Petit à petit, Josy Basar crée une oeuvre sur la nature humaine. Pierre après pierre, morceau après morceau, le meusien peint une certaine idée de l’humanité, la regardant au plus profond avec tendresse et mélancolie. Chaque morceau est une étape, un petit pas vers quelque chose de plus grand. La Madonne est la dernière pièce en date du puzzle et se découvre en exclusivité sur La Face B.
Désormais, tout est plus flou. Her, la merveille de Spike Jonze, nous avait bien prévenu il y a 10 ans : la frontière entre le réel et le virtuel devient de plus en plus poreuse.
Les évolutions technologiques évoluent aussi vite que les rapports humains. Dans un sens comme dans l’autre, les croisements se font de plus en plus fréquents, bouleversant de plus en plus nos rapports aux autres, mais aussi à nous même. L’humain est il voué à devenir une donnée ? La question mérite d’être posée, elle est même le point de départ du nouveau morceau de Josy Basar.
josy basar
La madonne, une coquille en forme de jeux de mots, croisement entre la Vierge Marie et l’icone Madonna. Un croisement encore, qui nous entraine sur le chemin d’un dancefloor mental. On pourrait voir ce nouveau titre comme une disquette perdue pour les générations perdues. Un cadeau mélancolique qui fait écho à ce que nous vivons à l’heure actuelle. Un être humain voué à disparaitre, des bots et des beats qui remplacent peu à peu le contact.
Avec ce titre Josy Basar ausculte son époque sans aucun jugement. Il se fait le narrateur de sentiments que nous vivons tous et les transpose sur des notes synthétiques. Des mots et des idées se répètent comme pour mieux nous brouiller, pour effacer les contours entre le fantasme et la réalité, d’ailleurs ces contours existent-ils encore ? Nous en doutons de plus en plus.
On se laisse embarquer par cette litanie, par cette course du temps perdu d’avance, les années qui nous éloignent de plus en plus des autres mais aussi de nos illusions et de nos espoirs. Rien de vraiment triste là dedans, juste un écho du monde tel qu’il est et qu’on présente à ceux qui ne l’auront pas vécu.
On cherche à faire la fête une dernière fois, à secouer nos têtes et nos corps, un casque virtuel vissé sur nos yeux. Celui-ci nous empêche de réaliser que le monde s’apprête à changer pour toujours et que le merveilleux et l’irréel se trouve peut-être autant dans le quotidien que dans les pixels.
Il faudrait alors enlever l’appareil pour frôler la vie, frôler le champ qui vrombit autour de nous et réaliser qu’au dessus de nos têtes, des chèvres diaboliques (animées par Lallanimates) s’apprêtent à reprendre le monde qu’on a un peu délaissé. Sans doute est-il temps de prier une dernière fois et de jeter un dernier coup d’oeil au profil instagram de Madonna, tout en dansant sur les rythmes synthético-humain de Josy Basar, qui se rapproche de plus en plus des grands Bertrand Belin et Flavien Berger.