est mon truc préféré au monde ce genre de moment.
LFB : Et tu parlais de rock, je me demandais si tu étais un peu fan de métal ?
Marlene Larsen : En fait, la vérité vraie je vais te la dire. Mon tout premier groupe quand j’avais 17 ans, c’était un groupe de hard rock. On était inspirés par les ACDC, les Guns N’ Roses, Bring me the horizon... J’aime le côté épique de ces groupes-là, je crois.
LFB : Je trouve qu’on le ressent dans certaines de tes chansons, qu’il y a un reste, quelque part, de métal.
Marlene Larsen : Le côté épique justement, peut-être. Je pense que tu penses au pont de She’s Tall. On s’est fait la réflexion en résidence, où mon bassiste m’a dit « mais t’as écouté les Guns N’ Roses, non ? » Et oui…
LFB : Et dans les thèmes que tu abordes, j’ai l’impression que c’est plus introspectif et personnel que dans le métal. Après, je dis ça mais je me trompe peut-être parce que je n’écoute pas du tout de métal (rires).
Marlene Larsen : Oui, je vois où tu veux en venir. Dans le métal c’est plus universel, alors que moi je vais parler de choses plus précises. Ça fait un peu entonnoir. Et tu as tout à fait raison. J’essaye toujours d’apprendre quelque chose de mes chansons. Vu que c’est quelque chose qui m’arrive d’ailleurs – c’est très bizarre mais vrai -, j’essaye toujours de me dire « ok, là, il y a ça qui me travaille, il se passe ça et j’ai besoin d’en parler, peut-être qu’une réponse va m’arriver ». Généralement, la réponse arrive dans le pont. Du coup j’adore écrire la chanson en deux temps. D’abord j’expose mon problème dans le couplet et le refrain. D’ailleurs, je suis une queen du couplet 2, ils ne sont jamais pareils que les couplets 1. Et ça j’y tiens. Que ce soit dans la mélodie ET les paroles. J’essaye toujours d’amener de la surprise dans les couplets 2. Et après je mets en pause la chanson. Puis une fois que j’ai compris les réponses, je fais mon pont. La seule chanson qui n’a pas de pont dans mon répertoire c’est Coming Clean… Je n’ai pas la réponse encore.
LFB : Peut-être dans une partie 2…
Marlene Larsen : Peut-être qu’il y aura une Coming Clean Part. 2. Mais du coup elle arrivera je-ne-sais-pas quand. Mais une fois que j’aurai la réponse, que je serai allée au bout de ce truc-là. Pour moi finalement, le fond influe énormément sur la forme.
LFB : C’est un exercice psychologique que tu fais en fait, un truc de psy.
Marlene Larsen : Mais le nombre de fois où je suis sortie de séance en comprenant un truc… Le pire c’est le pont dans I said I’m fine, je suis sortie de la psy j’étais « haaan d’accord ». Je suis tout de suite allée composer en sortant (rires). Les psys c’est mes best friends vraiment, j’en ai plusieurs.
