Le 16 avril 2022, nous rencontrions Stuffed Foxes, à l’occasion d’un concert donné près de Clermont-Ferrand. Après la sortie de différents EP’s, les jeunes renards nous ont dévoilé en début d’année leur premier album, Songs/Revolving. De longues plages instrumentales où le chant transparaît, rehaussé d’une grosse dose d’énergie. Après de nombreuses écoutes et une découverte live, il était évident que nous devions partir à leur rencontre.
Assis sur une grande table en bois, devant le tiers-lieu prêt à accueillir leur concert et avec le soleil qui décline, nous avons échangé avec les six musiciens de Stuffed Foxes. Avec des cigarettes qui se roulent et des verres qui se vident, nous avons parlé de leur album Songs/Revolving, de la vie en coloc’, de leur label Reverse Tapes et de bien d’autres choses. Car ici, le temps n’a pas d’espace et, à la manière de leurs morceaux qui s’étirent sans cesse, cette interview est devenue un intense moment d’échange et de partage. Nous étions prévenus dès le début, pas de média training chez les renards, ça va partir dans tous les sens… Rire franc et sourires sincères, rendez-vous avec le groupe tourangeau qui démolit tout sur son passage.
La Face B : Vous fêtiez votre release party le 23 mars à la Boule Noire (Paris). Vous ne faites pas de rappel et ne parlez pas. Ça confère quelque chose d’assez mystérieux, mais aussi de très frustrant. Est-ce que c’est voulu ?
Leo Howard (guitariste) : Actuellement, on essaie de trouver la bonne architecture au set, la bonne trame et comment bien étaler les émotions. Et je pense qu’à Paris, il n’était pas au plein potentiel de ce qu’il pourrait être. On a déjà changé un certain nombre de choses pour ce soir.
LFB : J’ai lu que vous ne faisiez jamais les mêmes morceaux sur scène et qu’ils étaient sans cesse réarrangés.
Leo.H : On sort un deuxième album en novembre, Songs/Motion Return, donc on joue un certain nombre de ces nouveaux morceaux. Ça explique peut-être la frustration. Nous, on ne veut pas en faire ressentir, au contraire.
Germain (guitariste) : On préfère réaliser notre set sans pause, car ce serait bizarre de faire une coupure. En tout cas, on ne l’a jamais pensé de cette manière, mais c’est peut-être un tort.
Leo Dumoulin (synthétiseurs) : La seule fois où on a improvisé de manière réussie, c’était avec Wild Fox au Temps Machine, en 2019. On s’est retrouvés sur scène et on s’est juste laissé porter.
Leo.H : Mais promis, si ce soir tu lances un rappel, on en fera un ! (rires)
LFB : Vous avez célébré votre seconde release party le 30 mars chez vous, au Temps Machine avec Rank-O, qui sont aussi de Tours. Racontez-nous…
Leo.H : C’était terrible. Marie-Line, la programmatrice, et toute l’équipe nous ont laissé pleinement investir le lieu donc on avait vraiment carte blanche. Des amis étaient invités à exposer, comme Philémon Tranchant, qui joue à Tours dans les groupes Mossaï Mossaï et Opac. Il avait dans le hall un stand de pédales ultra bruitistes que les gens testaient. Ça donnait l’impression d’un grand brouhaha, de quelque chose qui tournait tout le temps.
C’était aussi une double release puisque on a sorti notre disque le même jour que Rank-O. Quand on l’a appris on s’est dit qu’on allait fêter ça ensemble. Et on a monté un duo à la fin sur scène, sur un de leurs vieux morceaux, qu’on a arrangé. 300 personnes étaient présentes et des ballons ont été lâchés. C’était dingue de réunir autant de gens. Il y avait quelque chose de très émouvant et de très fort.
LFB : Il y a une scène musicale foisonnante et émergente à Tours avec notamment de nombreux dispositifs d’aide à la création. Vous avez participé à celui du Temps Machine, Suprême LTM. Il existe aussi Capsul Collectif et Fraca-Ma. Quel effet ça procure d’évoluer dans ce milieu?
Leo.D : C’est assez bienveillant et il y a des connexions qui se créent. C’est exaltant. On baigne toujours là-dedans. En plus, il y a la salle du Bateau Ivre qui a ré-ouvert en octobre 2020 (ndlr : après 10 ans de fermeture).
Leo.H : Avec 5 concerts par semaine.
Germain : On voit des groupes d’ici et d’ailleurs. On croise plein de gens, de musiciens et ce, tout le temps. Il y a une vraie vie autour de la scène musicale.
Leo.H : On vit à Tours depuis 5 ans, mais finalement ça ne fait que 2 ans qu’on côtoie Capsul Collectif. C’est donc aussi pour participer à tout ce qui se passe qu’on a monté notre label, Reverse Tapes. C’est-à-dire pour être un acteur de plus et faire une grande fête. Et c’est ainsi qu’on a rencontré nos potes musiciens : Mossaï Mossaï, Opac, Common Insight. Et lorsqu’on nous pose des questions sur la ville, j’ai l’habitude de dire : « ah tu connais Jim Ballon ? C’est le meilleur groupe de France et il est de Tours ». C’est terrible.
LFB : Le groupe naît en 2017, moment où vous arrêtez vos études pour vous consacrer entièrement à la musique. Vous vous rencontrez donc au collège pour certains (Leo Howard, Germain et Simon) et au lycée pour d’autres. Depuis, vous n’avez jamais cessé de jouer ensemble et vous vivez tous en colocation. Est-ce que le fait de tout partager ne serait finalement pas un fabuleux vivier artistique ?
Leo.H : C’est comme la dream house à la maison : c’est un vrai organisme vivant de musique. Dans toutes les pièces, tout le temps. Si on n’a pas forcément de quoi en faire tous ensemble dans le format du groupe sur scène, chacun fait malgré tout des expérimentations dans son coin.
Germain : On écoute de la musique tous ensemble et on échange.
LFB : Certaines personnes vous comparent aux groupes des années 70, mais vous déclarez être plus influencés par les artistes actuels. Qui sont-ils ?
Germain : La scène de Tours nous influence beaucoup, car ce sont des groupes qu’on voit régulièrement et avec qui il se passe des choses. Ça va plus loin que juste écouter le disque chez soi ou que le dernier album d’un groupe qu’on adore.
Leo.H : Et c’est ça qui donne l’inspiration à la musique et l’appétence à la faire. Ici, la scène nous impacte tous de la même manière. On est bercés par elle car c’est l’environnement dans lequel on évolue. Si on a en effet des goûts communs, aucun groupe ne nous a en revanche marqué de la même manière. Peut-être les Beatles mais Brice préfère les Stones (rires).
LFB: J’ai l’impression que la notion de bande prend le pas sur tous les autres aspects.
Brice (batteur) : Le public change quand même et ça a beaucoup d’influence sur la manière dont on joue.
Leo.H : Il y a un procédé très démocratique dans le groupe, avec l’idée que chacun puisse imprégner la musique de ce qu’il est. Il y a un truc à chérir dans cette idée de collectif et de partage. Emporter le lieu et rendre à cette musique ce qu’elle nous donne, que ce soit dans une petite configuration ou non, c’est très important.
Germain : Et ça se passe avant tout entre nous, sur scène.
Leo.D : De sorte que les mouvements et les regards sont toujours les mêmes. Moi, par exemple, je passe plus de temps à regarder Brice (batteur) et Simon (bassiste) que les gens présents. C’est par habitude mais aussi parce que je pense qu’on fonctionne tous comme ça. On a besoin de se reconnecter constamment sinon ça ne marcherait pas.
Leo.H : Bien sûr, on a quand même l’idée d’offrir cette musique-là aux gens et de partager.
LFB : Vous avez en effet dit en interview qu’au début vous pensiez au collectif avant tout, avant de réaliser que partager un disque avec le public était la plus belle chose à vivre.
Leo.H : Je pense que ce n’était pas de l’égo mais bien de la pudeur de dire qu’on est entre nous et qu’il y a un 4ème mur. Mais ce n’est pas vrai. L’idée c’est de passer un moment avec les gens qui sont là, d’explorer des choses et d’en recevoir. Et pour le fait d’être entre nous, il y a beaucoup d’actions dans nos vies qu’on a réalisées en même temps. On se doit beaucoup. On a arrêté les cours au même moment et on a fait à peu près les mêmes sacrifices pour pouvoir essayer de saisir la chance d’être musicien. Il y a l’idée de destins liés.
Germain : Ce sont des choix qu’on a fait collectivement.
Leo.H : Ça va devenir émouvant si on continue.
Leo.D : Aussi loin qu’on s’en souvienne, cette notion de collectif et de bande était déjà très claire dans notre esprit. Et on a traversé le lycée en se disant que peu importe ce qui se passait, au final ce serait ça.
