Rencontre avec Josy Basar

On avait découvert Gaël à travers l’excellent groupe 2PanHeads. Pourtant depuis 2022, le garçon nous surprend avec son alter-ego Josy Basar. Une poignée de singles chez Coco Machine pour une musique enthousiasmante, solaire et humaine. On a profité de son passage parisien en début de mois pour se poser avec lui et percer la carapace d’un projet qui nous touche profondément.

La Face B : Hello Gaël, comment ça va ?

Josy Basar : Franchement ça va super bien. Ça sous-entend qu’il y a eu pire mais après avoir joué l’été dans des endroits de plus en plus singuliers, de plus en plus indépendants, rencontré une génération qui se bouge pour diffuser la musique différemment que ce qu’on a l’habitude, dans des milieux on va dire liés à la ruralité. Ce sont des milieux qui me touchent et qui me parlent. Après avoir passé tout un été à faire ça, entre les Alpes et ici et la Bourgogne. Ça va super bien. J’ajouterais que j’arrive à bien manger et du coup, ça va super. Et toi, ça va ?

LFB : Ça va. Je t’avais connu à travers 2PanHeads qui était un projet assez différent. Je me demandais comment tu avais créé cet alter ego qui est Josy Basar ?

Josy Basar : Avant tout, il vient d’un besoin et d’une envie de réaliser des plaisirs qui avant, étaient des plaisirs coupables, en termes musicaux. Ce que je fais avec 2PanHeads concerne une affinité pour une typologie de musique de niche assez particulière alliant l’histoire britannique du post-punk et de la musique club quoi. Basar, c’était une envie d’approfondir le milieu de la chanson parce que ça m’a toujours fasciné depuis très, très longtemps. Ayant été ancré très vite dans ce milieu plus punk, électro, la chanson dans mon entourage artistique, ce n’était pas un sujet qui revenait trop. Notamment avec mon comparse

C’est un truc que j’ai toujours voulu un peu explorer, ne serait-ce qu’avec tous les questionnements autour de « c’est quoi être chanteur ? C’est quoi être raconteur ? C’est quoi une chanson ? notamment quand c’est français. ». Ne serait-ce que l’idée de frôler le français, c’est déjà se heurter à des gros monuments. C’est déjà défaire ce qu’on connaît. J’ai réussi à incarner cet alter ego parce qu’on m’a encouragé à le faire, parce que je faisais mes chansons dans mon coin, que je n’osais pas du tout faire écouter. J’ai eu de la chance, j’ai fait écouter ça à Romain et à Mélo de Coco Machine. Je leur ai dit que j’avais fait ça, que ça me tenait à cœur de le faire mais que je ne savais pas si c’était de la soupe.

Ils m’ont dit qu’ils pouvaient m’assurer qu’il y a un truc super intéressant et que si je n’osais pas le faire, ils m’aideraient à le faire. Qu’ils allaient m’encourager et que si j’avais de doutes quant à ce que je fais, il fallait que j’allume NRJ et que j’allais comprendre que la musique, c’est aussi autre chose pour d’autres personnes, que ce je faisais était assez singulier. Je pense que ce ne serait pas venu si on ne m’avait pas rassuré par rapport à ça.

LFB : Tu avais un besoin de décloisonner en fait.

Josy Basar : Oui, de décloisonner à mort. C’est ça. Avec ce que je faisais avant, je me disais : est-ce que chanter en français, ça veut dire que je cherche à être plus vendable ? Je me posais vraiment de fausses questions. Tenter de concrétiser ce projet, ça voulait dire désapprendre à se poser les mauvaises questions. C’était un petit peu l’idée et je trouve que c’est un des meilleurs choix que j’ai pris jusqu’à présent, c’est-à-dire de ne plus me poser les mauvaises et continuer à avancer de manière très intuitive. Josy venant de mon deuxième prénom qui est Josselin. Basar qui faisait référence à un quartier proche dans lequel j’habitais à Shanghai. J’ai mis un s parce que Basar, il s’avère en plus que c’est un nom très répandu dans les Vosges, d’où je viens, et j’avais ce besoin de trouver une sorte d’alter ego pour qui, jouer dans une salle des fêtes ne serait aucunement un problème. Un personnage rassurant qui fait en sorte que tu te prends complètement au sérieux dans un personnage que tu ne prends pas au sérieux complètement. Il y a un peu ce rapport-là.

