KALIKA a dévoile début mai Adieu Les Monstres, un bonbon pop un peu empoisonné dans lequel elle scrute en elle et soigne certains maux. Habituée de nos pages, on a eu un grand plaisir à retrouver Mia pour en savoir plus sur ses nouveaux morceaux avant de la retrouver le 16 juin à La Cigale.
La Face B: Comment ça va Mia ?
KALIKA: C’est dur des fois de savoir mais je crois que pour moi, je suis à la fois hyper contente parce que j’ai sorti l’album et à la fois, j’ai des angoisses un peu de plein de trucs de la vie. En ce moment, je recherche un appartement et à Paris, pour les artistes, c’est compliqué de trouver. Je me prends que des vents. Je suis dans une période un peu de transition où il y a beaucoup d’angoisse et en même temps, des bonnes nouvelles, des choses plutôt cool. Je suis plutôt mixte. Et toi ?
LFB : Ça va. Il fait beau.
KALIKA: Oui, c’est vrai que c’est une bonne nouvelle également. Ça m’influence de ouf. Mais en même temps, quand il ne fait pas beau, ça me force à moins sortir et à faire face aux vrais problèmes aussi. Donc ce n’est pas si mal que ça des fois.
LFB : C’est ce que tu fais dans ton album d’ailleurs.
KALIKA: C’est ce que je fais dans l’album ouais.
LFB: Si l’EP était un peu un EP sur la reconstruction amoureuse, là on est face à un album thérapeutique non ?
KALIKA : En vrai, c’est carrément ça. Ce n’était pas prémédité. Ça s’est fait comme ça, naturellement et je pense que comme beaucoup de premier album en fait. J’ai l’impression que pour beaucoup d’artistes, c’est un peu ça le premier album. Essayer de regrouper tous les petits morceaux de soi et essayer de les mettre dans un projet. Réparer aussi un petit peu la porcelaine cassée.
LFB : J’aime beaucoup le titre de l’album parce que finalement, quand tu es petit, les monstres, c’est quelque chose dont tu as peur mais que tu aimes beaucoup aussi.
KALIKA : Qui te fait rêver quelque part un peu.
LFB: Je trouve que plus tu prends de l’âge et plus tu dois t’en débarrasser justement, des choses du passé.
KALIKA : Ouais. Ou en tout cas, les transformer, les redessiner autrement pour que ça soit plus facile à digérer. Parce que parfois, c’est comme si ça ne passait pas. Un aliment que tu n’arrives pas à digérer. C’est un peu bizarre.
LFB: Tout l’album est sur cheminement là, sur plusieurs « monstres » comme sur plusieurs étapes que tu évacues au fur et à mesure.
KALIKA : C’est ça. C’est un peu un album d’émancipation et de construction d’identité. J’ai découvert qui j’étais en racontant mes histoires, en me forçant à me souvenir aussi. Parce qu’il y a des choses que j’avais supprimé, que je n’avais pas forcément intellectualisé. Que j’avais laisséau passé, comme si c’était un truc qui était arrivé à quelqu’un d’autre. En fait, en me forçant à raconter les histoires et à m’exprimer dessus, ça m’a forcé aussi à savoir ce que j’en pensais, comment je pensais, qui j’étais, qu’est-ce que j’avais envie de faire de tout ça. Du coup, j’en sors une nouvelle personne quand même.
LFB: Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que je trouve que l’album est beaucoup plus intime que l’EP. Il y a un seul titre qui réapparaît dedans. Pourtant, il commence aussi par un titre qui est hyper collectif. Tu te dis que finalement, ce que tu fais, c’est ton histoire à toi mais c’est aussi l’histoire que les gens peuvent ressentir.
KALIKA : Exactement. Tu as très bien résumé parce qu’en fait, j’ai ressenti ce truc-là en concert. Déjà pour le coup avec mes premières chansons. J’ai toujours été hyper sincère dans ce que je faisais. C’est juste que même si j’étais sincère, peut-être qu’avant je n’acceptais pas d’être aussi fragile que ce que je suis en fait. Je me disais toujours que j’étais hyper solide, hyper forte et du coup, j’avais plus de morceaux comme ça. Même si c’était aussi l’intime, c’était aussi une version de moi, mais pas toutes les facettes. Pas le côté qui peut se faire démolir en deux secondes aussi.
