Le 10 avril dernier, nous étions présents au concert de la belle Joanna au Trianon. Une date que l’on attendait avec impatience, et on espère que vous aviez vos mouchoirs à portée de main, car elle nous avait préparé un spectacle chargé en émotion.
Revêtant une allure de guerrière avec une scénographie florale inspirée de l’imagerie de son album, Joanna fait son entrée sur la scène du Trianon, accompagnée de Carlos Loverboy à la guitare et de Gab Crésseaux à la batterie, pour donner vie à ses compositions.
Des violons et un piano s’ajoutent à l’ensemble lorsqu’elle entonne MÊME L’ORAGE N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI FORT, nous plongeant dans un moment suspendu hors du temps. La majorité de son dernier album est interprété mais elle n’oublie pas ses premiers morceaux pour les fans de la première heure.
Après avoir opéré un virage esthétique pour son nouvel album, elle confie en toute sincérité qu’il n’a pas eu les retombées médiatiques espérées. WHERE’S THE LIGHT voit le jour durant une période de dépression, ce qui explique que les sujets évoqués soient lourds, personnels mais infiniment importants. Tout aussi poétique que ses précédents mais dans des sonorités inspirées d’artistes anglophones alternatifs (Caroline Polachek, Arca, Eartheater, 070 Shake, Sevdaliza, Sega Bodega…) et de notre chère Mylène Farmer, la couleur est plus sombre et s’éloigne de l’étiquette pop urbaine qu’on avait pu lui coller.
Celle qui cherche la lumière dans les recoins d’une forêt obscure nous dépeint à cœur ouvert le récit d’une jeune femme désabusée qui a fait le deuil de ses anciens mécanismes pour aller de l’avant. Ses questionnements, ses tourments, ses fantasmes les plus intimes sont livrés sans fard. Alors sur scène, cette vulnérabilité transparaît lorsqu’elle interprète des titres comme CE N’EST PAS SI GRAVE.
Du haut du balcon, nous observons le public au bord des larmes, profondément touché par ce poignant récit d’une agression. Elle prend le temps de s’exprimer sur le sujet et guérit nos cœurs en nous rappelant que ce n’est jamais de notre faute et que nous ne sommes pas seul.es. Malheureusement, nous avons tous dans notre entourage quelqu’un pour qui ce sujet résonne particulièrement, et nous lui sommes reconnaissants de donner une voix à une réalité trop souvent tue par une honte qui devrait changer de camp.
Ils m’ont dit : « Fallait pas t’laisser faire, ouais t’as choisi d’te taire » / « T’aurais pu t’échapper en espérant qu’on t’aide »
« Fallait pas l’embrasser, fallait pas qu’tu t’fasses belle » / « T’avais qu’à lui montrer ou remonter ta bretelle »
« Pourquoi t’en parles maintenant ? Bah ouais on sait qu’tu mens » / « C’est de ta faute »
Là, maintenant que je vous parle / Oui, c’est grave
Il vous ment / Il prépare son discours
Il dira que j’suis folle / Impunément
Joanna – CE N’EST PAS SI GRAVE
Elle interprète ensuite JE NE SUIS PAS UN OBJET et CHER EGO, une conclusion parfaite à ce concert émouvant. Une date importante pour celle qui réalise son rêve de fouler la scène de cette salle mythique, nous dit-elle dans le discours qu’elle avait pris soin de préparer.
Elle nous fait également le plaisir de dévoiler deux exclusivités, I love you et Sans douleur, ajoutant ainsi une dimension spéciale à la soirée.
Dans une atmosphère chargée d’émotion, le public lui réserve également une petite surprise. Des affiches avec écrit “Thank you for being our light” se déploient dans la salle et ne manquent pas de l’émouvoir, avant de sortir les flashs de nos téléphones sur BURN 4 U.
Mais il n’est pas question d’essuyer des larmes tout du long, Joanna sait parfaitement rythmer son show en alternant avec des moments intenses où le public se prend au jeu, chantant et se laissant emporter par l’énergie de titres comme META DEUIL, Séduction ou Démons.
Crédit photo : Laura Tonini-bossi / @tcedrvm.