Avant de partir répéter leur premier album studio, MYT, avant de partir dans le monde entier pour le défendre sur scène, Moses Yoofee et Roman Klobe nous ont accordé de leur temps. Se trouvait en perspective une discussion autour de ce premier disque et de tout le processus ayant constitué le chemin vers cette grosse étape pour le trio.

VERSION FRANÇAISE
La Face B : Salut les gars ! Comment ça va ?
Moses Yoofee Trio : Salut mec, ça va super.
La Face B : Donc, vous sortez votre premier album, MYT, au début du mois de Février. Que pouvez-vous nous dire sur ce premier disque ?
Roman Klobe : C’est déjà le premier album [rires] ! C’est quelque chose d’important pour nous. En ce moment on le prépare à l’épreuve du live. L’objectif est de se rapprocher au maximum de ce à quoi l’album sonne sur disque. J’ai l’impression qu’on va clairement dans cette direction. Enfin, c’est toujours très riche, je pense que stylistiquement parlant ça sonne plus original. L’EP Ocean sonne également original bien sûr, surtout le titre éponyme. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression que c’est vraiment notre musique à nous. Ocean était peu écrit. Pour cet album, la plupart des morceaux étaient déjà arrangés. Ça constitue une des différences.
La Face B : Tu as évoqué le fait que vous avez commencé à plus écrire pour cet album. Concernant la méthode, comment avez-vous procédé pour créer ces nouveaux morceaux ? Comment avez-vous appréhendé la création de ce nouvel album ?
Moses Yoofee : C’est un processus de composition différent du dernier EP parce qu’on a également produit quelques démos. Certaines choses sont nées sur le vif pour l’EP Ocean mais c’était principalement du matériel à propos duquel nous pensions depuis longtemps. On a quelques autres titres qui ne figurent pas sur l’album. On ne choisi que les meilleurs et tout ce qui n’allait pas paraître sur MYT n’a pas été enregistré. Je dirais que ce album est bien plus redirigé.
La Face B : À propos des morceaux qui ne sont pas sur l’album, est-ce que vous considérez la possibilité de les retravailler plus tard ou ils sont perdus en quelque sorte ?
Roman Klobe : Ouais on pense les retravailler. Ce n’était pas les idées qui n’allaient pas. En fait nous n’avons pas réussi à les amener vers l’album. Faire un album est quelque chose de très différent d’une simple session jam pendant laquelle de bonnes idées naissent. Je ne sais pas ce que Moses en pense mais je pense que ces morceaux ne seront pas mis de côté éternellement, ils sont toujours là.
Moses Yoofee : Peut-être que ce n’était simplement pas le bon moment pour certaines ébauches. C’était intéressant parce que nous n’avions jamais eu autant d’idées avec lesquelles travailler donc nous nous sommes concentrés sur ce que nous aimions réellement.
La Face B : Même avant l’annonce de ce premier album, vous aviez une belle réputation au sein de la scène Jazz. Comment est-ce que l’on gère cela quand on est un jeune groupe qui est en train d’écrire son premier disque ?
Moses Yoofee : Et bien, je ne sais pas. Je pense qu’on s’est toujours contenté de venir à certains endroits et d’y jouer avec beaucoup de respect. C’est un grand honneur. Nous sommes allés aux États-Unis, beaucoup de ce que nous jouons vient de là-bas. C’est un réel honneur pour nous de pouvoir jouer pour un tel public qui est parfois varié. D’ailleurs nous ne sommes pas si jeunes que ça [rires] !
Roman Klobe : J’ai l’impression que ce n’est pas de la pression, c’est de la musique. J’essaye vraiment d’éviter la pression. Beaucoup ont attendu cet album. Tu dois simplement te concentrer sur ta musique et essayer de ne pas trop penser à si tu vas réussir ou non. C’est bien évidemment une pensée que j’ai eu, mais j’essaye de l’éviter, de faire la musique que j’ai envie de faire et d’ignorer l’attente. Je fais en sorte qu’elle soit aussi pure que possible.