Je ressentais cette énergie-là des gens. On était pareil. Je sentais qu’on se comprenait. Quand je chantais Chaudasse, que les personnes ne rigolaient pas mais me disaient merci. Les premiers concerts, c’était hyper puissant. Du coup, je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse un morceau où ça serait l’ouverture des concerts. A la base, je l’ai pensé pour le live. Et en fait, on se dit qu’on est ensemble, comme si c’était une famille quoi le Kalika Gang. Et gang, parce que des fois, on fait un peu peur aux autres. Mais en vrai, c’est plutôt une armée cute, mignonne. Il n’y a pas à avoir peur de nous. C’était pour ça qu’il y avait le truc gang.
LFB: Finalement, ça revient aussi au titre de l’album parce que Adieu les monstres, c’est aussi dire que des fois, tu as été considérée comme déviante. Toi-même tu étais un monstre et je trouve que l’album, c’est une acceptation de sa normalité et de ses failles en fait.
KALIKA: Aussi une acceptation de soi. Si toi, tu es considérée comme bizarre par plein de gens, d’en faire une force et de faire en sorte que ça soit la nouvelle norme. C’est ça que j’ai envie d’imposer aussi avec ma musique, avec mes concerts, qu’il y ait de la place pour tout le monde. Que tu sois comme ci ou comme ça, on s’en fout en fait. Si c’est juste toi, sois en fière et va jusqu’au bout de ce que t’es et viens crier en concert avec nous. On sera tous ensemble et on sera bien content. Tout le monde est bienvenu dans le Kalika Gang. Ce n’est pas segmenté du tout.
LFB: Ce morceau-là, c’est vraiment un appelau collectif. C’est aussi le premier morceau sur scène.
KALIKA : Ouais et au final, sur mon album, c’est mon premier morceau aussi. C’est un peu osé parce que c’est quand même très vénère comme son mais je me suis dit qu’en même temps, je suis comme ça. C’est le contraste. C’est pour ça que dans l’album, dans la tracklist, c’est une chanson beaucoup plus douce et pop, Drama, Drama. C’est les deux en même temps.
LFB: Tout l’album est comme ça. Il y a vraiment ce côté vraiment hyper pop mais il y a de la noirceur aussi.
KALIKA : Contraste, toujours.
LFB: La dernière fois qu’on avait discuté, tu m’avais dit que tu avais créé KALIKA comme une espèce de super-héros ou une extension beaucoup plus forte que ce que tu es dans la vie. Mais j’ai l’impression qu’avec l’album, la ligne entre KALIKA et Mia est devenue beaucoup plus poreuse en fait.
KALIKA : Ouais, alors moi, j’ai toujours trouvé que KALIKA… J’ai toujours dit que ce n’était pas un personnage mais que c’était moi. Mais c’est plus qu’il y a des moments de ta vie où tu es prête à voir ce que t’es vraiment ou une seule partie. Je dirais que dans l’EP, j’étais encore dans un moment où je disais «ouais je suis forte, je suis comme ça » et qu’en fait, je ne sais pas, ce n’est pas que je voulais mentir avant. C’est que juste je ne m’en rendais pas compte assez. Mais je me suis rendu compte à quel point j’étais fragile sur plein d’aspects et que ce n’était pas grave. Ce n’est pas du tout la honte et je ne serais pas du tout moins badass pour autant. Au contraire, je le serais encore plus si j’osais en parler. Et encore, je n’ai pas encore parlé de tout dans l’album pour l’instant. Il y a tellement de sujets mais déjà, je trouve que je me suis quand même beaucoup livrée quoi. Crescendo.
LFB : C’est ça. Il y a quand même sur certains morceaux de la pudeur.
