« Toute personne demandant à être écoutée manque d’humilité » : la Commedia dell’arte de Sofie Royer 

Son premier album, l’ouvrage pop Cult Survivor, avait le goût cru et doux des états d’âmes livrés avec langueur. Deux ans après, Sofie Royer, qui officiait anciennement sous son simple prénom, prépare un deuxième album pour l’automne, dont le premier single Schweden Espresso porte un air de pop baroque, comme elle se plaît à le dire.
Peintre, membre historique de Boiler Room, DJ résidente de la radio NTS, ancienne employée de son label Stones Throw Records, et une récente collaboration avec Toro Y Moi, pour n’en citer que quelques unes : si les talents de la musicienne austro-américaine comportent autant de facettes que le costume losangé d’Arlequin, sa musique arbore plutôt la rêverie triste et fantasque d’un Pierrot lunaire, à l’image de son maquillage porté sur scène comme une protection. Intriguée par cette nouvelle image, nous avons tenu à rencontrer Sofie Royer il y a quelques mois, dans l’historique Cafe Prückel de Vienne. De la capitale autrichienne, avec laquelle elle a longtemps entretenu une relation ambivalente, au philosophe Theodor W. Adorno, à l’époque médiévale ou à la musique classique, retour sur une écriture aux inspirations multiples.

Sofie Royer par Amy Lee

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Tu as créé à un rythme plutôt soutenu ces cinq dernières années et tu as récemment annoncé la sortie prochaine de ton deuxième album. Est-ce qu’il est fini au moment où nous parlons ?

Sofie Royer : Oui, il sort en septembre.

LFB : Ton premier album n’est pas si loin. Est-ce que tu étais impatiente de passer à autre chose ? J’imagine que les chansons de ce premier album n’ont plus la même pertinence qu’il y a deux ans.

Sofie Royer : De toute façon, le temps est tellement long entre le moment de l’écriture des morceaux et leur parution… Pour Cult Survivor, cela a été très rapide parce qu’il n’y a pas eu de démos, pas de ré-enregistrements, j’ai sorti les premières versions enregistrées telles quelles. En revanche, j’ai pris un peu plus de temps à écrire les chansons du deuxième album. Cette fois-ci, il y a eu plusieurs variantes et j’ai travaillé avec plus de musiciens.

LFB : Tu avais écrit le premier album seule du début à la fin ?

Sofie Royer : Oui, pour le deuxième aussi, mais cette fois je n’ai pas tout joué.

LFB : De quels instruments joues-tu, en fait ?

Sofie Royer : J’ai une formation en violon et en alto, mais je joues également du piano, de la guitare, de la basse… Je me considère violoniste, mais comparé à un.e bassiste professionnel.le, je ne dirais pas que je joues de la basse, tu vois ? Même s’il y a beaucoup de parties de basse sur l’album, de même au piano où je me suis énormément améliorée ces dernières années en jouant constamment. Quant à la batterie, ce n’est pas un instrument central de l’album, mais j’ai travaillé avec différents batteurs. Certaines parties ont été enregistrées live aux studios de Stones Throw à Los Angeles, sinon je les programme généralement avec Logic.

LFB : Qu’est-ce qui t’a amenée à faire un feat avec Toro Y Moi sur son nouvel album ?

Sofie Royer : En fait, je connais tellement de musicien.ne.s depuis l’époque où je programmais des concerts avec Boiler Room que je suis toujours partante si on me propose une collaboration. Sur mon album, je n’en ai pas, mais peut-être que cela arrivera un jour.

LFB : J’adore le maquillage de clown que tu portais avec tes musiciens sur la scène d’Eurosonic. Qu’est-ce qu’il y a derrière cette esthétique de fou du roi ?

Sofie Royer : Le bouffon du roi ou l’arlequin est historiquement un comédien destiné à divertir, c’est une figure à mi-chemin entre le spectacle et l’art. Je trouvais que ça résonnait avec le sentiment d’humiliation que j’associe dans une certaine mesure avec le fait de performer en live. Je ne parle pas d’humiliation au sens négatif du terme, mais plutôt de l’idée que toute personne qui se met en avant, au centre de l’attention, en demandant à être écoutée manque à mon avis d’humilité. Alors je me suis demandée quelle forme pourrait prendre cette humiliation, et c’est le rôle de ce fou du roi forcé à performer pour une cour qui m’est apparu le plus évident. Je sais que c’était un statut prestigieux et que ce n’était pas toujours contre son gré, mais quand même. En outre, le fait de porter autant de maquillage confère un sentiment protecteur. Ce n’est pas moi, c’est une certain version de moi-même que je présente au monde. Plus prosaïquement, c’était aussi marrant de porter le même déguisement ensemble, ça les détendait que je peigne leurs visages et c’était une manière de nous sentir unis, alors qu’on avait encore peu joué en groupe.

LFB : En plus, le fait que tu chantes Crazy en partie en allemand m’a donné l’impression d’assister à un spectacle de cabaret allemand des années 1920.