LFB : Ce qu’il y a de marrant, c’est que quand je t’écoute, j’ai l’impression que ça correspond un peu à ce que je ressens quand j’écoute tes morceaux. Je ressens beaucoup de paix quand j’écoute tes morceaux et j’ai l’impression que c’est une musique créée pour amener l’apaisement, pour toi mais aussi pour les autres.

Josy Basar : Ouais. Dans le rapport aux enregistrements et à la phonographie, j’avais souvent en tête une musique qui à la fois restait très singulière et très épurée, parce que j’attache beaucoup d’importance bizarrement au silence dans la musique, à des textes épurés qui peuvent sembler très faciles. Ils sont faciles parce qu’ils sont intuitifs et renvoient à une espèce de poésie du banal en fait. Ouais, je pense qu’il y a ce souci d’essayer de communiquer quelque chose liée à l’apaisement. Je pense que c’est bien vu. Un petit peu comme quand je les fais ou je les interprète, quelque chose… Le fait d’être en plénitude ou en situation d’apaisement, c’est quelque chose qui peut sembler difficile dans la vie qu’on mène aujourd’hui mais aussi, c’est quelque chose d’assez simple, comme un texte simple quoi. C’est un truc que je trouve un peu vital.

LFB : Avec malgré tout un regard. Je trouve qu’un morceau comme La Madonne par exemple, tu parles énormément de la société dans laquelle on vit et de cette espèce de dématérialisation qu’on vit tous, qu’on vit chacun dans son coin avec un casque et où la réalité se pervertit en fait.

Josy Basar : Ouais, c’est complètement ça. Après là, c’est vraiment un titre qui va traiter de solitude, paradoxalement dans un contexte où on est beaucoup plus ouverts sur le monde bizarrement. On est de plus en plus seuls. C’est bateau ce que je dis mais c’est un paradoxe que je trouve à la fois mélancolique. C’est un truc, la solitude, c’est grave en fait. Plus on en parle et moins on est seuls parce qu’on est beaucoup à être seuls paradoxalement aussi. La plupart des textes ont comme toiles de fond des textes assez durs, parce que la dureté est présente. L’idée, c’est comment est-ce qu’on arrive à bien vivre avec ça ? On arrive en communiquant et en échangeant nos poésies respectives quoi.

LFB : Tu parlais tout à l’heure de raconteurs et je trouve que le terme est parfait pour ta musique parce qu’il y a un vrai côté narratif, qui est un peu un truc un peu punk dans le sens où ton texte n’a pas besoin forcément de couplets ou de refrains. C’est vraiment une histoire que tu racontes et qui évolue au fil des mots.

Josy Basar : C’est ça. L’idée de raconter, elle aide à démystifier le statut de chanson. Pendant longtemps, il y a de grands chanteurs qu’on connaît tous qui ont souvent eu besoin de se justifier en disant qu’ils faisaient de la chanson et pas de la poésie. Il y a ce fameux discours art majeur / art mineur. Mais finalement, l’un peut aller avec l’autre, pour éviter les scissions quoi. Finalement, la chanson, on en a peur au début et l’idée de raconter quelque chose, ça va complètement dans le sens de la chanson.

C’est aussi quelque chose qui va la démystifier et me permettre de ne pas forcément me mettre sur un piédestal en tant que chansonnier ou quelqu’un qui interprète des chansons. C’est quelque chose qui va un peu dans la même dynamique que quand tu parles d’apaisement. Déjà, si ça paraît apaisant, c’est que je m’apaise moi-même. L’idée d’évoquer le raconteur vient dans ce sens-là un petit peu.

LFB : Malgré tout, il y a aussi une certaine rythmique hypnotique dans le sens où il y a des mots qui reviennent, qui sont des rappels et qui permettent de faire avancer le récit et de l’amener sur des choses un peu différentes.

Josy Basar : C’est super cool que ça se sente. En fait, je suis assez obnubilé par… Ce que j’aime beaucoup dans la musique, ça passe beaucoup par l’entêtement. J’adore avec un truc en tête, même si c’est une musique dont on n’est pas fier, qu’on a entendu à la radio. Qu’elle soit en tête, je trouve ça assez fascinant. En fait, étant autodidacte et étant libre de ne pas me prouver quoi que ce soit musicalement, on va me dire que mon seul outil de prédilection, ça va être l’envie que j’ai de créer quelque chose d’entêtant. Certains parleraient de punchlines mais moi je le ferais dans le registre de la chanson presque pas classique mais presque.