KALIKA : C’est comme tu as dit, c’est dur de savoir qui est Mia ou KALIKA. Même moi, je ne sais pas trop dans la vraie vie. J’en parlais avec quelqu’un récemment et j’étais en mode… Je ne savais pas quoi répondre à la question.
LFB: Est-ce que ça t’effraie ?
KALIKA : Je ne sais pas ce que j’en pense. Je suis encore un peu floue là-dessus. Il faut que je me pose la question peut-être mais oui, j’ai mis tout ce que j’étais dedans. J’ai l’impression que c’est vraiment moi. Mais c’est aussi, forcément, comme tu travailles tes textes, ton image autour, même si c’est vraiment toi, quand tu es toi, tu n’as pas autant de travail. Donc c’est très difficile de savoir ce qui est le plus toi ou pas. Moi, j’ai l’impression que c’est vraiment moi en tout cas cet album.
LFB: Un morceau comme Sarah et Stéphane, comme 18 ans ou comme Peur de mourir, il y a quand même une ligne qui est traversée qui ne l’était pas forcément sur l’EP.
KALIKA : Ouais, c’est vrai. Pourtant, ce sont des chansons que j’ai écrites il y a longtemps. Surtout Sarah et Stéphane, je pense que c’est l’une des premières chansons que j’ai écrites. Donc ce n’est pas genre, là j’ai eu un déclic et j’ai senti que je voulais écrire des trucs sur ça. C’est que là, j’étais prête à sortir ces histoires aussi. Parfois, il y a des trucs où c’est peut-être un peu de pudeur. Peut-être que je n’avais pas envie qu’on vienne me faire perdre confiance, me rabaisser par rapport à ça et au final, pourquoi on le ferait ? Au final, je m’en fous, peu importe ce que les gens vont dire. C’est mon histoire, c’est tout. C’est ma vérité et voilà.
LFB: Tu avais peut-être besoin d’être rassurée avec ce premier EP et déjà, d’être dans ce milieu-là pour pouvoir t’autoriser ces morceaux-là.
KALIKA : Franchement, je ne sais même pas. Je ne sais pas si c’est ça ou si c’est juste le temps. Quand il est arrivé ce texte, il arrivé d’une traite comme ça et je ne savais même pas que j’étais en colère comme ça contre mes parents quand il est sorti. En fait, ça m’a fait un choc un peu. C’était le début de plein d’autres trucs qui se sont réveillés en moi, où j’ai compris plein d’autres choses sur mon enfance. Je me souvenue de choses que j’avais supprimées de ma mémoire et tout. Ça a été un vrai bordel à réorganiser. C’est la guérison.
C’était aussi un truc où il faut prendre le temps pour dézoomer et pouvoir mieux comprendre, le livrer aux autres et que ça soit possible de le livrer en étant toi-même capable de l’expliquer et d’en parler. Je ne voulais pas sortir quelque chose où c’était trop à chaud, ça allait me mettre trop mal d’en parler. Là, je pense que j’ai le temps de l’assumer, de l’appréhender, de le comprendre. Comprendre ma colère, parce que je ne me considérais pas du tout comme étant en colère. En fait, j’écrivais des choses et j’étais en colère. Trop étrange et entre temps, j’ai compris.
LFB: Je trouve que l’album joue sur plusieurs temporalités. Il y a des choses du présent. Il y a des choses où on pourrait imaginer de fantasmes ou de futur. Il y a aussi beaucoup de morceaux où tu scrutes le passé. Pas seulement sur tes parents, mais aussi sur toi. Le morceau sur la superficialité par exemple ou plein de choses comme ça. Comme tu dis, tu as pris énormément de recul pour pouvoir traiter de sujets qui te faisaient peut-être peur ou que tu regardais d’un peu loin avant.
KALIKA : Ouais, c’est ça. Parfois, tu ne prends pas le temps de t’arrêter sur les choses. Tu as des photos mais tu ne les regardes pas vraiment. J’ai pris la décision de revenir dessus parce que j’avais envie d’être une meilleure version de moi-même, une bonne personne. J’ai toujours été une personne gentille, je n’ai jamais été une grosse connasse et tout mais j’avais envie pour moi, pour une fois aussi, pas pour les autres, d’aller un peu bien et de comprendre tout ce qui m’était arrivé pour pouvoir justement aller à l’endroit où je voulais aller.