La Face B : Lorsque l’on met de côté cette envie d’être très naturel, très fidèle au son du groupe, est-ce que vous aviez des ambitions spécifiques lorsqu’il s’agit de sortir de la nouvelle musique ou dans ce cas-là un album ?
Moses Yoofee : Je ne sais pas si c’est de l’ambition mais je dirais que me concernant, c’était clairement de montrer plus de variété, mettre en avant une facette plus riche de notre personnalité. Nous sommes toujours à la recherche de notre son, j’ai l’impression que c’est un voyage qui ne s’arrête jamais. L’ambition est d’aller plus loin et de créer quelque chose qui est différent des gens que nous écoutons. Je suis évidemment fan de la musique des autres, mais l’année dernière tout particulièrement je pense que nous nous sommes rendu compte que nous devions sans doute prendre du recul pour créer notre propre son. C’est quelque chose que nous faisons déjà, mais je pense qu’il y a toujours de la musique qui doit être écrite qui nous correspond vraiment. Je pense que l’album nous place facilement à la moitié de cette route.
Roman Klobe : J’ai l’impression que nous avons un peu été dans cela avec le morceau Ocean. Maintenant nous essayons de plus retranscrire cette sensation à travers notre musique. On veut qu’elle soit différente.
La Face B : J’ai l’impression que ce voyage qui consiste à trouver son son ne s’arrête jamais. Tu ne t’arrête jamais sur une même sonorité.
Roman Klobe : Oui c’est clair.
La Face B : Le groupe prend forme sous la forme d’un trio, ce qui est de plus en plus commun aujourd’hui dans le Jazz moderne. Pourquoi ne pas jouer avec plus de musiciens ? Qu’est-ce qui vous a décidé à seulement jouer tous les trois ?
Moses Yoofee : J’ai également joué dans des très très gros groupes ces huit dernières années, avec entre neuf et dix personnes. J’ai écrit de la musique pour eux, et joué avec eux, nous avons tourné ensemble. Je n’ai pas sciemment pris la décision de jouer avec un petit groupe mais je pense que quand nous nous sommes rencontrés avec Noah et Roman, nous nous sommes pas posé la question d’inviter d’autres musiciens. C’était le moment parfait dans ma vie. Je voulais vraiment avoir un petit groupe pour savoir ce qui est possible ou non.
Quand tu entends le son de dix musiciens, n’être que trois, c’est magique.Et bien sûr, toute la logistique, les voyages, l’argent et juste les décisions en général, tout est tellement plus simple. Nous sommes tous égaux dans le groupe en termes de décisions. Rajouter des musiciens amènerait trop de débat. Je discutais avec un accordeur de piano l’autre jour, et il m’a expliqué ce que cela représentait selon lui d’avoir un trio. Il disait que tu peux faire tellement plus de choses quand tu n’es qu’à trois. Tu ne discutes pas trop. J’y ai un peu pensé et je me suis rendu compte qu’il avait raison.
La Face B : Tous les membres du trio travaillent également avec d‘autres musiciens et vous n’êtes pas constamment disponibles. Comment gérez-vous le fait de ne pas pouvoir travailler continuellement sur la musique du groupe ?
Roman Klobe : C’est une bonne question.
Moses Yoofee : En fait je pense que l’année dernière et cette année ont été des tournants pour nous. Roman et moi travaillions sur une tournée avec un gros artiste Pop qui s’est terminé cette année. En fait c’était toujours le cas. J’étais occupé et Noah était disponible et inversement. Heureusement, nous étions plutôt concentrés sur le trio. C’est ce qui va constituer le futur pour nous, peu importe ce qu’il se passe. Nous avons décidé ensemble de ne pas être des sidemen pour des artistes Pop toute notre vie. Nous avons un projet merveilleux. Je pense que c’est bien d’avoir ces emplois, ça paye les factures.
