Le 19 octobre dernier, c’est bien sur notre barge du 13ème qu’il fallait être ! A Petit Bain, deux groupes belges se sont associés pour fêter la sortie de leur nouvel album. D’un côté le quintet un peu barré The Guru Guru, de l’autre le dorénavant trio d’It It Anita, qui s’est fait remarquer avec la sortie de son nouvel album, Mouche. Une belle soirée !
Première partie : The Guru Guru
Celles et ceux qui ont la chance d’être là ce soir vont découvrir en avant-première le nouvel album du quintet belge : Make (Less) Babies. Dix titres sortis ce 27 octobre sur le label suisse Hummus Records et en collaboration avec nos frenchies A Tant Rêver Du Roi.
The Guru Guru ouvre d’ailleurs avec des nouveaux morceaux : Lemond-aid, lemon-cello (bear dance) et Jack shit/jackpot. Le premier joue la carte de la destructuration et de la réverbération. Le second, flirte avec le rock alternatif et nous emporte vers des riffs incisifs. Tom Adriaenssens, au chant, est comme à son habitude en total look décontract’ : pyjama planètes et grosses pantoufles. D’un morceau à l’autre, il navigue avec une facilité déconcertante entre les genres. The Guru Guru semble ne jamais aller là où on l’attend.
Si le début du set se fait timide, sans doute par la venue de tous ces nouveaux titres que l’audience ne connait pas encore, l’ambiance se réchauffe très vite. In 2073 (plenty of other fish in the sea) et ses chœurs enivrants puis Saint-Tropez, laissent place au second album avec Skidoo. Et là, la tension monte d’un cran. La fosse prend ses aises, et pogote gentiment mais sûrement. Dans le public, un homme d’une cinquantaine d’années connait toutes les paroles par cœur. De Lotta tension au fiévreux (In) Snakes & Ladders [Stakes Don’t Matter], le quintet met tout le monde d’accord. Quelle énergie ! Quelle générosité !
Mais c’est bien avec un titre du nouvel album que The Guru Guru m’achève. Il se nomme Joke’s on you (under over) et depuis cette soirée et quelques échanges de mails avec le groupe, je l’ai écouté un nombre incalculable de fois. Si les belges sont forts pour déverser des rafales de noise et jouer la carte de la douce folie, ils le sont aussi dans la pudeur et l’émotion. Et c’est une claque.
Le morceau débute, délicatement, avec les sublimes lignes de basse, la guitare. Et la voix, profonde. Puis, le rythme se pose, plus tempéré peut-être que les autres. Puis, tout à coup, il n’y a plus que la guitare. Et Tom, Tom qui prononce à voix haute quelques mots. Des mots d’encouragements, pour se rassurer peut-être un peu, avant de crier, crier, la solitude tandis que les instruments s’abattent sur ses épaules. Et moi, je suis bouleversée. Parce que je ne pensais pas que The Guru Guru c’était aussi ça. Les frissons, la voix qui se perd et les membres noués. Putain, merci The Guru Guru.
Le set se poursuit avec le tube Origamiwise, extrait du second album. Le frontman peut reprendre son costume de pile électrique et hurler sur la fosse. Il est éclairé par une lampe située juste en dessous de lui, qui flashe à intervalle régulier son visage.
Et tandis qu’on se rapproche doucement de la fin du live, retentit l’irrésistible Honestly (I Don’t Feel Like Dancing). Et on a un peu envie de chanter avec eux. Pour conclure, The Guru Guru nous offre Back Door, présent sur le premier album et sans aucun doute un de leurs titres phares. L’attention est maximale, les guitares pleuvent tandis que Tom plante le décor. Ecrasant, surprenant et ahurissant. Merci.
It It Anita
Lorsque le trio belge débarque sur scène, la tension est déjà palpable et les rangs se sont bien resserrés. Le set commence avec Sermonizer extrait de l’album Sauvé (2021). Tout de suite l’ivresse et le public survolté. Malgré quelques petits soucis techniques (Elliot Stassen à la basse, n’a pas de retours) le groupe multiplie les frappes. Fièrement, ils nous annoncent que c’est la première fois qu’ils jouent leur nouvel album, Mouche. Sorti quelques semaines auparavant et portant le nom d’un mignon golden retriever, le nouvel opus ne laisse aucun répit. Bruyant, acéré et noisy à souhait.
Disgrace, nouveau titre, remporte les faveurs du public. Les bières volent, les corps se mélangent et la sueur s’empare de Petit Bain. Le chant de Michael Goffard se fait coupant et sur Don’t Bend (My Friend) le refrain impose le rythme. Le public, en chœur, pour critiquer l’industrie musicale. Bryan Hayart percute ses fûts, sans interruption. Et les titres se succèdent, sans faux pas.
Si je regrette peut-être un peu l’absence de 53 et de la batterie dans la fosse, je dois reconnaitre que le set est parfaitement rodé, ne nous laissant pas une seconde de répit. Psychorigid instaure la fête et on n’en ressortira pas indemne.
It It Anita organise ensuite un détour bienfaiteur vers Ode to William Blake, qui s’étire, au sein de vagues de psychédélisme assumées. Un instant, le groupe nous emporte ailleurs, loin des bourrasques noise que l’on connait si bien. C’est peut-être là où réside aussi la magie du groupe. Se renouveler sans cesse, dans l’effort permanent du live.
Finalement, ils concluent leur set avec User Guide extrait de Laurent (2018), que tout le monde semblait attendre. On s’en prend alors plein les oreilles une dernière fois avant de rentrer chez soi. Et on leur souhaite évidemment, une longue tournée heureuse et bruyante.