Le morceau Personne par exemple, c’est un peu ça. C’était un peu le déclenchement de tout ça. C’était un peu se dire que ça n’a pas été facile, je vais devoir faire un énorme ménage pour pouvoir briller comme j’en ai envie puisque je sens que j’ai la lumière en moi. C’est un peu mystique de dire ça mais je sens que j’ai un truc pur et c’est comme si, j’avais tous les démons, les monstres, les trucs des gens qui étaient là et qui étaient venus me recouvrir. Je ne pouvais pas briller comme je voulais. Ça m’a empêché. Je me suis dit que ça allait être long mais que j’allais le faire parce que ça valait le coup. Ce n’était pas facile en vrai. Je me suis mis dans des états bizarres où j’ai dû me replonger dans des souvenirs d’enfance, d’adolescence, des trucs plus ou moins profonds. Superficielle, elle a l’air légère mais elle ne l’est pas.
LFB : C’est un rappel. C’est comme un trigger. Limite, c’est un truc que tu pourrais écouter dès que tu vois que tu vas vriller un peu.
KALIKA : Ouais. C’est important parce que oui, c’était la phase adolescente mais c’est important, même maintenant dans nos vies de jeunes adultes. En plus, dans le milieu de la musique, il y a ce truc-là de la mode, où tout le monde est superficiel et tout le monde pourrait… Tu sors quelque chose, tout le monde va venir te lécher le cul. Ce n’est pas forcément les bons potes. Et ça vaut aussi ce truc de «il n’est jamais trop tard pour changer de potos». Parfois, tu ne traînes pas avec les bonnes personnes et tu ne prends pas le recul nécessaire pour t’en rendre compte. C’est comme plein de petits mantras les chansons que j’ai essayé de faire. Pour rester sur le droit chemin. Il y a toujours des trucs qui viennent te pervertir, des gens, des histoires, une soirée, l’alcool. Moi, je veux juste rester pure et pouvoir aller de l’avant et réaliser tout ce que je dois réaliser.
LFB: Je trouve qu’il y a un truc très intéressant et intelligent, c’est que t’as un peu décollé l’image un peu fausse qu’on s’était faite de toi, dans le sens où on te collait une image un peu trash qui pour moi, n’a jamais représenté réellement ce que tu étais, ni ta musique. Là, je trouve que même dans l’écriture, il y a quelque chose de plus poétique et cinématographique dans la façon dont tu fais les choses. Comme pour montrer aux gens « ce n’est pas parce que je dis chaudasse dans un morceau que vous me connaissez ».
KALIKA : C’est clair mais ce n’était même pas volontaire parce que tu vois, il y a des chansons comme 18 ans, pour moi, c’est peut-être ma chanson la mieux écrite. Je l’ai écrite il y a super longtemps, au même moment que Chaudasse. Pour moi, il n’y a pas de mieux ou de moins bien en termes d’écriture. C’est juste que… Enfin si, 18 ans, c’est ma préférée mais pour des raisons persos et tout. Je veux dire que c’est juste en fonction de l’histoire, tu dois le dire de telle ou telle manière. Si sur Chaudasse, j’avais été archi poétique et qu’on n’avait pas compris le propos assez bien, assez vite, assez violemment comme moi je l’avais ressenti, j’aurais trouvé que j’avais raté mon œuvre. Ça aurait été moins bien écrit dans ma perception des choses.