Roman Klobe : Le manière dont tu as construit ta question est amusante parce que tu as raison. Nous sommes un groupe, pourquoi ne pouvons-nous pas travailler continuellement sur notre musique ? La réalité est que dégager de l’argent grâce à notre projet prend du temps. Nous sommes des musiciens, nous aimons jouer sur scène et nous avons toujours travaillé. Nous avons tous commencé en faisant des concerts quand nous étions jeunes. Ça a toujours été quelque chose que nous devions faire à côté de notre projet. Pour le moment on continue encore, mais j’espère que nous pourrons plus nous concentrer sur ce projet et voir ou ça nous mène.
La Face B : La musique du trio me rappelle un peu celle de groupes comme Athletic Progression au Danemark ou Emile Londonien en France. Est-ce que vous êtes en contact avec ce genre de musiciens en Europe ?
Roman Klobe : Je ne connais pas Emile Londonien mais je connais Athletic Progression bien sûr.
La Face B : Et vous êtes en contact avec eux ?
Moses Yoofee : Non, seulement avec certains.
Roman Klobe : La plupart d’entre nous nous sommes plongés dans la scène britannique. Nous écoutons des musiques différentes. Je suppose que nous ne sommes pas à jour sur ce qu’il se passe. Si tu te concentre sur ta propre musique, c’est parfois une bonne chose de se couper un petit peu du reste.
La Face B : Pour ne pas être contaminé par une autre musique [rires].
Roman Klobe : Ouais [rires] ! Tu te plonge juste dedans.
Moses Yoofee : Par exemple, nous aimons la musique d’Athletic Progression. Il nous inspire. On adore leur son de batterie. Quand nous sommes en studio, on les écoute parfois mais nous ne les connaissons pas personnellement. Je ne suis même pas sûr que ça soit nécessaire.
La Face B : Vous parliez du fait d’être inspiré par d’autres groupes. Votre musique est infusée dans de nombreux genres différents et Moses l’a dit, c’était en quelque sorte un objectif d’être plus versatile. Que considérez-vous comme étant vos influences majeures pour MYT et plus généralement dans votre musique ?
Roman Klobe : Je le dis dans chaque interview, ça serait sans doute Robert Glasper [rires]. Il a commencé avec un trio acoustique. C’était acoustique mais il sonnait différemment des autres musiciens de Jazz de l’époque. Maintenant il a son propre son, il est aussi producteur. Il a tellement influencé cette musique, c’est vraiment dingue. Tu ne peux pas passer outre. Tellement de choses que tu entends partout vient en quelque sorte de lui. Je pense que c’est notre influence principale. Pas seulement lui mais aussi les musiciens avec qui il joue. Justin Tyson, Mark Colenburg… ils ont tous eu une grande influence sur nous.
La Face B : Pour parler un peu plus de l’album en soi, vous y avez incorporé des voix. Dans le second single, Greenlight, on peut entendre la rappeuse londonienne Enny. Comment était-ce de changer votre méthode de travail en ajoutant un autre musicien, et dans ce cas une voix, au sein du groupe ?
Roman Klobe : En fait ce n’est pas comme si on ajoutait un membre au groupe. Nous avons écrit quelques collaborations pour l’album, et nous avons contacté plusieurs personnes. On a tout particulièrement espéré une réponse d’Enny, réponse que nous avons eu. Nous connaissons sa musique et son style, on l’adore. Donc nous sommes allés vers elle et elle a accepté. Elle est venue à Berlin, nous avions déjà de la musique pour elle. En fait, chacun d’entre nous avait un morceau en tête pour elle. Au final elle s’est jetée sur un morceau que nous ne pensions pas faire avec une voix mais ça fait sens maintenant [rires].
Ça nous a aussi appris certaines choses. Je pense que nous allons continuer ces collaborations, c’est toujours amusant. Tu n’as pas besoin d’étendre ton groupe, mais tu peux inviter des musiciens sur scène. Nous avons joué à New York avec deux musiciens géniaux, un chanteur et Immanuel Wilkins, le saxophoniste. C’était vraiment super. J’espère que cela se reproduira dans le futur.