Sofie Royer : Oh, cool ! Ça, c’est super. J’apprécie !

LFB : À une exposition récente de la Kunsthalle de Vienne, j’ai vu une œuvre qui proclamait « Visibility without protection is a trap ».

Sofie Royer : Oui ! C’est une histoire de protection.

LFB : Peux-tu nous présenter tes musiciens, au fait ?

Sofie Royer : Mon batteur s’appelle Lorenz Uhl, c’est un de mes collaborateurs et amis les plus chers. Cela faisait longtemps qu’on devait jouer ensemble, mais moi j’étais à New York pendant un temps et lui à Hambourg, alors ça ne s’est jamais fait, jusqu’à ce qu’on ait enfin récemment des dates programmées. Beaucoup de concerts ont aussi été annulés à cause du COVID, c’est une autre raison pour laquelle je ne joue avec ce groupe que depuis peu. Il y a eu plein d’occurrences des Cult Survivors en fait, quiconque a joué ces chansons avec moi fait partie du groupe Sofie and the Cult Survivors. Pour l’instant, ils sont deux, c’est Lorenz Uhl et le bassiste Markus Windisch.

LFB : Est-ce que tu as prévu d’inclure un.e guitariste ?

Sofie Royer : Bien sûr ! J’aimerais beaucoup aussi que le saxophone soit joué en live, mais c’est compliqué de financer une tournée de cinq personnes, donc pour l’instant nous essayons de faire fonctionner ces concerts à trois, et le reste est lancé sur des machines. C’est aussi la première fois que j’écris des arrangements de cordes très élaborés pour un album, donc évidemment, ce serait génial en live, mais à moins de voyager avec un orchestre, au moins un sextuor, ça me paraît impossible à réaliser.

LFB : Cela dit, je trouve que ta musique fonctionne aussi bien sans, car il y a une esthétique un peu lo-fi sur ton premier album.

Sofie Royer : Je ne suis pas sûre, en fait. J’ai du mal avec cette étiquette « lo-fi » sous laquelle on m’a souvent rangée, parce que je n’ai pas délibérément fait un album lo-fi. Je n’avais surtout pas vraiment de meilleurs moyens de faire un album au son plus produit.

LFB : Je ne dis pas ça dans un sens négatif !

Sofie Royer : Je sais bien ! Mais cela me fait penser que les personnes qui m’associent à un son lo-fi seront peut-être déçues par ce nouvel album.

LFB : C’est sûrement une bonne chose alors ! D’ailleurs, tu as commencé très jeune ton apprentissage de la musique avec le violon. Comment concilies-tu cet enseignement classique avec une écriture pop ?

Sofie Royer : Disons que j’ai joué de la musique classique presque toute ma vie, ce serait donc absurde de croire que cela ne se ressentirait pas du tout dans ma musique. D’ailleurs, on l’entend encore plus sensiblement dans ce nouvel album avec certains accords et les arrangements de cordes. La pop et le classique, c’est aussi quelque chose que l’on retrouve fréquemment dans l’histoire de la musique, Serge Gainsbourg qui fait référence à Bach ou Haendel par exemple… De toute façon, qu’est-ce que la musique pop, sinon une impulsion musicale et acoustique qui vise à plaire à un grand nombre de personnes ? C’est quelque chose qui évolue en fonction de l’air du temps (Zeitgeist). Il fut un temps où la musique classique était la musique populaire du moment, donc j’ai vraiment du mal à voir ces deux genres musicaux de manière résolument distincte.

LFB : Oui, c’est comme la célèbre progression d’accords 4-7-3-6-2-5-1, utilisée par Bach dans la musique baroque et dont la pop s’est brillamment emparée ensuite.

Sofie Royer : Oui, d’ailleurs si on me demandait de décrire ma musique, j’appellerais cela de la pop baroque, donc il y a clairement un lien.

LFB : Et l’opulence du baroque est définitivement antithétique au lo-fi… À ce propos, quels liens entretiens-tu avec la scène musicale viennoise ?

Sofie Royer : Cela dépend de quelle scène on parle. Adolescente, je faisais partie intégrante de la scène classique car j’étais dans l’Orchestre Philharmonique pour les jeunes, et j’étais élève dans une école de musique (Musikgymnasium) et au conservatoire pendant un temps. Il y a plein de scènes différentes, la scène classique est effectivement prégnante ici, mais à côté de cela, il y a aussi plein de gens qui font leurs projets dans leur coin.
Je ne saurais pas dire dans quel milieu s’insère mon projet solo, mais je suis proche de certaines personnes qui ont des groupes très cools. Christian Hummer, par exemple, la seule autre personne qui a joué sur Cult Survivors, a son propre groupe LoeweLoewe et joue du synthé dans un groupe très connu en Autriche qui s’appelle Vanda – groupe pour lequel je jouais aussi du violon auparavant. Comme tu le vois, il y a plein de croisements. De manière générale, je joue avec peu de personnes, mais cela dépend du lieu où je suis. Il y a aussi mon ingénieur du son, avec qui j’ai travaillé étroitement sur ce disque, qui est basé ici.