Mais en effet, les gens et en France aussi, ont tendance à mettre les choses dans des cases, à se faire très vite un avis sur les gens, à ne pas creuser. Moi, j’ai voulu un peu forcer les gens dans mon album et même dans l’ordre de la tracklist à me suivre dans le chemin. Des fois, il y a une histoire où c’est juste violent, tu ne comprends pas et tu t’en prends plein la face, il y a des gros mots et machin. Et il y a d’autres fois, tu es dans les abîmes, tu es dans les ténèbres et tu t’enfonces, tout est lent et tu peux écrire un peu différemment, de manière plus cinématographique et tout. Mais tu ne peux pas faire ça sur toutes les histoires, sur toutes les chansons parce que pour moi, ce sont des moments de vie et j’essaie de respecter ça, ces moments, ces souvenirs. Je n’essaie pas de retranscrire exactement ça mais de les retranscrire à ma manière, que ce soit le plus juste possible. Pour moi, Chaudasse, si j’en avais fait 3 tonnes avec des métaphores dans tous les sens, je trouve que ça aurait changé, ça aurait perdu l’intérêt du titre.
LFB : C’est peut-être aussi ça le talent et l’intérêt de ton écriture aussi. Ta façon de faire s’adapte aux choses que tu racontes. Ce que j’ai beaucoup aimé sur l’album, c’est qu’il a un côté un peu bonbon empoisonné dans le sens où il est super bien produit, il peut être très, très pop et très lisse à certains moments. Tu as vraiment beaucoup de noirceur qui ressort des textes ou des choses quand tu ne t’y attends pas.
KALIKA : C’est trouver toujours l’équilibre dans la vérité du truc. Ce n’est jamais que dark. Par exemple, quand je raconte une histoire d’enfant qui est dark, Sarah et Stéphane, t’es quand même enfant donc même si c’est dark et que tu es triste, quand tu es enfant, tu as quand même un truc solaire. Alors, ça existe les enfants en dépression et tout, c’est sûr. Je pense que je l’ai été. Mais on n’en parle pas assez. J’ai vraiment envie qu’on redonne plus la parole aux enfants. C’est un vrai truc. Déjà, sur Dinosaure, c’était un peu mon souhait et là avec Sarah et Stéphane, j’appuie ça.
On n’en a pas trop parlé pour l’instant mais c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Par exemple, j’ai une petite sœur Sofia que j’aime énormément et qui va vivre une vie pas facile. Je me dis que là, elle est toute petite, elle n’a pas grand monde, elle ne peut pas s’exprimer sur comment elle se sent, ce qu’elle ressent. Je me dis que les enfants, c’est comme des petits adultes. Les adultes, s’ils n’ont jamais personne à qui parler de leurs problèmes, ils deviennent fous. Les enfants, c’est pareil. Du coup, c’est pour que moi, je fais cet album maintenant mais il fallait que ça sorte à un moment ou à un autre. J’ai la chance d’avoir l’art dans la vie. Je me dis que pour tous les enfants qui n’ont pas ça, comment ils transforment tout ça ? Il faut au moins qu’ils entendent qu’ils ne sont pas seuls. Je ne sais pas.
LFB: Comment se passe le travail avec Balthazar ? J’ai vraiment l’impression qu’il y a quand même à quatre mains qui a été fait sur cet album, sur la production.
KALIKA : Ça dépend grave des chansons mais comme la plupart des chansons, ça n’a pas changé, c’est toujours moi qui écris et qui compose mes chansons. Cependant Kalika Gang qui est un morceau très live, avec Balthazar on a un truc très live, on l’a composé ensemble parce que c’était un truc moins intime. Quand je fais Sarah et Stéphane, je n’ai pas envie que quelqu’un vienne composer avec moi ou vienne écrire. Ça dépend des histoires. Mais avec Balthazar, c’est plus dans le paysage musical qu’on a vraiment collaboré. C’est-à-dire sur les sonorités, les textures, les contrastes. C’était vraiment un travail d’orfèvres, hyper minutieux. Savoir inviter quelques personnes parfois, sur certains titres. J’avais repéré des gens, j’avais envie qu’ils rajoutent leur petite touch. On a décidé ensemble, avec Balthazar. Il y a un vrai travail avec lui sur le son. Mais après, c’est quand même mes chansons.
LFB : Ce qui se ressent sur l’album d’ailleurs. Je trouve que l’album a une vraie unité. Tu as des variations et tout ça mais…
KALIKA : Mais tu sens le truc commun au milieu.
LFB : Il y a un truc commun ouais.