Germain : On convergeait vers le même point. Si on était sortis du lycée sans se connaître, sans avoir joué ensemble ni avoir cette appétence commune et ces goûts musicaux, le choix n’aurait pas été fait de la même manière.
Leo.D : Brice aurait eu son bac. (rires)
LFB : Leo Howard, tu as dit en interview : « J’aurais tendance à dire qu’on est enfin le groupe qu’on voulait être quand on a commencé ». Qu’est-ce que vous vouliez être ?
Leo.H : Je parlais de la façon dont on interagit les uns avec les autres. Sur le premier disque, Songs/Revolving on a tous pu imprégner les morceaux de ce que nous sommes. On est très fiers du disque mais je pense qu’on peut encore faire mieux. C’est très agréable de se dire que c’est ça le point de départ de notre discographie.
Leo.D : Je pense qu’il y a eu une sorte d’étape qui a été passée après ce disque-là, dans la façon dont chacun appréhendait le groupe et la musique. On a tous compris les choses grâce à notre première vraie expérience studio et on s’est tous réalisés dedans.
LFB : Thomas Poli multi-instrumentiste qui accompagne notamment sur scène Dominique A et qui a travaillé avec Laetitia Sheriff, a enregistré et mixé votre album Songs/Revolving sorti fin janvier. Comment s’est faite la rencontre ?
Leo.D : C’est Richard Gauvin de l’association Figures Libres et du festival Rockomotives qui nous a mis en relation. Il nous a demandé s’il pouvait envoyer les démos de Songs/Revolving à Thomas et on a accepté, on était enthousiastes.
Leo.H : Et il nous a fait découvrir ses disques, du groupe Montgomery à la musique modulaire. On a découvert Candor Chasma, sorti sur un label de Tours qui s’appelle « Un je ne sais quoi ».
Brice : Il y avait de la pression, que ce soit vis à vis de son travail mais aussi de ce que nous pouvions apporter. Personnellement ça m’a vraiment fait évoluer sur ce qu’était la musique et quelle était ma place au sein du groupe. J’ai vraiment eu l’impression qu’on pouvait construire encore plus ensemble. Il a clairement apporté quelque chose.
Leo.D : Oui, toutes les textures électroniques par exemple. Sur nos précédents enregistrements, on les laissait souvent de côté, par manque de temps et de matériel. Par ailleurs, on travaillait avec des gens qui n’avaient pas forcément d’appétence pour cette partie-là. Mais c’est le cœur de métier de Thomas Poli et c’est ainsi qu’on a repensé ce type de sonorités avec lui.
Leo.H : C’est aujourd’hui devenu un ami. Il y a un truc d’absolu quand on se projette tous dans notre musique, sans trop savoir comment y accéder et là, il nous a vraiment aidés.
Germain : Dans sa vision de la musique il y a quelque chose qui nous a plu et qu’on a appris.
LFB : Songs/Revolving a été composé et enregistré avant le confinement. Il représente deux ans de travail. Comme beaucoup d’artistes, on peut imaginer la frustration de ne pouvoir le défendre et le jouer sur scène pendant toute cette période. Comment vous sentez-vous face à ce constat ?
Leo.D : Sur Songs/Revolving, il y a Track 6, qui date quand même de 2019. Ce sont des morceaux qu’on a joués pendant très longtemps, donc on a eu envie de passer à autre chose et continuer à créer.
Leo.H : C’est les mêmes expérimentations entre nous : comment essayer de rendre notre musique la plus unique possible ?
Germain : A la sortie de Songs/Revolving on venait de finir d’enregistrer le deuxième disque, Songs/Motion Return. Lorsqu’on nous interviewait, on nous posait des questions sur le premier, et nous, dans notre tête, on avait le second. Il fallait qu’on se replonge dedans. Mais c’était cool que ça sorte enfin et que les gens puissent se l’approprier. Par contre, en concert on ne jouait plus beaucoup de morceaux de cet album.
Leo.H : C’est difficile d’être à la fois en phase avec le live et le disque que tu sors.
LFB : Vous avez justement fini de mixer le second album, Songs/Motion Return, qui a été pensé comme un diptyque et qui sortira en novembre. Vous avez affirmé en interview que les morceaux seraient plus directs, moins étirés et plus épurés. Finis donc les longues plages instrumentales ? Est-ce qu’on doit s’attendre à plus de chant ?