La Face B : Quand vous collaborez avec d’autres musiciens, est-ce que vous enregistrez simplement un morceau et vous faites plusieurs versions pour ensuite choisir celle que vous préférez ?
Moses Yoofee : Avec Enny nous avons également travaillé pour son projet. Nous avons également enregistré des morceaux pour elle. Nous avons commencé à développer quelques idées pour elle et après coup nous avons commencé à penser à notre projet. Nous avons pris une journée entière pour qu’on puisse prendre notre temps et développer sereinement nos idées. C’était super. C’était la première fois que nous travaillions avec quelqu’un, donc nous ne connaissions pas bien le processus.
Roman Klobe : Nous avons aussi deux autres collaborations sur l’album avec le saxophoniste Wanja Slavin qui est de Berlin. On voulait qu’il joue un solo sur une section précise. On lui a envoyé et c’était bon. Nous n’avons pas eu à aller en studio, il peut enregistrer chez lui et c’était très précis. Nous voulions sa participation sur une séquence particulière et il nous l’a envoyé.
Et pour EVÎN, l’autre collaboration, c’est une productrice et chanteuse de Berlin. Elle avait posté quelque chose dans sa story Instagram et j’ai beaucoup aimé. Je lui ai demandé de me l’envoyer pour que je le retouche et créer une loop avec — je l’ai juste réarrangé. Puis je l’ai fait écouter aux garçons et nous en avons fait quelque chose. J’ai l’impression que c’est toujours très différent.
La Face B : Oui et aujourd’hui c’est beaucoup plus simple de collaborer avec d’autres musiciens grâce à Internet, donc c’est plus simple de construire des travaux collaboratifs.
Moses Yoofee : Oui mais je préfère être dans la même pièce que l’invité et réellement créer des morceaux. Pour moi, les autres méthodes sont nulles [rires]. C’est très différent de juste demander un morceau à quelqu’un parce qu’on aime ce qu’il fait. Les chances sont aussi très élevées de ne pas avoir de réponse du tout. Nous avons eu de la chance. Je pense que la meilleure manière de collaborer est celle que nous avons adopté avec Enny.
La Face B : Il y a t-il peut-être des artistes particuliers avec qui vous rêvez de collaborer ?
Moses Yoofee : Il y en a quelques uns. Mais je pense que nous travaillerions avec les gens que nous pouvons rencontrer. C’est toujours une question de disponibilité et d’ou tu es sur le moment. Je ne sais pas si cela a du sens de donner des noms. Je suppose qu’il y en a beaucoup.
La Face B : Dans un sens ça pourrait noter comme utopiste ?
Roman Klobe : Oui, il y aurait sûrement des collaborations irréalistes [rires].
Moses Yoofee : Drake [rires] !
La Face B : [rires].
Roman Klobe : Little Simz par exemple. Noah adore Pusha T, comme nous tous. Ça serait une collaboration incroyable [rires]. Évidemment, il n’y a aucune limite concernant avec qui travailler, comme Pusha T avec qui ça serait dingue.
La Face B : Carrément ouais !
Roman Klobe : Brent Faiyaz aussi. Il n’y a pas de limites.
La Face B : Little Simz ça serait fou.
Roman Klobe : Ça serait incroyable. Je ne sais pas ce qu’elle fait en ce moment. Elle doit tourner je pense.
La Face B : Il me semble qu’elle travaille sur un nouvel album.
Roman Klobe : Super.
La Face B : L’une des grandes spécificités de cette nouvelle vague Jazz dont vous faites partie est que cette musique se mélange beaucoup avec le Hip-Hop et le Rap. Tous les artistes que vous avez mentionné pour les collaborations de rêve sont des rappeurs.