KALIKA : J’avais quand même peur que les gens ne le sentent pas assez. Je me mets beaucoup de liberté et je me suis toujours dit « si c’est toi, que tu le fais vraiment jusqu’au bout et que c’est logique pour toi, les gens vont capter ». Mais des fois, non. Des fois, je suis très libre donc il y a beaucoup de variations. Et c’est vrai que dans l’album, c’est riche. Il y a beaucoup de trucs différents. Kalika Gang, c’est hyper vénère. Drama Drama, c’est hyper doux. Sarah et Stéphane, c’est pop/rock. Il y a beaucoup de trucs mais en même temps, dans chaque petit détail de contraste, j’ai essayé d’avoir le même équilibre en fait. Je pense que ça se sent à la fin et c’est cool si tu l’as capté.
LFB : Il y a deux featurings sur l’album et c’est marrant parce que j’ai l’impression qu’il y a des liens très familiaux. Il y a une filiation avec Youv Dee et le lien maternel avec Yelle. Ca me paraît évident. Elle le dit elle-même dans le titre.
KALIKA : Ouais, ouais. J’ai l’impression qu’on vient un peu d’une âme commune tous ensemble. Ça fait plaisir parce que c’est rare de se trouver et de se comprendre, surtout dans ce monde bizarre. Yelle, c’est vrai qu’elle fait partie des artistes quand j’étais petite, qui m’ont donnée envie de faire de la musique, de faire le show aussi. Le côté pop star, live et tout, bonbon comme tu disais. Elle a un truc moins bonbon empoisonné. Moi, j’ai ce truc avec de la noirceur que Youv Dee a beaucoup aussi. Il y a beaucoup de noirceur dans ces titres et surtout avant. Un peu moins maintenant. Mais du coup, je suis un peu entre les deux parce que j’ai ce truc très pop, j’adore le côté popstar avec le rose, le bleu, l’image à l’américaine.
C’est ce qui me faisait rêver quand j’étais petite mais en même temps, il y a beaucoup de danger là-dedans, des armes, le côté gang, des monstres. Et ça, c’est plus avec Youv Dee où lui, il a un truc beaucoup plus rock, emo, punk contrasté. Du coup, c’est grave logique de faire des feat avec ces deux-là. C’est vraiment des feat de coeur. J’aurais pu faire des feat archi intéressés. Il y a des artistes archi connus et tout avec qui j’aurais pu le faire, ça m’aurait fait stream en deux secondes. J’aurais grillé des étapes mais là, vraiment, pour moi le premier album, j’avais besoin que ce soit que des choses hyper pures, sincères. Des titres qui me tiennent à coeur. Et Yelle et Youv Dee, c’était vraiment mes artistes préf’ en France.
LFB : C’est assez évident en plus.
KALIKA : Ouais, pour moi, c’est évident. Cool si ça l’est aussi pour toi. Je ne sais jamais si les gens vont comprendre.
LFB : Récemment, le fait que tu aies fait la première partie de Suzane, c’est aussi pour moi des choses qui sont logiques.
KALIKA : Ouais, et en même temps, ce n’est jamais la même chose. C’est des petites parties dans lesquelles tu es un petit peu aussi.
LFB : On est à un mois de ton live à La Cigale, je me demandais comment tu l’envisageais et surtout ce que ça avait changé dans ton rapport au live, l’apport d’une batterie sur scène ?
KALIKA : Ça change beaucoup de choses l’apport d’une batterie. Déjà, je n’avais plus du tout l’habitude de jouer avec d’autres gens que Balthazar. Donc déjà, il faut oser autant. Au début, j’avoue que quand on faisait les premières repet’, les premières dates, j’osais un peu moins me lâcher que quand je suis seule avec Balthazar où on se connaît par cœur, je ne me pose même pas de questions. Mais en fait Hugo, le nouveau batteur, on s’entendait tellement bien, il est tellement sympa, gentil, bienveillant et doué que ça y est, ça s’est décanté. Ça apporte vraiment un côté rock je pense au live.