LFB : Et pourquoi tu écris en anglais ? On doit tout le temps te le demander…
Marlene Larsen : Non, on me le demande pas tant que ça. En fait, j’ai compris pourquoi récemment. Et j’ai envie d’écrire une chanson là-dessus, comme dès que je comprends quelque chose. Comme si j’avais envie de partager au monde, j’en ai besoin (rires). En fait, ma grand-mère a une passion pour l’Angleterre (alors qu’on vient d’Ardèche profonde) et l’a transmise à ma mère, qui me l’a transmise à moi. Il y avait beaucoup de frustration autour de ça, comme « ah, je n’ai jamais pu aller à ce voyage scolaire en Angleterre » ou « ah j’adore les Beatles mais je les verrai jamais en concert » etc. Du coup, ma mère m’a transmis tout ça, et il s’avère que j’ai beaucoup beaucoup de chance. Parce que quand j’étais petite, j’ai pu faire un voyage scolaire en Angleterre, et cette fois ma mère a vraiment poussé. Toutes mes cops allaient en Espagne faire la bamba, moi j’ai fait un vrai échange avec une fille. Je suis allée dans sa famille plusieurs jours, puis elle est venue dans ma famille ensuite. Et en fait, sa mère à elle était francophile, mais vraiment passionnée du français. On a été conditionnées toutes les deux à devenir best friends et on est devenues super good friends. Du coup j’ai passé beaucoup de temps en Angleterre quand j’étais ado, puis quand j’étais à la fac. J’ai eu l’impression de réaliser un peu la prophétie de mes mères. Du coup, l’anglais a toujours été très simple, c’est comme une langue de cœur. J’adore le français hein. Pour plein de raisons, j’adore lire en français, j’adore la poésie en français, j’adore. Mais alors pour la musique, il y a très peu de personnes qui savent bien faire sonner le français. Je trouve que l’anglais est une langue pour la musique. J’ai toujours écouté que des trucs en anglais toute ma vie. Le seul truc que j’ai écouté en français c’est les L5, Superbus et KYO. Mais quand tous tes rêves sont en anglais, qu’en plus t’es bilingue assez rapidement dans ta vie, c’est assez évident.
LFB : Est-ce que c’est pas aussi parce que le fait de chanter en anglais met un barrière ? Dans le sens où tu parles de sujets hyper deep et personnels, mais en anglais c’est moins ta vie à toi.
Marlene Larsen : Alors, moi non je le vis pas comme ça, puisque vraiment je communique en anglais. Mais je suis parfois frustrée que les gens ne comprennent pas toujours les paroles. Et c’est hyper important pour moi que les gens comprennent, car les paroles sont la base de toutes mes chansons. Ce que j’ai trouvé comme solution, c’est d’avoir une interprétation hyper claire, presque théâtrale pour que le message passe. C’est-à-dire que quand je vais chanter ma chanson, si je suis triste ou si je suis fâchée tu vas le voir sur mon visage ! Et aussi, pour que les gens se raccrochent aux mots qu’ils connaissent, parce qu’ils connaissent déjà énormément de mots en anglais, même les gens qui se pensent nuls. Mais j’ai HÂTE de tourner partout dans le pays.
LFB : Tu as déjà fait des dates dans des pays anglophones ?
Marlene Larsen : Non, jamais fait. Mais ça va venir. Parce que j’ai hâte, et puis on a essayé de beaucoup jouer en première partie de groupes anglophones. Et sur le premier disque, mon label a beaucoup bossé pour envoyer mon disque et avoir des chroniques dans des pays anglophones. Du coup j’ai eu des retours sur mon songwriting qui étaient oufs ! Genre « best songwriter of the year » ou des trucs comme ça ! Donc j’ai hâte, je sais que je vais pouvoir me la râcler tu vois (rires). Mais je pense que c’est déjà hyper important pour moi de construire quelque chose en France, parce que j’adore notre système de l’intermittence, j’adore pouvoir faire de la musique dans un endroit où je suis bien. Parce que l’Angleterre c’est quand même un pays qui a plein de problèmes, en France aussi, mais l’Angleterre je n’ai jamais voulu y vivre. Parfois je me dis que mon public n’est pas en France, mais ce n’est pas vrai. Vu le nombre de personnes qu’il y avait au concert de Taylor Swift, ou le nombre de personnes qui vont voir des groupes que j’adore dès qu’ils passent en France…
LFB : C’est clair, il y a un public. C’est juste un peu plus niche, dans le sens où il y a la barrière de la langue en plus. Personnellement, ce qui me touche beaucoup dans une chanson, c’est les paroles, principalement. Et je sais qu’une chanson en anglais, ça va me demander plus d’effort pour comprendre et donc, pour être touchée. Après, comme tu disais, certaines chansons tu saisis quelques mots, tu saisis la vibe, tu sens que la chanson va te parler si tu vas regarder les paroles. Ca demande une démarche supplémentaire. En tout cas moi, j’ai été touchée par tes chansons en live, et après je suis allée regarder les paroles sur internet pour confirmer mon intuition.