Tous ensemble: Ouais c’est fini ! (rires)
Leo.D : Les morceaux sont globalement plus courts.
Leo.H : On a gardé la même équipe : Thomas Poli et Peter Deimel au master, avec l’idée d’enlever les coquetteries et faire des morceaux qui surprennent à chaque fois.
Brice : On a déconstruit un peu les choses pour les reconstruire, en se concentrant sur l’essentiel dans notre musique. Et comme c’était la deuxième fois qu’on allait en studio, on était plus affirmés dans nos choix. Il y a plus d’air. Personnellement, je le trouve encore plus lourd, plus percutant. Il y a une continuité entre tous les morceaux.
Leo.H : On a gardé la même architecture que sur le premier album, avec un partage entre La Face A et La Face B. On peut dire qu’il y a deux chansons sur la première et une trame un peu différente sur la seconde. C’est un pastiche à la “trilogie de Berlin” de Brian Eno et David Bowie, d’où l’articulation du titre Songs/Motion Return. Il y a plein de distorsions sur la batterie. On s’est vraiment éclatés. Par rapport au premier album, on avait aussi plus de certitudes, car on savait qu’on était en train de trouver.
Leo.D : Comme le son est plus épuré, ça laisse plus de place pour essayer et rajouter des choses. On n’aurait pas pu avoir autant de distorsions sur la batterie si le synthétiseur et les guitares étaient à fond. C’est parce qu’on a déjà pensé les morceaux d’une certaine façon que ça devient possible.
LFB : Et le prochain disque, est-ce que vous y pensez déjà ?
Germain : On n’y est pas encore. Il faut qu’on se pose pour créer et échanger.
Leo.H : Je pense qu’il faudra raconter quelque chose de différent de ces deux disques-là. Qu’est-ce qu’on veut dire du groupe par exemple ? Ce seront de nouveaux balbutiements finalement.
Leo.D : On a prévu très bientôt de s’y re-pencher, dès qu’on aura le temps.
Brice : Quand on aura vécu d’autres expériences aussi.
Germain : Là, on a besoin de jouer, de se défouler.
Leo.H : Il nous faut de l’aventure !
LFB : En parlant d’aventure, vous avez monté votre propre label indépendant, Reverse Tapes.
Leo.H : Le label, c’est quelque chose d’assez excitant. On bosse à fond dessus, ce n’est pas facile et c’est même un peu schizophrène d’essayer un jour d’être artiste et le lendemain, d’avoir une position beaucoup plus terre à terre avec la musique qu’on fait. Mais je conseille à tous les groupes d’essayer car ça rend les choses encore plus palpables.
LFB : Vous avez déjà des groupes en tête sur votre label ?
Leo.H : Alors, on va parler en mode chefs de projets (rires). Il y a 6 nouvelles références sur le catalogue pour notre première année d’exercice. On y retrouve nos deux albums, le 45T avec Wild Fox, T.F.T et Tendance Parks Avenue (on est 4 à y jouer et il y aura un 3 titres qui sortira à la fin de l’année).
Germain : Pour l’instant c’est surtout nos projets à nous.
Leo.H : On pourrait croire que c’est très autocentré mais..
Germain : … c’est une manière de faire nos armes avec notre propre musique.
Leo.H : L’idée, c’est de peaufiner un peu les pratiques qu’on peut avoir et expérimenter sur nos disques à nous plutôt que ceux de quelqu’un d’autre.
Germain : On est encore en train d’apprendre…
Leo.H : … parce que ce serait dramatique de faire de la merde sur la musique de quelqu’un d’autre.
Germain : Si on arrive à faire ce qu’on veut, il y a plein de projets à Tours dont on a envie de sortir les disques.
LFB : Le fait que vous ayez été aidé par Suprême LTM vous a donné l’impulsion pour aider les autres groupes ?
Germain : Oui mais cette histoire de tremplin, c’est très professionnel. Quand on t’en parle, on dirait que ça va changer ta vie. Si on a beaucoup appris, ça reste tout de même très différent de la manière dont on vit notre musique chaque jour.
Leo.H : C’était très enrichissant, avec une semaine de conférences et de formation. Mais c’est Wall Street (rires). C’est en effet distinct de notre vision de l’artiste et de la manière dont on souhaite évoluer dans l’écosystème.
LFB : Vous êtes tous intermittents ?