LFB : Tu as plusieurs fois déclaré que tu te sentais plus proche des États-Unis que de l’Europe…

Sofie Royer : Je ne sais pas si c’est vrai. Cela faisait un an et demi que j’étais revenue vivre en Europe quand j’ai fait la promo de Cult Survivors, et très souvent en interview on me demandait pourquoi je ne travaillais pas avec des musiciens viennois. Alors que je suis revenue ici pour être auprès de ma mère qui avait un cancer, pas pour rencontrer des gens et jouer avec eux… C’est donc peut-être l’impression qui en est ressortie, mais je ne sais pas si je penche plus d’un côté que de l’autre. Plus je grandis et plus je vis dans ma propre réalité, je ne sais pas si c’est bien ou mal, mais c’est ainsi.

LFB : Je comprends, oui. Je perçois aussi dans ton projet une certaine esthétique d’Europe centrale (Mitteleuropa), comme dans le clip que tu as réalisé pour Guest qui me fait penser dans certains aspects au film L’Année des treize lunes de Fassbinder (In einem Jahr mit 13 Monden).

Sofie Royer : Cool, je l’adore. C’était un grand homme.

LFB : Ce que je veux dire, c’est que ça ne m’a pas du tout donné l’impression d’une vision américaine.

Sofie Royer : Parce que la musique qui m’influence le plus est anglaise, même si elle provient d’artistes américains dans le sens où ils ont eu du succès aux États-Unis comme 10cc ou Todd Rundgren. Donc à part le jazz, j’avoue que la musique que j’écoute le plus vient d’Europe.

LFB : Tu peux nous donner des exemples ?

Sofie Royer : Difficile à dire, si tu regardes ce que j’écoute le plus fréquemment, c’est genre Steely Dan.

LFB : Un groupe très américain (rires).

Sofie Royer : C’est genre le groupe le plus américain (rires), et peut-être mon groupe préféré, d’ailleurs. Dernièrement, je traverse une phase où j’écoute une chanson en boucle, comme quand j’avais 15 ans. En ce moment, il y a deux morceaux que j’écoute sans cesse : Shine on Harvest Moon de Ruth Etting et Me and My Shadow de Peggy Lee. J’ai aussi découvert certain.e.s artistes japonais.e.s, mais en général il n’y a pas de pochette, ou bien des caractères japonais uniquement, donc je dois approfondir mes recherches.

LFB : J’ai eu une grosse phase city pop pendant une période.

Sofie Royer : La city pop, c’est génial. Les Boiler Room que nous avions organisées au Japon sont probablement mon plus beau souvenir de cette période, d’ailleurs.

LFB : Ta chanson Guest est dédiée à Paul Guest. Qui est-il ?

Sofie Royer : J’ai intitulé cette chanson « Guest » car les paroles viennent d’un de ses poèmes. C’est un poète contemporain très en vue, j’ai découvert son travail dans la revue Paris Review à laquelle je suis abonnée. J’en profite pour recommander à quiconque s’intéresse à la littérature de s’abonner au Paris Review, elle paraît chaque trimestre, c’est vraiment une très bonne revue. Paul Guest est un homme fascinant. J’ai immédiatement imaginé la chanson dans ma tête en lisant son poème.

LFB : La littérature a-t-elle influencé certaines de tes nouvelles chansons ?

Sofie Royer : Oui, j’ai adapté un poème de mon amie Marie Lopez sur l’album, qui apparaitra d’ailleurs dans un de mes clips. Mais ce serait minimiser son travail que de la considérer uniquement comme une poétesse : elle est poétesse et écrivaine.

LFB : En parlant de littérature, j’ai lu que tu avais pour projet d’écrire un opéra sur Adorno…

Sofie Royer : Je ne sais même pas si cela sera un jour réalisable. En fait, c’est parti d’une provocation en réponse à une question que je recevais tout le temps après avoir sorti mon premier album. On me demandait constamment ce que je préparais pour la suite, et cela m’a tellement agacée qu’un jour j’ai bêtement répondu par réflexe « Je travaille sur un opéra ».

LFB : Et maintenant tu es coincée avec ça (rires).

Sofie Royer : C’est clair. Non, en vérité je suis obsédée par l’opéra, j’aime vraiment, vraiment ça. Dimanche prochain, je vais voir la pièce de Jonathan Meese, Kampf-L.O.L.I.T.A, au Volkstheater. J’adore Jonathan Meese, il a écrit une très bonne version du Parsifal de Wagner intitulée MOONPARSIFAL que j’ai eu la chance de voir il y a trois ans. Bref, l’opéra est un univers que je n’ai pas encore exploré, donc j’ai pensé qu’en en parlant suffisamment, quelqu’un allait le remarquer et me proposer d’écrire pour lui, compte tenu du fait que c’est presque impossible de financer un projet pareil.
Quoi qu’il en soit, cet opéra est écrit et il est en partie basé sur le livre Minima Moralia d’Adorno. Pour résumer, cet ouvrage rassemble des fragments dans lesquels il détaille le comportement de plein de personnages. Ce n’est pas de la fiction, mais je les trouve tellement drôles que ce serait amusant d’en faire une pièce dans laquelle ils interagissent tous entre eux. Par exemple, l’un d’eux est un magnat du divertissement qui adore observer le spectacle des badauds (die Schaulustige).

