James Righton : The Performer

James Righton a présenté son premier album, The Performer. Un album pop-rock dansant, flirtant avec des influences comme Elton John, pour un résultat frisant la perfection. Sans doute une des meilleures sorties de l’année. 

Cheveux longs, smoking immaculé style années 70. C’est le nouveau costume de scène de James Righton, ancien membre des Klaxons. Son look vintage contraste avec le modernisme de sa musique. Le blanc, omniprésent dans son style et sa pochette, constitue une véritable discordance avec le son si coloré, lumineux et tout sauf monochrome. 
Teasé depuis la fin d’année dernière, l’album tant attendu est un véritable chef d’oeuvre. Un melting pot de styles, brassant des ambiances plus groovy, plus jazzy, ou parfois plus cold, mais toujours sur une toile de pop-rock dansante et électrifiante. 

Si le style dénote totalement avec les souvenirs que l’on garde (précieusement) des Klaxons, James Righton semble toutefois avoir trouvé sa place dans la scène musicale. L’album, très introspectif, aborde des sujets comme la popularité, ou la parentalité, dans la chanson Edie, écrite pour sa fille, et des conséquences sur le couple, avec Start. C’est un album également très politique qui aborde, sur des sonorités sautillantes et lumineuses, les sujets du Brexit, de l’observation de mouvements inquiétants en Angleterre, ainsi qu’une critique de certains hommes de pouvoir. On peut toutefois adopter une double lecture de cet opus, qui semble parfaitement narrer la célébrité d’une pop star et les conséquences plus sombres sur la vie. 

En effet, The Performer ouvre l’album, abordant des premières notes qui semblent rappeler les Strokes. Le crooner aborde la question de la célébrité, de la pop star face à la foule, et de la dualité psychologique que peut entraîner une telle situation, entre l’homme privé insignifiant et le performer adulé. On découvre alors toute la richesse de la construction musicale de James Righton : des chansons très évolutives, qui finissent généralement de manière totalement imprévisibles. La couleur très pop rock se teinte de nuance de cordes pour offrir une envolée de violons splendides. 

L’histoire continue avec Edie, la balade écrite pour sa fille, et pour laquelle le rock laisse sa place à plus de piano, de douceur et groove lancinant. Un véritable tube, comme le este de l’album. See The Monsters se teinte d’une couleur musicale vintage pour présenter une critique implicite des dérives politiques en Angleterre. 

Devil Is Loose nous rend encore plus spectateur d’une diversité musicale déroutante, introduisant des chœurs de voix presque gospel, pour retourner au classique pop-rock et aborder une robe plus électronique sur la fin, rappelant notamment Tame Impala. Une chanson assez forte pour dresser le sombre portrait des hommes de pouvoir – tel que Trump.

Bien que ces sujets abordent notamment la relation avec son épouse lors de la naissance de leur fille, on peut voir dans l’enchaînement des dernières chansons le déclin d’une relation amoureuse qu’on pourrait également attribuer au performer. Le succès gagne l’égo, et les relations s’effritent.  On a l’impression que Start fait le constat d’un amour qui se meurt et de l’envie de reprendre à zéro. Sur Are You With Me, James Righton propose une douce ballade qui s’achève d’une manière beaucoup plus pop rock, et raconte la fin d’une histoire d’amour. Alors qu’Heavy Heart aborde en réalité les mentalités de plus en plus fermées en Angleterre et une sorte de rupture de sa relation avec son pays, se lit également un sentiment de repenti dans une relation, d’acceptation de la fin. L’album s’achève avec Lessons In Dreamland Pt. 2, une vraie ballade de reconquête. 

Ainsi, James Righton a montré sa richesse musicale, sa maîtrise exceptionnelle de chaque style, chaque ambiance se mêlant à son terrain de prédilection, une pop rock impertinente, dansante et lumineuse. Si l’album demeure assez personnel, se lit également le récit d’un crooner, son chemin dans le succès et la décente aux enfers d’une relation amoureuse mêlée à la célébrité. On ressort de cette écoute avec la sensation d’avoir eu le privilège d’assister à la création artistique des Strokes, d’Arctic Monkeys et d’Elton John dans les années 70
Un album bijou, déjà classique.