LFB : Ça colle parfaitement finalement avec la prod’ aussi parce que c’est des boucles évolutives. Tu as des rappels, des échos qui reviennent. En avant, en arrière et tout. Je trouve qu’il y a un récit dans le texte mais il y a un récit dans la musique aussi.

Josy Basar : Ah cool. Trop bien. Je pense que ça vient aussi du fait que ce soit le texte ou l’interprétation de la voix, ou l’intention, que le moment de composition, tout vient en même temps. Dans le sens où un mot va sortir comme quand tu choisis un son de synthétiseur, ça va t’évoquer quelque chose. Un mot va sortir, il ne va pas avoir particulièrement de sens. Tu te sens un peu bête d’ailleurs quand tu l’interprètes en boucle. Finalement, ce sont des mots qui arrivent comme ça et tu te dis que finalement, aucun mot n’arrive jamais pour rien. Opossum, ça arrive. Comme par hasard, j’étais en relation avec un ami qui n’allait pas très bien et pendant sa période de dépression, il passait son temps sur des comptes Instagram qui singeaient la figure de l’opossum.

L’opossum s’est fait un peu l’avatar du mal-être parce qu’ils ont une gueule en photo. Ils ne sont pas vraiment photogéniques. Il y a toujours des mêmes qui sont faits. L’opossum est un peu grimé dans ce sens-là. Du coup, en faisant le lien entre mon pote qui vit ça, qui vient d’avoir sa trentaine, qui bave et l’opossum. C’est d’ailleurs lui qui tourne dans le clip tu vois, de manière impudique, pour démystifier le truc. Le mot Opossum arrive parce que je reviens d’une après-midi chez lui, ça me tarde. Je ne connaissais même pas ce qu’était un opossum, lui me l’a appris. Du coup, ce mot laisse un espace de liberté vu que je ne le connaissais pas avant, et je l’exploite après comme je peux.

LFB : Tu parlais d’influences anglaises au départ. C’est marrant parce que quand j’ai écouté ta musique, la première personne à qui j’ai pensé d’instinct, c’est Baxter Dury.

Josy Basar : Ah bah oui.

LFB : Dans la façon de raconter une histoire et tout, je me suis retrouvé avec ça en français.

Josy Basar : Ah ouais. C’est incroyable ce que tu dis. Je ne pense pas que c’était quelque chose de visible ou audible. Clément (Arnould de Nor Belgraad ndlr) d’ailleurs, qui me l’a fait découvrir il y a 4-5 ans, m’a dit : faut que t’écoute ce gars parce que si tu aimes bien la chanson française, le côté crooner, écoute cet anglais. J’y ai adhéré à mort. Je m’étais longtemps posé la question s’il y avait une équivalence entre le chanteur ou la chanteuse français.e et anglais.e. Bien sûr, je l’ai complètement découvert avec Baxter Dury. Ne serait-ce qu’au niveau de ces textes, même si lui, il a une écriture presque de romancier. En tout cas, sa posture, son attitude, le rapport au second degré, évoquer une petite phrase qui va être un life motif. Je ne suis pas ton chien, tous ces trucs-là qui vont évoquer plein de choses. Je ne suis pas ton chien, c’est dur de ne pas penser à des grands classiques. J’aime bien les résonances et lui, il le fait tout le temps. Dans le système d’écriture, ça doit être le seul anglais qui m’a aidé pour le français bizarrement. Sa posture en tout cas.

LFB : Même au niveau des prod’, tu as certain de ces morceaux où tu as cette espèce de synthé un peu hors tune. Ça m’a fait un peu pensé à ça aussi.

Josy Basar : Ouais, un petit peu désaccordé.

LFB : Un truc un peu à côté mais en même temps, c’est ce qui fait le charme de la chanson.

Josy Basar : C’est ça. Et puis la singularité quoi. Et puis il y a… Je ne sais plus, cette vidéo où il est sur un fond noir, qu’il danse tout seul avec une vidéo-projection. C’est juste une super ligne de basse avec une boite à rythme ou une batterie, il parle avec refrain chanté au féminin comme ça. Tu accroches à la fois à la mélodie et quand tu te souviens de la chanson, tu te souviens de la texture de sa voix même si tu n’as pas tout le texte en tête et ça, c’est top. J’essaie d’exploiter les mêmes outils, c’est clair.