Roman Klobe : Je ne considérerais pas Brent Faiyaz comme un rappeur personnellement. Mais ces rappeurs sont plutôt jazzy quand même. Ces artistes sont très talentueux. Ils ne prêtent pas attention à la sophistication de la production. Encore, Robert Glasper a toujours fait ça. Depuis dix ans c’est ce qu’il fait.
La Face B : En tant que groupe, vous jouez dans un contexte particulier. Les réseaux sociaux et Internet sont omniprésents, une particularité que les autres générations ne connaissaient pas. Je veux dire, Miles Davis et John Coltrane n’avaient pas Twitter et Instagram par exemple. Dans quelle mesure cela constitue une différence pour vous quand vous faites de la musique de nos jours ?
Moses Yoofee : Après nous ne savons pas comment c’était à l’époque [rires]. Je dirais qu’il y a des pours et des contres. Ça serait une bonne chose que nous n’ayons pas Instagram, pour qu’il ne puisse n’y avoir que la musique, mais c’est aussi sympa pour nous d’aller vers d’autres personnes via Instagram et les inviter à venir nous voir sur scène.
La Face B : Ça permet aussi aux artistes de communiquer comme vous l’avez fait avec EVÎN par exemple.
Moses Yoofee : Oui et c’est incroyable pour nous de voir les artistes que nous apprécions nous suivre et aimer certaines stories. C’est génial et c’est comme ça que nous nous connectons avec les gens. Et maintenant nous savons depuis quel pays les gens nous suivent, ce qui est super.
Roman Klobe : Pour moi, un contre serait que l’absence de réseaux sociaux nous permettrait de communiquer uniquement à travers nos albums. S’il s’agit de la seule solution, il y a un peu plus de distance. Il n’y a que la musique qui compte. À l’époque ils faisaient également de la presse, des photos et des visuels mais tout de même, il y avait tellement peu de facteurs à gérer, ça devait être bien.
La Face B : Je vois ce que tu veux dire. Avant que nous mettions fin à cette interview, j’ai une petite tradition à laquelle j’aimerais vous introduire. Il y a t-il un artiste, un album ou un morceau que vous écoutez en ce moment et que vous aimeriez recommander à nos lecteurs en France ?
Moses Yoofee : Nous écoutons beaucoup de choses en ce moment.
La Face B : Pusha T compte si vous voulez [rires].
Roman Klobe : Il faut que j’ouvre Spotify.
La Face B : C’est une question difficile.
Roman Klobe : Un album sur lequel je reviens toujours — Double-Booked de Robert Glasper. C’est en quelque sorte la phase d’introduction de cette transition de l’acoustique vers un son plus électronique. C’est un super album.
Moses Yoofee : Personnellement je recommanderais le MTV Unplugged de Lauryn Hill. Je reviens toujours dessus. Certains morceaux font partie de mon top. Il ne cesse de revenir dans mes écoutes.
Roman Klobe : Je suis d’accord.
La Face B : Génial. Et bien merci beaucoup les gars, c’était un plaisir. J’espère peut-être un jour vois croiser sur la route.
Roman Klobe : Ouais, on espère aussi. Merci de nous avoir accueilli.
La Face B : Bonne répétition. À la prochaine !
Moses Yoofee & Roman Klobe : Merci beaucoup. Bye bye !

ENGLISH VERSION
La Face B: Hello guys! How are you doing?
Moses Yoofee Trio: Hi man, we are doing great.
La Face B: So, you are releasing your debut album, MYT, at the beginning of February. What can you tell us about this first album?
Roman Klobe: It’s the first album already [laughs]! This is a big thing for us. We are preparing it for live at the moment. The goal is to get closer to what the album sounds, you know what I mean. I feel like this is a step towards this direction for sure. I mean, it is still very diverse, I guess like style wise but it feels more original. The Ocean EP kind of also feels original for sure, especially the title-track. But I don’t know, I just feel like it is our own thing. The Ocean EP was pretty much not composed. For this album, most of the tracks were already laid out. That is a difference for sure.
La Face B : You talked about the fact that you started to write a bit more for this album. Concerning the method, how did you proceed to create these new pieces of music? How did you apprehend the creation of this album?