LFB : Comme le bouffon, qui doit lui-même divertir le nabab.

Sofie Royer : Oui, c’est lié. Il y a plein de thèmes vraiment drôles à puiser là-dedans. Je m’inspire aussi des œuvres d’Arthur Schnitzler, comme dans le roman Le Lieutenant Gustel où plein de personnages vivent chacun leur vie, mais se rencontrent de façon plutôt comique. Enfin, ce n’est pas une histoire comique, c’est même plutôt putain de tragique, mais ils interagissent entre eux de manière hilarante. C’est un peu comme cela que j’imagine cet opéra.

LFB : Je trouve en tout cas que c’est un projet sensé vu le panel de tes talents artistiques, dans la mesure où l’opéra regroupe la musique, la mode, la danse, la littérature, les arts visuels…

Sofie Royer : Exactement, c’est mon rêve. Mais certaines personnes me disent que je devrais juste faire un film.

LFB : C’est différent !

Sofie Royer : Oui, c’est ce que j’essaye de leur expliquer, car dans un opéra il faut jouer et chanter en live.

LFB : Et tu peux déjà réaliser des vidéos pour tes morceaux, qui seront la base d’un film, mais cela n’a rien à voir avec un opéra.

Sofie Royer : Oui, voilà. En tout cas, j’adorerais monter un opéra.

LFB : Tu es aussi artiste visuelle, est-ce que tu considères tes peintures au prisme de ta musique ou est-ce que tu distingues ces deux pratiques ?

Sofie Royer : Je ne sais pas, c’est difficile à dire. Je dirais que tout ce que je fais artistiquement est un moyen d’appréhender mon existence et les expériences de la vie. Toutes ces pratiques se rejoignent, mais pas de manière explicite : il n’y a pas une chanson d’un côté et une peinture à propos de cette chanson de l’autre. Ce qui par ailleurs serait totalement légitime, mais ce n’est pas comme cela que je crée.

LFB : Quelles sont tes inspirations visuelles ?

Sofie Royer : Je suis actuellement en troisième année de fac, et si tu m’avais demandé cela il y a deux ans, ma réponse aurait été totalement différente. Mais en ce moment, je m’inspire beaucoup de l’époque médiévale, et je trouve un intérêt intrinsèque à tout ce qui a trait au mythe, car notre époque manque cruellement de mythologie. Il n’y a plus de mythe, tout est très aseptisé, très homogène, c’est la même esthétique qui est appliquée partout. L’architecture intérieure des églises m’inspire aussi beaucoup, surtout ici à Vienne. Je me rends compte que j’ai vraiment pris pour acquis cet environnement, que j’ai détesté pendant longtemps parce que beaucoup des concerts que l’on faisait avec l’Orchestre Philharmonique avaient lieu dans les églises le dimanche, où je me pelais le cul. J’avais super froid dans ces vieilles églises en pierre pleines de courants d’air, et je détestais mes week-ends où je passais le vendredi à jouer dans une salle de concert et le dimanche à l’église tandis que mes amis traînaient ensemble. Et maintenant, je redécouvre tous ces endroits dans lesquels j’ai joué, et, mon Dieu, c’est sublime ! C’est exceptionnel.

LFB : En terme d’architecture, quelles sont tes lieux préférés à Vienne ?

Sofie Royer : Celui où on se trouve actuellement (Cafe Prückel) a été pendant longtemps un de mes préférés. Je me souviens de mes 15 ans, quand on pouvait encore fumer à l’intérieur, je revenais à la maison puant la clope ! Et puis, évidemment, la cathédrale Saint-Étienne, le Stephansdom.

LFB : Où est-ce que tu tournerais un clip à Vienne ?

Sofie Royer : Il y a une église très moderne qui apparaît dans la vidéo de Guest. Mais pour cet album, j’ai écrit quelques chansons à propos de la ville : l’une d’elles porte sur le pont juste à côté d’ici, le Klein-Marxerbrücke. Je ne veux pas dévoiler trop de détails, mais il y aura un thème autrichien, viennois sous-jacent.

LFB : Sans transition, le roster de ton label Stones Throw est très éclectique, de J Dilla à Gary Wilson et Mndsgn. Qu’est-ce qui t’a attiré là-bas, d’abord en tant que stagiaire puis en tant qu’artiste ?