LFB : On parle beaucoup de français depuis tout à l’heure. Qu’est-ce que ça t’a apporté de t’autoriser à écrire le français ? Est-ce que tu avais une dynamique différente ?

Josy Basar : Ouais, complètement. En fait, avec 2PanHeads, il y a le même processus d’écriture. Je pense que ce n’est pas quelque chose qui est très nécessaire à dire parce que je pense que c’est le cas pour beaucoup de musiciens. L’anglais vient certes de par les influences mais aussi parce qu’on n’a rien à se prouver dans la langue anglaise en étant non anglophone. On s’autorise une liberté. La seule différence, c’est qu’en français, il faut trouver une liberté dans les mots et dans leur résonance, et les assumer. Il y a ce rapport à assumer quoi. Avec dans 2PanHeads, je parle de trucs très personnels mais très filtrés. Là, même si les choses sont très imagées, dans le texte en français, ça restera quelque chose d’assez impudique. Je m’autorise à être plus impudique en fait, même si je reste très imagé. L’écriture, bizarrement, la première chose que je me suis dit quand je me suis enfin autorisé, c’est les rimes, on s’en fiche. Je préfère qu’il y ait un mot qu’on retienne. Les rimes riches. Plutôt que des rimes qui iraient à l’encontre du fond plutôt que de la forme quoi.

LFB : C’est ce qu’on disait tout à l’heure avec le côté narratif.

Josy Basar : C’est ça. Ça prime. Après je sais que si les poètes ont fait de la prose, ce n’est pas pour rien. C’est qu’ils avaient autre chose à dire et autre chose à défendre qu’avec la rime.

LFB : L’ancrage régional de ta musique se voit visuellement dans les clips. Tu as des trucs un peu désertiques, le fait de prendre la route, des trucs de région tout en y ajoutant des idées un peu surnaturelles avec les masques. Je trouve que la région, il y a un truc important aussi dans ta musique et dans ce que tu racontes aussi.

Josy Basar : Complètement. Je ne me suis jamais autant senti chez moi qu’en revenant dans la région que j’aime. Je ne savais pas que je l’aimais à ce point en fait mais le fait de l’avoir quittée, d’avoir pas mal voyagé, d’être venu à Paris et de m’être retrouvé dans une ville certes que je ne connaissais pas mais qui me fascinait artistiquement, je me suis retrouvé touché par des esthétiques qui ont bercé mon enfance et ça, c’était en parfaite corrélation avec le langage textuel que je pouvais avoir. Je parlais tout à l’heure de poésie du banal, pareil, pour moi, c’est tout ce qui touche à l’esthétique du banal qu’on ne voit plus tellement il l’est, soit parce que ça n’a rien d’intéressant, soit parce qu’on est nés dedans et donc ce n’est pas intéressant. Ces plaines, ces silos, ces poteaux, une petite usine nucléaire qui se ballade, des usines désaffectées, le bassins sidérurgique… Ça va vraiment dans le sens d’une esthétique que j’aime, même dans le sens musical. Toute l’histoire de la musique électronique allemande par exemple.

Il y a toujours des connivences et cette région-là me rapproche d’autres régions que je ne connais pas mais qui me touche énormément. Comme le Nord. Surtout, c’est vraiment un paysage qui me permet de m’auto-définir un petit peu alors certes, poétiquement mais presque « politiquement ». J’ai l’impression, je ne veux pas faire de la politique de comptoir, mais je trouve que l’un des enjeux majeurs aujourd’hui, c’est la réconciliation entre tous les gens qui sont délaissés, que ce soit les banlieues, la ruralité qui fond partie des invisibles. Cet invisible-là est incarné par ces paysages plats, par tout ces trucs-là. J’ai aussi été pas mal bercé par des artistes contemporains qui ont vachement travaillé sur ces questions de surréalisme social.

Je pense à un artiste qui s’appelle Jeremy Deller qui a invité une fanfare locale d’un patelin à reprendre tout un répertoire d’acid house de Manchester et qui les a mis en tournée mondiale grâce à ça. L’art en général qui réussit, non pas à sublimer le misérable, c’est une autre question qui ne m’intéresse pas, mais à s’en échapper par la poésie… Ce que j’aime bien avec cette fourmi absurde sur une mobylette, c’est que la mobylette parle à beaucoup de gens je pense. Moi, je n’en avais pas mais mon grand frère en avait et puis tous les caïds en avaient.