Moses Yoofee: It was a bit different writing process than the last EP as we also did some demos. Some stuff did happen on the spot like for the Ocean EP but it was mostly stuff that we wanted to record again and that we thought about for a long time. We have some other tunes that did not make it to the album as it is now. We only choose the best ones and we did not record stuff that we knew was not going to be on the album. I would say that this album is much more collectively rerouted.
La Face B: Concerning these additional pieces of music that did not make it to the album, would you consider to rework them or are they just kind of lost?
Roman Klobe: Yeah we would consider to rework them. It was not the ideas that was not really nice. We actually did not manage to bring them to the record. You know, making a record is actually a different thing from just jamming on some stuff that is nice. I do not know what Moses thinks about it but I consider that they are not like gone forever, they are still there.
Moses Yoofee: Maybe it was just not the right time for some of the stuff. It was interesting because we never had that much ideas to work with so we were able to focus on the ones that we really liked.
La Face B: Even before the announcement of this first album, you had a great reputation in the Jazz scene. How do you deal with this when you are a young band writing a first album?
Moses Yoofee: Well, I don’t know. I guess that we always just come to some places and play there with a lot of respect. It is a great honor. We have been to America, a lot of stuff that we play is from there. It feels like a big honor for us to be able to play for this size of audience sometimes and this variety. We are not that young though [laughs]!
Roman Klobe: It feels like it is not pressure, it is music. I really try to avoid feeling pressure. A lot of people kind of waited for the album. You just have to focus on your music and try to not think too much about if you are gonna be able to glow. This is definitely a thought that I had, but I just try to avoid it and just make the music that I want to make and ignore the hype. I just try to make it as pure as possible.
La Face B: When you put aside this desire of being very natural, very faithful to the sound of the band, did you have specific ambitions when it comes to release new music or in this case this album?
Moses Yoofee: I do not know if it is an ambition but I would say that for me, it was definitely to show more variety, to show a more various side of us. We are still finding our sound, I feel like this is a journey that is never ending. The ambition is to go deeper and to create something that also differs us from the people we listen to. Obviously I am a big fan of some other guys music and stuff, but especially in the last year I think that we figured out that we maybe need to step away sound wise to create our own. This is something that we already do, but I think that there still is music to be written at some point which is really us. I think the album is a good halfway milestone towards that.
Roman Klobe: I feel like we have been a bit into that with the track Ocean. Now we are trying to transcribe more this feeling into our music. We want it to feel different.
La Face B: I feel like this this journey of finding a sound for the band is never ending. You never find a definitive sound.
Roman Klobe: Yeah, definitely.
La Face B: The band is taking place in a trio form, which is more and more common these days in modern Jazz. Why not playing with more musicians? What made you decide to only play with the three of you?
Moses Yoofee: I also have been playing in very very big bands for the last eight years, with nine to ten people. I wrote a lot of music for them, and play with them, toured and stuff. I did not make the decision of having a small band on purpose but I think when Noah, Roman and me met, it was not a question to invite more people. For me it was a perfect timing in my life. I really wanted to have a small band to know what is possible.
When you heard the sound of ten people, being only three is magical. And of course, the whole logistics, travelling, money and just the decisions in general, it is all so much easier. We have equal rights in this project decision wisely and stuff. Adding people would be create too much discussions. I talked with a piano tuner the other day, and explained to me what it means to have a trio. He was saying that you can do so much more stuff when you are only three people. There are not much discussions. I thought a bit about it and I figured out that he was actually right.
La Face B: Every members of the trio also work with some other musicians and are not always available. How do you deal with the fact that you can not continually work on the band’s music?
Roman Klobe: That is a good question.
Moses Yoofee: I think actually last year and this year were shifting years for us. Roman and me were working on a tour in a big Pop production that ended this year. It was actually always the case. I was busy and Noah was free and the other way around. Luckily, we are pretty focused on the trio. It is going to be the future for us, no matter what is going to happen. We decided together to not be sidemen for Pop artists for the rest of our lives. We have a beautiful project. We really want to put all our efforts and work in there. I think it is good to have these jobs, it also pays the bills ans stuff.