Sofie Royer : C’était mon label préféré quand j’étais adolescente ! Madlib et J Dilla, MF Doom… C’était le genre de trucs que j’écoutais quand j’avais 14-15 ans, et que j’ai continué à écouter ensuite. Puis, en grandissant, vers 17-18 ans, j’ai découvert qu’il y avait aussi Gary Wilson et Koushik sur le label… Donc il y avait plein d’artistes très cools que j’adorais quand j’ai postulé, et j’ai été prise un an plus tard. Cela a été un plaisir d’y introduire des artistes comme Mndsgn ou Knxwledge. Il m’importe peu de laisser une trace dans l’histoire, mais c’est tellement un bon label plein d’artistes variés et cools, qu’avoir pu y contribuer me touche beaucoup. Cela me rend très heureuse.

LFB : Est-ce la seule raison pour laquelle tu es revenue à Los Angeles ?

Sofie Royer : Pour être honnête, je cherchais un peu une excuse pour revenir aux États-Unis. J’y suis née, j’y ai grandi, et je ne voulais vraiment, vraiment pas rester à Vienne pendant mon adolescence, donc c’était l’occasion parfaite pour me tirer. Mais si je n’avais pas eu un relatif succès en dehors de Vienne, je ne pense pas que j’aurais été capable de faire ce que je fais aujourd’hui. Cela aurait été beaucoup plus compliqué de m’installer ici en tant qu’artiste et musicienne indépendante – je ne dis pas que je suis une artiste établie, absolument pas, mais il m’aurait été encore plus difficile de partir de cette base-là.

LFB : Est-ce que tu te vois travailler pour un autre label dans les années qui viennent ?

Sofie Royer : Je ne sais pas si je pourrais à nouveau travailler un jour dans un bureau. J’ai commencé à travailler si jeune ! J’ai fini le lycée à 16 ans et j’ai commencé immédiatement, en étant employée chez Microsoft, Hewlett Packard… Le job à Boiler Room était très intense, peut-être même encore plus intense qu’à Stones Throw. Quand je suis revenue ici il y a quatre ans, j’ai décidé d’aller à l’université, ce que je n’avais pas fait auparavant parce que j’étais élève au conservatoire pendant mon adolescence, donc je n’étais pas certaine de vouloir étudier immédiatement après. Maintenant, j’étudies l’enseignement à l’Université de Vienne, avec une spécialisation en psychologie et en philosophie, en anglais. C’est un métier que je me verrais bien faire. Tant que je peux en vivre financièrement, c’est très bien, mais je ne veux pas en être dépendante non plus. Et j’ai d’autres sources de revenu comme le mannequinat. Merci à internet de me permettre d’être ma propre entreprise (rires).

Sofie Royer par Lorenz Uhl

ENGLISH VERSION

La Face B: So you’ve been leading projects for quite a frenetic pace for the past five years, and you recently said album two is on its way. Is it done yet?

Sofie Royer: Yeah, and it comes out in September.

LFB: It’s not so long after the release of your first album. Were you impatient to jump to the next chapter? I’m guessing the songs from your first album aren’t as relevant to your current life as they were two years ago.

Sofie Royer: I mean by the time the project gets released anyway there’s so much time that passes between you writing the songs and releasing them. Cult Survivor was actually a really quick turnaround because the very first recorded instance of the songs are the versions that everybody in the world hears. So there were no demos, there were no re-recordings, just literally the very first recorded instance of the songs is what got released. So maybe for album two, I did actually take a little longer, because I spent more time on the songs. There’s multiple iterations of the songs. I also worked with more musicians on it. Like I wrote parts for saxophone or, you know, there’s some really cool, talented people playing some instruments on there.

LFB: Because you were the only one working on it, you wrote all the parts on your own right?

Sofie Royer: Yeah I mean, I still wrote all the parts for this album, but I didn’t play all of them.

LFB: Which instruments do you play?

Sofie Royer: I’m only trained in violin and viola, but I play the piano, the guitar, bass… But you know, if I compare myself to somebody that’s like a professional bass player, I wouldn’t say that I play bass. You know what I mean? I do play a lot of bass on the album. So I would consider myself a violinist but, you know, I do play other instruments. And I’ve gotten better over the past years, just by playing the piano, you know? Drums are not really a central instrument on the record. I’ve worked with a few different musicians who played live drums on the album. So some of the drums were recorded in Los Angeles at Stones Throw studios. Usually the drums that I program are in Logic.

LFB: You’ve also got a collaboration with Toro Y Moi coming out soon. How did that happen?

Sofie Royer: Yeah, I have a feature on his album. I mean, I know so many musicians through my time from when I programmed shows at Boiler Room so, you know, if people ask me, I’m up for it. On my own record, I don’t have any collaborations. Maybe that’ll happen in the future.

LFB: I gotta say, I like the cute clown makeup that you and your musicians wore on the Eurosonic’s livestream. What’s with the court jester aesthetic?