LFB : Ça fait partie du fantasme adolescent en province.

Josy Basar : C’est ça et en fait, ce qui est intéressant, c’est qu’en regardant une vidéo de musique comme ça, finalement, beaucoup s’attardent sur le modèle de la mobylette. Le prétexte, c’était la fourmi rouge. La poésie devient un prétexte à regarder ce qu’on connaît tous et à fédérer les gens comme nous qui sont extrêmement nombreux. C’est pour ça que le banal est ultra important à mon sens.

LFB : Tu as sorti trois morceaux. C’est quoi tes plans pour le futur ? De quoi as-tu as envie avec ce projet ?

Josy Basar : J’ai envie de proposer mon disque qui est écrit, qui sortirait l’année prochaine. J’attache tellement d’importance à ce que tu regardes quand tu écoutes une musique. Il y a encore un petit peu de travail en termes d’audiovisuel à faire, à concrétiser pour faire cette sortie. J’aimerais bien prendre le temps parce que dans un monde où on te presse tout le temps, où on te dit qu’il faut sortir des singles de 2mn30 tous les mois, je me dis que moi, je m’autorise à prendre mon temps.

J’ai pris mon temps aussi parce que j’ai eu des phases de résidence qui ont fait sortir d’autres morceaux que Romain m’a dit qu’il fallait que je sorte. Ça ne servait à rien que je sorte un EP de 5 titres, que je ne joue même plus en live si c’est pour avoir la même problématique dans six mois. Du coup, j’ai décidé de sortir un disque directement en sortant un tout dernier single, qui ouvrirait le bal et qui dresserait un premier paysage. J’en ai vachement envie parce qu’on me le demande beaucoup, parce qu’en réalité, je joue pas mal, je n’ai jamais autant joué je crois et j’ai envie de rester en contact avec les gens que je rencontre et j’ai envie de leur partager ma musique. La première envie, c’est ça, la partager de manière phonographique. Et ma deuxième envie, c’est de continuer de rencontrer des endroits singuliers, de rencontrer des gens chouettes avec qui partager mes textes et mon petit univers.

LFB : Est-ce que tu as des coups de cœur récents ?

Josy Basar : En coup de cœur très récent, je vais vraiment jouer la carte du récent sinon je vais mentir. Il y a beaucoup de gens dont j’ai envie de parler mais j’ai commencé à les écouter il y a un an déjà. J’en ai trouvé un mais je n’ai plus son nom. Un artiste qui est assez polyvalent, qui continue à faire ses chansons mais qui est sur plus champ d’attaque. Il est un peu hors circuit, il s’appelle Baptiste Brunello. C’est quelqu’un que j’ai rencontré, qui exploite la chanson de manière très surréaliste, avec cette justesse dans le registre qui me parle beaucoup. On n’est pas dans de la blague mais on est dans un décalage qui est omniprésent, que je trouve très sincère. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup. C’est une belle révélation. Je l’ai vu dans un petit bar à Metz.

Un groupe aussi, une grosse révélation qui s’appelle Tout Bleu. Un groupe suisse. Pour rester dans les suisses, Tout Bleu et Leoni Leoni. Des artistes que j’ai vu en vrai. C’était soit dans une grange en Bourgogne, soit à Metz sous un pont. Tout Bleu, c’est exceptionnel, vraiment.Je n’ai vu personne qui avait aimé ce film mais c’est la première fois de ma vie que j’ai pleuré devant The Whale. Je n’ai pas croisé une personne qui m’en a dit du bien, j’ai entendu beaucoup de gens rester en surface, qui sont restés sur le synopsis qui est un mauvais synopsis parce que c’est un film avec plusieurs lectures et moi, je l’ai vu comme un film qui traitait d’un sujet qui est la dépression et les gens restent attachés au sensationnel. Et vu que c’est un huis clos avec un seul personnage, on s’accroche à certains trucs. Les gens ont peur du misérabilisme. Moi, le jeu d’acteur m’a fait pleurer. Et ce film-là, dans la carrière de cet acteur, c’est ça qui m’a fait chialer. C’est un regard. La première scène, j’ai eu peur de ce que j’allais voir, je me disais que ça allait être bof et j’ai trouvé ça d’une poésie incroyable.

Crédit Photo : Cédric Oberlin

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