Ce qui est cool parce que l’album est quand même plus pop que ce que je faisais avant. C’était ma crainte, je ne voulais pas d’un live soit trop cute et tout. Je voulais quand même garder une énergie un peu vénère. Du coup, ça contraste parfaitement, le fait que la batterie soit rajoutée sur les titres pop comme Superficielle. D’un coup, ça rockise un peu le truc. Pareil pour Personne, pareil pour Pas en sucre. Même Les glaçons. Du coup, on trouve un équilibre un peu parfait. Ça amène des variations qu’avant, je n’avais pas. Il y a plus de matières possibles et de combinaisons possibles en fait. Tu peux plus encore t’amuser parce qu’avant on faisait tout ce qu’on pouvait avec Balthazar. Dès qu’on avait un petit truc à faire, on le faisait. On essayait de créer de l’évènement un peu partout et là, je trouve qu’avec la batterie, ça donne un soutien supplémentaire quoi.
LFB : Du coup, je sais que tu cherchais une batteuse à la base. Le fait de ne pas avoir trouvé, est-ce que ça ne dit pas quelque chose sur les efforts qu’il y a encore à faire ?
KALIKA : Si, ça dit carrément. Oui, c’est vrai que pour le coup, j’ai vraiment cherché un long moment et que malheureusement… Il y en avait qui était trop forte et tout, c’est juste qu’elles étaient toutes bookées en tournée quoi. Peut-être que je ne m’y suis pas prise assez tôt aussi.
Les autres batteuses, j’ai fait des auditions et ça n’a pas matché. Il y en avait une seule avec qui ça pouvait potentiellement le faire mais elle ne gérait pas du tout les SPD, les trucs électroniques. Sauf que dans ma musique, c’est une grosse partie. Ce n’est pas du tout que de l’organique. Donc je ne pouvais et il fallait vite choisir quelqu’un parce qu’on devait vite partir en résidence. Il se trouve qu’Hugo m’a envoyé un message à ce moment-là, je l’ai auditionné et là, ça a été genre la révélation. Donc oui, c’est triste, il y a encore du chemin à faire et tout et en même temps, Hugo, c’est une personne incroyable. Il est grave fort et c’est vraiment un mec incroyable que j’adore. Je suis vraiment très, très contente qu’il fasse partie de nos vies maintenant, de tourner avec lui. C’est important de bien s’entendre avec les gens avec qui tu tournes. J’ai quand même eu de la chance d’avoir eu une équipe où on se kiffe de ouf. Mais du coup, j’ai quand même pris une régisseuse meuf qui est incroyable, Gaby, qui a créé le truc More Women On Stage, avec Lola de Pogo Car Crash Control. Elle travaille avec Pogo aussi. Du coup, tant pis, c’est comme ça.
LFB : Est-ce que tu as des choses récentes qui t’ont plu ou marqué ?
K : Ouais, grave. Hier, j’étais en concert justement. Je suis aller voir en concert une artiste que j’aime énormément, elle m’a invité à son concert. C’est une chinoise-américaine, Alice Longyu Gao. J’étais déjà fan de cette meuf et tout mais en live, je me suis pris une énorme claque. Elle est folle. Elle faisait un truc… alors je n’aurais pas kiffé être le mec devant par contre mais lui, il a adoré. Elle a attrapé le mec, parce que c’était très violent, c’est un peu métal, et tout, elle a attrapé la tête du mec et elle faisait « Aaaaaaah ». Ils criaient en même temps les deux. C’était hyper puissant. Tout le monde criait, on aurait dit qu’on était dans une maison de fou mais j’ai vécu un moment intense, franchement j’ai adoré. Il y a ça que j’ai kiffé. Il y a une série que j’ai regardée il n’y a pas longtemps qui s’appelle Swarm sur les fans, les fans de musique et tout. Ça fait vachement référence aux fans de Beyoncé en vrai. Hyper bien réalisée, hyper intéressant le point de vue. On est vraiment dans la vie de la fan. On comprend plein de choses. C’est incroyable comme série. Sinon, Fils Cara en concert, j’ai adoré aussi. Ce sont les trois trucs qui m’ont marqué récemment.