Sofie Royer: Well, historically the court jester or the harlequin was a comedian of the arts. And he was there to kind of entertain, like he was half a spectacle, half artistic. And I think that’s just kind of a sentiment that really, I don’t know, resonates with me, because to a certain degree, there’s something very humiliating about performing live. I don’t know, I think, not in a negative sense, not like a negative humiliation. But I mean, you put yourself in front- I think anybody that, you know, demands to be listened to, or demands attention, has a certain degree of humility missing. So then I’m like, well, what instance is that humiliation still so apparent? And that, for me, was this role of the court jester that was kind of like forced into the song and dance, having to entertain. Sometimes, you know, maybe it wasn’t really forced all the time. I know it was prestigious position, generally, but… And there’s also something kind of, like, protective about wearing such amounts of makeup. Because you do feel a little protected. You’re like, okay, well, this isn’t me, this is like a version of myself. And also, it was very fun like, for my band, you know, they had such a great time. They’re like, ‘oh, it feels so relaxing’, you know, I was painting their faces. And it was a really fun way to feel very together, even though we hadn’t played that many shows.

LFB: Plus the fact that you sang a part of the song Crazy in German gave me the feeling I was watching, like, a performance in a German cabaret in the 1920s.

Sofie Royer: Oh, cool! That’s awesome. Very cool.

LFB: I went to see an exhibition at Vienna’s Kunsthalle and on the wall there was this quote saying ‘Visibility without protection is a trap’.

Sofie Royer: Yeah! It’s a little bit of protection.

LFB: Otherwise you just feel, like, naked.

Sofie Royer: Yeah.

LFB: Who are your live musicians, by the way?

Sofie Royer: My drummer is Lorenz Uhl, one of my dearest friends and collaborators. He’s a very dear friend of mine, and we had plans to play together for a very long time. But for whatever reasons, you know, I was in New York for a long time, he was in Hamburg… It just never ended up happening. And then, very recently, we were like, there’s actual show dates coming up. Also, a lot of concerts kept on being canceled because of COVID. So it’s another thing that has to factor in there that I haven’t been playing with the band for that long. There have been very different iterations of Cult Survivors. You know, whoever has played my songs with me is part of the Sofie and the Cult Survivors band. But right now, it’s just two people. It’s Lorenz Uhl and Markus Windisch, the bassist.

LFB: So there’s drums, bass, vocals. Are there any plans to get a guitar?

Sofie Royer: Of course, of course! I also really want the parts of the saxophone to be played live, and so on. But you know, it’s just who’s going to finance five people flying somewhere. So right now we’re just trying to make the show work with three people. And really, you know, the rest of it, just automated, like, you know, played to trigger the other remaining sounds on the record and really just keep it tight. Obviously it would be cool. You know, for this new record I wrote a lot of string arrangements too and this is the first record that I did where I actually have like, really elaborate string arrangements… And then I’m like, okay, unless I travel with like an orchestra, like a sextet, it’s not going to be awesome.

LFB: I mean, I think it works because like, you know, obviously you have a sort of lo-fi aesthetic on your first album, so I guess it made sense.

Sofie Royer: Yeah… I don’t know, I think the label ‘lo-fi’ is something I really struggle with. Because I’m not making a deliberate low fi album. I maybe didn’t have like, better mean to make an album that sounded more produced.

LFB: It’s not negative!

Sofie Royer: I know it isn’t! I’m just wondering, like out loud, maybe on this new record people who really identify me with a lo-fi sound might be disappointed.

LFB: Well that’s a good thing. Because you started playing music by learning the violin as a kid- how does your classical background meet your pop songwriting?

Sofie Royer: I mean, I’ve been playing classical music almost my entire life. So it’s almost unthinkable to think that it wouldn’t make a difference, that it wouldn’t factor in. And I mean, this is something that’s echoed, and maybe the chord changes, or like the sensibility, maybe more so even on this new record with the string arrangements than anywhere else. And you know, historically, that’s always been something that’s done, you know, whether it’s like Serge Gainsbourg referencing Bach or Haendel. Pop and classic. I mean, what is pop music- it’s really something that you strive for musically, sonically, to appeal to a large range of people, and it always redefines what it is in the current Zeitgeist or moment anyway. And so at one time, classical music was considered popular music, you know, so. To me it’s very, very hard to distinguish genres so staunchly.

LFB: It’s like this Bach’s famous chord progression, 4-7-3-6-2-5-1, that’s originally been used in Baroque music, but then successfully went into pop.

Sofie Royer: Yeah, I think if somebody asked me to describe my music, I would call it like, Baroque pop. So of course there’s a link.

LFB: That’s very antithetic to lofi, the opulence of Baroque… Talking about this, are you connected to Vienna’s music scene at all?

Sofie Royer: There’s different types of music scenes, I mean, my teenage years when I lived here, I was very embedded in a music scene, the classical music scene, and I was just playing for the young Philharmonic. I attended for some time the Musikgymnasium, I studied at the Konservatorium, the Conservatory of Music. So there’s so many different music scenes, there’s a big classical music scene. Then, I mean, there’s a lot of people that are just doing their own thing. In terms of what I’m doing with this project, I don’t know how embedded I am in any type of scene, but there’s some really cool people doing really interesting bands. My closest collaborator, the only other person who does play on Cult Survivors, for example, is Christian Hummer. He has his own band called LoeweLoewe, and he also plays keys in a very big Austrian band called Vanda, where I also used to play violin for. So there’s crossover for sure. I primarily play with not that many people but like, wherever I am, it’s dependent on that. Also my studio engineer who I worked with really closely on this record is based here.

