C’est l’été, il fait beau, il fait chaud, mais JeanJass rajoute une couche de chaleur avec Doudoune en été. Immanquable de la garde robe, son album l’est tout autant dans les playlists des fans de old school mélangée à des instrus novatrices. En tant qu’énorme bosseur, le Belge a produit presque la totalité des 10 morceaux de son nouveau projet, et s’entoure d’une belle équipe pour l’accompagner. JeanJass démontre encore une fois une force d’écriture et une construction de prods solides, qui continue d’influencer l’ancienne et la nouvelle génération.
À la manière de Guardiola avec le Barça de 2009, JeanJass s’est entouré d’une équipe polyvalente, composée d’identités variées, mais qui va surtout droit au but. On trouve ainsi, en premier lieu, l’expérience de Youssoupha sur le morceau Roberto Baggio. Il nous rappelle à merveille qu’il est un excellent rappeur. Sur le côté, on retrouve la technique de Jazzy Bazz, qui arrive au milieu de Truman Show avec un kick aiguisé et énervé. Sur une prod très groovy, mais terriblement puissante, qui de mieux que Tuerie pour sublimer le morceau Grammy ? Cette collaboration démontre tout le talent du Parisien, pouvant passer du chant au rap en un quart de seconde. Mais comme tout bon coach, JJ fait également confiance à la nouveauté, comme le démontre la participation de Fuku sur le son Le six.
La force de ces feats réside dans le fait que JeanJass parvient à garder le meilleur côté de chaque participant. La technique de Jazzy, le texte de Youssoupha, la diversité de Tuerie et la fougue de Fuku, le Belge réussi à cibler chaque qualité de tous les rappeurs afin d’en tirer le meilleur pour former un album complet et diversifié.
Parfois indissociable de son comparse Caballero, dont l’absence peut surprendre certains, on peut entendre la deuxième partie du duo dans certains backs. On le retrouve également dans le début de la vidéo d’annonce du projet. Ce choix peut se comprendre dans le fait de bien vouloir discerner l’artiste solo du duo, ce qui est totalement logique. Mais pour les fans de la série double hélice et des deux rappeurs, il y a toujours ce petit côté nostalgique de voir ceux qui ont fait découvrir et aimer le rap à de nombreux Belges (c’est totalement mon cas) développer leurs identités musicales en solo tout en faisant référence à leurs racines. JeanJass continue de grandir, mais n’oublie pas d’où il vient, ce qui montre toujours plus cette simplicité qui lui va si bien.
Double J possède des sujets qu’il affectionne particulièrement. C’est le cas du football, une de ses passions, à qui il a dédié un morceau complet avec Roberto Baggio, référence à la légende italienne du même nom. On retrouve également des références directes avec Charleroi, sa ville natale, dans le titre Le Six. Il partage le morceau avec son compatriote Fuku, provenant lui aussi de la ville Wallonne. Une racine qu’il aime rappeler et à laquelle il aime surtout rendre hommage à travers ses divers projets.
Depuis 2018, le Belge a eu la chance de voir l’arrivée d’une petite fille dans sa famille. Cela lui permet de travailler et d’explorer une nouvelle facette de sa vie et de son identité artistique : celle de père. On peut retrouver de nombreuses références à la nouvelle arrivée de sa famille, l’une des plus belles résidant sans aucun doute dans le refrain du titre Premier Jour : « Comme au premier jour, je l’aime comme au premier jour, j’sais pas comment j’ai fait, comme au premier jour ». Des paroles qui pourraient également faire penser à sa femme, qui l’accompagne depuis un long moment déjà. On découvre un JeanJass dans un registre encore plus introspectif que ses projets précédents.
Avec Doudoune en été, JeanJass démontre encore une fois son talent, sa plume sensible et personnelle, avec laquelle n’importe qui peut s’identifier. Ce projet est d’autant plus beau lorsque qu’on connait le travail sur les prods qui sont toutes totalement réussies. Le Belge offre tout simplement un album authentique et complet. Bravo JeanJass, tu montres encore une fois que tu fais partie des légendes du rap belge.