Marlene Larsen : Je suis comme toi ! Quand je kiffe une chanson, je vais tout de suite voir les paroles. Vérifier si vraiment ça me parle. Attends, je peux te montrer un truc ?

Marlene Larsen : Est-ce que tu te rappelles des magazines comme Fan Club ? Dans ces magazines, il y avait des fiches paroles… Et ben, I’ve made some !!!
LFB : Mais non c’est énorme ! J’adore ! C’est exactement les mêmes en plus ?
Marlene Larsen : C’est exactement les mêmes ! J’ai repris exactement le design ! Et derrière j’ai fait des jeux, genre des mots croisés, des tests de personnalité… Je me suis éclatée à les faire.
LFB : C’est une superbe idée !
Marlene Larsen : C’est vraiment pour encourager les gens, dire « s’il vous plait, regardez les paroles, je vous jure qu’elles sont bien ».
LFB : Elles sont disponibles dans un pack avec l’EP ?
Marlene Larsen : Oui, il va y avoir un faux magazine avec un poster, les paroles et l’EP. Il y a aussi ****** (ndlr : on a bipé, il y a des surprises à découvrir…). Ce sera disponible au stand de merch’ après les concerts, avec le disque en digital aussi. Mais voilà, c’est pour dire à quel point les paroles sont importantes pour moi aussi.
LFB : Au moment où on se parle, l’EP n’est pas encore sorti (ndlr : l’EP est disponible depuis le 20 juin mais l’interview a eu lieu le 9 juin) mais tu as déjà 3 titres qui sont disponibles. Je me demandais : comment tu choisis les chansons ? Est-ce que ce sont celles qui vont plaire au plus de personnes ou est-ce que ce sont celles qui, selon toi, définissent le mieux ton projet ?
Marlene Larsen : Je crois que j’essaye de sortir la plus badass en prem’s. J’ai sorti What you’re waiting for qui, pour moi, est giga badass. C’est une cousine de Galore, qui est le tout premier EP que j’ai sorti. Et en deuz’, je voulais un truc plutôt pop. Et en trois, c’est plutôt de la deep emotion. Je mets un peu les plus percutantes en single. Celles qui marquent le plus les gens. Et une fois qu’ils ont validé les deux premières, je place l’émotion.
LFB : Et sur l’ensemble de l’EP, il y a un fil rouge ? On l’interprète un peu comme on veut, mais moi j’ai l’impression que c’est un peu comme « assumer qui l’on est, avec nos défauts et les choses que l’on aime parfois un peu moins chez soi ».
Marlene Larsen : Je crois que ça parle pas mal de frustration au final. Il y a l’image du feu, qui est là depuis le début dans mon projet. Je ne sais pas si tu connais l’histoire de Marlene Larsen, de pourquoi je m’appelle comme ça… En fait, j’ai commencé dans ce groupe de hard rock, j’avais 17ans, c’était vraiment mes premières expériences. Je n’avais jamais chanté. A notre quasi-premier concert, à la fin on va voir l’ingé son qui était un peu plus âgé, qui devait s’appeler Jean-Michel (rire), pour avoir des retours. Il nous a dit « ben franchement, la musique c’était pas mal, ça joue bien. Et la voix ben… c’est comme un veau qui se fait écraser par une voiture, sauf que le veau au moins ça s’arrête ». Et en fait ça m’a cassée, même un peu trauma. Donc pendant toute ma période dans le rock, et même dans mes groupes, j’entendais que « tu sais pas chanter du rock », « t’as une trop petite voix », « ta voix est pas puissante »…
D’ailleurs, j’ai fait un cours de chant la semaine dernière pour un projet, et elle m’a dit que j’avais compensé tout ça. Du coup que j’avais une voix trop forte, trop puissante et que j’avais trop de volume dans ma voix. Et même maintenant j’ai l’impression que j’ai une voix qui n’est pas puissante, alors que mes amis me disent l’inverse. C’est fou ce qu’on te met dans la tête à la vingtaine, après ça reste. Mais je travaille dessus (rires). Et du coup, la manière dont les gens réagissaient à ma voix, en disant que c’était trop aigu et désagréable, ça m’a donné l’idée de m’appeler Marlene Larsen. Si ma voix vous fait l’effet d’un larsen, et bien je vous emmerde ! Du coup je suis partie faire de la pop pendant quelques années en solo, mais je m’ennuyais trop… J’aime trop le rock en fait.