Roman Klobe: The way you built the question is funny because you are right. We are a band, why can not we continuously work on our music? The reality is that to make money from our own project takes time. We are all musicians, we like to play live and we always worked. All of us came up starting playing shows when we were young. It was always something that we had to do besides the project. We kind of continue to do it for now, but I hope that we will be able to focus more on the project and see where it takes us.
La Face B: The trio music reminds me a bit of some other bands such Athletic Progression in Danemark or Emile Londonien in France. Are you in touch with this type of musicians around Europe?
Roman Klobe: I do not know Emile Londonien but I know Athletic Progression for sure.
La Face B: Are you in touch with all these new Jazz musicians in Europe?
Moses Yoofee: No, we are with some.
Roman Klobe: Most of us have been into the UK scene. It is different for all of us. We listen to different music. I guess that we are not up to date with what is happening. If you focus on your own stuff, sometimes it is nice to cut from the other people stuff.
La Face B: To not be contaminated by other music [laughs].
Roman Klobe: Yeah [laughs]! You just go for it.
Moses Yoofee: For instance, we like Athletic Progression’s music. They inspire by them. We love their drums sound. When it comes to studio and stuff, we do sometimes listen to them but we do not know them personally. I do not know if it is even necessary.
La Face B: You were talking about being inspired by other bands. Your music is infused into a lot of different genres and Moses said it, it was kind of an objective to be more diverse. What do you consider as your main influences in MYT and more generally in your music?
Roman Klobe: I say it in every interviews, it would definitely be Robert Glasper [laughs]. He started with a trio with an acoustic sound. It was acoustic but it sounded so different of any other Jazz artist at the time. Now he is doing what he is doing, he also is a producer. He influenced this music so much, it is really crazy. You can not get around him. So much stuff that you ear everywhere in some ways come from him. I guess that this is our main influence. Not only him but also the musicians he is playing with. Justin Tyson, Mark Colenburg… they all are a huge influence for us.
La Face B: To talk a bit more about the album in itself, you incorporated some voices in it. In the second single, Greenlight, we can hear the London rapper Enny. How was it to change your working method adding an additional member, and in this case a voice, into the band?
Roman Klobe: I mean it is not like adding a member. We wrote some features on the album, and we reached out to different people. We specifically hoped that Enny would actually react, and she did. We know her music and her style, we love it. So we reached out to her and she accepted. She came to Berlin, and we already had music for her. Each of us actually had a track in mind for her. In the end she jumped on a track that we did not planned to do with a vocal feature but it makes sense now [laughs].
It also was something to learn for us. I guess that we will continue to do features, it is always fun to dot that. You do not have to expand your band, you can even invite someone on stage. We were playing in New York with two crazy musicians on stage, a singer and Immanuel Wilkins the saxophonist. That was really cool. I hope that it will happen again in the future.
La Face B: When you are collaborating with other musicians, do you record just one song or do you do multiple recordings and you choose your favorite picks afterwards?
Moses Yoofee: With Enny we also did some things for her project. We also recorded some songs for her. We began to develop some ideas for her project and then afterwards we started to think about ours. We took a whole day I would say so we could fly around some ideas and develop them. It was super nice. It was the first time we worked with a feature, so we did not know very well the process.
Roman Klobe: We also have two other features on the album with a saxophone player called Wanja Slavin who is from Berlin. We wanted him to play a solo over this tune part. We sent him the thing and that was it. We did not have to go to the studio, he can record at home and it was very specific. We wanted his feature on a specific part, so he sent it to us.
And for EVÎN, the other feature, she is a producer and vocalist in Berlin. She had something in her Instagram story and I really liked it. I asked her to send it to me so I chopped it up a bit to make a loop with it — I just rearranged it. Then I took it to the boys and we did something out of it. I feel like it is always different.