Leo.H : Ah non on est des « cassos » nous. (rires). On n’a pas d’argent, on vit avec rien. On partage une maison un peu pourrie tous les 6.
Brice : Je partage même ma chambre ! Finalement ce qui fait la chaleur de ce foyer, ce ne sont pas les murs, mais ce qui s’y passe. Tous les moments qu’on vit ensemble, tout ce qu’on partage. Comme par exemple les repas entassés dans la cuisine minuscule avec Rank-O ou les réveillons de Noël. On va chercher les chaises dans la cave; à chaque fois c’est une épreuve mais c’est très drôle.
Leo.H : On fait des afters monstrueux. Pour revenir sur l’intermittence, on a parfois entendu dire qu’avoir une économie stable autour du groupe était une fin en soi avec cette idée qu’il faut 3 ans pour percer et rentrer dans un modèle pérenne. Mais, prenons d’abord le temps de faire de la musique.
LFB : Être 6 et vivre ensemble, c’est peu commun.
Leo.H : Oui, on doit se serrer les coudes. Il y a un truc assez sublime dans l’idée d’avoir un groupe. Car c’est quand même une histoire que seulement les membres pourront raconter à la fin. Peu importe la configuration, peu importe l’ampleur que ça prendra, ça reste unique. Et c’est cool de l’embrasser et d’aller à fond dans ce truc. C’est trippant. Plus que faire ses fiches d’intermittence.
Leo.D : Ça ne changerait pas nos vies d’avoir de l’argent, on pourrait juste manger mieux et plus. Nos vies seraient toujours aussi exaltantes et mornes.
LFB : Si vous aviez une œuvre qui vous définit et vous bouleverse ce serait quoi ?
Leo.D : J’avais lu ton interview avec Rank-O (ici) et j’avais peur de cette question donc j’y pensais depuis le début (rires). Ce qui m’a marqué et hanté, c’est finalement assez récent. J’ai découvert il y a deux ans la pièce The Photographer (1982) de Philip Glass en 3 actes : elle m’a bouleversé. Il y a deux morceaux de 15 minutes plutôt pop avec deux mouvements assez similaires qui se répètent. Au début je ne savais pas du tout comment me placer, ça me rendait fou. Mais ça m’est resté alors je l’ai ré-écouté. Et après, il fallait absolument que je l’écoute tout le temps. Puis, que je l’achète en vinyle. Maintenant, ça commence à me passer…
LFB : C’était une obsession..
Leo.D : Ouais. Toute la pièce est basée sur le procès d’un photographe, Eadweard Muybridge (1830-1904) qui a tué l’amant de sa femme. Il y a un morceau qui rapporte ce qui a été dit dans le procès, avec un greffier qui récupère les phrases. Et les chœurs sont menés par l’assemblée qui répond.
Germain : Moi, ça date du premier confinement. Ce serait l’œuvre en général de La Monte Young, c’est-à-dire tout ce qu’il a fait depuis les années 60 et tout son travail sur les drones et la musique minimaliste. La seule œuvre que je connaissais de lui c’était The Well-Tuned Piano et elle dure 5h30 donc je n’avais jamais pris le temps de l’écouter. Puis avec le confinement… J’ai trouvé ça hallucinant. La plupart de ses créations sont introuvables sur internet. Il a sorti peu de choses. Mais j’ai réussi à dénicher des interviews et des articles. C’est assez fascinant l’impact qu’il a pu avoir sur la musique d’aujourd’hui.
Leo.H : Je dirais toute l’œuvre d’Arthur Rimbaud : Une saison en enfer, Les Illuminations. C’est dingue tout ce qu’il peut dire avec Les lettres du voyant : l’idée de transcender le réel et de chercher une autre réalité. C’est mon cousin qui m’a fait découvrir cet écrivain et je le remercie 100 fois.
LFB : Pour finir, quels sont vos projets à venir ?
Germain : On va tourner avec Wild Fox pour la sortie de notre 45T, WFSF. Notre nouvel album sortira en novembre, on sort un premier extrait en septembre.
Leo.H : Simon et Antoine sortent un nouveau disque avec T.F.T cet hiver. Et Brice a arrêté son groupe de musique cubaine (rires)
Stuffed Foxes au festival Check’in’Party le 19 août 2022. Crédit photos : Céline Non
Vous pouvez retrouver notre chronique de l’EP avec Wild Fox ici et notre report du concert à La Perm’ ici.
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Crédit photos : Titouan Massé et Céline Non