Joanna : divine dans Vénus

À peine quelques titres dévoilés (seulement trois sur Spotify et quelques perles supplémentaires sur YouTube), Joanna avait déjà conquis nos cœurs et investi nombre de nos playlists. La jeune femme, qui a dépassé le million de vues sur YouTube avec son morceau Séduction, nous revient avec le clip Vénus avant de dévoiler son premier opus le mois prochain.

Elle vient d’annoncer sa tournée Vénus, au cours de laquelle elle se produira en solo et assurera également les premières parties d’Electric Guest ou de la sensation r’n’b Lolo Zouaï, et dévoilera son premier EP dans moins d’un mois. La jeune artiste Joanna tease tournée et opus éponymes avec un nouveau clip plus qu’attendu. Exit l’aridité du désert d’Oasis, elle se retrouve ici au cœur de nouvelles contrées à l’étendue infinie, seule dans un paysage mouvant et glitché, dans un boudoir aux contours flous et distordus ou emprisonnée dans des chaînes perlées au cœur d’un décor doré. Look futuriste, arborant un make-up ultra travaillé entre fausses larmes, paillettes et perles, ou accoudée à une méridienne capitonnée en revêtant une longue robe élégante, Joanna se construit une image de femme – divinité qui pourrait rappeler Björk dont elle revendique d’ailleurs l’influence.

Regards caméra appuyés ou reflets dans un miroir, elle s’amuse ici à confronter l’image qu’elle se renvoie et celle que l’on peut se faire d’elle. Convoquant figure biblique pécheresse et divinité de la mythologie grecque associée à l’amour et la féminité, elle oppose Vénus à Ève, se représentant faussement innocente : « Je suis Vénus, je ne suis pas Ève, j’ai rien croqué à part tes lèvres ». À travers ce clip qu’elle signe avec Les Mauvaises Filles, elle s’érige en déesse de l’amour qui livre un combat contre elle-même, dans une composition au refrain anaphorique entêtant où elle passe du rire aux larmes et aux doutes, mais prête à panser les plaies du passé et s’affirmer.

Douce et suave, la jeune femme invente un r’n’b pop hyper sensuel dans lequel elle explore les sentiments personnels ou rencontres charnelles à travers des textes parfois suggestifs, toujours poétiques. Bien entourée, Joanna accompagne ses textes de productions envoûtantes signées Sutus ou mixées par Foda C (Columbine) notamment. Ici, c’est sur une instru composée avec Skuna, arrangée par Apollo Noir et mixée par Grand Marnier (Yelle) qu’elle mêle avec élégance rythmes trap, piano et voix veloutée. La rennaise prouve avec ses nouveaux morceaux patiemment distillés qu’elle a mûri et étudié savamment son projet, livrant une par une ses compositions comme autant de gemmes délicatement taillées.

Introspection et séduction semblent constituer les terrains d’exploration favoris de Joanna. Élégamment vêtue et parfaitement highlightée, l’artiste continue de jouer avec son image de femme sensuelle et assurée dans Vénus, s’affirmant dans sa dualité : celle d’une déesse de l’amour forte et suave menant tout de même une bataille contre elle-même et affichant des peines encore vives. Difficile de ne pas songer à Sevdaliza ou FKA Twigs en découvrant l’univers de l’artiste bretonne, avec qui elle partage une aura inspirante et les thématiques de l’amour, de la féminité et des peines dont elle tire sa force. Si ses premiers morceaux évoquaient des idylles plus ou moins innocentes, Joanna nous offre avec Vénus un titre plus intime, entre charme et ingénuité, assurance et reconnaissance de ses failles. Comme un hymne élégant à l’acceptation de soi.