La Face B: Yes ans today it is much easier to collaborate with people thanks to the Internet so you can build some very collaborative things.
Moses Yoofee: Yes but I would prefer to be in the same room as the feature and actually creating songs. For me, all other ways suck [laughs]. It is very different than just asking a song to someone because we like what he did. The chances are also super high to not have a response at all. We were lucky. I think the best way to collaborate was with Enny.
La Face B: Are there maybe a specific artist that you kind of dream to collaborate with?
Moses Yoofee: There are couple artists. But I guess that we would work with who we can meet. This is always a question of availability and where you are at the moment. I do not know if it would make sense to name some people. There are a lot of artists I guess.
La Face B: It could sound kind of unrealistic in a way?
Roman Klobe: Yes, there would be some unrealistic features for sure [laughs].
Moses Yoofee: Drake [laughs]!
La Face B: [laughs]
Roman Klobe: Little Simz for example. Noah likes Pusha T a lot and we all do. That would be a crazy feature [laughs]. Obviously, there are no limits concerning who to work with, like Pusha T would be crazy.
La Face B: Definitely yeah!
Roman Klobe: Brent Faiyaz too. There are no limits.
La Face B: Little Simz would be damn fire too.
Roman Klobe: It would be crazy. I do not know what she is doing right now. I think she is touring.
La Face B: I think she is working on a new album.
Roman Klobe: Great okay.
La Face B: One of the main specificities of this new Jazz wave that you are part of is that a lot of the music is blending with Hip-Hop and Rap. Every artists that you mentioned as being dream features are actually rappers.
Roman Klobe: Brent Faiyaz would not be a rapper for me. But these rappers are kind of jazzy you know. Rappers are super talented. They do not care about how complicated a beat is. Again, Robert Glasper does this since ever. Like even ten years ago he was already doing this.
La Face B: As a band, you are playing in a very specific context. Social media and the Internet are omnipresent, which is something that the previous generations did not have. I mean Miles Davis and John Coltrane did not have Twitter and Instagram for instance. In which way does it make a difference for you when it comes to make music today?
Moses Yoofee: I mean we do not know how it was back in the days [laughs]. I would say that there are pros and cons to it. It would actually be nice that we do not have Instagram, so there would be only music, but it is also nice for us to reach other people through Instagram and to invite people to come to our shows obviously.
La Face B: It also enables artists to communicate with each other like you said it with EVÎN for instance.
Moses Yoofee: Yes and this is crazy for us to see artists that we like following us and liking some stories. This is super crazy and this how we connect to other people. And now we know from which country people are following us which is something cool.
Roman Klobe: For me, a con would be that the absence of social media would enable us to only communicate with our records. If it is the only way, it is a bit more distanced. It is only the music that counts. At the time they were also doing press, photos and visuals but still, it is like it was so little factors that it must feel nice.
La Face B: I see what you mean. Before we put an end to this interview, I have a little tradition that I would like to introduce you in. Is there any artist, album or song that you are currently listening to and that you would recommend to our readers in France?
Moses Yoofee: There are a lot of songs that we are listening to at the moment.
La Face B: Pusha T counts if you want [laughs].
Roman Klobe: I have to open my Spotify.
La Face B: It is a tough question.
Roman Klobe: An album I always come back to it — Double-Booked by Robert Glasper. It is kind of the introduction of this transition from an acoustic trio to a more electronic sound. It is a great album.
Moses Yoofee: Personally I would recommend Lauryn Hill’s MTV Unplugged album. I always come back to it. Certain songs are on my top songs. It keeps coming back on my listenings.
Roman Klobe: I agree with that.
La Face B: Great. Well thank you very much guys, it has been a pleasure. I hope to maybe meet on the road.
Roman Klobe: Yes, we hope so too. Thanks for having us.
La Face B: Have a good rehearsal guys. See you!
Moses Yoofee & Roman Klobe: Thank you very much. Bye bye!