Doit-on encore présenter Julien Doré ? Figure de proue de la scène Française depuis 2007, fort de quatre premiers albums en constante progression jusque l’apothéose &, le sudiste a décidé de prendre le temps avant de présenter ce cinquième opus. 11 nouveaux titres après 3 ans d’attente, pour un album en forme d’hommage à sa grand-mère et toutes les femmes qui l’ont entouré. Sans plus attendre, plongeons-nous dans aimée.
Jusqu’à présent, le sujet des morceaux de Julien Doré était le plus souvent l’amour, au sens des relations amoureuses. 4 albums durant, sa mélancolie nous aura fait chanter, danser et pleurer, au rythme des déboires, des ruptures, de romantisme perpétuel. Aujourd’hui, s’il est toujours en quelque sorte question d’amour, il n’est plus tout à fait de la même nature. Julien nous parle d’amour de l’autre, des nouvelles générations, de cette planète bleue qui est notre vaisseau collectif, et qui semble se diriger sur une trajectoire malheureuse.
Au fil des titres, on découvre les anxiétés, les préoccupations nouvelles de celui qui est originaire d’Alès et qui a retrouvé ses terres natales pour la création de ce disque. Sans se perdre en jugements, ni en pointements du doigt, il s’interroge sur le rôle et les responsabilités des générations actuelles dont il considère faire partie, concernant les changements environnementaux et de société qui se profilent ou qui sont déjà visibles. En filigrane des ces réflexions, toujours un même appel à l’amour en même temps qu’un hommage appuyé.
Premier morceau dévoilé dans le cadre de la promotion de l’album et première plage du disque, La Fièvre regroupe l’essentiel de ces messages. Au passage, ce single et plus particulièrement son clip, à nouveau co-réalisé par Brice VDH (sa collaboration avec Julien Doré remonte à &), souligne encore le goût de l’artiste pour le second degré. En jouant les planètes Terre rebelles, en intégrant ses – magnifiques – chiens au clip (et à l’album sur l’un des derniers titres) ou encore en intégrant à l’image Michel Drucker et Jacques Jakubowicz pour jouer les Jacquie et Michel de circonstance, il joue le pas de côté pour rester décalé en gardant sa finesse habituelle.
En poursuivant l’album, on découvre un autre nouvel élément de l’univers de Julien, un goût certain pour la punchline. Certes, il est connu pour certains de ses morceaux à texte, mais en les combinant aux thèmes qu’il aborde, il fait souvent mouche, quitte à être parfois sombre sur Kiki (« J’ai dessiné ta tombe, avant même de te bercer »), prenant à contrepied un morceau pourtant joyeux et plein d’espoir. Sur cette piste, les derniers mots sont chantés par des enfants, dans un sublime passage de témoin. Des enfants que l’on retrouvera dans la conclusion de l’album, Barracuda II. Oui, numéro 2, parce qu’une autre version est présente au début de l’opus, mais on préfère tellement la seconde qu’on préfère ne vous parler que de celle-là. Ce piano-voix, d’une grâce absolue, rend infiniment plus justice à la sensibilité et à l’intimité qui se dégage entre Julien et les enfants que l’on retrouve avec bonheur. Sur le chemin de cette conclusion belle à souhait, on découvre un rappel à l’ordre des relations amoureuses dans La Bise, un joli duo avec Clara Luciani et une autre collaboration, avec le duo Belge Caballero & Jeanjass, dont l’atmosphère surprend et dénote un peu mais dont le message reste dans la continuité de l’album. Pour le reste, on préfère ne pas tout vous dévoiler et vous laisser le loisir de découvrir cet album aussi par vous-même, ce serait dommage de tout vous spoiler.
Pour prendre la relève d’&, Julien Doré nous propose donc aujourd’hui un appel à l’amour, des autres, des vies à venir, et à faire preuve d’altruisme comme dans La Bise: