(Exclu) Ruins of Waves : Jaromil Sabor navigue sur la voie lactée

Figure discrète mais incontournable de la scène indé français, Jaromil Sabor est aussi productif qu’il est divers. De la pop au garage en passant par la folk, le bordelais est le genre de touche à tout merveilleux qu’on aime avoir dans nos oreilles. Alors qu’il a dévoilé en début d’année The Sun Inside, le voilà déjà de retour avec Ruins of Waves, un nouvel extrait à découvrir en exclusivité sur La Face B qui annonce un nouvel album pour juillet : Mount Vision. Alors on s’envole et on part à l’abordage des étoiles avec Jaromil.

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Il y a des morceaux qui nous invitent à l’aventure. Dès les premières secondes, ils nous entrainent dans leur danse un peu folle, un peu tendre, un peu triste aussi. Des morceaux faits pour les rêveurs, ceux qui cherchent à s’évader, à échapper au monde réel tout en laissant des marqueurs ici et là pour y revenir tout de même. Ruins of Waves, le nouveau morceau de Jaromil Sabor a cette classe inscrite en lui.

Ici, l’inéluctable course des aiguilles des horloges se stoppe pendant 4 minutes 14. Comme lors d’une expérience hors de soi, on se laisse bercer et cajoler par ces vagues d’émotions qui nous assaillent et dont on ne cherche pas à échapper. Il faut dire aussi que dès les premières secondes, le titre nous emporte dans sa course folle et lumineuse.
Alors que Jaromil Sabor s’est amusé de tous les genres musicaux, il met aujourd’hui son expérience et son talent au service d’une pop orchestrale du plus bel effet et portée par des arrangements grandiloquents qui par moment nous rappellent le meilleur de Electric Light Orchestra. Une musique sans époque fixe, qui fait glisser la poussière du temps comme si de rien n’était et qui nous invite à changer fort et faux jusqu’à en perdre la tête.

Ce diffuse a travers Ruins of Waves ce besoin évident et nécessaire de partager de la tendresse, de faire virevolter les moments sombres pour rappeler qu’au bout de chaque chemin, même le plus douloureux, il y a une petite lumière, un point à l’horizon qui est un phare dans la nuit et appelle a des jours meilleurs.

On embarque sur le bateau de Jaromil Sabor, sans crainte ni doute et nous naviguons en sa compagnie vers ces instants plus doux. À la recherche des êtres aimés, des adieux dans un soupire et parfois dans un sourire. On regarde les étoiles et les signes qu’elles nous envoient et on laisse nos dernières larmes s’envoler avec le vent. Car comme nous dit si-bien ce capitaine bienveillant : maintenant que nous naviguons, tout ira bien.

Pour accompagner cette épopée sonore, l’artiste laisse libre court à la poésie et à la fantaisie de Louise Lehry du collectif bordelais Utopía Collectif Cinema. Une association qui se lie autour d’idées communes et qui font que la musique et la vidéo se répondent dans une danse à la beauté communicative.

Perdus dans l’espace, on suit notre héros qui se promène dans une voie lactée irréelle, croisant ici et là des monstres mythologiques, des chats, des guitares ou des constellations aux formes un peu étranges mais finalement totalement apaisantes. On sourit, on respire et on se dit qu’effectivement Jaromil Sabor avait totalement raison : ici, les choses iront pour le mieux.

Mount Vision paraîtra le 9 juillet via Howlin Banana RecordsPermanent FREAK et Safe In The Rain Records dans une version vinyle illustrée par Inaniel Swims, et accompagnée d’un tarot divinatoire spécialement conçu pour l’occasion.

On a posé quelques questions à Jaromi Sabor sur Ruins of Waves :

LFB : Hello Jaromil Sabor, on t’avait quitté sur un album plutôt folk et te revoilà avec de la pop assez enlevée. Comment s’est faite cette transition ?

Jaromil Sabor : Hello ! En fait, les deux albums se sont écrits un peu en parallèle. The Sun Inside, l’album précédent sorti en janvier, regroupe des chansons assez instinctives, que j’ai écrites, enregistrées et mixées sans trop me poser de questions, et assez rapidement.
Au contraire, Mount Vision, mon album qui sort le 9 juillet est le fruit de deux ans et demi de travail. J’ai donc davantage bossé les morceaux et les ai un peu retourné dans tous les sens jusqu’à avior exactement le son que je voulais.Ça explique que la composition, la prod et les arrangements sont plus travaillés !

LFB : Ruins of WaVmves est un morceau qui nous entraîne avec lui de la première à la dernière seconde, mais malgré tout on sent une certaine mélancolie dans les paroles. Était ce important pour toi de jouer sur ce petit décalage ?
Jaromil Sabor : Dans mon idée, c’est une balade de rock de stade, comme celles que tu chantes du fond des tripes, l’épée plantée dans le cœur, à la manière des hymnes hard-rock mélancoliques (Still Loving You de Scorpions, Don’t Cry de Guns N RosesCryin’ d’Aerosmith, etc.)
J’ai l’impression d’écrire plus naturellement des chansons intimistes mais sur celle-ci j’avais envie de jouer le jeu de la chevauchée désespérée avec un petit côté paillettes bal de promo.

LFB : L’idée principale du titre reste quand même que les choses vont souvent vers le mieux avec le temps. Peux tu nous raconter l’histoire de ce titre ?

Jaromil Sabor : C’est vrai que le refrain est un peu optimiste, mais il y a aussi une forme de fatalité latente, comme si de toutes façons tout ça ne marcherait pas alors autant se résigner et gueuler cette chanson pour expier tout ça.
C’est un peu l’idée du titre de la chanson : des ruines de vagues ça paraît magnifique mais c’est une illusion. Même en essayant de tout ton cœur, une vague s’éteindra et ne laissera rien d’autre que le souvenir que tu en gardes, et rien de concret.

LFB : Comment s’est passée la collaboration avec la réalisatrice du clip ? Les images semblent être un miroir parfait du morceau avec même des petits rappels visuels par moment.

Jaromil Sabor : On s’est rencontrés avec Louise par l’intermédiaire du collecif Utopia à Bordeaux.On s’est tout de suite bien entendu et c’était super simple de bosser avec elle. D’autant plus simple que j’ai très vite beaucoup aimé ses dessins, et en particulier le fond spatial/océanique.J’avais envie d’un plan qui défile de façon répétée, sans montage.
Je trouve que ça colle bien au rythme de la chanson qui a peu de changements de dynamique.L’idée d’inscrire cette traversée dans un espace qui ressemble à peu à l’océan et à l’espace est venue ensuite assez naturellement à partir de ses dessins.
De manière globale, j’ai toujours été assez fasciné par les imaginaires de Jules Verne et de Karel Zeman et c’est donc une esthétique dont je suis très fan !