Et donc le fil rouge, c’est ce feu, le feu sacré et le feu qui te prend. Comme dans Galore, il y avait cette phrase hyper importante pour moi « I’ll just follow the fire« . Parce que, dans ces périodes, tu ne peux que suivre ce feu sacré qui t’appelle et qui te dit que t’es dans la bonne voie. Et donc dans Attempts at fire, j’avais déjà composé pas mal de chansons du disque quand je me suis dit « ok, là maintenant il faut qu’on pense global ». J’avais Coming Clean, She’s Tall et Actually. Et je parlais plutôt des autres, je racontais des histoires qui étaient à l’extérieur de moi. Dans Galore, c’était très très introspectif. Et depuis, je crois que j’ai appris qui j’étais, puis après, comment relationnaliser.
Comme maintenant je sais qui je suis : comment je fais pour avoir des relations saines et qu’est-ce qui me frustre ? J’avais l’impression de vouloir allumer des feux chez des gens. Comme dans What you’re waiting for qui parle de la frustration d’avoir eu une amie très chère à mon cœur mais qui est bloquée dans sa vie, qui ne sait pas ce qu’elle veut faire. Je voulais lui dire « mais réveille-toi, tu ne peux pas rester comme ça » ! Je voyais mes anciens schémas, de vouloir la sauver, lui dire quoi faire. Mais je me disais que je ne pouvais pas faire ça. Dans la chanson on voit mes élans toxiques et mes problèmes, puis dans le pont on voit la solution que j’ai trouvée. Au final, j’ai juste peur qu’elle m’abandonne. J’ai juste peur que du jour au lendemain, comme elle le dit parfois, elle parte dans un autre pays et qu’elle ne soit plus mon amie. Je découvre petit à petit ma relation aux autres et j’essaye d’être une bonne personne, une bonne amie pour les gens qui m’entourent. C’est hyper important.
LFB : En lâchant le contrôle…
Marlene Larsen : Exactement. Et en faisant confiance. C’est ça qui est difficile. Même si les gens partent, ils vont revenir, ou alors ils ne vont jamais vraiment partir. Mais c’est super difficile. Je suis vierge, j’ai du vierge partout dans mon thème astral, c’est l’enfer.
Donc j’avais ces trois chansons, et je roulais dans la campagne vers chez mes parents. Et là je vois un panneau « essais de feu », « Attempts at fire ». Je me suis dis que c’était poétique de dire qu’il y avait des zones où tu pouvais essayer de faire des feux, en sécurité. Et c’est un peu comme ça que je me sens avec mes ami.e.s, et même dans ma carrière. Je suis à un stade où je peux tester des trucs, mettre le feu et voir si ça prend ou pas. Essayer d’éteindre des feux, un peu en catastrophe, pour voir quand ça fait trop peur. J’ai l’impression d’avoir un espace où c’est safe.
LFB : Il y a peut-être aussi ton rapport à ta confiance en toi qui s’est amélioré, ou la légitimité de ton projet. Et quand on gagne en confiance en soi, aussi, on a plus confiance aux autres.
Marlene Larsen : Oui, c’est vraiment ça le sujet de l’EP. Avec Galore, j’avais commencé le projet avec une chanson qui disait « Do I dare ? « , est-ce que j’ose devenir qui je suis. Et je crois que j’ai osé. Regarde, j’ai les cheveux bleus ! Mais c’est hyper intéressant de grandir, d’explorer cette vie, et d’avoir des disques qui maintenant vont parsemer mon chemin et de pouvoir suivre mon évolution.
