Chanteur au sein des Forest BOYS ou The Seasons, auteur-compositeur et interprète reconnu, Julyan a dévoilé un premier EP début mai où il laissé exploser sa vulnérabilité sur des mélodies diverses et maitrisées. On est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur la conception de ce premier EP, que ce soit sa collaboration avec Jesse Mac Cormack, son enregistrement ou son futur scénique.
La Face B : Salut Julyan, comment ça va ?
Julyan : Bien!
LFB : Tu viens de dévoiler ton premier EP dans des circonstances mondiales un peu étranges. Était-ce important pour toi de garder cette date de sortie et d’offrir ta musique aux gens malgré tout ?
J : Absolument. La vie est trop courte pour attendre. Me voilà, pour le meilleur et pour le pire!
LFB : Tu as déjà un bagage musical assez impressionnant, tu as un groupe encore actif. Quelle différence as-tu vu entre le travail de groupe et le fait de sortir un projet solo ?
J : J’adore travailler au sein d’un groupe de musique. L’énergie qu’on retire d’être entouré d’une équipe est incomparable. Cela dit, le fait de travailler seul m’a permis d’explorer des zones plus intimes dans mon écriture. J’ai pu mettre de l’avant une vulnérabilité, ce que je n’avais pas pu faire jusqu’à présent.
LFB : C’était important pour toi de te challenger ? Cherchais-tu à te prouver quelque chose en te lassant avec ce nouvel épisode de ta vie musicale ?
J : Oui. Je sors d’une période sombre de ma vie ou j’avais perdu toute estime de moi. J’avais besoin de me prouver que je pouvais faire quelque chose qui soit entièrement de moi, et que ça marche. Le challenge était d’accepter de m’accorder autant d’importance.
LFB : Jesse Mac Cormack a travaillé avec toi sur cet EP. Comment s’est passée votre rencontre ? Quelle a été son influence sur ta vision du projet et comment avez-vous travaillé ensemble ?
J : Je suis d’abord allé passer une journée avec Jesse dans le but d’expérimenter et enregistrer quelques maquettes. Après cette journée, je me suis rendu compte que les ‘maquettes’ étaient déjà drôlement proche de la direction artistique que j’avais en tête. J’ai donc décidé de continuer le processus et de compléter les chansons pour en faire un EP. C’est le genre de rencontre chanceuse où tout semble aller comme sur des roulettes, sans trop d’effort. Jesse a apporté́ beaucoup sa touche sur le mix. J’en étais très impressionné. Je trouve que les chansons SONNENT! Et ça, c’est tout lui.
LFB : Chaque chanson a sa propre couleur musicale, offrant une palette de genres et d’émotions vraiment diverse. Le fait d’avoir une liberté totale sur les genres était important pour toi ?
J : Ce n’est pas une chose à laquelle je réfléchis. Je ne me dis pas que les chansons doivent être diverses, pas plus que je me dis qu’elles doivent être similaires. Tout bon album/EP est un mélange de similitudes et de contrastes et je laisse mon instinct me guider à ce niveau. Donc, je dirais que je suis libre de toute pression extérieure, mais esclave de mon instinct qui lui désire un équilibre entre familiarité et nouveauté.
LFB : Si je te dis que j’ai autant pensé à Andy Shauf qu’à Ratatat, est-ce que ce sont des influences auxquelles tu te rattaches ?
J : Il est difficile pour moi de mettre le doigt sur mes influences comme tel. Je crois que les vraies influences se passent beaucoup plus au niveau du subconscient, et qu’on ne sait jamais vraiment d’où nous vient une idée. Par contre, j’adore Andy Shauf par exemple, et même si je n’y ai jamais pensé lors de l’enregistrement, je vois absolument une parenté entre lui et moi!
LFB : Ce qui est intéressant dans l’EP, c’est aussi que tu joues avec les pronoms. Tu passes du je au tu au nous, tu ouvres des perspectives différentes dans ton écriture mais aussi son interprétation.
J : Je dirais que les chansons ont toutes un désir profond d’être inclusives. Ce sont des histoires/points de vue personnels, mais qui méritent d’être racontés à cause de leur côté universel, je crois.
LFB : Au-delà de cette diversité, les morceaux parlent avant tout de l’humain, des relations humaines, des choses à la fois intimes et universelles. Est-ce que proposer un projet à ton nom t’a poussé à être plus sincère et à laisser la possibilité aux gens de te découvrir vraiment ?
J : Certainement. J’en parlais plus haut d’ailleurs. Il était important pour moi d’exposer ma vulnérabilité.
LFB : Quelle différence vois-tu entre écrire pour quelqu’un d’autre, pour un groupe ou pour toi-même ?
J : Je ne vois pas énormément de différence au niveau du processus même. C’est le contexte qui change mais une bonne chanson reste une bonne chanson, et certaines choses dans le songwriting sont universelles.
LFB : Tu as enregistré quasiment tous les instruments de l’album toi-même. Qu’est-ce que cela t’a apporté ? Comment envisages-tu la retranscription de ces morceaux pour le live ?
J : Ça m’a permis de pousser l’exercice au maximum. Personne à gérer, personne à qui expliquer mon raisonnement/mes idées, etc. En jouant tout seul, il n’y avait rien pour entraver ma vision. Je voulais aussi jouer avec les limites que cela apportait. Certains instruments comme la batterie ou le piano ont des partitions extrêmement simples car nous ne faisions pas appel aux meilleurs instrumentistes, nous les faisions nous-mêmes et un certain son en découle grâce à ça.
Sur scène, j’ai déjà trouvé des musiciennes pour m’accompagner. Ce sera donc moi, une batteuse, une bassiste et une claviériste. Mon all-girl band!
Nous avons fait une première chanson ensemble de façon virtuelle. Elle est disponible sur ma chaîne YouTube!
LFB : Après ce premier EP, qu’est-ce que tu prévois pour ce projet ? Un album ? Des concerts ?
J : J’ai tellement hâte de monter sur scène, mais qui sait quand ça sera… Dès que les choses reviennent à la normale, préparez-vous! Je vais faire des spectacles live sur les réseaux sociaux, et je vais continuer comme toujours de composer des chansons.
LFB : Est-ce que tu as des coups de coeur récents à partager avec nous ?
J : J’écoute pas mal de musique ambiante ces temps-ci, ça m’aide avec mon anxiété. Max Corbacho est mon préféré.