LFB: You’ve stated before that you often feel closer to the US than Europe.

Sofie Royer: I don’t know if that’s true. A lot of the interviews that I had to give around Cult Survivors were like one and a half years of me being back in Europe, and the question I got asked a lot is ‘Why don’t you work with any Austrian musician?’. And, I mean, I moved back here because my mom had cancer, like I wasn’t out meeting people and making music with people or whatever. So maybe that’s the kind of sentiment that came across. I don’t know if I would consider myself more in one or more than the other. You know, I think as I get older, I live in my own little reality. I don’t know if that’s good or if that’s bad, but that’s just how it is.

LFB: Exactly. I can’t help but see a kind of Mitteleuropa aesthetic in your project. The music video you directed for Guest reminded me of Fassbinder’s movie In einem Jahr mit 13 Monden (In a Year of 13 Moons).

Sofie Royer: Oh cool, I love him. A great man.

LFB: And it gave me that vibe, not an American vibe at all.

Sofie Royer: I mean the most music that I’m influenced by, even if they’re American artists, meaning even if they had success in America like 10cc or Todd Rundgren, they’re British. So even though they ended up working primarily there and living there — aside from jazz, I would have to admit that most of the music I listened to was from Europe.

LFB: Like what, for example?

Sofie Royer: It’s really hard to say because if you go through my most listened things, it’s like Steely Dan.

LFB: A very American band (laughs).

Sofie Royer: That’s like the most American band (laughs), and maybe my favourite band. At the moment lately, I have these things where I go through phases of like one song, clearly I haven’t changed since I was 15. I’ll listen to one song endlessly on repeat. I have three at the moment that I can’t stop listening to. There’s Shine on Harvest Moon by Ruth Etting and Me and My Shadow by Peggy Lee. There are also Japanese artists I’ve been really, really into, but usually there’s no cover, and Japanese characters, so I’m gonna have to do some digging on this.

LFB: I had a strong city pop phase at some point.

Sofie Royer: City pop is great. Maybe my fondest memory of Boiler Room was when we did it in Japan.

LFB: You dedicated your song Guest to Paul Guest. Who is he?

Sofie Royer: I actually adapted the lyrics from a poem by Paul Guest, which is why I called it Guest. He’s a poet. He’s still alive and he’s very out there, I actually read some of his work in the Paris Review, which I have a subscription for. I can just recommend anybody who enjoys literature to get a subscription to the Paris Review. It comes quarterly, and it’s really good. Paul Guest is a very fascinating man, and when I read his poem, I heard the song while I was reading it.

LFB: Are any of your new songs influenced by literature?

Sofie Royer: Yes. My friend Marie Lopez, I also adapted a poem of hers on this new album. And she’s also in a music video. I think it would do a disservice to just call her a poet, she’s a writer and a poet.

LFB: Talking about literature, I’ve read that you had plans to write an opera about Adorno.

Sofie Royer: I don’t know if this is even going to be possible. It kind of happened out of the questions I would get around my last record when I had just released it and people were like, ‘so what’s next, what’s the next goal?’. And I found the question so irritating that out of a knee jerk, dumb reaction of mine I was just like, ‘I’m working on an opera’.

LFB: And now you’re stuck with that (laughs).

Sofie Royer: And I’m kind of stuck with it — no, I’m obsessed with opera. I really, really love opera. I’m going on Sunday to see the Jonathan Meese opera, Kampf-L.O.L.I.T.A, it’s really good. I love Jonathan Meese. He did a really good iteration of Wagner’s Parsifal (MOONPARSIFAL) three years ago which I got to see before, it’s really good. Yeah, so I was like, you know what, opera is like the world that hasn’t been cracked yet. So I was like, maybe if I mention it enough in interviews, somebody will actually be like, ‘Oh, so we heard that you’re interested in writing an opera, do you want to come write it for us?’. You know, because it’s financially almost impossible to put it on. So yeah, there is an opera, it is written, and it’s part based on Adorno’s Minima Moralia. Basically, in two of his works, he details all of these characters- they’re not fictional, he’s detailing actual characters, but I thought they sounded so amusing that it would be really fun to put on a play or an opera within which all these characters have to interact with one another. Like there’s one that’s an entertainment mogul, but a spectator entertainment mogul, so somebody that’s an entertainment mogul but loves watching people (die Schaulustige).

LFB: This is like the court jester, where he’s the one who has to entertain the mogul.

Sofie Royer: Yeah, it is related. There’s just a lot of really funny themes. For example, in Arthur Schnitzel’s works like Leutnant Gustl, there’s all these figures seemingly going through their lives, but they’re all interacting with each other in this comical way. Although it’s not comical, it’s very fucking tragic actually, but they’re interacting in a very funny way. So that’s kind of what I want the opera to be.

LFB: I guess it makes sense regarding your various range of artistic skills, like an opera covers music, fashion, dance, literature, visual arts…

Sofie Royer: Exactly yeah, it’s my dream. But also some people are like, ‘You should just make a movie’.

LFB: It’s different!

Sofie Royer: It is, I was trying to explain this too, because you have to perform the songs live and sing, you know.

LFB: And you can make music videos, like it can be the basis for a movie, but it’s really different from an opera.

Sofie Royer: Exactly, yeah. No I would love to put on an opera.

LFB: Do you see your paintings in relation to your music or do you make the distinction?

Sofie Royer: I don’t know, it’s hard to say. I think anything that I do artistically is just kind of a way for me to process my existence and being alive and things I experienced. So in a way, they’re all interconnected, but not in some blatant, obvious way where I’m like, ‘this is a song and this is a painting about the song’, you know. Which is totally legitimate, it would be cool to see, but I don’t do that.

LFB: What are some of your inspirations for your paintings?

Sofie Royer: So I’m in my third year of university right now, and if you would have asked me two years ago it would have been very different from what it is now. At the moment, I’m getting a lot of inspiration from medieval times, which I guess is kind of related to the role of the court jester and that kind of stuff. I think anything that mythologize is inherently interesting because there’s such lack of myth in our current climate, like there’s no more myth, everything is very sanitized, very homogenous, everything kind of ascribes to the same aesthetic. The interiors of churches are also really, really inspiring, especially here. You know I really took it for granted, a lot of my work at the young Philharmonics was playing services in churches, and I used to really not like it because I would have to sit there on Sundays freezing on a little pillow that I would bring so my ass would not freeze. I was very cold, especially in these old churches, it’s very drafty because it’s made out of stone. And I used to just resent my weekends because all my friends were hanging out and I would spend Fridays playing at a concert house and then Sunday I would play at the church. So I never really got to hang out on the weekend. And now, I’m revisiting a bunch of these places that I used to play in and, my God, it’s so beautiful. It’s really nice, really special.

LFB: What’s some of your favourite places here in Vienna, architecture wise ?

Sofie Royer: Here, where we’re sitting right now (Cafe Prückel), this used to be one of my favourite spots. I remember very fondly when I was 15 years old, you could still smoke inside, and I used to come home reeking of cigarettes! Also, obviously the St. Stephen’s Cathedral, the Stephansdom.

LFB: Where in Vienna would you direct a music video?

Sofie Royer: There’s a very modern church in the Guest music video, but for this record I’m actually going to be doing a few songs about here. There’s one song on the record that’s written about the Klein-Marxerbrücke, the bridge that’s right next to this place. I’m not going to go into too much details but that’s going to be an Austrian, a Viennese theme.

LFB: The roster of your label Stones Throw is very eclectic, from J Dilla to Gary Wilson and Mndsgn. I was wondering what attracted you to apply there, as an intern at first?

Sofie Royer: It was my favourite record label as a teenager! I mean, Madlib and J Dilla, MF Doom… That’s the stuff I was listening to when I was 14, 15, and kept on listening throughout my teenage years. And then as I got older, maybe 17, 18, I found out there was Gary Wilson on the same label, and Koushik… There were a lot of really cool artists that I enjoyed on the label at the time. I applied for an internship and a year later, I actually got in. It has been fun to have brought artists like Mndsgn or Knxwledge to the label and to have some kind of, you know… I generally don’t care about leaving my mark on the world or whatever, but it’s such a cool record label full of really cool diverse artists, so to be involved with it just means a lot to me. It makes me really happy.

LFB: Did you only move to LA for this?

Sofie Royer: I mean I was kind of looking for an excuse to go back to the US- I was born there, I grew up there, and as a teenager I really, really didn’t want to stay in Vienna, and it really was the perfect opportunity to leave. I think if I hadn’t had some sense of success outside of Vienna, I don’t think I’d be able to do what I’m doing now. It would have been a lot harder to establish myself as an independent musician and artist solely here- not saying that I am established, I’m really not saying that, but it would have been harder to build upon that.

LFB: Do you see yourself working for another label in the next years?

Sofie Royer: I don’t know if I could ever go back to having an office job. I started working when I was so young, I mean I graduated high school when I was 16 and I started working right away- I worked for Microsoft, I worked for Hewlett Packard… Boiler Room was a really intense job, maybe more intense than Stones Throw was. The four years that I’ve been here I decided to go to university, which is something that I never did because I attended the Konservatorium when I was a teenager so I didn’t know if I was going to study immediately. I’m doing a teaching degree at the University of Vienna now, I’m studying psychology and philosophy in English, and I’m almost done. That’s a profession I could see myself doing, I enjoy that. As long as I’m able to financially live off this right now, that’s great, but it’s also not something I want to be financially dependent on. And I have other income supplement, like modeling, that kind of stuff. I’m very thankful for the internet for allowing me to be a one-person company (laughs).

En attendant la sortie de son deuxième album prévu à l’automne, réécoutez Cult Survivor et découvrez le travail de Sofie Royer sur son site, Instagram, Twitter, et même sur TikTok.