LFB : Comme un journal intime, mais en chanson.
Marlene Larsen : oui, c’est le témoin de mon expérience. Je me dis que si ça peut aider ou inspirer d’autres gens, c’est gagné à 3000%.
LFB : Et pour terminer, est-ce qu’il y a une chanson de l’EP qui te parle plus, qui a un thème qui te touche plus ou que tu as envie de mettre en avant par rapport aux autres ?
Marlene Larsen : Celle que j’ai encore besoin d’entendre, c’est Actually. Je n’arrive pas encore aujourd’hui à dire non, à poser mes limites, même si je le chante. Je suis submergée très très souvent et l’anxiété elle est off the charts. C’est terrible de vivre comme ça. J’essaye vraiment de plus me respecter, mais je n’y arrive pas. Pour l’instant c’est encore trop dur. Et quand je joue Actually, j’aime beaucoup le prendre sur le ton de l’humour. Dans toutes les chansons que j’écris, j’essaye toujours d’avoir le côté auto-dérision et humour parce que c’est la seule façon de traverser l’existence. En tout cas pour moi. Et je pense qu’on est nombreux et nombreuses dans ce cas et il faut s’encourager !
LFB : il faut s’entourer des bonnes personnes aussi. Nous on a du mal à dire non, mais il y a aussi des personnes qui ont du mal à le recevoir. Par exemple quand tu ne veux pas aller à une soirée, dire non sans raison « valable », juste parce que tu n’as pas envie, que ta batterie sociale est à sec, c’est pas toujours bien reçu.
Marlene Larsen : J’avais entendu une phrase dans ces cas-là, « ce n’est pas que tu dis non aux autres, c’est que tu te dis oui à toi ». Je trouve que ça renverse la dynamique. Je dis oui à moi, parce que « moi » demande. C’est le genre de petites phrases qui me font du bien dans ces cas-là. Mais, de mon côté, j’ai la chance d’être très bien entourée maintenant et d’avoir que des gens chelous autour de moi qui comprennent (rires). Tout le monde est très gentil, c’est un plaisir. Mais c’est plus dans le travail. C’est dur parce que j’ai tellement envie d’être une star… Pas dans le sens que je veux la fame, pas du tout. C’est que je veux des gens qui soient trop contents de me voir sur scène. J’ai très envie de créer une communauté, d’avoir un impact, en fait.
Du coup j’ai une énergie folle pour créer ma musique et pour développer mon projet parce que j’ai ce rêve qui me tient à cœur. Mais parfois ça veut dire aussi ne pas se respecter, ne pas respecter ses limites. Avec les réseaux sociaux c’est compliqué. Dans Actually j’en parle, et avec mon label on en parle souvent aussi, d’à quel point les réseaux sociaux aujourd’hui c’est anti-humain. Alors est-ce que j’ai envie d’évoluer dans un truc qui est anti-humain ? Non. Mais est-ce que j’ai envie de devenir une star, une rockstar ? I do (rires). Donc comment trouver l’équilibre entre ces outils qui nous permettent de connecter avec des gens et le reste. Je commence à avoir des retours en ce moment… Ca fait plusieurs semaines là que tous les jours je reçois un message de quelqu’un qui découvre et connecte…
LFB : c’est la raison pour laquelle tu fais ça quoi.
Marlene Larsen : Oui, c’est pour ça que je fais ça, c’est pour vous. Et on est en train de se rencontrer, c’est génial ! Et tout ça c’est sur TikTok et sur Instagram, donc je ne peux pas complètement dire non, mais il faut être vigilant.
Retrouvez Marlene Larsen sur Instagram et sur scène à Musilac le samedi 12 juillet, à Bourg-en-Bresse le 25 juin (concert gratuit) et à Paris le 26 juin (concert gratuit au FGO Barbara).
Crédit photos : Eloise Villaret